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Animateur de radio bénévole depuis 7 ans sur Radio Judaïca STRASBOURG de deux émissions de jazz et musiques traditionnelles où je présente les concerts en région, après des études de lettres menées jusqu'à un DEA, je n'ai cependant jamais trouvé d'emploi correspondant à ma culture tant littéraire que musicale et à mes capacités rédactionnelles pourtant polyvalentes car souvent considéré comme sur diplômé et sous expérimenté. Par ce blog, je désirerais échanger avec d'autres dans le même cas nos expériences personnelles de sorte à nous enrichir mutuellement d'idées auxquelles nous n'aurions pas pensé nous-mêmes.

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MUSIQUES TRADITIONNELLES

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mercredi, septembre 7 2016

HINDI ZAHRA en transe à WOLFI JAZZ

Lors de son premier concert à la Laiterie de Strasbourg, j’avais écrit ceci sur Hindi Zahra : « Chanteuse et guitariste berbère Marocaine née Zahra Hindi à Khouribga, la chanteuse et guitariste Hindi Zahra vit en France depuis 15 ans et a fait les festivals Rock en Seine, Womad, Rio Loco et Africa Express et les premières parties d’Amazigh Kateb et Piers Faccini.

Son premier album chanté en Anglais, Berbère et Français « Handmade » est paru sur le mythique label Jazz Blue Note et a obtenu le Prix Constantin en 2010. Inspirée par Oum Khalsoum, Amalia Rodriguès ou Dimi Mint Abba, son album est un mélange fait main beau comme un mirage d'émotions vocales bouleversantes rappelant Madeleine Peyroux dans la fragilité mélodieuse, Kristin Asbjornsen dans la modernité des arrangements de choeurs (avec une nuance plus électro) et Lhasa De Sela dans le Blues lent désertique (tout ce que nous a touché des émotions musicales world en ce début de millénaire), sur des guitares folk à la Souad Massi en plus fragile, touaregs (ses aïeux sont des musiciens touaregs du groupe Oudaden), et des rythmes gnawas appris de ses oncles, parfois du reggae jazzy chanté avec un phrasé à la Anis ou de l'électro léger, qui bifurque sur la fin vers la pop rock anglaise voilée d’electro ou aérienne.. »

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Depuis elle a sorti en 2015 un second album, plus arrangé avec plus de musiciens « Homeland », a remporté la Victoire de la Musique 2016 dans la section Musiques Du Monde avec la chanson « Un jour » sur les migrants, en français et avec des cuivres et des mélodies plus 70ies.

Ici elle était accompagnée pour ce concert de Jérôme Plasseraud et Paul Salvagnac guitares, David Dupuis claviers et cuivres, Jeff Hallam (ou Aurèlien Clavel) basse, Raphaël Seguinier (ou Rémi Sanna) batterie, et Zé Luis Nascimento percussions.

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Elle commence par revisiter un de ses premières chansons, « Imik Si Mik » de son premier album, mais sur le riff de « Tainted Love » de Soft Cell.

Elle reprend « At The Same time » avec un trompettiste barbu.

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Elle est plus Rock, a pris de l’assurance sur scène avec ce nouveau groupe plus puissant mais a toujours une aussi jolie voix entre force et fragilité sur ce “Silence” aux belles paroles folk « My heart staying, I will stand my soul”.

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Sa “Music” chante « Move Me, Move In Me” et invite à « Listen to the words of Love” sur un Blues funky, puis "The Blues" désertique.

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Elle continue avec “ To the Forces”, une chanson lente et pleine d’espoir d’ « Homeland », entre Gnawa dans la basse et les rythmes et Rock Touareg dans la guitare, opposant les forces pacifiques des soldats de la lune et de l'amour de révolte spirituelles du peuple à celles des soldats en armes. Le public frappe dans ses mains, en transe collective, devient ce peuple aussi.

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Dans « Any Story », elle en appelle aux “soldiers of Love” sur un reggae bluesy.

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Elle poursuit avec son premier reggae à la mélodie bouleversante, « Beautifull Tango », dans une nouvelle version avec deux choristes frappant le rythme des mains et trompette.

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Et après cette chanson d’abandon, elle poursuit avec «Set Me Free » pour se débarrasser de ce feu à la guitare aigre rock blues soul et rythme gnawa. Je préfère Hindi Zahra à Souad Massi car elle n’est pas toujours dans la force et la puissance et Emel Mathlouti trop froide et électro, Souad Massi offre une palette d’émotions plus variée. Sa voix est capable de passer du rock à la soul, au hip hop dans une transe lente et communicative avec la guitare.

Elle a aussi une reprise très personnelle de « The Man I Love » folk et un rien flamenco et en arabe. Elle fait même monter une petite fille sur scène!

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Elle finit le concert sur cet « Ahiawa» (sur une sorte de Blues Touareg progressif en berbère) en transe sur la batterie à genoux en balançant ses cheveux, on ne voit plus son visage!

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Une magnifique artiste, à la fois émouvante, parfois fragile mais toujours passionnée !

Jean Daniel BURKHARDT

Photos du Concert Patrick Lambin

mardi, août 16 2016

ST GERMAIN à WOLFI JAZZ

Pour finir cette soirée du Samedi 26 juin à Wolfi Jazz, on pouvait entendre Ludovic Navarre alias St Germain, dj qui s’est fait connaître avec « Boulevard », produit par Laurent Garnier, élu meilleur album 1995 par la presse anglaise, puis « Tourist » en 2000 sur le label Blue Note, vendu à 800 000 exemplaires en France et 4 millions dans le monde, avec le tube « Rose Rouge » alliant avec bonheur cuivres Jazz, groove Funk, voix Soul et rythmique House avec succès sur les dancefloors.

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Il nous est revenu récemment avec « St Germain », où il remonte aux sources du blues dans les musiques Africaines qu’il défend sur scène avec des musiciens africains.

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Je suis étonné du nombre de musiciens africains : percussions, batterie, saxo , basse, guitare, kora et de la place qu’il leur laisse au premier plan, lui étant en retrait derrière ses platines et son ordinateur à balancer ses samples. Il faut dire que j’avais une mauvaise opinion de lui, car au plus fort de son succès dans les années 2000 je m’étais laissé dire qu’ après les avoir laissés jouer en intro, il faisait les solos à la place de ses cuivres saxo et trompette sur scène, ceux-ci montrant ostensiblement qu’ils ne jouaient pas en exhibant leurs embouchures dans l’air, puis appris qu'il s'était défilé invité à jouer avec Herbie Hancock sur sa machine ce qui avait choqué le fan de musique surtout live que j’étais. C’est pourquoi je ne l’ai jamais vu sur scène!

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Les premières voix Africaines féminines de l’album sur « Sittin’ Here » rejoignent les expériences de Frédéric Galliano et ses African Divas avec une touche de blues.

« Real Blues » est une réussite mixant la voix du Bluesman John Lee Hooker et des koras Africaines sur l’album comme en live.

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Mais c’est surtout « Rose Rouge » qui met le public en délire.

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« Sure Thing » qui utilisait déjà un sample de la voix de John Lee Hooker, gagne avec ces musiciens et les solos de saxo et guitare Blues.

« So Flute » gagne aussi en live quand le saxo se met à la flûte.

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Il manquait peut-être l’afro-cubain « Soul Salsa soul », moins connu mais au bon parfum d’ « Oye Como Va » de Tito Puente.

Comme il l’a dit lors d’une interview « c’est du club », certes, mais « c’est un club jazz».

A la sortie j’ai vu son énorme bus où il vit et tourne avec ses musiciens!

Jean Daniel BURKHARDT

lundi, août 1 2016

THE LOG HOUSE SOLO A LA POPARTISERIE

Je ne connaissais pas Log House, j’ai juste aimé la photo de cette maison bleue sur les collines verdoyantes comme celles de Frisco adossée à la mer et un article des DNA : «Log House prend le temps de peaufiner son répertoire, parfois en groupe, parfois en duo, toujours en toute confidentialité, et leur registre pop/folk s’inscrit dans une tradition de songwriting épuré et fragile, qui lui confère une dimension poétique et résolument humaine. A écouter sur le bandcamp de Loghouse. un répertoire musicalement excellent, mélodiquement parfait (Journal l’Alsace 2.4.2011) de la poésie au détour de chaque accord, ... des mélodies qui fleuraient bon les calmes Seventies (DNA 3.5.2011) »

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Mais c’est juste la maison idéale de la chanteuse Valérie K!

« Dans une vie rêvée, la cabane de Log House serait nichée au bord d’un lac au coeur des vastes forêts du Maine. Dans la vraie vie, Log House, alias Valérie K, promène ses chansons intimistes aux mélodies tenaces, en configuration voix, guitare/banjo. Comme une envie de simplicité, un retour aux sources d’une folk originelle, habitée par les oeuvres de Richard Brautigan, Jack London, Hank Williams, Bob Dylan, Jonathan Richman, American Music Club, Red House Painters, Yo la Tengo...» disait la présentation.

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N’empêche même toute seule (et le premier concert depuis trois ans) avec juste un banjo à réaccorder entre chaque titre, une guitare folk, un harmonica au cou et une cymbale de clochettes au pied et sa voix, ça le fait!

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On pense en écoutant ses compositions à un monde d’amis chaleureux (elle en a déjà, un fan club de colmariennes bronzées et magnifiques au premier rang) dans cette maison bleue pour se consoler des amours ratées comme dans les chansons qu’elle reprend avec émotion. Si elle avoue avoir un peu les pétoches et avoir été presque forcée de se produire, les « Yooha !» restent à propos même s’ils font sourire, et cette simplicité est touchante.

On peut découvrir deux titres par son groupe «The Log House » qu’elle reprend "dans une ambiance feu de camp" (mais l’assurance de la Popartiserie ne permettrait pas qu’on en allume un).

Mais le pied de micro est orné de leds qui le font ressembler à la grue de noël brillant toute l’année devant la Bibliothèque Malraux où j’ai déjà croisé Valérie K!

Il y a aussi au premier rang la violoniste de son groupe d'il y a 20 ou 30 ans mais elles ne les font pas.

La chanson suivante a une histoire digne de Richard Brautigan : Il y a un an, elle voyageait aux Etats-Unis et dut quitter BrooklIn (dans le Maine où on cultive des super myrtilles, pas à New York) pour Manhattan, c’est pourquoi la chanson de Norah Jones « Back To Manhattan » (trouva chez elle un certain écho).

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« Une petite dernière, ça met pas la patate patate, mais j’suis trop vieille pour le Rockabilly», « «Lotta Love » de Neil Young en 1979 lui semble-t-il (dont sa version préférée est celle de Nicolette Larson, car elle n'est pas triste et même gaie).

Elle finit par un bis « dans le même esprit, j’vais pas vous réveiller comme ça ! », « pour rester sur notre petit nuage » dit la violoniste : « I don’t wonna know about evil, just wonna know about love » de John Martyn, au vu des récents évènements pas très gais!

Je préfère cette douce mélancolie des grands espaces au monde actuel.

A suivre !

Jean Daniel BURKHARDT

mardi, juillet 26 2016

RICHARD BONA & MANDEKAN CUBANO A WOLFI JAZZ le 23 JUIN 2016

Né en 1967 dans la Haut Sanagra au Cameroun, le bassiste Richard Bona est arrivé après Paris (où il fut bassiste d’Higelin) aux Etats-Unis (où il accompagna Larry Corryell), où son talent de bassiste électrique à la Jaco Pastorius (dont il reprit « The chicken » sur scène à la Salle du Cercle Bischeim) en fit un sideman très recherché, et par retour d’ascenseur, lorsqu’il commença sa carrière en solo en 1999, les plus grandes pointures du Jazz américain enregistrèrent avec lui sur ses deux premiers albums en 1999!

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Il faut dire que sur scène aussi, il sait se faire apprécier du public! A Bischeim il avait fini par dire « Je vais m’installer à « BischEm » ! Chante avec moi BischEm ! » Et il y a trois ans il avait déjà conquis Wolfi Jazz ! Et cette année le public scandait même carrément "RI-CHARD PRE-SI-DENT!"

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Mais cette fois c’est avec un nouveau projet qu’il venait à Wolfi Jazz , le « Mandekan Cubano » avant l’enregistrement du disque sorti depuis (https://www.youtube.com/watch?v=bSZys86fItA) « Heritage » (http://www.deezer.com/artist/13921), accompagné de Ludwig Alfonso batterie, Rey Alejandro trombone, Dennis Hernandez à la trompette, le pianiste Osmany Paredes (https://www.youtube.com/watch?v=_6fNYw4cdkA) et le percussionniste Luisito Quintero (déjà présent sur l’album « Tiki » sur le titre afro cubain «O sen Sen Sen».

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Quant au percussionniste Roberto Quintero, il a fait ses classes dans le Jazz Afrocubain en accompagnant sur le guaguanco de Tin Tin Deo dont la première version vocale de Chano Pozo (percussionniste père du Jazz Afro-cubain fut enregistrée avec James Moody.

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Il a accompagné la version revisitée par le batteur d’époque de Dizzy Gillespie (qui le joua en version instrumentale du bop au funk) qui connut bien Chano, Roy Haynes dans sa propre version avec les Fountain Of Youth sur l’album Roy-Alty.

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Richard Bona arrive le front ceint d’un turban blanc comme souvent pour ce projet ( pour faire Guaguanco ?), il reprend le classique « Bilongo », composé en Son en 1937 par Guillermo Rodriguez Fiffe, popularisée par le papy Cubain Compay Secondo sous le nom « La Negra Tomasa » (son dernier tube) d’après l’improvisation du pianiste Ruben Gonzales du Buena Vista Social Club sur « Mandinga » , et est modernisée ici en Salsa par les cuivres, le piano et un super solo de trombone. C’est logique pour ce projet car Mandinga se réfère à la tribu Africaine des Mandikin qui donne peut-être son nom à ce Mandekan Cubano.

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La plupart des morceaux semblent connus dans leur version Cubaine oui Africaine, ou juste fidèles à cette tradition comme l’ « Agua Pa Mi » () de Celia Cruz et la Sonora Matancera Salsamuffinisée par Sergent Garcia.

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Il faut dire que la Salsa fut une OPA lancée de New York par le label Fania sur la musique Cubaine où Irakere faisait de la Salsa sans le savoir! Il fallut attendre à cause du blocus le concert du vénézuelien Oscar D’Léon à Cuba pour que les Cubains s’en rendent compte, et que Ruben Gonzales ne réplique avec ses « Estrellas de Areito », dernier disque du trompettiste Félix Chappottin avec Enrique Jorrin le créateur du Cha Cha Cha dirigeant la section de violons, aux « Estrellas de Fania »! Mais c’est aussi pour cela que la musique cubaine a influencé toute la Salsa et y trouva malgré le blocus une renommée mondiale!

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Ils reprirent aussi « Sen Sen Sen » dans une nouvelle version sans l'accordéon de Marc Berthoumieux.

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On put aussi découvrir les nouvelles chansons afro-cubaines écrites pour ce projet comme « Jokoh Jokoh ».

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Ce fut à la fois un bon concert de Salsa et de musique Africaine teinté de Jazz Afro-Cubain, mais si la Salsa m’invitait plus à danser (en plus de quelques brésiliennes noires dans l’assistance) qu’à prendre des notes, j’ai eu plus de mal, pour ce qu’il m’était inconnu, à rentrer dans ce nouveau répertoire !

Jean Daniel BURKHARDT

Photos du Concert Patrick Lambin

lundi, juillet 25 2016

BLICK BASSY à WOLFI JAZZ le 23 JUIN 2016

J’avais déjà écrit un article sur Blick Bassy en 2009 d’après « Léman » entendu sur myspace et conclu : « On sait déjà qu’on a affaire à un compositeur original et bon arrangeur aux influences pas seulement Africaines avec le début de cet album rappelant d’autres réussites récentes en musique Africaine mais à l’émotion universelle comme par exemple Daby Touré, qui font du bien en faisant danser les pieds, consolant le cœur, tout en faisant s’envoler l’âme et l’esprit jusqu’aux étoiles. »

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Mais je ne l’avais jamais vu en concert. Blick Bassy a depuis enregistré « Akö » au banjo, guitare et à la voix avec le violoncelliste Clément Petit, qui accompagne aussi la chanteuse Ala.ni (http://www.ala.ni/) publiée sur le même label « No Format » que Blick Bassy, et le claviériste et tromboniste Johann Bland qui l’accompagnaient ce 23 juin à Wolfi Jazz en première partie de Richard Bona. Un résumé de la signification des chansons est distribué gratuitement à l’entrée sur un flyer cartonné, initiative sympathique!

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Il commence par « One Love » en intro a capella suivi d’un tournoiement d’effets sur sa voix samplée.

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Il continue avec le titre éponyme « Aké » sur les efforts sans convoitise dans la vie avec violoncelle et trombone en écho d’harmonica accompagnant sa voix funky et émouvante.

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Très influencé par le Blues, Blick Bassy a composé la chanson suivante devant la photo du Bluesman Skip James (1902-1969) à la bouleversante voix aïgue comme lui qui lui a donné la force de persévérer car sa vie a été dure (il a publié seulement deux albums, un avant et un après la deuxième guerre mondiale et quelques lives avant la mort de Skip James en 1969). «Ce cliché d'une grande intensité, Blick Bassy l'a collé sur le mur de son salon - comme on peut afficher chez soi le visage des aïeux qu'on a aimés et qui continuent de nous accompagner. Un soir glacial de l'hiver 2012, alors que le chauffage de sa maison a la mauvaise idée de tomber en panne, c'est lui qui, d'une certaine façon, va le réchauffer. Lové sous une couette sur son canapé, le musicien, pinçant les cordes de sa guitare pour conjurer le froid, croise le regard d'airain de Skip James. Bientôt, des mélodies prennent forme sous ses doigts. Fluides et légères, les notes s'élèvent en volutes entêtantes, quittent bien vite l'ancrage terrien du blues pour prendre les atours d'une musique sans âge ni ancrage, comme en suspension dans l'air et le temps.» (livret Akö, No Format)

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La guitare de Blick Bassy joue «Kiki » sur la perte de l’entraide dans les communautés traditionnelles africaines, avec un blues skiffle rapide de la guitare, puis un autre rythme africain plus rapide sur le trombone en fanfare dans le final. Ce trio a une belle cohésion à trois. Peut-être un sample de Skip James ? Cette alliance de Blues et de musique annonce aussi St Germain samedi dans ce même festival entouré de musiciens Africains.

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Mais le public bavarde à voix haute pendant l’intro de violoncelle du morceau suivant. Blick Bassy l’arrête et dit qu’ils sont venus « partager l’amour et le violoncelliste a besoin de toute sa concentration pour cela !»

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Ils continuent avec Ndjè Yèm sur l’abandon des traditions ancestrales quand les jeunes quittent les villages d’Afrique pour les villes, tempo lent bouleversant au trombone Blues sur les effets d’oiseaux de l’archet du violoncelle. Quelque chose rappelle dans cette chanson rappelle l’authenticité émotionnelle de Bonga dans « Mona Ki Ngi Xica » dans l’usage modernisé des instruments Africains ou Afro Brésilens comme l’arc musical berimbau qu’imite le violoncelle de Clément Petit en intercalant une baguette de vibraphone ouatée entre les cordes et la caisse.

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« Tell Me » est un autre ballade à la mélodie magnifique sur l’abandon des racines par les descendants avec de beaux traits du violoncelle à l’archet dans l’aïgu après les strophes et un soutien rythmique en pizzicato de la voix tandis que le trombone passe aux claviers et samples discrets.

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« Il y a 270 langues parlées au Cameroun en plus du français et de l’anglais. Alors comment se comprendre? » explique Blick Bassy, d’où l’utilité d’une chanson dans une de ces langues, le lingala, « parce que sinon la majorité de ces langues risque de disparaître.»

Il poursuit avec la chanson la plus jazzy et entraînante de l’album, « Wap Do Wap » qui me fait penser à une version africaine modernisée du gospel « Down On The Riverside » avec un trombone très funky. Il la termine en leçon de lingala pour le public lui faisant répéter après lui « Ehe He Wa Eheche !» sur les cordes amplifiées d’effets légers et de samples.

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Blick Bassy dit « L’amour est ce qui nous fait tenir, alors ouvrez votre cœur c’est gratuit ! Bientôt on mettra une taxe sur le sourire ! »



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Et il continue avec « One Love», cette fois en trio avec glissandos de violoncelle et le violoncelle en basse pizzi sur les claquements de mains et chants du public enfin conquis qui se lève pour une standing ovation de cet artiste authentique et simple et redemande même un bis.

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Arrivé en France du Cameroun il y a 10 ans, Blick Bassy a même écrit un roman chez Gallimard, « Le Moabi Cinéma » sur l’immigration.

A son arrivée, une amie lui a parlé de sa grand-mère en maison de retraite. En Afrique on garde les parents et grands parents à la maison jusqu’à la fin (il dit « ce serait même mon père qui me mettrait en maison de retraite ! », elle dit « on les laisse entre eux comme ça c’est cool. », mais lui dit qu’il faut prendre exemple sur les animaux : « Abandonne les tiens, c’est ton avenir que tu condamnes.»

Il termine avec « Mama »!

Belle découverte entre Folk et improvisation, acoustique et une touche d’électronique !

Jean Daniel BURKHARDT

Photos du Concert Patrick Lambin

lundi, juillet 4 2016

PELOUSES SONORES 2016 : KIDAN, G PHIL, SOKAN, ALBINOID ORCHESTRA, BLOCKSTOP

Décalées il y a 15 jours pour cause de risque de pluie (qui finalement ne tomba pas) le 12 juin, les Pelouses Sonores de Contretemps eurent lieu hier 3 juillet 2016 sous les nuages mais sans pluie!

J’arrive pendant le set de Kidan (j’ai raté Sista Fabienne et sa sélection Reggae), groupe de rock touareg tamashek de Mossag Ahataya, petit cousin de Tinariwen qui vit à Strasbourg et écrivait en 2012 : « C'est d'abord un retour aux origines. Quand je suis retourné au mali à l'âge de 16 ans, j'ai assisté à un concert de Tinariwen. C'est monté en moi, chaque note s'est incrustée et j'ai su que c'était ce que je voulais faire de ma vie. Par la suite ça a été une question d'opportunité, certaines se sont présentées d'elles-mêmes, j'en ai débusqué d'autres et je suis à l'affût de ce qui peut se présenter.

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Le rythme touareg c'est un nouveau vent, celui du désert, le Adou ni sahara. Il change complètement l'idée qu'on se fait de la musique. C'est différent. C'est mystérieux. La note est transportée, découpée, l'oreille nous guide intuitivement. Avec lui on se lie à la nature, à l'univers.

Parfois il me met les larmes aux yeux, parfois il me fait rire, il m'exalte aussi à ses heures, à ses cotés je voyage. »

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Je l’avais reçu dans mon émission Terres Tribales il y a plusieurs années, la formation a changé depuis : Mossag est toujours à la guitare folk dont les cordes basses sont un peu utilisées comme guembri par moments, électrique et au chant, secondé de la chanteuse et guitariste Zo Jroy, avec Issam Ahmed Azzi un nouveau bassiste très funky et Pierre Durand, bon batteur percussionniste Afro Beat capable de le suivre aussi sur des rythmes Gnawa.

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Il mettent le public en transe avec leur « Eleila Eleila » accéléré Mossa dédicace le morceau suivant à ses amis avec qui il a joué à l’Orangerie, dont Bachir à la « Place Paradise » (?) dont Bachir, et Aldo, vêtu d’un baudrier (sans montagne, peut-être un mur d’escalade ?) crie « Valse avec Bachir ! » (un film d’Ari Folman contre la guerre Israèlo-palestinienne), après avoir écrit Desert Blues sur la banderole de Strasbourg.eu. En effet, sans être une valse, le morceau est plus calme.

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« A Mustahila » est à nouveau plus énergique avec un bon solo de guitare électrique pop anglaise indianisante (période Rolling Stones où Brian Jones allait au Maroc).

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Suit « Lybia », une chanson sur la Lybie, dont je ne comprends hélas pas les paroles (j’aimerais bien avoir son point de vue, avec le mal qu’a fait la France à ce pays), suivi de Tamoudré sorti en 2013 qui veut dire danser (donc se rapprocher de la scène).

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Ils terminent par un reggae funk touareg électrisant à la Toumast et partent non sans avoir appris à chanter le refrain de «Watila » aux vocaux plus Hip hop en Africain et français sur une bonne batterie Afro-Drum’N’Beat. Ils enregistrent un nouvel album cet été à Ste Marie Aux Mines!

Eli Finberg, MC de Blockstock annonce G Phil et les percussions de Sokan et crie « Allez Ciel Bleu » (ça change d’ «Allez Les Bleus »!)

Après la super sélection de G Phil (bon Deep Funk et second titre Funk Afro), les percussions et danses africaines de Sokan mirent le public en transe Africaine

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Arrive l’Albinoid Afrobeat Orchestra composé de musiciens de Strasbourg : Cyprien des Fat Badgers au mini clavinet (maison?) mais qui envoie du son, Geoffrey Soup (batterie), Adam Lanfrey (d’Adam & The Madams) (chant et guitare), le soprano des Chapeaux Noirs, « Fat Bass » le bassiste de Jim et des cuivres!.

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Je préfère Adam dans ce contexte comme "le seul blanc qui décidé de hurler du Fèla Kuti" sur la guitare et la basse, la batterie afro beat permanentes. Comme chez Fèla, il ne chante qu’après de longues improvisations des autres (pas tous à chaque chanson, un par chanson), ça fait une vitesse de croisière de 4 chansons à l’heure et puis s'en vont mais reste plus fidèle à l’original de Fèla Kuti avec un super solo de saxo.

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Il y avait même une fille qui dansait pieds nus en jupe jaune à pois noirs avec un chien blanc magnifique comme un dragon des neiges à ses pieds. j'ai dessiné la fille et écrit un mot gentil à propos du chien, et il est venu me lécher la main! Aurait-il compris?

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Ils continuent avec « Open & Close » appelant à ouvrir et fermer son esprit, mais aussi ses bras et ses jambes dans une chorégraphie originale. Ils finissent par « Zombie » de Fèla (joué malgré la censure avec répression de l’armée à Kalakuta où sa mère trouva la mort, défenestrée, mais Fèla leur fit un procès!) ma compo préférée de Fèla avec « Lady », avec un Adam Lanfrey déchaîné ! Ils n’ont pas de disques à vendre, « Si ça vous plaît, achetez ceux de Fèla Kuti ! » dit Cyprien ! Ils ont appris leur partie au débotté et c’est l’AVANT DERNIERE fois qu’il jouent de l’Afro Beat , la DERNIERE sera au Kawati Groove Festival Jeudi 14 juillet avant de se concentrer sur un projet de compos électro!

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Cette autre jolie libellule prête pour l'envol m'a dit "Au revoir, on ne se reverra plus"! Elle a prétendu s'appeler Jean Louis! Jeanne Louie passe encore à La Nouvelle Orléans et irait bien avec son collier gris-gris!

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Il y avait encore Blockstop qui a sorti leur album « Wake Up On The Water » mais j’ai dû partir avant le final!

Et à défaut de Ciel Bleu, il n’a pas plu, et la France a gagné 5 2 contre l’Islande, comme ça tout le monde est content !

Jean Daniel BURKHARDT

Photos 8, 9, 10, 11, 13 d'Alban Hefti

mercredi, juin 10 2015

NDAGGA RYTHM FORCE AU CLUB LAITERIE (PHOTOS PATRICK LAMBIN)

Ndagga Rythm Force fut produit par le DJ Techno Dub Berlinois Mark Ernestus (en coulisses hier!

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C’est à croire que ça va taper (casser ?) plus dur à droite qu’à gauche de la scène, s’il faut en juger avant le concert par le nombre de baguettes prévues avant le concert (4 à gauche, 11 à droite, pour un nombre équivalent de 3 percussions de tailles diverse), ainsi qu’une batterie, clavier et guitare !

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Mangone Ndiaye Dieng à la batterie débute sur un rythme Africain, puis Jazz, puis Assane Ndoye Cisse à la guitare, Ibou Mbaye clavier , Mbene Diatta Seck chanteuse vêtue de noir à voix vibrante et puissante, son frère Modou Mbaye au talking drum, Bada Seck au sabar, , et Serigne Mamoune Seck au sabar. et Danseuse/Rappeuse Fatou Wore Mboup coiffée à la Cathy Guetta ou Tina Turner grande époque que j’ai cru s’appeler « Fatou Adou Wawo »? La chanteuse répétait « Wawo » et « Wawa »

Beaucoup d’écho sur les micros donnait un côté Sound System sur le groove de la guitare partant en mbalax! . Les bras de la danseuse Fatou Wore Mboup semblent rougir au feu de la danse et même fumer. Ils saluent et font monter sur scène un Frédéric de Casamance. Le guitariste Assane Ndoye Cisse est le père de la chanteuse Mbene Diatta Seck, Modou Mbaye au talking drum son frère. La mélodie rappelle un peu Zombie de Fèla Kuti, chanson interdite par le régime (il y traitait les soldats de Zombies) pour laquelle ils défenestrèrent sa mère à Kalakuta !

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Modou Mbaye au talking drum donne à la chanteuse Mbene Diatta Seck des billets de banque dont elle met dans la bouche du joueur de sabar de gauche jouant agenouillé un billet de 50 €. Dénonciation de la corruption de la Françafrique ou du racket de l’Afrique, de sa dette d’AOU Airlines (seun Kuti, le fils de Fèla dit « African Airways » : « African Airways n’est qu’une parodie du système économique africain. J’essaie de montrer l’Afrique, le système économique africain, comme un avion. Le numéro du vol est « AAIOU » dont la fin se prononce « I owe yo..., parce que l’Afrique doit de l’argent à tout le monde. Aux commandes, il y a un pilote occidental et un stupide co-pilote noir. Comme dans les films, le co-pilote est toujours noir mais n’est jamais très malin. Nous avons des moteurs chinois et une tour de contrôle dirigée par la Banque Mondiale. Mais où va cet avion ? Seun Kuti : Nulle part ! Il va s’écraser ? Seun Kuti : Il va traverser de terribles turbulences. Je ne sais pas s’il va s’écraser. J’espère qu’il ne le fera pas. Mais le fait est que notre développement économique n’a aucun but. Il manque d’idées. Mais, tant que le monde des affaires fait de gros profits, personne ne s’en soucie. Pourtant, en tant qu’Africains, nous méritons un authentique développement. Alors, quelle est la solution pour cette compagnie d’aviation ? Faut-il virer son directeur ? Seun Kuti : Les passagers doivent se saisir de l’avion et le poser, puis discuter d’une nouvelle destination et de la meilleure façon de le faire voler. Avant tout, nous avons besoin d’un nouveau pilote. Notre pilote occidental et le stupide co-pilote africain sont totalement incompétents. Il va également falloir échanger nos moteurs chinois contre des moteurs africains. Les Africains sont capables de créer des avions made in Africa » (Interview Mondomix 2014).

Joué sous l’aisselle avec une baguette coudée, le talking Drum rajoute une note plus chaude et moins sèche aux tambours sabars, clapote comme l’eau d’un fleuve d’Afrique sous les jeux enfantins et semble en effet parler, converser!

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La danseuse perd ses sequins à force de danser, m’offre une perle que je perds, deux autres et un sequins comme une petite pièce minuscule! Il faut dire que crie « WAWO ! » à chacune de ses apparitions ! Elle a déjà fait monter plusieurs françaises du public sur scène pour danser avec elle, danse à en perdre sa perruque, revient habillée autrement d’un pantalon Africain et un T Shirt IBRA FALL (http://www.xibar.net/PHOTOS-LA-RENCONTRE-ENTRE-CHEIKHOUL-KHADIM-ET-CHEIKH-IBRA-FALL_a37005.html), un mystique et guerrier africain de 1883 encore adoré par les « mourides » et d’un bonnet un peu comme les soufis Gnawa sans pompon pour une chanson « Ila Ilala » (peut-être un hymne soufi Africain ?)

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Les deux filles jouent aussi du sabar sur le groove de la guitare très bien en place qui enrichit discrètement mais très efficacement l’instrumentarium percussif de Blues, Jazz, Groove ou de finesse de kora dans les arpèges puis accélère en groove.

La danseuse danse sa transe de façon épileptique, possédée, comme pour prendre le bien de l’instant et exorciser le mal de ce démon qui la possède et l’habite dans un exorcisme positif. En Afrique les transes sont guérisseuses puis quitte la scène après son éruption!

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La danseuse revient avec des pans de vêtements blancs sur à la taille et aux mains comme des ailes de colombes, les mouvements de bras rappellent le vol tourmenté d’un oiseau dans la tempête!

Elle montre qu’elle est plus musclée que le talking drum quoique plus petite et lutte avec le talking drum au sol! Sa danse est défi et insolence, affirmation d’elle-même!

A sa énième invitation j’ai fini par monter sur scène pour la première fois de ma vie (à quatre pattes mais sans renverser le kit sabar en me relevant ce qui eût été catastrophique ni tomber ce qui eût été ridicule), a voulu danser et lutter avec moi en dansant « Qui est pour lui ? » Quelques clameurs, « Qui est pour moi ?» Clameurs mais je dis « Moi aussi ! » je suis pour elle, bien sûr!

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La dernière danseuse sur scène m’a de loin surpassé dans la danse, presque à l’égal de l’Africaine!

JDB

PHOTOS: Patrick Lambin avec mes remerciements!

mardi, janvier 20 2015

ZO’OKOMO, LIFE STROLLER

Thierry N’Dinda Zo’Okomo est né au Cameroun. Son premier souvenir musical est le battement de cœur de son grand père, chasseur, qui l’emmenait chasser bébé emmailloté contre son cœur dans la savane! Il a ensuite fait des études dans l’écologie, mais bientôt une autre opportunité, musicale, s’ouvrit à lui : celle de partir en Chine grâce à un de ses professeurs comme chanteur d’un groupe de reprises de Soul Music! C’est dire l ouverture d’esprit et la curiosité insatiable pour les autres pays et cultures de Zo'Okomo, qui se retrouve dans sa musique et les chansons de son album enregistré en 2013 à Strasbourg où il réside actuellement « Life Stroller » aux influences Afro Beat, Reggae, Electro, Groove Mandingue, Polyphonies, Salsa!

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Des traditions vocales Africaines pygmées ou Sud Africaines, Zo’Okomo a su garder les polyphonies d’Evu, bon morceau traditionnel et NHonelan en afro yodle à la Geogffrey Oryenna modernisant cette tradition par une guitare Rock (Yannick Eichert) et des effets de claviers électro, et Okro Sonp intègre un super piano salsa afro rumba dans un reggae roots!

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Mais l’album s’inspire aussi du funk, s’ouvre sur un bon afro Beat (funk à l’africaine de Fèla Kuti), Hpwali avec de bons cuivres (Franck Wolf au saxophone), chœurs et une bonne guitare!

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Plus moderne encore, sur un bon beat Techno d’Olivier « Piment » Gangloff pour la touche électro, « Home Sick » rappelle les claviers groove mandingues (Michel Latour) de Cheick Tiddiane Seck avec son balafon mandingue (Fatoma Dembele) tout en utilisant aussi la technologie dans la transformation des effets vocaux sur fond de chœurs à la mode Sud Africaine et "U Be Girl" est aussi bien Funly, Afro Beat et cuivré.

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Au-delà de cette influence Funk Afro Beat festive rappelant Fèla Kuti, la musique de Zo’Okomo est très actuelle car servie par une pâte sonore très moderne, la guitare de «Sayè » rappelle dans son riff Rock le « Cargo de Nuit » d’Axel Bauer mais Zo’Okomo ne connaissait pas la chanson.

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On trouve aussi plusieurs Reggaes dans cet album, jolie ballade roots comme « Zen » basée sur la guitare en français qui reste Zen malgré les difficultés de la vie moderne et ses aléas ou plus moderne comme "Bia Wo Ba" , bon Afro Beat Reggae modernisé par des effets Dub et des rythmes électroniques, ou comme "Lai" Funky Reggae Electro style Real World (un peu le « Seven Seconds » de Youssoun’Dour Neneh Cherry servi par de bons effets claviers guitare.

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Autre Ballade en anglais, « Na M Ayo Ne » au piano qui fait un peu penser à Stereo Spirit de Daby Touré pour le label Real World de Peter Gabriel

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L’album se termine avec « HÔtÖKÔ », dédié à ses amis en Chine et partout dans le monde sur de bonnes polyphonies beat box naturelles!

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En un mot, Zo’Okomo a gardé dans sa musique l’authenticité traditionnelle tout en la modernisant grâce aux musiques urbaines électroniques actuelles! A découvrir d’urgence!

Jean Daniel BURKHARDT

mardi, janvier 31 2012

NOËMI WAYSFELD & BLIK: KALYMA: ALBUM ET CONCERT A L'EUROPEEN

L’album « Kalyma » de Noëmi Waysfeld & Blik sort aujourd’hui Sonia Wieder Atherton* (violoncelle) et *David Krakauer * (le plus grand clarinettiste klezmer, et celui qui a modernisé le klezmer façon Rock, Funk, Electro) le 30 janvier 2012!

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Dès Shimrele Perele, la voix de Noëmi Wayseld qui n'a que 25 ans est extraordinaire de force et de grain, tzigane sur les mêmes notes/mots (un peu comme Etta James dans « Feeeling Uneasy » dans un autre genre Blues Soul) soutenue par une guitare indianisante et l’accordéon, puis ça devient de plus en plus klezmer avec David Krakauer quand les ces paroles en yiddish commencent, sans perdre de sa force. ça repart, se libère en free klezmatics sur la clarinette, instrumentalement libéré, presque Sclavisien sur l’accordéon, la guitare!

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Plus lent, le titre éponyme Kalyma est basé sur une guitare plus manouche ou balalaïka russe comme « Le Vieux Tzigane » , et est d’ailleurs, si je ne me trompe, en russe pour des chansons Sibériennes) (elle est d'origine russe polonaise mais la langue ne lui fut pas transmise à l'origine, elle dut la réapprendre) où la voix est plus mélancolique me fait penser à « Toumbalaïka », avant que l’accordéon ne s’envole quelque peu sur le tempo, suivi de la voix dans le final..

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Enfin, « Le Costume Neuf » est à nouveau plus gai, mais à nouveau très libre dans les improvisations qui n’hésitent pas à accélérer sur l’accordéon pour ralentir ensuite puis repartir sur la guitare.

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Le groupe Blik ajoute à la voix extraordinaire de Noëmi Waysfeld un klezmer empruntant sa liberté au Jazz et aux musiques Tziganes, en quelque sorte ! Si le Jazz, ou la musique Tzigane sont SOIT GAIS, SOIT TRISTES, seul le klezmer est à la fois, ou successivement Gai puis triste ou l’inverse dans LA MEME CHANSON, assumant à la fois le côté festif et tragique de l’existence, ce que je trouve magnifique, car permettant des surprises dans les climats, et plus proches des sentiments librement fluctuants de l’humain entre rire et larmes, tendresse et rage, acceptation et révolte!

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Noëmi Waysfeld & Blik seront le 5 & 6 février à l’Européen pour la sortie de leur disque.

Jean Daniel BURKHARDT

DERNIERE MINUTE:

Ce soir Mardi 30 janvier, la slammeuse U-bic sera en concert à la Médiathèque du Centre Ville Rue Kuhn à Strasbourg. GRATUIT! Électron libre ayant tendance à vouloir être dans plusieurs dimensions en même temps, cette petite chose n’attaque que la nuit, munie d’un stylo Bic plastique. Après avoir écumé les scènes et tournois de slam de France et d’Europe francophone, puis monté le spectacle « Mange et tais- toi » avec le groupe Planète U-Bic, elle se lance dans un nouveau projet donnant autant d’importance au texte qu’à la musique, avec la volonté de se démarquer d’un spoken word « grand public » lorgnant du côté de l’œuvre d’un Saul Williams.

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Pour offrir le meilleur écrin à ses textes à la fois incisifs et tendres, entre surréalisme et performance linguistique, poésie engagée et élucubrations sonores, elle s’entoure d’un gang de musiciens reconnus de la scène strasbourgeoise. Le groupe voit le jour en Juin 2010 et travaille durant les mois suivants textes et compositions. Ces quatre fantastiques opèrent alors une parfaite alchimie entre texte et musique, dans un univers sonore où se croisent trip-hop et dub lourd, envolées jazzy et rock seventies, valse éthylique et riffs de guitare funk/fusion, le tout formant un ensemble diversifié, homogène et contrasté. Une résidence de 10 jours au Point d’Eau d’Ostwald (67) permet à U-Bic de parfaire ses morceaux sur scène, de travailler sa mise en son ainsi qu’une création lumières. Tous les éléments sont réunis pour offrir un set de grande qualité, énergique, déluré, original et intense.

mercredi, août 10 2011

WANG LI & YOM EN CONCERT A L’ESPACE CULTUREL DJANGO REINHARDT

Wang Li est né à Shandong en 1980 de parents Communistes fervents a grandi chez ses grands-parents dans un complexe résidentiel de l’Armée Populaire jusqu’à 7 ans, une enfance qui l’inspire tant par les joies des jeux des autres enfants, que par ses propres terreurs en voyant bouger les feuilles sous le vent et croyant y voir des armées de fantômes, sans aucune éducation musicale.

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Le joueur de guimbardes Chinois Wang Li joue « sans effet aucun » précise le directeur de la salle de concert, précision qui n’est pas inutile tant la musique poussée presque jusqu’aux limites de l’électronique est impensable produite par les seuls moyens acoustiques et rudimentaires de guimbardes comme des poissons d'argent aux écailles aiguisées entre ses doigts de "CHINE Guimbarde", son premier disque et de flûtes.

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Wang Li commence par quelques pièces courtes à la guimbarde à bouche, en forme de fer à cheval, la plus commune en Europe, puis passe à la flûte à calebasse dont il joue sur « Rêves De Sang », son second album, sur quelques pièces, et dans l'émission Jean-François Zygel "La Boîte a Musique".

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Il continue avec « La Plus belle Des Yi », une des minorités Chinoise, rencontrée dans un village où il cherchait de l’eau lors d’un périple. Sa vie en Chine ne devait donc pas être aussi recluse et immobile que le livret de son premier album le laissait entendre, réduite à un complexe communiste et à la compagnie de ses seuls grands-parents. Peut-être a-t-il un peu vagabondé, voyagé sur la fin. La tige de métal de la guimbarde tremble dans sa bouche, cavité dont on ne sait comment il parvient à changer les sons, la résonances de passionnantes modulations, proche de l’idée fantasmée qu’on pourrait se faire de la Chine puis de façon plus personnelle, passant d’un tempo très lent à un galop rapide avec le naturel changeant du vent sur les steppes.

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Il continue avec le monde aquatique et minimaliste de la vie sous-marines illustrée de gravures naturaliste digne d’un entomologiste à l’ancienne du second album. Il utilise comme en plongée, en apnée, une étrange guimbarde à coulisse et sa voix peut-être dans la cavité buccale, modulée avec le souffle du trou d’eau au tourbillon, au cri étouffé.

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Wang Li est un de ces artistes énigmatiques dont les disques, sibyllins, interrogent les arcanes du faire et de la manière, mais à le voir face à soi opérer, le mystère s’éclaircit uniquement sur le plan technique, finalement assez accessoire, au sens propre du terme, de l’INSTRUMENT utilisé, plusieurs types de guimbardes aux formes étranges et insoupçonnées, inconnues sous nos latitudes, mais le JEU en lui-même, qu’on pourrait qualifier d’INTERIEUR à la bouche physiquement, à l’être intérieur au terme ou à cet état de son évolution spirituellement, à l’esprit pour l’originalité de cet univers si personnel qui semble ne rien devoir à aucune tradition du monde, mais tout à ce seul imaginaire inouï, garde son insondable mystère, sa magie. Ce n’en est que plus fort quand l’Art garde ses secrets.

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A la flûte à calebasse, on retrouve peut-être ce jeu tremblé des khènes, ces orgues à bouche du Laos, sur un instrument d’aspect techniquement très différent, comme vermoulu par le temps et un séjour aquatique prolongé, comme une épave retrouvée, une amphore pour la forme, mais avec ce naturel toujours où l’instrumentiste ne semble être que le TRUCHEMENT de forces de la nature qui le dépassent, ou qu’il recrée, dont il serait le jouet autant qu’il les joue lui-même. Un khène oiseleur, qui soudain prendrait son envol avec les sonneurs des cornemuses Bretonnes ou Ecossaises....

Jean Daniel BURKHARDT

mercredi, avril 6 2011

ARAT KILO : A NIGHT IN ABYSSINIA

Dans “Jazzology”, ce soir 7 avril à 21 h vous pourrez entendre de larges extraits de "A Night In Abyssinia », deuxième album du groupe Ethio Jazz Français ARAT KILO sorti il y a quelques jours sur le label Only Music, avec le concours de Socalled, Rokia Traoré et Mulatu Astatké en guests et présenté hier soir par un Concert au New Morning avec David Neeman et Rocé en guest!

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Le groupe Arat Kilo est composé de Camille Floriot (trompette, bugle, flûte , trombone à pistons et percussions), Michaël Havard (saxophones baryton, alto droit et sopranino, flûte traversière, percussions), Fabien Girard (guitare électrique, balafon, percussions), Samuel Hirsh (basse électrique, kalimba, percussions) et Arnold Turpin (batterie mélodie, percussions).

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Ces musiciens Parisiens se sont découverts en 2008 une passion commune pour le répertoire de la collection Ethiopiques réédité par Francis Falsetto (Ethio Jazz, Funk, Groove 1967-1974, pendant les dernières années du règne du Négus Haïlé Sélassié qui lâchait du leste entre deux coups d’état).

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Après un premier disque artisanal en 2008, voilà « A Night In Abyssinia »

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Dès le premier titre, Aykèdashem Lebè, un classique Ethiopique de Tlalhoun Gèssèssé, on retrouve le groove Afro Funky et la guitare saturée d’effets 70ies si caractéristiques de l’original mais se termine avec une basse funky dub.

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Mais Arat Kilo ne se contente pas d’être une copie, fût-elle fidèlement conforme à s'y méprendre comme les bretons Ethiopiques du Badume’s Band, des originaux, sans pour autant non plus s’en éloigner trop comme « Cannibales Et Vahinées » ou « Les Tigres Des Platanes ». Ils ont trouvé, comme leur nom l’indique « Arat Kilo » (nom d’un faubourg à 4 kilomètres d’Addis Abeba) la bonne distance, la bonne focale: assez loin pour ne pas se confondre avec les originaux, mais proches de cette tradition dans leurs compositions.

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Ainsi, dans l’intro de Babur part 1, ils ont invité le rappeur juif Canadien Socalled à poser son flow universels sur les dictateurs, la pluie, les tigres et les lions sur leur musique dramatique rappelant Tézèta de Mulatu Astaké, puis ils ont ajouté des influences non Ethiopiques, des Tablas indiennes à leurs guitares hypnotiques.

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Mais on retrouve dans la lenteur des cuivres de Lelit le groove obsessionnel des originaux Ethiopiques comme "Yekermo Sew » de Mulatu Astatké qui vous font vous croire poursuivi dans un taxi à Addis Abeba (dixit un ami de retour d’Ethiopie).

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Autre featuring d’Arat Kilo sur cet album, celui de la chanteuse Malienne Rokia Traoré, qu’on avait jamais entendue dans ce contexte sur « Get A Chew » jeu de mots sur "mâche un bout" de feuille de kat (feuille de cactus hallucinogène ethiopienne) en anglais et le prénom du grand saxophoniste de Free Jazz Ethiopien Guetatchew Mekurya.

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Si l’on retrouve aussi le côté funky « Mulatu » du tempo de la guitare et des cuivres dans « Fit Le Fit », l’originalité vient là aussi de la rythmique de percussions Gnawas Marocaines d’un solo de saxophone plus Balkanique à la Julien Lourau et du final Electro Dub comme un mirage désertique de l’Ethiopie rappelant son « Ene Alantchie Alnoren » de Mulatu Astatké rythmé par les vents du désert.

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Mulatu Astatké n’est pas qu’une référence obligée dans l’album, mais a posé les lames scintillantes de son vibraphone sur « Dewel » (Cloche), le plus Free de ses classiques, où Arat Kilo joue le rôle des Heliocentrics autour de lui, amenant des dissonances free jazz et bouleversant l’original de ralentissements dub autour de lui, lors de l’émission Musiques Du Mondes au studio 136 de Radio France Internationale le 2 avril 2010.

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On retrouve ensuite le bon groove funky dans « Addis Polis, les bons riffs de cuivres à la « Yekatit » avec là encore une fin modernisée par une rythmique drum’n’bass.

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Dans Enje Konjo, après une intro tintinnabulante à la flûte Indienne sur un mélodica rappelant les harmonium portatifs du Pakistan, le balafon étale ses lames clapotante autour d’une guitare psyché tremblotante comme le mirage d’un oasis sur la bonne basse groove avec une mise en place des cuivres à l’unisson jusqu’à un final dub, comme si le mirage Ethiopique était tenu à distance ou vu à travers ses vapeurs de percussions Kapaci Suling d'Indonésie.

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Celui que les Rastas Jamaïcains adorent sous le nom de Jah Rastafari n’est autre qu’Haillé Sélassié, Négus Empereur d’Ethiopie répondant à la prophétie de Marcus Garvey, après l’échec de sa tentative d’un retour des afro-américains en afrique au Liberia, d’un Roi Noir devant lequel s’inclineraient les rois blancs de l’Occident, et qui donna la région de Sahashamani aux rastas jamaïcains. Cela valait bien une version Reggae Fanfare Dub d’un classique Ethiopien par Arat Kilo, à savoir cet Ewnètègna Feqer deTesfaye Abbèbè/ Negussié Dagné Hirut Bèqèlè, Orchestre de la Police Militaire du Negus.

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Enfin, Arat Kilo joue encore la carte de l’originalité rythmique avec Wanz, un dernier Ethio Blues longue durée aux percussions Balinaise....

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A la semaine prochaine avec pour invité dans Jazzology Tribuman de Jazzomatix, le nouveau trompettiste et chanteur ragga d’Enneri Blaka qui viendra nous parler de ses projets.

Au Mudd Club ce week end:



-jeu 7 avr 2011 / 22h00 MICKA

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-ven 8 avr 2011 / 22h00 Jeff Lieb

Arat_Kilo_Jeff.jpg -sam 9 avr 2011 / 22h00SAN SODA (Bel/We Play House Rec.) JUSQU'A 4 HEURES

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Et les Artefacts ci dessous....

                             Jean Daniel BURKHARDT

mardi, mars 1 2011

MULATU ASTATKE, PERE DE L’ETHIO JAZZ, A LA SALAMANDRE LE 4 MARS !

Mulatu Astatké est un vibraphoniste, pianiste et percussionniste Ethiopien et le père de l’Ethio Jazz. Vous avez peut-être découvert sa musique dans le volume 4 de la Collectrion Ethiopique ou sur le label Strut, ou dans le film « Broken Flowers » de Jim Jarmush, et il sera en concert Vendredi prochain 4 mars à la Salamandre!

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Mulatu Astatké est né dans la ville de Jimma en Ethiopie en 1943, mais à l’âge de 16 ans, il eut l’occasion de partir étudier en Angleterre au Pays De Galles dans une école privée, et y révèla un rare don pour la musique, dont il étudie harmonie et théorie, puis découvre le Londres du Swinging London des années 60s et la culture Caribéenne avec des musiciens trinidadiens, jamaïcains ou africains du Ghana et joue au Club Ronnie Scott.

Il lui en restera un goût pour les musiques latines qu’il exploitera dans ses premiers disques au début de sa carrière aux Etats-Unis. Mais sa passion pour le Jazz amène Mulatu Astatké à gagner la Côte Est des Etats-Unis pour étudier au Berklee College of Music à Boston comme le premier étudiant Africain, puis à New York.

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C’est alors qu’il eut l’idée de l’Ethio Jazz : combinaison de la gamme pentatonique Ethiopienne à cinq tons et les harmonies à 12 notes de l’instrumentation occidentale.

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Son premier groupe est l’Ethiopian Quartet, puis Quintet, avec des latinos portoricains, étant le seul Ethiopien aux Etats-Unis. Pour Gil Schnapper et son label Wiorthy Records, il enregistre deux disques« Afro-Latin Soul Records », faisant chanter aux portoricains un son sur le montuno de son piano en espagnol et amharique (langue d’Ethiopien) sur ce « I Faram Gami I Faram » en 1966.

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A son retour en Ethiopie en 1969, Mulatu Astaké trouve son pays un peu plus libre et pas si loin de la créativité anglo-saxonne. Le Négus Hailé Sélassié a échappé de justesse à un coup d’état et se voit forcé de lâcher du leste, au moins sur la musique, en fermant les yeux sur la création d’Ama Records qui enregistra les chefs d’œuvres réédités par Ethiopiques, dérogeant à la seule musique militaire autorisée. Mulatu Astaké peut donc faire du traditionnel Ethiopien Tezeta (Nostalgie) ce "Yegella Tezeta" (Souvenir Personnel) en 1969 repris par Jim Jarmush dans son film « Broken Flowers » en « Musique Ethiopienne Musique Ethiopienne bonne pour le cœur » d’Andy Murray en 2005..

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Autre titre de Mulkatu Atatké utilisé dans « Broken Flowers », ce « Yekermo Sew» (Un Homme d’Expérience et de Sagesse ») également extrait d’Ethiopian Modern Instrumental Hits », premier disque d’Ethio Jazz en 1969, où saxophones et trompettes remplacent le chant traditionnel. Et le solo de guitare/claviers n’a rien à envier au Rock en fait de distorsion !

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En 1972, Mulatu Astatké sort l’éponyme « Mulatu » dans « Mulatu Of Ethiopia » qui pose son style : wurlitzer électrique, vibraphone, guitare funky sinueuse et hantés par le saxophone et la flûte.

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Hélas, en février 1974, le Négus Haîlé Sélassié est renversé par une junte militaire marxiste. Ce « Yekatit » (Février) est l’acte d’allégeance de Mulatu Astatké à ce nouveau pouvoir, extrait de son disque Yekatit Ethio Jazz au groove irrésistible.

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Grâce au film de Jim Jarmush, Mulatu Astatké est revenu à la mode à plus de soixante ans , et a sorti tout d’abord en 2008un disque avec les Heliocentrics (jeune groupe d’afro beat anglais) dans la collectio Inspiration Information du label Strut. Ecoutons-le tout d’abord au vibraphone dans la reprise de son morceau éponyme « Mulatu », et n’a rien perdu de son groove. Preuve en est ce Chik Chikka toujours avec les Heliocentrics où il joue du wurlitzer, du piano et des percussions avec en fond sonore le krar (luth éthiopien).

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Enfin, en 2010, Mulatu Astatké a sorti « Mulatu Steps Ahead », un album magnifique, à la fois son plus Jazz (la clarinette de « The Way To Nice », sur le rythme du générique d’un James Bond in Ethiopia imaginaire) et son plus Africain, enregistré avec le groupe américain Either Orchestra et quelques Africains (la vièle n’goni et les likembé dans « Green Africa » derrière les cuivres Jazzy), mais où l’on retrouve aussi son groove irrésistible, et même un côté Afro Beat dans « Mulattu’s Mood » qui nous rappelle que Mulatu Astatké travailla avec Duke Ellington dans les années 70s, tout en apportant la touche Africaine avec la kora, et s’essayant même au Blues lent et majestueux dans « Ethio Blues », toujours avec des cuivres et un n’goni et une flûte entourant son vibraphone légendaire... Mulatu reprend aussi ces premiers succès, comme son « I Faram I Garam »de 1969 sur un rythme salsa et avec un chant arabisant plus présent. Quittons-le avec un dernier Boogaloo (la Panthère) extrait de son album « Mulatu Steps Ahead ».

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Mulatu Astatké sera en concert ce soir 4 mars à la Salamandre. Venez Nombreux.

OU DANSER CE WEEK-END? TOUT GRATUIT!!!!!!!!!!!

L'Elastic, , rouvre ce Week-end avec DJ Slimpickens (Dubstep) de 20 à 23 h. GRATUIT!

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Au Mudd Club, 7 rue de l'Arc En Ciel, il y aura aussi cette semaine Micka (DJ Rock Pop Indie) vendredi jusqu' à 1 heure du matin!

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et Jeff Lieb samedi,

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Et à l’Entrepôt il y aura DJ Miss Tricky & Nice Nico Vendredi

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et Da Club House Colmar samedi avec Don lorenzo, Jayffe, Lil ghost et en invité spécial dj Mom's ( FLMK REC ) figure emblématique de la scène house et techno de la ville de Colmar pour la 1er fois à l'Entrepôt!!!!

Jean Daniel BURKHARDT

vendredi, février 4 2011

LURA EN CONCERT A LA SALLE DU CERCLE... ET OU SORTIR CE WEEK-END

Jeudi dernier, la chanteuse Capverdienne Lura était en concert à La Salle Du Cercle de Bischheim. Lura est née à Lisbonne de parents capverdiens. A l'adolescence, elle entame des études en section sportive mais se tourne ensuite vers la danse et devient choriste pour le chanteur de zouk Juka. Après ses duos avec Tito Paris, Paulino Vieira et Bonga, Lura signe sous le label Lusafrica. Ses premiers albums encore très zouk, Nha Vida et In Love en 2002, gagnent un succès d'estime, mais la chanteuse trouve son style dans le suivant Di Korpu ku Alma en 2004, puis le plébiscité M'Bem di Fora (Je viens de loin), enfin trois ans plus tard en 2009 arrive Eclipse, dernier album en date, qui devrait étendre la popularité de Lura hors des cercles world grâce à une production plus moderne.

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Lura revendique sa musique des «110 îles du Cap Vert ». Si elle est émouvante sur les ballades chaloupées et dans les vocalises en chœur dont elle émaille ses refrains, c’est surtout les tempos plus rapides de la coladeira Cap Verdienne qui font d’elle la grande sœur de la nouvelle génération CapVerdienne de Mayra Andrade et ont sorti cette musique des seules mornas mélancoliques de Cesaria Evora.

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En effet, par son répertoire, on découvre tout un pan méconnu de la musique du Cap Vert, comme dans le titre éponyme de son deuxième album « M’Bem Di Fora » (Je viens de loin), un zouk bien funky du Capverdien Carlos Martins, alias Katchas, de l’île de Santiago, fondateur du groupe Capverdien Bulimundo qui décèdera en 1988 dans un accident de voiture, chanson chantée sur l’album avec Zeca Di Nha Reinalda, l’autre chanteur du groupe qui créera ensuite Finaçon aux chœurs.

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Elle continue d’ailleurs avec «Vazulina », une chanson au tempo rapide un peu zouk d’Orlando Pantèra, compositeur né en Angola et arrivé au Cap Vert à l’indépendance et mort en 2001, et celui qu’elle a le plus repris, « histoire d’immigration » sur un jeune homme, Zoy qui pour plaire aux filles, défrise ses cheveux avec de la vaseline, n’assumant ses origines Africaines, et fait participer le public.

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Elle enchaîne avec « Tabanka », autre chanson de Pantera, qui a bénéficié sur le dernier album « Eclipse » d’un traitement très moderne, et avec« Quebrod Nem Djosa » de Valdemiro Ferreira, où elle est accompagnée de cuivres et scatte sur l’album.

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Ses propres compositions ne furent pas en reste avec « Oh Naïa » bien chaloupée.

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Bref, c’est sur scène qu’il faut voir Lura danser la taille ceinte d’un foulard, rugir telle une lionne devant un feu de brousse ou de plage et finir en diva aux pieds nus telle Césaria Evora sous les "Hourrah Lura" du public Capverdien et alsacien conquis.

Jean Daniel BURKHARDT

OU SORTIR CE WEEK-END A STRASBOURG?

Le pianiste de Jazz Grégory Ott se produit ce soir en trio à l'Artichaut, Grand Rue, et c'est GRATUIT!

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A Pôle Sud, également ce soir, vous pourrez assister au spectacle de Danse "Sho-Bo-Gen-Zo" kôans chorégraphiques pour deux danseurs du CCN d'Orléans Josef Nadj et Cécile Loyer d'après l'oeuvre du maître Japonais Dôgen qui introduisit au XVIIIème siècle l'école soto du bouddhisme Zen au Japon, sur la musique Live de la violoncelliste Joelle Léandre et du saxophoniste Akosh S!

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Plus tard, au Mudd Club, venez danser sur la musique des DJ Nu Forms et P'Jayz de 22h00 à 1 heure du matin, et Samedi Dj P(turntableast/lyon)

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Enfin Samedi, la Salamandre réouverte Rue Paul Janet accueillera pour une soirée "Burnin'" le Baile Funk de Kassiano:

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Fondateur du label NOSSA, le Brésilien KASSIANO est un savant, un mélangeur de sonorités et surtout la tête de proue du « baile funk », mouvement musical éclectique initié sur ses terres. Son groundbreaking mix intitulé "I Love Baile Funk" sorti sur NOSSA en 2005 est d'ailleurs considéré comme la première apparition à l'échelle internationale de ce courant typiquement brésilien. Le succès est fulgurant et les gigs se multiplient à l'image des fameuses "Favela Clash Parties". A New York, ces soirées font un tabac et la critique est dithyrambique.

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Des magazines tels que BPM ou Fader ont consacré de nombreux articles aux productions, remixes et re-edits du Brésilien. En 2010, KASSIANO produit le track "Machuka" pour l’album « Crunk rock »de Lil Jon. Une collaboration pour le prochain album de Pitbull, un projet intitulé Tropikill bientôt disponible sur Nossa... Pour sa première date dans l’Est de la France, il répond présent à l’appel de l’équipe Souldancer et se produira à la salamandre devant vos yeux ébahis.

Jean Daniel BURKHARDT

lundi, décembre 13 2010

AKEÏKOI : SENOUFO (SECOND ALBUM)

Huit ans après le premier album d’ Akeïkoi From Connexion « Binkafo » sorti en 2002 (chroniqué en Commentaire ci-après), la coalition généreuse assumée Afro-Rock de musiciens Africains menés par Lassina Coulibaly d’Akeïkoi, des frères Livenais aux guitare, voix, basse et claviers, punks français de Caline Georgette de leur sœur Cécile et du percussionniste de Tam Tam remettent le couvert avec un second album, « Senoufo », sorti le 5 mars 2010.

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Ça commence très fort des deux côtés avec « Soumalé » : sur le groove des guitares Afro-Rock occidentales, on retrouve le frottement du n’goni africain, les cymbales en qarqabou gnawas, la flûte soufflée/ criée à la Cheick Tidiane Seck, les voix d’Afrique mieux harmonisées encore que dans le premier disque avec les françaises (auxquelles s’est ajoutée Evelyne Mambo) et les claviers vintage pour lier la sauce gumbo dans le final.

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« Yebin » prend des couleurs de Groove Ethiopique déjà annoncées dans « Mariam » mais en ajoutant des cuivres (Frédéric Renard : Sax, Laurent Lair : Trombone et Pierre-Marie Humeau : Trompette), absents du premier album, qui rajoutent leur pêche et leurs fonds sonores et une bonne guitare 70ies, et le chanteur Africain sonne aussi vraiment Ethiopien.

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« Sorties Des Initiés » fait entendre un chanteur plus âgé, mystique en transe gnawa sur une guitare plus grasse et punk dans ses riffs qui débouchent sur un afro groove Ethiopique prolongées de résonances de claviers électros inquiétants. Les initiés sont dans les deux camps : chez les punks qui ont adouci leur rage d’un côté plus Jazz Rock Vintage et appris les rythmes Africains, et chez les Africains qui ont appris à jouer cette musique plus Jazz Rock que la leur.

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Un coq chante et le jour de « Gopolo » s’éveille sur la flûte ethnique et les claviers tremblants de chaleur, puis la voix Africaine s’élève sur une guitare Rock Touarègue à la Tinariwen ou Toumast, qui a ajouté un groove plus moderne au Blues Rock des pionniers du genre. La batterie reste Rock quand elle entre en jeu sur les claviers aux couleurs psychédéliques, créant un mélange inédit, celui du Rock Occidental et des musiques Africaines à égalité parfaite.

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Dans « Técoubé » aussi, après quelques premières secondes très traditionnelles entre voix et percussions, la guitare ajoute son riff Afro Rock aigre et ravageur, puis les claviers conversant avec la voix. La guitare part même dans des riffs Rock/New Wave, suivis de chœurs aux labiales pygmées dans le final. Et que tout cela aille ensemble rend cette généreuse entreprise précieuse et magnifique.

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Dans « Nèquésso », c’est la guitare touarègue qui mène et dirige la transe Africaine des voix sur une mélodie purement africaine, preuve que la fusion entre ces deux cultures n'en fait plus qu’une.

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Dans la courte clameur de transe entourée de youyous « Tiegba », la guitare s’efface devant l’Afrique pour ne devenir qu’un clapotement rythmique de plus parmi les percussions.

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« Pé-poro » retrouve les cuivres et le groove Ethiopique, avec la voix de Jean-Louis Livenais des Calines Georgettes en français, avec un texte magnifique par sa poésie et son engagement contre toutes les « palabres presque à tue tête ». C’est aussi agréable de comprendre et goûter sur ce titre le sens des mots, puis méditer ces sages paroles sur le clavier 70ies Doorsien à la « Riders From The Storm », et se mettre en colère parce qu’il y a lieu sur les cuivres dans le final. Le « poro » est un rite initiatique se déroulant en trois phases de sept ans chacune. Ils ont passé le deuxième stade avec succès.

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« Koloye » est un petit chef d’œuvre d’innocence harmonique et vocale et guitaristique roots, acoustique, puis à peine touarègue avec des échos psychédéliques tout en finesse, apaisement, sensibilité et émotion pure sur une très belle mélodie.

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« Piguéléa » termine l’album sur un petit groove où la guitare 70ies joue entre deux percussions, puis pare en solo sur le clavier reggae soutenu par des castagnettes qarqabou.

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Sur ses flyers, le groupe s’affirme comme « la première fusion afro rock complètement équilibrée et aboutie », et c’est vrai que ce ne sont plus sur ce second disque des punks français qui jouent avec des Africains, mais les deux cultures qui se confondent en un langage commun, beau pied de nez à toutes les identités nationales vers ce que Billy Bragg puis Hasse Poulsen ont appelé «patriotes progressifs », citoyens du monde! Si seulement ce généreux exemple pouvait inspirer les politiques en haut lieu!

Jean Daniel BURKHARDT

samedi, décembre 4 2010

LA CARAVANE PASSE...HIER PAR LE NEUHOF... AUJOURD’HUI PAR LE TELETHON...

Hier soir, La Caravane Passe, combo Electro-Trad menée par le guitariste et chanteur Toma Feterman et le tromboniste Olivier Llugany (trombone, hélicon, percus, électro, deuxième voix), basse, batterie et « Zin Zin Moretto » aux saxophones, qui après le voyage géographico-linguistique « Velkom Plèchti » de Plèchti (village folklorique imaginaire près de Paris) vient de sortir « Ahora In Da Futur » dans l’Espace-Temps, était au Concert au Centre Django Reinhardt du Neuhof, et se produira aujourd’hui pour le Téléthon, avec à Strasbourg des manifestations Place Kléber de 9 à 19 h.

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Ils atterrissent sur scène en provenance de l’Espace Temps au son electro-spatial de « CyberMarkovic » au son de « Ahora In Da Futur » pour « passer du temps ensemble, c'est-à-dire aller du Passé au Présent vers l’Avenir », habillés de costumes de rutilants rastaquouères d’un outer space muticulturel indéfini : double ceinture Desperado/Torero sur chemise tsigane flashy à paillette, chapka de fourrure ou d’astrakan, lunettes de soleil étoilées et soleil d’ailleurs dans l’accent et voix de crooner à la Arthur H ou plus rugueuse entre Tom Waits et Arno, dignes de leur héroïne vestimentaire de Bulèria Sibèrienne Bulèriane « Babakool Babushka ». On sait déjà que ce n’est pas un groupe Traditionnel ordinaire.

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En effet s’ils utilisent des éléments de musiques traditionnelles, c’est avec un traitement très mutant, XXIème siècle, poussant du « Misirlou », rébètiko traditionnel Grec en version Surf de Dick Dale & The Deltones comme dans Pulp Fiction jusqu’à un Ragga electro Balkanique « Bouge Bush» enfiévré à la manière du «Pitbull Terrier » de « Chat Noir Chat Blanc » de Kusturica.

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Ils ne manquent pas d’humour dans les textes, convoquant les «Moustache On The Stage » collage surréaliste d’hommes (Charlie Chaplin, Joseph Staline), femmes (Frida Kahlo) ou œuvres (La Joconde LHOOQ pour Marcel Duchamp en 1919) moustachues ayant marqué l’histoire ne manquant pas de références amusantes citées en seconde voix par Olivier Llugany (Charlie Chaplin (Herr Dictator), Joseph Staline (Matador), Sergent Garcia (De La Véga), Frank Zappa (Zapata) et cætera...).

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Ils appellent tous les exilés, les étrangers victimes du racisme à devenir des « Zin Zin Moretto » nomades et fiers de l’être (comme le saxo en sombrero et manteau de ragondin) sur un air de Western spaghetti à la Sergio Leone et à ne pas perdre leur langue, chanté en arabe par Rachid Taha, culture ou accent, spécificité culturelle.

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Evidemment, il y a dans cette auberge Espagnole de Plèchti à l’ Espéranto Mondial à boire raki , vodka et rakia à l’open bar du « Balkanski Bal » et à manger des sandwiches du « kébab-Uni » anti Mc Dos assaisonnés car « faut qu’ça ‘harrache et tu comprends mieux la musique » « Salade Tomate Oignons », du Flamenco maquillé en « Makilla » en gouape du Tango Argentin, nous appelant sur un Dub Balkanique à un "Cocooning In Da BivouaK Style" et dans ce Plèchti local transporté avec eux au Neuhof avec eux par contamination positive par le sourire et le chant d’un traditionnel Tsigane Russe, toutes les filles deviennent « Sacha Mona » de ce vrai-faux mariage, des « Gypsy Magic Woman » (tiens, ils avaient oublié Carlos Santana dans les grands Moustachus) et les hommes « Like A Sex Toy » entre leurs mains et terminent par une farandole rétro-futuriste sur leur reprise de « One Step Beyond » de Madness devenu « One Kolo Beyond » dans cette musique de transe urbaine collective où toutes les cultures se retrouvent et toutes les langues se lient pour se délier, un peu à l’image du public généreusement bigarré d’âge et de cultures différentes.

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Et finalement, en Bis, ils jouèrent « without electricity » en mode fanfare (Feterman à la trompette, le bassiste à la vent, le batteur au tapan quelques titres dans le public, passant là aussi d’un thème arabisant à un balkanique et même une Romance judéo Hispanique, La Rosa Enflorense ».



Jean Daniel BURKHARDT



DANS VOS SALLES LA SEMAINE PROCHAINE :

Ce soir Samedi 4 décembre, Martin Eble et Sir Jarvis seront à l'Entrepôt pour leur "Bahgwan Disco 3"

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Le trompettiste Electro Oriental Libanais Ibrahim Maalouf (neveu d'Amin Maalouf) sera à la Salle Des Fêtes de Schiltigheim ce Mardi 7 décembre à 20 h 30. Après "Diasporas" en 2007, il a sorti cette année "Diachronism" plus porté sur les voix.

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L’Espace Django Reinhardt du Neuhof célèbre le Centenaire de Django Reinhardt avec ses plus dignes successeurs : -Jeudi 9 Décembre à 20 h 30 : Ringo Hoffmann et le guitariste Jazz manouche Bossa Groove Rotts (Groots) Dino Mehrstein.

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-Vendredi 10 décembre à 20 h 30 : la Loeffler Connection avec Di Mauro Swing et l’accordéoniste Marcel Loeffler, qui vient de dédier un album à Gus Viseur, "Around Gus".

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-Samedi 11 décembre à 20 h 30 : et last but not least le petit-fils de Django (fils de Babik) David Reinhardt et Alberto Weiss.

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Ecoutez-les tous dans mon émission Jazzology du 9 décembre prochain à 21 h sur Radio Judaïca.

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Enfin, Dimanche 12 Décembre Salle Mozart, Rue Des Serruriers, entre 11 et 19 h, Venez fêter la sortie (Entrée Libre) du nouveau CD « BalsiKa » des Papyros’N enregistré avec des musicien de tulsa (Bosnie Herzégovine), à écouter en exclusivité avec une interview de Jean Claude Chojcan dans mon émission « Terres Tribales » le lundi 6 décembre à 11 h sur Radio Judaïca..

jeudi, novembre 18 2010

CHUCHO VALDES & HIS AFROCUBAN MESSENGERS : CHUCHO’S STEPS: ALBUM...ET CONCERT

Chucho_Mayra.bmpChucho Valdès est un des plus grands pianistes de Jazz Afro-Cubains. Né en le 9 octobre 1941, fils de Bebo Valdès, grand pianiste Cubain né le même jour en 1918 et toujours en activité.

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Après ses années de formation au sein du Sabor De Cuba paternel, Chucho Valdès entre dans l’Orchestre Cubain de Musique Moderne créé par Fidel Castro pour exprimer ses idées musicalement, puis fond le plus grand groupe de fusion Jazz-Rock-Funk Fusion Cubain : Irakere, avec Paquito D Rivera au saxophone et Arturo Sandoval à la trompette qui quitteront le groupe lors de sa première tournée en Espagne, et auquel il consacre vingt ans de sa carrière, dont cet « Aguanile Bonko » et « Chekere Son », à l’origine de la passion du World DJ Gilles Peterson pour les musiques Cubaines.

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Depuis les années 90s, Chucho Valdès s’est tourné vers des projets plus acoustiques et proches du Jazz Afro-Cubain avec New Conceptions et Biyumba Palo Congo, et continue avec Chucho’s Steps, son dernier album qui vient de sortir accompagné par une petite formation Latine Hard Bop : les Afro Cuban Messengers au nom hérité des Jazz Messengers d’Art Blakey et des Afro-Cubans de Machito, premier groupe de Latin Jazz.

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Il se détache aussi du Jazz seulement latin en se rapprochant du Jazz au sens plus large par des références à La Nouvelle Orléans de ses origines dans « New Orleans » ( hommage à la famille Marsalis). On y trouve la touche latine que Jelly Roll Morton fut le premier à professer, mais aussi un côté Baby Dodds dans la batterie et une citation de « Softly As A Morning Sunrise » dans la collective. .

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Avec une grande liberté, Chucho Valdès joue aussi avec le répertoire du Jazz et les standards dans ce nouvel album comme dans « Begin To Be Good », où il s’amuse à mélanger deux standards : « Begin The Beguine » de Cole Porter et « Lady Be Good » de Guershwin, et joue de l’histoire des genres Cubains dans « Danzon » , en citant le Cha Cha Cha « Almendra » de l’Orquestra Aragon.

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L’inventeur du Cha Cha Cha était le violoniste Enrique Jorrin (qui avait remarqué que les chaussures des danseurs faisaient ce bruit en glissant), compositeur de « La Engañadora », que son pianiste Ruben Gonzalès engagea pour son dernier disque (qui fut aussi celui de Chappotin) dans ses « Estrellas de Areito » (ainsi nommées en riposte aux « Estrellas De Fania » des exilés Sud-Américains aux Etats-Unis de la Salsa), puis reprit ce titre sur son album « Chanchullo » après le film « Buena Vista Social Club » de Wim Wenders.

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On trouve aussi « Yansa », un Guaguanco dédié à la déesse de la mer Yemaya (qui donnait déjà son nom au titre d'un album d'Irakere) poussé jusqu’au Free Jazz dans la liberté mélodique chanté par les chœurs Afro-Cubains de Dreiser Duruthy Bombalé.

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Le titre éponyme « Chucho’s Steps » est aussi une référence assumée de Chucho Valdès au « Giant Steps » de John Coltrane sans en être servile, car se l'appropriant en citant son propre « Mambo Influenciado » enregistré avec les Tumbao All Stars en 1997.

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Dans « Zawinul’s Mambo », dédié au grand pianiste et claviériste Jazz Rock de Weather Report Joe Zawinul, Chucho Valdès introduit son thème fétiche « Birdland », latinisé, introduit par une petite phrase des cuivres empruntée au final de la version d’ »All The Things You Are » de Dizzy Gillespie et Charlie Parker, altiste Bop en l’hommage duquel avait été créé ce club de son vivant, ce qui va finalement de soi, puis retrouve « Birdland » retrouve la basse de Jaco Pastorius.

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Enfin, dans « Las Dos Caras » (Both Sides » (les deux côtés), Chucho Valdès réunit les rythmes afro latins Cubains et Brésiliens : les deux musiques reines des Caraïbes qui ne se sont que rarement mêlées.

Vous pourrez entendre ces titres de l’album dans mon émission « Jazzology » demain soir 18 novembre à 21 h-22 h sur Radio Judaïca Strasbourg et voir Chucho Valdès & ses Afro-Cuban Messengers demain soir 19 novembre à 20 h 30 à la Salle Des Fêtes de Schiltigheim avec Dreiser Duruthy Bombalé et sa sœur Mayra Caridad Valdès, ancienne chanteuse d’Irakere et doyenne des découvertes du « Havana Cultura » de Gilles Peterson!

Jean Daniel BURKHARDT

mercredi, septembre 29 2010

SELIM SESLER et MORY KANTE inaugurent l’Epace Django Reinhardt du Neuhof

Samedi 11 septembre s’inaugurait le nouvel Espace Culturel Django Reinhardt voué aux concerts et à l’apprentissage des musiques traditionnelles par des concerts gratuits.

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Après les locaux Grand Ensemble de La Méditerranée et Mandino Reinhardt, on pouvait entendre en soirée le clarinettiste Turc né en Thrace Selim Sesler, appelé par un journaliste du Guardian « le Coltrane de la clarinette Turc » et qui a déjà participé au film « Crossing The Bridge » de Fatih Hakin sur la nouvelle scène Turque et invitait ici Fabien Guyot (percussionniste du Grand Ensemble de La Méditerranée) à ce joindre à son groupe (violon, qanun, darbouka).

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Quel est le rapport de ce clarinettiste Turc avec le saxophoniste de Jazz John Coltrane ? Aucun culturellement, mais on pourrait en trouver dans la voracité du jeu, les longues phrases sans reprendre son souffle, la transe sur tempo rapide provoquée sur le public.

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Le Jazz est une culture afro-américaine dont Coltrane était le représentant le plus mystique de l’accomplissement libertaire du Free Jazz, la musique Turque une autre tradition, où Selim Sesler, né en Thrace, s’est fait le spécialiste autant des musiques classiques turques « Fasil » (qui ne le sont pas tant que cela) que du rébètiko grec d’Izmir et des danses montagnardes Anatoliennes et même des musiques tsiganes des Balkans ou les csardas Roumaines, bref de toutes celles de l’empire Ottoman au sens le plus large au faîte de sa gloire, avec pourrait-on dire la même liberté de jeu, la même ferveur, le même souffle épique, faisant de Sesler LE clarinettiste Turc emblématique comme Coltrane est LE saxophoniste de Free mystique pour ses adeptes, ou peut-être simplement ceux dont la ferveur et la passion de jouer ont pu porter le Jazz ou la Musique Turque à une effervescence émotionnelle, universelle y attirer un nouveau public, car tous deux capables de virtuosité sur les tempos rapides et d’émotion à fendre l’âme sur les tempos plus lents.

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D’ailleurs la partie Turque du public danse à son répertoire en rond en se tenant le petit doigt comme à un «Anatolian Wedding» (« Mariage Anatolien », mais aussi parfois des rythmes de différentes régions de la Turquie) qui donne son nom à son album. Pour le reste des personnes assises sur le sol, la petite salle de concert (150 places assises quand on y met les chaises) prend l’ambiance intime et la chaleur boisée avec ces murs de bois clair d’un salon de musique oriental.

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En Bis, son joueur de darbouka fit entendre une belle voix de basse dans les graves sur une chanson Turque, et Selim Sesler ouvrit encore son répertoire Oriental en improvisant en final sur le thème hébreu « Hava Naguila » écrit pour célébrer la victoire anglaise en Palestine en 1918.

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Après une pause et avoir pris connaissance de la programmation de cette première saison, la soirée se poursuivait avec le griot Guinéen Mory Kanté qui électrifia la kora et les dancefloors du monde avec son célèbre « Yéké Yéké », d’abord sur son disque « Mory Kanté à Paris » en 1984, repris ensuite dans son album Akwaba Beach, puis sur les scènes du monde entier dans le monde entier jusque dans son album acoustique Sabou en 2008 et en bis de ce concert.

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Son percussionniste transporta le public dans l’univers des initiations de griot et des mariages, et le public Africain, même très jeune, du Neuhof monta sur la scène, dansant à la mode africaine ou plus urbaine du Hip Hop, ajoutant la joie et l'authenticité de la participation locale à cette fête d’inauguration.

Jean Daniel BURKHARDT

lundi, août 9 2010

BLICK BASSY : LEMAN, UN PREMIER ALBUM PROMETTEUR

Le Camerounais Blick Bassy, arrivé en France en 2005, a déjà à son actif des featurings impressionnants : Manu di Bango, auteur du célèbre « Soul Makossa », Cheick Tidiane Seck, grand griot du groove afro mandingue de l’album avec Hank Jones « Sarala » et toujours en activité, Keziah jones dont on a pu apprécier les débuts Blu Funk, Etienne Mbappé, bassiste de Michel Jonasz, Lokua Kanza qui vit maintenant au Brésil. Finaliste des Découvertes RFI 2007, il a sorti en 2009 son album Léman.en 2009 dont on peut entendre quatre chansons prometteuses sur son myspace:

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« Nial » commence par un tempo néo bossa nova à la Marcio Faraco à la guitare arrosée de kora sur laquelle Blick Bassy pose sa voix haut perchée à l’innocence harmonique magnifique alternant africain, portugais et quelques mots en français émouvante puis de plus en plus forte entourée de chœurs originaux.

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« Niela » est plus dans le genre groove mandingue léger pratiqué par Cheick Tidiane Seck, avec sa guitare funky entre coupée d’une solide kora soutenant la voix poussée jusqu’au cris avant les chœurs sur un clavier discret qui termine en écho électro.

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« Masse » commence sur deux accords de flamenco ou de Son cubain, puis s’envole avec la voix entre africain et trois mots de français vers un unisson guitare voix sur un clavier obsédant soutenant les cordes funkys et traditionnelles à la fois et termine en talk-over sur les derniers accords.

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« Maria », décrivant une fille, commence aussi par des arpèges de kora rappelant ceux de Cheick Tidiane Seck, puis part en mode Reggae funky avec les chœurs sur les cordes acoustiques doublées d’autres électriques dans les échos de slide en fond sonore. Quand elle s’énerve ou se prend de passion, sa voix fait penser aux rages de Féla Kuti dans son intensité.

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On sait déjà qu’on a affaire à un compositeur original et bon arrangeur aux influences pas seulement Africaines avec le début de cet album rappelant d’autres réussites récentes en musique Africaine mais à l’émotion universelle comme par exemple Daby Touré, qui font du bien en faisant danser les pieds, consolant le cœur, tout en faisant s’envoler l’âme et l’esprit jusqu’aux étoiles.

Jean Daniel BURKHARDT

lundi, juin 14 2010

Le groupe Coréen SOREA au Maillon d’Hautepierre pour le festival Champs Libres

Le jeudi 10 juin se produisait au Maillon Wacken pour le festival Champs Libres dédié aux Musiques Contemporaines et actuelles avec cette année un focus sur la Corée le groupe de Rock/Pop/Funk féminin Soréa (abréviation de Sound Of Koréa).

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Ces quatre filles jouent des instruments traditionnels Coréens amplifiés : flûte, haegeum (violon à deux cordes frottées sur un archet pris, et c’est là l’originalité, ENTRE les deux cordes) par Eun-sung, Changgo (tambour coréen en forme de sablier) et deux cithares Daegum et Gaegum proche du Kayageum, l’une à cordes jouée avec les doigts et les mains en rythmique, l’autre à fils plus fins à l’aide d’un plectre, la chanteuse Jini et un peu de musique samplée jouée off.

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Les musiciennes arrivent et c’est déjà un festival de couleurs et de costumes : étoffe comme une aile plissée en corolle sur l’épaule verte émeraude pour la violoniste, robe blanche pour la chanteuse, haut blanc et short argent pour la cithariste et percussionniste, robe grise pour la flûtiste, et verte pour la seconde cithariste, comme des libellules fées fraîchement atterries d’un manga de Science-fiction, impression que confirme le micro/casque de la chanteuse, tenant au sol par des chaussures variées et élégantes, sandales étoilées, spartiates montantes ballerines, ou à nœuds offrant un dépaysement garanti.

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Le concert commence comme leur album Monsterious Story par le halètement et la sirène de l’instrumental In Panic et des claviers inquiétants Trip Hop et percussions broken beat off sur lesquels se greffe la grande flûte traversière de bambou avec un effet rappelant un peu la modernisation des musiques traditionnelles de Peter Gabriel pour le label Real World. Ce titre montre les qualités dramatiques et la modernité de leur démarche, qui pourraient être exploitées au Cinéma.

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«It’s time to carry aboard » dit la chanteuse invitant à la danse (“Move your feet/ Make your head flow in the air”). Elles ont prouvé être aussi un bon groupe funk. Elles improvisent vraiment sur la bande off, le solo de cithare sur le scratch, puis le violon haegeum (dont sortent des sons originaux et inouïs en toutes circonstances) puis la flûte. Il leur arrive d’ailleurs de se produire avec des B Boys danseurs de Hip Hop.

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Our Passage continue In Panic sur un beat electro, mais avec une utilisation plus traditionnelle asiatique, japonisante du violon et de la cithare rappelant un peu certaines musiques d’Eric Serra pour Luc Besson et un contre chant constant de la flûte.

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Une partie de leur répertoire chanté est plus sentimentale comme Eternal Love (), duo presque sirupeux sur le disque de Gon & Jini rappelant un peu l’Eurovision, sur une mélodie Japonisante, où le violon se fait chinois, mais prend toute sa valeur en live, où la chanteuse ménage une progression de l’intensité invisible au disque.

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Après Unknown Conflict, plus inquiétant avec des samples voix Hip Hop dans une langue indéfinie, un autre instrumental folk rock Moyenâgeux, une chanson traditionnelle Coréenne, et avant le bis, elles furent applaudies si longtemps qu’elles manquèrent de rater le départ de l’instru off, ce qui est un accident d’une spontanéité touchante...

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Le Festival Champs Libres se poursuit cette semaine avec jeudi 17 juin et vendredi 18 juin l'ensemble TIMF et l'ensemble Contemporain Linea à 20 h 30 et un concert de musiques traditionnelle portrait de Nam Kuk-KIm, et se terminera samedi 19 juin avec l'ensemble de percussions fracassantes qui mettent en transe les villages Coréens Samulnori de Kim Duk Soo et un Seoul Clubbing final des DJ Flamenco et Unjin à l'Ecole d'Architecture.

Jean Daniel BURKHARDT

lundi, mai 31 2010

ETHIOSONICS : Réunion Ethiopienne pour la fin de saison de La Salle Du Cercle

Vendredi soir 27 mai, la Salle du Cercle de Bischheim invitait pour sa clôture de saison, du très rare sous nous latitudes : accompagnés par les brethiopiques du Badume’s Band, deux stars de la musiques Ethiopienne des années 60s/70s : le crooner Mahmoud Ahmed et l’Elvis, le James Brown Ethiopien, Alèmayehu Eshèté, réédités par le label Ethiopiques!

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Après un jus de bissap (hibiscus), baobab ou gingembre (qui arrache le plus des trois), arrive le Badume’s Band et son chanteur Eric Menneteau, qui, quoique Bretons, sont l’un des meilleurs groupes Ethiopiques, et ont d’ailleurs eu l’aval de Francis Falcetto (éditeur du label Ethiopiques qui réédite les disques des années 60s/70s de Jazz, Funk, Rock , Groove, Trad Ethiopiens) et remportèrent un concours à Addis Abèba (). Cet âge d’or de la musique Ethiopienne se déroula entre 1968 et 1978, fin de règne du Négus Hailé Sélassié, avant la dictature stalinienne de la junte militaire.

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Certes le son est un peu plus froid et Rock, mais on ne pourrait rêver meilleur backing band, et en fermant les yeux, on s’y croirait, même vocalement. Francis Falcetto a eu à propos de ces petits groupes d’Ethiopiques Européens une jolie formule : ils sonnent comme « ce qu’aurait pu devenir la musique Ethiopienne haute époque, si elle n’avait pas été flinguée par la dictature ».

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Une chanson et un instru plus tard débarque le premier des invités Ethiopiens : Alèmayehu Eshèté, qui n’a pas volé son titre d'Elvis, de James Brown Ethiopien. Natif de la région rurale du Godjam en 1941 et d’un milieu modeste, son père le traquait dans les mauvais lieux où il suivait l’Orchestre de La Police (seuls cuivres et seuls musiciens autorisés avec l’Armée, la Garde Impériale), et pour se faire pardonner, il multiplia les ballades sur la piété filiale, mais son attitude restait Rock dès 1969, puis Funk dans les années 70s. Il a encore aujourd’hui, quarante ans après, un faux air de Little Richard dans son col roulé noir. Certes sur les tempos les plus rapides, il est moins survolté dans sa danse de mariage Weleba et ses mouvements de glotte acrobatiques qu’à l’époque dans Yeweyn Haregitu/Feleqleqe, mais franchement le groove est là, la danse aussi, et ces halètements rythmiques caractéristiques chevauchant entre gunnuck et duschmuck! Le tempérament, un zeste de crânerie 60ies/70ies et quelques baisers au public font le reste!

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Il tombe la veste, alterne ballade et morceau rapide et nous ramène à Addis Abéba avec Addis Abeba Beté (Je suis chez moi à Addis Abèba). Quelques ethiopien(ne)s dansent sur la scène.

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Puis arrive Mahmoud Ahmed, en costume traditionnelle Ethiopien : djellaba blanche, serre- tête vert jaune rouge (le Rastafaris me Jamaïcain vient d’Ethiopie et Jah Rastafari l’empereur Haïlé Selassié lui-même, après une prophétie de Marcus Garvey). Lui est né également en 1941, mais dans le Mercato (marché) d’Addis Abeba. Cireur de chaussures, il fut repéré par les musiciens de la Garde Impériale. S’il était plus un crooner dans les années 60s/70s, Mahmoud Ahmed n’était pas incapable de groove sur deux ou trois titres () et rock, voire de twist, et de cris, quand il imitait le paysan Ethiopien dans « Embwa », et encore aujourd’hui, roulant les rrrr sur la guitare Rock comme un lion rugissant sur « Belomi Benna », haranguant le public de ses Habet Habet!

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Il semble avoir mieux vieilli qu’Alèmayehu Eshèté, porté par la force tranquille et un groove infaillible mais terrien, bien ancré dans le sol, des vieux jazzmen ou bluesmen, ou son répertoire, moins juvénile, s’accorde mieux à la prise de l’âge, comme son éternel Ere Mèla Mèla, premier disque sorti chez nous en 1986, alors que beaucoup réduisaient l’Ethiopie millénaire (la reine de Saba en venait) et majoritairement verdoyante à la famine du Sahel.

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Les deux autres chanteurs revinrent pour le final chanter ensemble, communier encore cette belle communauté musicale transculturelle, et les deux plus âgés ne furent pas les derniers à faire applaudir le plus jeune. Si elle permet ce genre de choses de par le monde, la mondialisation a peut-être, par certains côtés, du bon....

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Autre grand musicien Ethiopien, Mulatu Astatqé, prévu le 10 juin à Contretemps, a dû hélas annuler son concert pour des raisons de santé.

Jean Daniel BURKHARDT

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