radiojd

Animateur de radio bénévole depuis 7 ans sur Radio Judaïca STRASBOURG de deux émissions de jazz et musiques traditionnelles où je présente les concerts en région, après des études de lettres menées jusqu'à un DEA, je n'ai cependant jamais trouvé d'emploi correspondant à ma culture tant littéraire que musicale et à mes capacités rédactionnelles pourtant polyvalentes car souvent considéré comme sur diplômé et sous expérimenté. Par ce blog, je désirerais échanger avec d'autres dans le même cas nos expériences personnelles de sorte à nous enrichir mutuellement d'idées auxquelles nous n'aurions pas pensé nous-mêmes.

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mardi, août 9 2016

ITJ REVIENT A WOLFIJAZZ

ITJ () est né à Wolfi Jazz il y a quatre ans en 2012 de la rencontre du saxophoniste Rémi Psaume avec le groupe In Time Jazz (Matthieu Drago batterie, Louis Haessler basse, Raphaël Szolosy guitare). « La musique à laquelle ITJ adhère est celle d'un cocktail de groove orienté vers le molotov : le poing levé vers des champs d'influences divers et variés, pour une musique énergique à 360 degrés, prête à faire exploser les cadres et les critères. » Ils viennent de sortir ce printemps «Re/Enter The ghost » .

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C’est d’abord l’orage sonore funky de «Moneyless Man» dédié à « Mark Boyle, testeur d’vie radicalement faite de dépossession monétaire», puis « Walter S » dédié à « Walter Steiner, éternel refoulé des pistes de ski sur lesquelles il s’évertuait à sauter » mais héros d’un film de Werner Herzog, opposants à la compétition financière ou sportive actuelle.

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Autre belle idée dans cet album qu’ils ont voulu donner autant à penser qu’à entendre, « Africa is a Croncrete Utopia » avec Boni et Dobet Gnahoré et Moussa Coulibaly qui les emmena au Burkina Faso, tout en maintenant une bonne énergie dans le groupe et le solo de saxophone me fait plus penser à Steve Coleman sur la batterie puis rejoint les autres avec la liberté de Jam électrique de Miles Davis à l’Isle de Wight, avec des effets Breckeriens sur le saxo en faisant presque un accordéon/ mélodica.

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Suit « Méditerranée » (http://www.dailymotion.com/video/x1tmp1v), plus flamenco dont la basse me fait penser à Carles Benavent (avec Jorge Pardo, avec un beau solo de guitare, puis une envolée du saxo balkanique et volubile à la Julien Lourau poussée jusqu’au cri avant de revenir au thème

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Un autre solo de saxo de saxo m’a fait penser à « A Love Supreme » de Coltrane, la fin d’Acknowledgement juste avant les interventions vocales.

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Ils finissent par ce « Re-Enter The Ghost », hommage à Jacques Derrida invitant Hamlet « pour réfléchir à un monde « qui sortait de ses gonds » et à ses incertains lendemains » dans Spectres de Marx en 1993.

Pour le bis, la guitare prend un son de sanza (piano à pouces africain) ou de balafon avant un final en fanfare à l’énergie rock métal !

Bref un groupe libre et énergique mais qui donne aussi à penser à un monde meilleur.

Jean Daniel BURKHARDT

Photos du Concert Patrick Lambin

jeudi, juin 23 2016

WE LIKE Gilles Peterson, FranKeeto & Earl Zinger au Roc en Stock le 17 Juin 2016

Gilles Peterson c’est l’inventeur du terme « Acid Jazz » lors d’un mix en 1988 il a dit « Et Maintenant voilà l’Acid Jazz ! », puis fondateur d’un label du même nom et de « Talkin’ Loud », le diggeur des diggers des djs anglais qui collectionne dans son studio de Brownstown des vinyles non réédités des années 60s/70s Soul Funk et Rare Groove (qu’il publie sur ses compilations « Digs America », originaux ou remixés, ou dans leurs versions Latines Brésiliennes ou Cubaines c’est aussi l’animateur de sessions Live inédites à la BBC pour son radio show, le talent scout envoyé spécial à Cuba d’Havana Cultura 1 et 2, et organise le Worldwide Festival à Sète et c’est sa première fois à Contretemps dont il a inspiré l’esprit d’ouverture!

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Mais avant Gilles Peterson, il y avait en warnm up le vendredi 17 juin Frankeeto d'Annecy, rééditeur de perles Funk Soul avec DJ No Stress de Strasbourg sur Superfriends Records et animateur de l’émission Natural Pleasures sur Radio Meuh! Il mixe un bon Funk bien cuivré avec une bonne basse House à la Larry Levan ou Joey Negro, puis un track Soul « Tonight » ou « Baby » avec des claviers funk dégoulinants dignes de nos rêves 70ies ajoutant à l’authenticité d’un bon blues des claviers lasers à la Herbie Hancock (en fait « Byron’s Voyage » dans « High Life » de Byron The Aquarius, ancien collaborateur d'ONRA) reprenant le Maiden Voyage acoustique de Herbie Hancock sur le label Blue Note.

Il y a aussi des chœurs avec un chouette clavier et des flûtes brazil, puis une bonne base funky sur des claviers à débordements, et la basse de « Chicago » de Roy Ayers mais avec d’autres paroles « You don’t like, shut up and dance» et aucun de ceux là!

Arrive Gilles Peterson vêtu d’un T Shirt Sun Ra!

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Si ses compiles sont des pépites à écouter chez soi, ses mixes live mélangent sa super sélection Soul, Funk, Rare Groove, Latine ou Brazil sur une rythmique House plus dansante. A partir de ses sélections latines, il peut isoler les percussions et créer des rythmiques AfroBraziloCubaines ou AfroCubanoBrésiliennes!

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Ancien MC de Galliano, Earl Zinger a un soundcloud commun avec Gilles Peterson qui a presque un site pour chacune de ses nombreuses activités, il l’accompagne sur scène depuis quelques années et avait introduit sa compilation « The INCredible Sound Of Gilles Peterson » en 1999 d’un « Free Your Mind and your ass will follow ».

Comme souvent Earl Ziger reste discret, derrière Gilles Peterson avec son sampler et sa boîte à rythme, rajoutant des sirènes Jamaïcaines et s’il prend le micro, il faut presque faire attention pour distinguer ses imprécations délirantes et vocaux ragga hallucinés d’une voix aigüe un peu à la David Bowie du mix! C’est peut-être aussi qu’il est très bien placé, s’intègre très bien au mix. On l’entend mieux sur du reggae. Et j’en ai marre des MC qui se mettent trop sur le devant de la scène !

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Après une super sélection Soul Funk Rare Groove, Brazil et Cubaine, Gilles Peterson finit avec « Mr Funky Samba » () de Banda Black Rio! Je connaissais pas les autres tracks mais super sélection dans l’esprit positif « Let The Sun In, Let The Sunlight Shine! »

Jean Daniel BURKHARDT

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mardi, juin 14 2016

BOOGALOO ROCAFORT à SHAKE YOUR GROOVE THING au FAT BLACK PUSSY CAT

Vendredi 10 juin il y avait aussi invités par Winston Smith résident de « Shake Your Groove Thing » au Fat Black Pussycat HARRY CALLAHAN & PHIL ROCK de Rocafort Records, né en 2013 avec un 45 tours de boogaloo. Formé par deux cousins basés entre Lausanne et Barcelone, ce label de musique indépendant est dédié à éditer et rééditer des morceaux passés inaperçus ou qui ne virent tout simplement jamais la lumière du jour. Des morceaux de Funk, Soul, Rhythm & Blues et Boogaloo provenant du Spanish Harlem de New-York aux rues de Bamako pressés sur vinyle pour le bonheur des danseurs et des DJ’s. Harry Callahan vit à Barcelone. Il est résident et programmateur au Marula Café, le club barcelonais de Black musique par excellence. Phil Rock vit à Lausanne. Il est co-fondateur du Holy Groove Festival dédié à la Black Music.

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Ayant déjà Fulgeance trois fois, je suis donc allé au Fat Black me replonger dans le vieux boogaloo !

Le boogaloo c’est le funk latino new yorkais juste avant la salsa dans les années 60s. A l’entendre je me dis que par rapport aux originaux de Son et Boléro cubain des années 40s, les vocaux des chœurs en espagnol sont remplacés et joués par des trompettes suraiguës assistées de saxos hurlants Rythm’N’Blues sur des rythmiques puis Deep Funk avec une touche Latine.

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Ils jouent aussi de la rumba Africaine rééditée sous la compile « Africa Gone Funkee ». En tous cas cette musique vit dérape, hurle, éclabousse de cris et d’instrus sauvages sur un assemblage de voix à l’ancienne, le tout construisant progressivement la mélodie.

J’ai même cru reconnaître la rythmique originale basse batterie de la « Suzette » de Dany Brillant dans un « Hey Hey Hallelujah » (mais plus festif que religieux depuis que Ray Charles avait mêlé gospel sacré et rythm’n’blues profane) ou celle de « Purple Rain » de Prince montré ce soir mardi 14 juin à la Splitmix au Star!

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Une chanson suit l’autre, les mélodies parfois se ressemblent à partir du Blues noir comme « Baby Please Don’t Go » de Muddy Waters à « I Love The Way You Walk (Dimples) » de John Lee Hooker passé dans le Rythm’n’ blues au Rock blanc par La Grange ZZ Top ou le Funk Noir ou la Suzy Q des fermier blancs des Creedence Revival, cette répétition hypnotique la rend d’autant plus addictive.



Dans les vocaux sauvages à la « I Owe Moo Ayo », on retrouve l’Afrique passée à Cuba par la pratique du Guaguanco que les esclaves noirs laissés entre Yorubas et réunis en cabildos (sociétés d’entraide) pouvaient pratiquer, contrairement aux Etats-Unis où toutes culture Africaine était réprimée.

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Winston Smith pose aussi une perle méconnue sur trois comme « Il y a bien trop de filles » de Sacha Distel en mode Samba funky en 1971, un peu à la Nino Ferrer (mais chanté de manière moins parodique et plus Jazz).

Il y eut aussi de la Bomba Portoricaine venue de l’isthme latin à quelques encablures de New York et deux 45 tours de la Reine de la Cuban Soul La Lupe reconnaissable à ses cris « AAAAAAh IIIIIII » dans une salsa et même une samba.

Ils n’oublièrent pas le funk de James Brown hurlant qu’il est « Super Bad » comme un bête sur une basse funky et des cuivres.

Les Soul Ladies furent présentes aussi comme l’original Funky de « Tainted Love » d’Ed Cobb repris après Gloria Jones en 1965 par Ruth Swann en 1974 qui précédèrent la version New Wave de Soft Cell qui les éclipsa en 1981 et nous la font entendre autrement.

Ils passèrent aussi un track Jazz que Gilles Peterson (à CONTRETEMPS le Vendredi 14 juin au Roc en Stock 25 rue du Maréchal Lefèbvre) avait sélectionné pour ses « Incredible Sounds » : « Who’s Afraid Of Virginia Woolf ?»n Part 2 de Jimmy Smith

Winston Smith, qui organise aussi les « Soul’N’Skapéromix » (prochaine le 21 juin) nous emmena aussi vers la version Ska Jamaicaine « Bluebeat » du Rythm’N’Blues avec un Prince Buster.

Et juste avant la fermeture un dernier « My Boy Lollypop » de Millie Small!

Jean Daniel BURKHARDT

mardi, octobre 8 2013

SELIA, HOLD ON, premier TRingle et concerts entre Soul , Rap & Pop

Entendue Au Coin du Wilson puis à l’Apéro Before de Lyre Le Temps ce week end, Selia a commencé la musique par le Gospel avec les High Rock Gospel Singers de Hautepierre et a sorti cet été un single (3 titres, un Tringle) Hold On!

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Selia commence en Soulisant « Before Desire » de Galak, une chanson des années 80s sur le désir de vivre sa vie comme on l’entend!

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Autre reprise, « On ne change pas » de Jean Jacques Goldman pour Céline Dion (mais je détestais cette chanson dans cette version, trop entendue aussi) ! Mais là avec cette voix plus Soul la guitare Bossa et des variations d’intensité de la voix, ça le fait, ça redevient juste une jolie chanson! Peut-être la musique ne change-t-elle pas non plus et Selia est la digne héritière des grands figures de la Soul Music !

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Ooh là le guitariste nous reprend le Prélude N°1 du clavier bien tempéré de JSB! Vopilà qui est surprenant dans ce contexte même à la guitare auquel Selia ajoute l’ave Maria de Gounod! J’avoue que même si c’est très joli j’ai eu peur que ça ne dure et nous mette dans quelque odeur de sainteté naphtaline!

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MAIS NON ! Selia redescend sur scène avec le Blue Suede Shoes de Carl Perkins, premier à intégrer des éléments de pop dans la country pour faire du Rock’N’Roll , repris et popularisé par Elvis Presley mais avec juste la guitare ça donne un côté country Sun Sessions originel!

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Mais Elvis était un fan de Blues, et « Good Rocking Tonight » fut composé par un noir en 1947, Roy Brown, on appelait ça du Rythm’N’Blues et il y avait de sacrés cuivres derrière!

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Bref c’était plutôt une chanson d’homme qui se laisse pas marcher sur les chaussures bleues, mais là ça le fait, Selia a ce talent pour changer de style, pour descendre du Ciel Gospel sur la scène Rock puis finir sur le Dancefloor 80ies! Elle sait varier les styles et les plaisirs et réussir dans chacun, et ça ça promet !

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Son premier single « Hold On » , Gospel sur des paroles d’Alice Wine mériterait d’être porté comme sur la pochette en slogan avec sa coupe afro à la Angela Davies dans les futures manifestations comme au temps des droits civiques aux Etats-Unis et l’a déjà fait le 30 novembre en participant au spectacle « Quand nos luttes auront des elles »!

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Elle y mêle Soul et rap sur un chorus plus rapide de son cru. Il faut tenir bon et ne rien lâcher de sa liberté pour suivre ses rêves c’est toute la philosophie individuelle et collective de Selia, artiste engagée, qui en a déjà donné une version funky avec rythmique (Bastiaan Sluis batterie et Foes (Marco Schmitt) à la basse et Michel Latour aux claviers) et chœurs et une autre acoustique avec son guitariste Christian Ott sur son single! Janis Joplin chantait Try (Just A Little Bit Harder »!

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Arrive le dernier titre. Quelqu’un (elle a déjà ses fans qui la suivent) demande Aznavour, Selia entonne « La Bohême, et puis non, part en Jamaïque pour un autre style encore, une reprise roots «de « Is It Love » de Bob Marley. Ça ne m’étonne pas d’elle, ni de son choriste Abdi Riber, lui-même chanteur, qui avant de créer sa chorale Gospel à4, a commencé par écumer les Sound Systems de la région aux côtés de Life & Creation et de son frère Mogué, et je l’avais surnommé « Soul Abdi »!

A suivre !

Jean Daniel BURKHARDT

mercredi, octobre 2 2013

ELECTRO DELUXE HOME CE SOIR DANS JAZZOLOGY A 21 h

Electro Deluxe est un groupe d'Électro-jazz français composé de Thomas Faure (saxophone et programmation) Jérémie Coke (basse), Arnaud Renaville (batterie) et Gaël Cadoux (claviers).

Créé fin 2001, Electro Deluxe est un groupe qui mélange jazz, funk, hip-hop avec des influences allant de Herbie Hancock à Buckshot LeFonque en passant par Meshell Ndegeocello. À la différence de nombreuses formations classées "électro" dont la musique est essentiellement faite par des machines sur lesquelles improvisent des solistes, Electro Deluxe choisit la démarche inverse en se positionnant comme un vrai groupe de musiciens dont les morceaux sont agrémentés de boucles ou de samples.

Quatre albums existent à ce jour (Stardown en 2005, Hopeful en 2007,Play en 2010 et live in Paris en 2012, chacun ayant accueilli de nombreux invités parmi lesquels Christophe Panzani et Philippe Sellam (saxophones déjà membre de No Jazz sous le nom de Captain Slam), Guillaume Poncelet, Flavio Boltro et Jean-François Baud (trompette), Didier Lockwood (violon), Cynthia Saint-Ville, IMO, Crystal et HKB FiNN (chant), Julien Birot (guitare), Ben l'Oncle Soul (chant)...et enfin le 30 septembre 2013: Home avec le chanteur James Copley.. Je passerai cet album ce soir à 21 h sur Radio Judaïca dans mon émission Jazzology, en podcast la semaine prochaine!

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On avait pu découvrir début septembre le remix du single Devil début septembre par 20syl d’Hocus Pocus et C2C plus haché menu, passé à la moulinette électro et au flipper scintillant, la voix C2Cisée, DaftPunkisée, Transformerisée, robotisée, mais comme chez Lavoisier Rien ne se perd, tout est déplacé et se transforme !

James Copley est bien funky halluciné, possédé dès Devil, le groupe proposant une version Jazz de ce que proposent C2C, plus moderne que Ben lOncle Soul recyclant Otris Redding, plus Live que wax Tailor et moins Hip Hop qu’Hocus Pocus, habité par le Devil jusqu’au cri ultime !

« Showdown » montre déjà que James Copley a plusieurs cordes à sa voix, ou plusieurs voix dans ses cordes vocales, plus proche de Jamie Cullum, avec des variations d’intensité du crooner au puissant, à l’harmonica accompagné de cuivres toujours au taquet (Vincent Payen trompette et bugle et Bertrand Luzignant en guests).

Dans les instrumentaux, Electro Deluxe reste un bon groupe funky rappelant les grands groupes de Funk des années 60s avec l’émotion du Groove Gang d’un Julien Lourau dans le solo de saxophone RNB en diable de Thomas Faure et sa petite touche Balkanique!

Sur Twist Her on croirait Big Brother de Stevie Wonder sur le Talking Book pour l’aïgu et les claviers sur une rythmique collective de claps hérités des chorales Funky Gospel, mais la mélodie est très jolie aussi !

The Ring révèle James Copley comme un bon chanteur dans les graves aussi et les chœurs sur de bons fonds sonores, puis G Force mêle une dose de Funk aux claviers et des cuivres Afro Beat à la Arat Kilo.

Smoke a un côté « I’m Feeling Good » de Nina Simone puis évolue pop et trombone surprise!

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Mais après la fumée , Ground repart de plus belle sur le sol d’une rythmique solide tous cuivres dehors.

L’important dans le clavier funky est la rémanence sonore prolongeant la note d’une touche à la suivante (Gaël Cadoux l’a bien compris) sur une bonne rythmique Blaxploitation (Jérémie Coke à la basse) et les cuivres (bon solo de saxophone Thomas Faure) au dessus d’une batterie crépitante de beat broken (arnaud Renaville) et la cohésion de ces éléments entre eux pour faire bien cuire la dinde, comme cette Turkey !

Cette Blacktop River quittant New York pour la campagne rappelle Sly & The Family Stone chez les noirs, Country Joe & The Fish et sa Rock & Soul Music chez les blancs et ajoute une section de cordes Disco!

Ce Rise Up continue sur sa lancée Country Funky mais les cuivres surprennent encore par leurs riffs.

Enfin, « Comin ‘ Home » rappelle le Moondance de Van Morrison par la profondeur de la voix.

Bref, un bon chanteur habité, varié et de bons arrangements, des instrumentaux grands ouverts vers le funk ou même les musiques d’ailleurs et une belle collection de chansons font de cet album un bon exemple de Funkountry acutelle et de bongoût. Et si Electro deluxe appliquait en Live les recettes originelles de la musique qui marche actuellement, ce ne serait pas plus mal pour le succès de la musique vivante!

Ils seront justement en concert le 12 octobre au Trianon de Paris!

Jean Daniel BURKHARDT

lundi, janvier 16 2012

NO SHOES, METAMORPHOSE DE JULIE CLADEN EN JEWLY..... ET CLIP D'INTERFERENCE EN 2012

On connaissait déjà Julie Claden, chanteuse émouvante et son album « Behind The Line » sorti en 2008 (voir le compte rendu de concert ci après). Depuis, sa voix a mué, muté en Jewly, plus profonde et puissante, et a déjà à son actif une première partie de Florent Pagny à Troyes. Hier soir, elle sortait en Showcase privé (mais pour tout de même 400 personnes!) son nouvel EP (Extended Play) 6 titres « No Shoes » accompagnée d’un groupe répondant à ses influences Funk (Keziah Jones, Jamiroquai et Joss Stone) : Michel Ott aux claviers, Pilou Würzt à la basse, Yannick Eichert à guitare et Raphaël Schuler à la batterie.

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Dès la première chanson WOW !, la voix de Jewly monte plus haut dans l’aigu, GRROARRR ! Jewly’ON’ne rugit sur les riffs Rock avant et après le chant. Les pieds nus sans chaussures telle un indienne, elle ne fut pas trop suivie par le public dans la mode No Shoes (heureusement, j’avais renversé ma coupe de champagne en la cassant avant le concert!). Dans un tout autre registre, Art Blakey invitait aussi le public à enlever ses chaussures dans les clubs, quoique, ce furent Art Blakey et ses Black Messengers qui mirent à l’honneur le Jazz Funky dans les années 50s, dix ans avant James Brown, reprenant ce terme de l’insulte blanche raciste qu’il était à l’origine.

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Le groupe enchaîne sur « No Shoes », titre éponyme de l’album, un Rock Funky à la Keziah Jones à la rythmique forte rappelant « Big Bang » d’Enneri Blaka dans ses riffs (une amie de ce groupe qui prend les photos a d’ailleurs enlevé ses chaussures), mais quand même plus fin mélodiquement, quoique s’en rapprochant par la puissance vocale hallucinante, troublante qu’on ne lui connaissait pas, avec des vocalises presque indiennes sur les riffs funkys de la guitare à la Rock Progressif Yes/King Crimson. Jewly tombe à genoux dans son jean usé (peut-être lui n’a-t-il pas changé) contre la prétention et pour plus d’Humanité. Ses chansons sont inspirées par ses colères, ses expériences, ses émotions.

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Si la plupart des textes sont un anglais, le suivant, « 24 heures » est un Reggae en français de course folle (« Tu Cours, Tu Cours ») à débit rapide contre le temps (« Si J’avais Le Temps ») sur la basse de Pilou Würzt avec un côté Jamiroquai dans le fait de faire durer la voix sur le temps funky ou Keziah Jones dans « Rythm Is Love » contre le Métro (Tram ici)-Boulot Dodo qui fait de nous des robots. Jewly étend les bras comme les deux aiguilles crucifiées de la fatidique horloge.

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«D’autres n’ont pas/plus le temps », comme John et Suzy, couple qu’elle a rencontré : Suzy ayant pas mal vécu, John toxico qui s’en sort grâce à elle, jusqu’au cancer de Suzy... « Big John Big Suzy » est sur le EP mais en titre surprise, 6 sur 5, pas inscrit sur la pochette.

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« Il faut choisir » « Got To Be John, Got To Be Suzy » chanté d’une manière bouleversante, la chanson commence par des riffs très rythmiques accélérants puis ralentissant le tempo sous la voix rauque à la Janis Joplin, qui sont venus à Jewly sous la douche, puis retravaillés avec son clavier Michel Ott en riffs de cuivres synthétiques avant un solo de guitare Bluesy puis des riffs soutenant la voix, et avec le public pour le final tragique, en français : « tous les deux se sont éteints, elle mourut d’un cancer, lui, après l’a accompagnée jusqu’au bout », mais ensuite s’abîma dans la drogue... Suzy et John me font un peu penser à ce couple de hippies dans « Into The Wild ».

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Plus gaie ou combattive, « Interference », (« Arrête de me Juger ») (sur l’album) s’élève sur de profonds accords de Blues, puis des riffs Blufunk à la Keziah Jones de plus en plus rythmiques jusqu’au solo de guitare 70ies. La basse slappe, la guitare hennit et Jewly saute dans la foule, se tient derrière le poteau telle une sirène de proue qui refuserait d’en être la proie, de n’être que cette image pour voler le rôle de la femme pirate.

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[Le clip, à la hauteur de la chanson, est sorti en 2012: intéressant dans le début les alternances claviers/basse/guitare et des lumières urbaines colorées dans l'intro. Quand on voit Jewly, ça fait un peu révolution arabe, presque femme voilée mais peut-être que je me trompe et ce n'est qu un foulard, ou une perruque, ou vient juste du dehors avant le maquillage dans la loge. Un effet stroboscope alterne entre cheveux détachés dans l'ombre et maquillage dans la lumière.. Au loin, floue, une danseuse bebendum bleue danse contre une barre ;, filmée dansd un club de strip tease Berlinois. Il y a jolis les plans de la "beauty" Jewly sur fond de magma rouge, comme en fusion, même si pour des esprits plus publivores ça fait un peu Flower by Kenzo! avec Jewly tour r à tour Ange ou Démone. Dans les loges elle nous la joue perruque B Blonde avec la perruque au début, blonde bitch qui boit dans la rue, gardant à l'intérieur son vrai elle, brune Jewly'onne qui danse et saute sur le magma du monde et les bons riffs basse guitare, et bon final qui reprend un peu tout, et tout à la fin un son plus intérieur, comme si c'était elle qui chantait dans le bar berlinois à l'écran. C'est joli, et d'une provocation qui va bien avec le propos.|http://www.jewlymusic.com/2012-rock-n-blues-interference/]

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Reprenons le concert et la mer, c’est l’heure le temps pour la sirène pirate de revenir du solo du batteur Raph un peu afro latin grâce aux cowbells, puis elle enchaîne sur une chanson d’espoir en français (« Même si t’as touché le fond »), message déjà présent dans le premier album, soutenue par la rythmique P Funk presque à la Red Hot Chili Pepper, jusqu’à l’espoir de « Désormais t’y crois encore », avec l’intégrité de ne suivre que sa propre voie, qui a mené Julie à la nouvelle voix de Jewly.

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Après présentation des musiciens arrive « Tom » (qui ouvre l’EP), autre personnage, autre histoire bouleversante qui mériterait un film, que lui a inspiré sa parolière Mina Moutski qui l’a connu en Grèce. Irlandais, Tom a vu toute sa famille se faire assassiner : sa femme, son enfant et ses parents. Il est parti faire la guerre en Afrique, mais la mort n’a pas voulu de lui. Alors, ayant enfin trouvé la sérénité, il est parti en Grèce où il vit encore de son art, peintre et sculpteur.Les riffs font un peu « You Better STOP before you break my heart» de Sam Brown, décrivant l’enfer vécu par cet homme jusqu’à sa rédemption mais toujours avec une rythmique Funk/Rock à basse sinueuse et claviers colorés avec super solos claviers et guitare, puis parlé par Jewly et finalement rappé.

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Reprise à la Creedence Clearwater Revival avec Jewly chantant « Love My Soul » sur le riff Hendrixien (je l’ai déjà entendue chanter du Hendrix Wow !) de la guitare, puis la basse à la Miss You des Stones. Tiens ça me fait penser que tout cela fait très « Black & Blue » des Rolling Stones, leur album le plus funky, Reggae et Soul, à l’arrivée de Ron Wood, Funky sans les cuivres, du Blu Funk avant l’heure.

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Bis réclamé patr le public en ballade orientale sur le seul piano, « Behind The Lines », titre éponyme du premier album, mais toujours avec cette émotion supplémentaire de la nouvelle voix plus bouleversante, allant conquérir des aspérités plus rauques à la Patti Smith dans la version la plus féministe de « Gloria » sur Horses.

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Le dernier Bis, funky et oriental à la Jamiroquai et finissant en Reggae s’adresse autant à Jewly qui n’a plus envie de sortir de scène tant elle y est bien dans sa nouvelle identité artistique flamboyante qu’au public hypnotisé et charmé par la nouvelle Jewly! D’ailleurs la queue fut longue pour faire dédicacer son EP, que vous télécharger/acheter à prix libre sur son site.

Jean Daniel BURKHARDT

vendredi, février 25 2011

ENNERI BLAKA : WELCOME TO PORNOCRACY et OU DANSER CETTE SEMAINE

On l’attendait depuis des années, et ils n’en lâchaient toujours que la même chanson diphonique et indianisante sur scène lors de leurs trop rares concerts chez nous (qui est aussi chez eux, à la base, mais dont le succès les éloigne souvent), enfin il est sorti fin janvier : le dernier (deuxième après « Big Bang » en 2006) album du groupe ElectroFunk’N’Roll Enneri Blaka

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« Welcome To Pornocracy», à laquelle nous invite sur la pochette une magnifique Nubienne nue à coupe Afro funky, la peau bleutée comme un Na’vi d’Avatar par l’éclairage, brandissant de ses bras multiples de Vishnu de gauche à droite et de haut en bas un godemiché/micro, un revolver, décrochant un téléphone rose, faisant le change de l’or en billets et en prélevant une liasse, les deux dernières mains cherchant la sérénité du Chi, portant en pendentif le symbole du groupe, tandis que derrière elle s’élève au centre d’un mandala une boule de lumière spirituelle, qui l’englobe au verso, ayant trouvé la sérénité dans la position du lotus, détendue jusqu’aux cheveux en dreadlocks. Moi je voterais bien pour elle comme présidente de notre Pornocratie.

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Le personnel a un peu changé depuis le premier album : Si Matthieu Mary est toujours avec ses dreadlocks au chant, et maintenant au sitar (je crois savoir qu’il était en Inde depuis le premier album d’où peut-être Vishnu), Bruno Sporer et son look de métalleux à la guitare, Jeff Imbach au look plus FFF/funk/grunge Red Hot Chili Pepper/Primus (barbe de trois jours et bonnet), Patrick Wetterer aux claviers, Romain Pivard au saxophones, didgeridoo et chant diphonique mongol et Bastian Sluis à la batterie, mais Yeri-Gaspar Hummel aka U (également saxophoniste mais pas ici) est arrivé aux platines et claviers et Cédric Munsch à la trompette et au chant Ragga.

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« Melody’s Over » commence par un sample de vieux swing à la Caravan Palace les introduisant avec des samples de présentateur déjanté annonçant le show des politiquards de la pornocratie, bien enchaîné sur les cuivres funky et le rythme Electro Funk’N’Roll sur la bonne mélodie de la voix soutenue par les bons riffs funkys à la James Brown et solo à la Macéo entrecoupant le débit Hip Hop, calmant la cadence en dub pour repartir en Ethio Jazz pour le final. Wow !!

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Le son de « Blakablok » est plus ramassé, compressé vers la puissance de la guitare, avec des rappels de «Should I Stay Or Should I Go » et un vocal ragga de Cédric Munsch.

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Le côté plus souple, sinueux, sensuel, Cool’n’funky FFF est irrésistible entre guitare, cuivres et samples dans «Funky Stuff », le titre le plus long de l’album, digne de faire scintiller de tous ses facettes du Funk/Groove la boule disco au-dessus de la fille afro. On retrouve aussi avec plaisir le côté fusion Hancockien/Lonnie Listonien de Patrick Wetterer aux claviers passant du son saturé au son plus groovy sur une rythmique plus housy soutenant les vocaux à la Sly & The Family Stone, avec Maeva Heitz en funky soul sister et Jean-Marie Hummel et Liselotte Hamm en funky dans les choeurs (si ! si !) et finissant en fanfare New Orleans avec Guillaume Nuss au trombonne et sousaphone franchissant les Meters jusqu’à la Nouvelle Orléans.

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« Time Bomb » commence plus sombre et paranoïaque, voix dans l’aigu sur le clavier modifié entre cuivres et scratches, mais cette bombe à retardement est notre vie, où l’exploration mène à la méditation, suivi d’un chorusdébité par Mr E (Eli Finberg, Woodstock MC d’Art District) et les cuivres finissent par se ramasser en ska dub dans la dernière ligne sur une bonne imitation de Sarkozy face à un Suisse (Chirac appréciait déjà « Big Bang » comme « de la balle »).

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Dr. Ring Ding ajoute sa grrrrrÔsse voix ragga pour un fiah pur Jamaïcain citant le Random Salute à la Brigadier Jerry à « The Effect Of The Bullet” qui fait mouche entre les cuivres et le clavier électro avec le concours de Mr E.

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Autre complainte, « Monkey March » est très indianisant dans son intro et laissait présager sur scène d’alléchantes influences plus ethniques, un tempo plus détendu, du chant carnatique et un sitar Bollywood sur des claviers Série B à la Sacre Du Tympan sur lequel se pose une trompette Mariachi, et prêche pour la fin des dictateurs sur une batterie latine et des claviers serpentant hors du panier d’un fakir... et l’album sort alors que le vent de la Libération touche successivement Tunisie, Egypte, Lybie ? Yemen ? Iran ? Enneri Blaka serait-il prophète? Peut-être est-ce le pouvoir de leur nom qui vient des esprits de l'Afrique!

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« Quote Unquote » est une reprise de Mr Bungle (le groupe plus ethnique de Mike Patton de Faith No More) qui réjouira les fans de Rock/ Funk/ Fusion Alternatif plus récent et en effet les cuivres rappellent ceux de « King For a Day » dans le placement dans une rythmique puissante.

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«Enneri Blaka Part III » suit, comme « Enneri Blaka I et II » du didgeridoo à l’électro sur « Big Bang » le chemin de leur esprit mascotte de feu et d’eau sur le chemin des musiques traditionnelles originelles d’Inde, incarnées par le bourdon du sitar, le didgeridoo et l’authentique chant carnatique d’Audrey Prem-Kumar à la Lakshmi Shankar, puis la guitare-luth annonce le chant diphonique des steppes de Tuva de Romain Pivard sur une progression de beats ethniques de moins en moins lounge et des cuivres, tout cela conciliant ce qu’il reste des origines tribales intemporelles par-delà le présent jusqu’au futur stellaire.Tenir ainsi les deux côtés de la cordes est peut-être ce qui est le plus difficile aujourd’hui.

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« Mess Around » appelle les démons à foutre le bordel reprend le groove sur de bons vocaux soul, lead et chœurs ralentissant en dub.

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« Enneritual » invente gaiement son propre folklore et sa langue imaginaires sur une bonne basse vitaminant les samples dans une charge vocale, cavalerie passant du yodle au ragga, rituel éternel Ennerien sur les cuivres sur les riffs guitare de « You Really Got Me » des Kinks. Comment font-ils ? Il faudrait être Enneri Blakien pour comprendre mais ça dépote, mais « y’a pas d’truc », explique-t-ils à une mémé qui trouve ça amusant.

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« The Backroom » ouvre la chambre arrière des tractations colorées de la Pornocratie sur de bons cuivres à la Motown/Marvin Gaye avec un bon solo de claviers groovy et de bons chœurs sur une bonne contrebasse jazzy de Marco Schmit.

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L’espoir en ce monde troublé viendra peut-être de la Révolution (symbole d’Evolution dans la Nature Humaine pour Enneri Blaka) 1789, d’un adieu radical à Babylon sur le chemin du chant diphonique et des sorciers chamaniques de Tuva pour libérer tous les frères emprisonnés.

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Entre émotion et rage, ferveur mystique des éléments déchaînés et révolte contre la morale qu’on nous impose, Enneri Blaka a relevé le défi musical du premier album avec de nouvelles collaborations, un nouveau répertoire, et en allant chercher plus loin encore dans les traditions du monde et dans sa modernité leur propre style toujours inimitable. On attend avec impatience de les revoir sur scène le 1er avril, et ils seront mes invités dans « Jazzology » le 31 mars à 21 h sur Radio Judaïca !!!!

Jean Daniel BURKHARDT

LIVE & DJS CETTE SEMAINE DANS VOS SALLES:

Deux apéros concerts à http://soundcloud.com/oskar-hk ce week-end: Aujourd'hui vendredi 25 février à 19 h pour 3 €:

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-Jubil (Kraut Noise)

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& Ntwin (Trash)

Puis pour 2 € jusqu'à une heure au Mudd Club, comme chaque dernier Vendredi du mois, vous pourrez entendre DJ Suspect

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Demain Samedi 26 à 18 h à Stimultania pour 3 €:

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-Concert Folk Gospel Glam de Two Fawning de Portland (Oregon)

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-suivis d'un Ciné Concert du film "Baby Boy Frankie" sur la musique du groupe punk SZ

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Au Mudd Club, pour 3 €, vous pourrez entendre le DJ Oskar jusqu'à une heure du matin,

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Et jusqu'à 4 heures, ENTREE GRATUITE, Tal Stef invite le DJ Allemand Sharokh Dini pour le meilleur de la nu disco, house, minimal & deep electro in town!

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Enfin, DERNIER SCOOOP, mais non des moindres: Vendredi 4 MARS, le grand Mulatu Astatké, vibraphoniste père de l'Ethio Jazz & Groove qu'on a pu entendre dans la Bo de "Broken Flowers" de Jarmush sera en concert à la Salamandre!!!!!! Pour l'occasion, je consacrerai mon émission Terres Tribales de Lundi 28 Février à 11 h à ses enregistrements!

Jean Daniel BURKHARDT

mercredi, juin 2 2010

CONTRETEMPS 2010 : du très lourd en perspective ! (Commande de Contretemps

Qu’est-ce qui est à entendre et voir, et revient chaque année au mois de juin faire bouger Strasbourg, ses bars et lieux de concert de ses soirées DJ et Live et ses rues de ses performances artistiques Street-Art?

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Le Festival CONTRETEMPS, bien sûr, qui se tiendra cette année du 3 au 13 juin, avec plus encore que les autres années, du très lourd : le pionnier du Hip Hop Grand Master Flash en personne samedi 12 juin au Molodoï!

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Le Festival s’ouvrira aujourd’hui mercredi 2 juin à 17 h 30 avec le vernissage de l’exposition de Dan 23, peintre et illustrateur célèbre pour ses portraits d’artistes noirs et inspirés par la Black Culture, puis à 17 h le 3 juin par le vernissage de l’exposition des peintres muraux Brusk & Rensone à la Librairie Kléber,

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à 18 h, Vernissage de l’exposition Essential Arts du Collectif Essence Urbaine, utilisant le pochoir ou la sérigraphie dans le Street Art, à Avila Coiffure, environnés de la musique de deux Djs Mulhousiens, Otis Riddim et le Bâlois Phil Good. De quoi se mettre les yeux et les oreilles, les écoutilles dans le bain...

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Dans la soirée, on pourra pousser jusqu’à Bâle sans bouger du Living Room grâce à Living Room FM, en direct de l’Acqua, Club Restaurant Hype Bâlois où se produiront Real Fake MC, Dj Suspect, Mode 2 et Dr Donuts, dans un radioshow spécial Contretemps! Téléportez-vous, l’entrée est gratuite!

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Vendredi 4 juin, vous pourrez assister au vernissage de l’Expo du peintre Mauricien installé à Londres, Mode 2 inspiré par la musique et la danse, le Reggae et le Hip Hop à 18 h à l’Espace Insight.

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La soirée vous permettra d’entendre lors d’un parcours Bar2Bar gratuit : le Dj House Bâlois Stiebeltron, Aramis et Lasonic à l’Entrepôt, Anthony Adam et Alex Neville au Living Room, DJ Donuts et Dr Phibes au Phonograph, le DJ anglais Grems, inventeur du Deepkho, Jaek El Diablo et KM3 au Rafiot (3 €), l’Electro éclectique de Mister Natasha au Café Des Anges et jusqu’à Colmar avec le DJ Clod Wave Edouard Von Shaeke à 20 h, l'Indie Pop Indie des Pop Wave Monks Tripoliens de Manson Child en Live à 21 h 30 et DJ Bim à 23 h. De quoi courir à défaut de savoir choisir!

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Le samedi 5 juin, vous pourrez vous divertir avec du Golf de rue, du Skate et du Roller au SkatePark de la Rotonde sur des mixs de Time4Soul, Dj Suspect, une Graffiti Jam du collectif Downtown invitera 20 artistes Graffiti à peindre une fresque de plus 400 m2, à partir de 18 h, un mirage artistique sera créé par Mamud en milieu urbain désertique et l’artiste Grems Broka Billy, cette fois le designer, exposera à la galerie Ink.

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Le soir, pour la deuxième fois, Contretemps ambiancera au Maillon la soirée de clôture du Festival Premières. Au programme le Barry White du Hip Hop Real Fake MC et DJ Suspect de la Zulu Nation d’ Africa Bambaata en Live, suivis de Michael Reutten du label Compost, du régional de l’étape Tal Stef de Soultronik et du quasiment adopté Ben G de Right On FM, le tout sur des images de la VJ Ramona Poenaru rien que pour vos yeux.

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Le dimanche 6 juin, pour une promenade dominicale et musicale ou juste juste un repos bien mérité, Contretemps se met au vert sur les Pelouses Sonores du Parc de l’Orangerie : au programme, dépaysement et soleil musical garanti avec l’Afro Beat du groupe Mulhousien Kathy Faller & the Alsace 68, le groupe de Batucada de l’Escola de Samba Bombatuc d’Offenburg, le Hip Hop funky de Blockstop () (l’autre groupe de Mr E, Woodstock MC d’Art District) en Live, entrecoupés de Mixs Funk de Dr Donuts, Sir Jarvis de Badass 45 et Pablo Valentino de Faces Records aka nawi Bros & U, avec un saxo Live! Si c’est pas du dépaysement ça, je ne sais pas ce qu’il vous faut! Et c’est gratuit!

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Mardi 8 juin, retour au Funk au Molodoï avec les cuivres de The Bamboos, kangourous Soul/Funk/Hip Hop Roots & vintage Australiens et leur chanteuse Kylie Auld (http://www.myspace.com/kylieauldistmusic). Bonnes vibes garanties et Groove assuré par G Phil, aka Groovehunter, et peintures Soulful réalisées en live par Dan23 sur les murs.

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Mercredi 9 juin, c’est le jour du Cinéma, et Contretemps investira le Star, 27 Rue du Jeu des Enfants avec un Split Mix, Déambulation festive images & sons. Au programme, le Documentaire Maestro de Josell Ramos, sur le Loft et le Paradise Garage, la naissance du Mix et de la Dance Culture. A partir de 22 h, déambulation cinématique en musicale avec une carte blanche au VJ Lefdup, responsable de L’œil Du Cyclone sur Canal +, un Panimix et Dr Donuts mixant sur les images d’ Emmanuelle 4 (La résurrection d’Emmanuelle !) en 3D, des films Blaxploitation comme Cotton Comes To Harlem d’Ossie Davies, Black Dynamite de Scott Sanders, Downtown 81d’Edo Bertoglio avec Jean-Michel Basquiat et le film Interstellar 5555 de Leiji Matsumoto avec la musique des Daft Punk, et plein de courts-métrages 10 x trop courts, le tout terminé par une Tempête de Neige sur un mix de DJ Corrine!

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Jeudi 10 juin, le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg accueillera à 19 h une performance de Koudlam en live, entre fin 70s, Cold Wave, punk et Moondog...

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Le soir, le concert de Mulatu Astaqé à la Salle de la Bourse est hélas annulé pour raisons de santé (il est quand même de 1943) mais sera remplacé (programmation en cours), puis vous pourrez terminer la soirée avec Jay U et Norman Jay, enfant de l’Inde et des Beatles né à Londres, consacré à New York par la Black Music, qui nous refera l’histoire de la House Music au Living Room jusqu’au petit matin.

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Le lendemain vendredi 11 juin, l'Apéro-Mix, Croisière au départ du Quai Des Pêcheurs au fil de l’Ill est complet, alors surfez sur le Computer World de l’électro mondiale au Molodoï à 22 h avec le dandy low-fi Peter Digital Orchestra en Live;Shit Robot, né à Dublin en écoutant Killing Joke, passé à New-York en gagnant sa greencard à la loterie, puis produit par DFA et membre du LCD Sound System; DJ Gomor Mulhousien membre du projet KiraNéris qui a sorti cette année son deuxième album en Live; Fred Ficus aka Mandibull, moitié du duo Caterva du label Sens Inverse pour l’electro dubstep, sur les images de son complice VJ Kashmir; Big Oh qui fait les belles nuits du Rafiot avec ses soirées Ghetto Hype et DJ Link, côté mix de Nu Tropic; le tout avec en fond visuel les images des VJ David Vincent, pour être sûr d’être envahis par des extra-terrestres!

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Enfin, le dernier soir, samedi 12 juin le Final Beat vous propose encore du très lourd : Grandmaster Flash en personne, MC historique des Block Parties avec The Message en 1982 et DJ scratchant à la vitesse du Flash, qui revient en force avec un nouvel album, «The Bridge »; Ashley Beedle, DJ anglais qui a travaillé avec les Talking Heads, monté les projets Black Science Orchestra et Dark Starr, travaillé avec Lily Allen, et vient de sortir un album avec le chanteur de reggae Winston Mc Anuff sur le label Inspiration Information; le groupe de Hip Hop Jazzy Jungle Art District (Mr E, mais avec cette fois Rhum One au beat box et une rythmique Jazz avec cuivres), qui vient de sortir son premier album dans une soirée featuring DJ Premier, Beatmaster historique de Gangstar croiseront ici Grand Master Flash, et nous savons à Strasbourg qu’ils méritent amplement ces honneurs! Enfin, least, but not last, on aura le plaisir de retrouver DJ No Stress (instigateur des soirées Acid Jazz au Café Des Anges) et son pote Francky Hutchinson nous ambianceront en ping pong d’un mix Hip Hop/Funk/Exotica comme ils savent faire, le tout sous les images du VJ Optik Hartmann rien que pour vos yeux!

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Pour ne rien rater, un Pass Festival de 35 € donne droit à tous les concerts !

Jean Daniel BURKHARDT

PS: pour un avant-goût, je consacrerai mes mes deux prochaines émissions Jazzology des jeudis 3 et 10 juin à la programmation de Contretemps, rendez-vous à 21 h sur Radio Judaïca Strasbourg! Retrouvez mes compte-rendus des soirées au jour le jour en commentaire!

mardi, novembre 3 2009

Le Maillon d’Hautepierre rouvre ses portes avec une FUNK'IN PUMPKIN PARTY

Fermé il y a quelques années par un incendie provoqué par une voiture bélier dans la bibliothèque et le théâtre, le Maillon Hautepierre rouvrait la semaine dernière grâce à l’association Soundsitiv, qui y proposera en janvier une programmation artistique basée sur les échanges entre les arts musicaux, urbains, picturaux et théâtraux. Pour la réouverture, la programmation originale (DJ Flying Fileas alternant avec trois groupes locaux : Soulfight-Gothic Soul, Julie Claden-chanteuse Funk Soul Groove et 7ème Soul-formation Funk Soul à la bonne section de cuivres) illustrait trois modernisations locales de l’esprit Soul.

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Tout d’abord, on a pu entendre Soulfight, formation créée en 2007 par: Aalik (voix, basse, guitares, et claviers) et Slybwoy (sampling and sound tweaking , art work) et la chanteuse Mélody dite Lil' Sugar, rejoints par Alex à la basse pour la scène.

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Slybwoy et Aalik viennent du monde de l’image, et ont appliqué aux compositions de Soulfight des procédés habituellement visuels de collages de samples.

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Dès les premières notes de claviers et les samples vocaux de « Princess Nothing » (interprété lors d’une prestation aux Nancy Jazz Pulsations), on entend avec une guitare Coldwave à la A Forest de The Cure, une de leurs influences new Wave (c’est quand même presque Halloween). La chanson parle d’une petite princesse idiote. En effet, Mélody la sublime du Lil Sugar (petit sucre) de l’émotion de sa voix veloutée et mélancolique.

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«I’ll Rise » est plus proche d’une autre influence du groupe, « Massive Attack », qui inventa le terme de « Gothic Soul » avec sa rythmique trip-hop et sa montée de claviers sur la basse funky. Aalik prend le rôle de Tricky asthmatique sans ventoline dans « Pumpkin » dans son vocal Hip Hop, etandis que Melody/Lil Sugar chante de manière aussi émouvante et sensuelle qu’Allysson Goldfrapp, une de ces chanteuses qui illuminent les deux premiers albums de Massive Attack et m’y font fondre, ou Portishead dans « Glory Box ». Mais la chanson parle d’une rupture amoureuse dont l’homme promet qu’il se relèvera.

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A un autre moment, Slybwoy introduit un sample de voitures dans le martélement dramatique du clavier sur la rythmique breakbeat d’une mélodie lente, envoûtante, vénéneusement persistante dont Lil Sugar est la sirène portée par les vagues sonores.

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Slybwoy introduit encore une ambiance de sanglots et souffles étouffés installent une ambiance sur des cris lointains, tandis qu’Aalik prend sa guitare, accompagnés de pas sonores dubbés, solitaires et fuyants, puis de plus en plus lourds comme les éléphants d’Hannibal ou ceux d’une armée dans des vagues de brumes fumigènes.

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La basse lourde et la guitare commencent « Tears On The Ground », autre émouvant duo de Lil Sugar et Aalik, sur le terrorisme, où deux terroristes sont prêts à agir, le garçon dit qu’il est temps, mais la fille pense aux futures victimes et prend peur, renonce, avec une belle voix ethnique en fond. Leurs chansons sont dramatiques dans leurs progressions comme des films sonores, racontent des histoires de notre monde troublé.

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Les lumières scéniques envoient des feux d’artifices rougeoyants autour d’eux sur une voix féminine samplée qui glisse, comme lisse. Mélody s’envole les bras étendus, puis sa voix puissante, profonde et orientale à la Dead Can Dance. Comme sa chanteuse Lisa Gerrard, Lil Sugar trouve pour "The Island" (critique de la télévisision comme une île déserte et autistique) au fond de sa voix la ferveur de musiques traditionnelles ou de spritualités apatrides car issus d’un folklore imaginaire qui leur est propre, se dédoublant, croisant le chemin des folklores existants, mais touchant universellement par leur émotion, accédant à un au-delà tribal urbain des langues et des traditions connues

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Lil Sugar chante ensuite « My (Little) Secret », autre chanson à secret où l’héroïne cache un crime qu’elle aurait commis sur la guitare wah wah, avec une voix à la Björk.dans sa fragilité Nordique. Slybwoy et Aalik ont écrit le scénario du futur clip de cette chanson, dont voici quelques photos, qui sera bientôt réalisé, et nous en apprendra plus sur ledit secret.

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Ils terminent par un sample en référence au Cinéma (David Cronenberg et Lost Highway de David Lynch, qui leur inspira « Ghost Highway » font aussi partie de leurs influences pour les ambiances sonores). Ils terminent par la musique de la scène finale de « Shining » de Stanley Kubrick, avec Jack Nicholson, musique à la fois Jazz nostalgique, européen par Ray Noble, avec un crooner sirupeux (« Midnight with the stars and you »), mais rendu inquiétant par le traitement sonore fantomatique et nébuleux et les réminiscences du film.

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Bref, Soulfight a prouvé qu’il avait un véritable univers fascinant à la fois séduisant et inquiétant, toujours émouvant.

En seconde partie, on pouvait entendre Julie Claden, qui vient de sortir son album « Behind The Line », avec la guitare funky de Kevin Weiss, accompagnée de Pilou Würtz à la basse électrique, et à la voix plus Soul.

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Grande et très belle, ses jambes immenses de libellule perchées sur des hauts talons, elle a un jeu de scène gracieux aux mouvements de bras amples comme les ailes d’un oiseau.

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Toutes ses chansons, aux textes en français, composées avec le pianiste de l’album Emmanuel Hoff et Gérard Raufast, parlent de la quête de soi, spirituelle et musicale, et du courage de s’assumer ensuite comme ce que l’on est sans concession.

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Elle commence « Behind The Line » ( titre éponyme de l'album interprété sur l’album avec la bonne attaque variée de Franck Wolf au saxophone et Serge Haessler comme section de cuivres à la Prince efficace et Grégory Ott sur la version acoustique et les chœurs des « Clac-Hoff »), sur laquelle elle s’envole sur la rythmique en français après le refrain en anglais sur sa renaissance grâce à cet album.

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Plus Bluesy, « Chacun Sa Place » parle aux autres avec compassion et tolérance, s’ouvre aux autres, les invitant à dépasser comme elle la fatalité malgré la dureté et la violence du monde, à prendre le contrôle de leur vie, parce que « chacun a une place, sa place ». « Ça ‘s passe » parle aussi de cette prise risque pour devenir soi-même, malgré la frilosité des autres qui disent de ne pas y aller.

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Plus calme et émouvante, « Mémoire » remonte au plus profond de ses souvenirs, de son histoire, jusqu’à la Shoah, puis « L’Empreinte De Cette Terre », plus ethnique et orientale, avec des voix orientales envoûtantes entre Real World et Dead Can Dance dans les violons arabisants, parle de son voyage initiatique au Maroc, aussi spirituel que géographique, jusqu’à l’illumination de la découverte du désert et de l’Atlas, avec un beau texte et une belle progression dramatique. Finalement, si ce n’est plus du Funk, c’est une façon aussi de l’orientaliser, de le faire voyager en d’autres contrées, de lui offrir d’autres paysages, moins urbains grâce à cet excellent arrangement. La Soul l’âme s’ouvre à ces ailleurs, à l’Orient, et à la propre histoire de Julie Claden.

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Finalement, Julie Claden a investi le Funk et la Soul de ses mots, de ses expériences, les a fait siens par cette quête de soi jusqu’à s’assumer totalement, de « Troque Ton Groove » scandant «Secouée, Obsédée» repris avec le public, sa passion de cette musique jusqu’à « J’me casse la gueule pour y arriver », à « L’Expérience » d’être elle-même envers et contre tout et tous et d’inviter les autres à faire de même dans « Chacun Sa Place », puis à s’élever enfin contre toutes critiques dans « Je Transgresse », s’assumer comme elle-même avec courage et splendeur. Cela donne à son album, et à sa prestation qui le fait partager, l’aspect d’un concept album ou «album d’apprentissage » comme on dit de certains romans, dans le partage avec les musiciens et le public.

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Elle a tracé dans le Funk et la Soul son propre chemin, faisant sienne cette musique née dans la revendication des droits civiques noirs et depuis non pas obsolète mais obtenue aux Etats-Unis, l’a intégré en elle-même pour raconter par chansons-flashs sa propre histoire jusqu’à l’acceptation d’elle-même, du collectif à l’individuel, au collectif, puisqu’elle les invite à faire de même.

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Si elle n’est ni noire ni Aretha Franklin, au moins a-t-elle habité cette musique, puis l’a habillée de ses propres mots, faite sienne, ce qu’aucune chanteuse Funk ou Soul n’eût pu faire à sa place, n’étant pas elle, et inversement. Finalement, Julie Claden touche par son univers, son courage et son énergie sur scène et ses textes simples mais forts et sincères.

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En troisième et dernière partie, on pouvait entendre le groupe Soul Funk 7ème Soul (parce qu’ils sont 7 et vous mènent au 7ème ciel de la Soul), qui a déjà joué au Parlement Européen et au Palais de la Musique et des congrès, tout à fait fidèle musicalement aux grands noms de cette musique tant dans la rythmique de Lionel MEYER (Guitariste) François KOEHLER (Bassiste) et Vivien RAUCH (Batteur) que dans la mise en place impeccable entre Rythm’N’Blues et JB’s de la section de cuivres (le plus difficile dans le funk, car elle remonte au Jazz, et même aux parades de la nouvelle Orléans comme la garante de l’authenticité de la Black Music) de Luc HENRY (Saxophoniste) Melanie DECQ (Tromboniste) et Alexandre SCHMITT (Trompettiste) , et aux textes en français composés par le chanteur Raphaël Bloch au total look Blues Brother (costume et chapeau noir, cravate noire et chemise blanche, lunettes de soleil). On sent que la Soul Music et le Funk, c’est sa vie, jusque dans un rapport spirituel à la musique, comme peut l’être le Rastafarisme pour certains fans de Reggae.

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Ils commencent par « Se réinventer », aux bons cuivres bien en place, sur le dépassement d’une rupture amoureuse, citant même l’ivresse Baudelairienne « de vie, de poésie, de vertu » pour oublier. La Soul Musique est la musique de l’Âme (Soul en anglais) humaine, de ses chagrins profanes et sentimentaux, adaptée du collectif noir à l’individuel universel), avec une belle introduction et un solo de trompette d’Alexandre Schmitt (ancien élève de Serge Haessler en trompette classique). Les textes de Raphaël Bloch parlent à l’âme humaine de ses soucis universels avec simplicité et force, et cette Soul dans la voix qui rendaient Otis Redding et Marvin Gaye irrésistibles. Simplement parce que Raphaël vit et traduit à la manière de cette Soul Music.

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« Chacun sa Reine » à la basse bien slappée et à la guitare funky, tous cuivres dehors, fut écrite par le cousin de Raphaël Bloch, et on y trouve cette phrase d’une poésie assez surréaliste : « Elle a mis du sel dans ma vie de girafe » ! On a pu entendre aussi un bon solo de saxophone sur la guitare wah wah.

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Ils jouèrent ensuite « Rencontre », sur une rencontre d’un chanteur Soul avec une chanteuse qui se voient d’abord sur scène, avec un bon solo de guitare.

Mais il leur arrive aussi de mêler la Soul à d’autres musiques plus latines comme la Bossa nova sur la clavé Brazil de la batterie sur « Toutes Ces Habitudes » qui appelle au courage de casser sa routine pour suivre sa propre voie vers sa passion, comme le fait Raphael Bloch, à ne pas se contenter d’êtres des parodies, des clones. Le mélange en tous cas est réussi et irrésistible, à la Banda Black Rio (le meilleur groupe de Funk Brésilien à mon sens) dans la section de cuivres un peu en arrière presque Ethio-Jazz ou fanfares dans cet habile décalage faisant sonner les mots du chant avant un bon break à l’ancienne et un bon solo de trompette. Ça groove bien souplement sur cette Soul Funky et légèrement Tropicale.

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« Jeu de Maux » parle aussi d’une relation entre deux personnes pas toujours simple. La Soul est, comme le Blues, le dépassement de la souffrance par la catharsis musicale, mettre des mots sur les bleus de l’âme pour les rendre plus supportables, ou au moins les partager avec le public, en faire de l’art, avec un beau solo de trombone lent de Mélanie Decq (que tout le monde appelle Miel, aussi venue du classique après un passage par le ska festif).

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Raphaël Bloch est avant tout un « Fan De Soul », d’Otis Redding, qui respecte jusqu’aux origines de cette musique dans l’intro comme un chœur de Gospel de « voix noires » passé dans le Jazz et le Do-Wop, puis dans la Soul, et qui évolue ensuite en Funk sur la guitare, refait tout le parcours ce ces musiques noires, « fan de soul et de Funk », de ce Soul Power de James Brown, montre qu’il en connaît aussi l’origine. Ils ont amené aussi un nouveau titre (en tous cas qui n’est pas sur leur disque ou My Space), critique des rencontres sur internet avec Miel et Alex bien en place sur les riffs de guitares et au texte gentiment ironique. Les paroles de Raphaël Bloch sont aussi un avertissement pour nous et notre monde, montrent ce que le monde perd avec son âme, sa Soul naturelle, dont il est l’un des meilleurs représentants localement. «Double Jeu » (http://www.dailymotion.com/video/x9b8nn_7eme-soul-en-concert-au-parlement-e_music ) est une bonne synthèse, sur une guitare digne du Blufunk de Keziah Jones dans « Rythm Is Love » (http://www.youtube.com/watch?v=8kKZxbgBL68 ) puisqu’il y adapte dans un texte à double-sens le vocabulaire amoureux à la musique, à son désir et à son manque dans le silence où il sent encore « l’essence de sa présence » , comme les mystique orientaux parlaient de Dieu comme l’Adoré. Bernard Lavilliers a aussi écrit une belle bossa nova sur ce thème : « La Musique ». Enfin, ils terminèrent par un bis avec un scat de Raphaël Bloch.

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Bref, cette soirée a montré que le Funk étaient bien présents dans la scène locale, mais plus que copiés en vain de leurs pionniers, ils avaient évolué vers la New Wave avec Soulfight, accompagné le parcours de Julie Claden jusqu’à l’Orient, et étaient toujours vivaces chez 7ème Soul, modernisés par des textes simples et universels qui parlent à l’âme, ce qui est l’essentiel…

Jean Daniel BURKHARDT

samedi, juillet 11 2009

S, M et V : trois grands bassistes électriques au Palais Des Congrès

S.M.V. : derrière ces initiales se cachent le super groupe des trois plus grands bassistes électriques afro-américains : S est Stanley Clarke, 58 ans, innovateur de la basse électrique (avec un son très électrique, contrairement à Jaco Pastorius) et inventeur du slap (jeu faisant rebondir les cordes avec les doigts) à partir de la contrebasse où il est le plus rapide du monde et fondateur du groupe « Return To Forever » ; M pour Marcus Miller, 50 ans, dernier bassiste funk de Miles Davis (Tutu, Siesta, c’est lui), mais aussi clarinettiste basse, saxophoniste et claviériste ; et V comme Victor Wooten, 45 ans, le plus jeune des frères Wooten, l’enfant-prodige de la nouvelle génération qui a inventé le double slap (grâce à l’utilisation du pouce), et dont c’était le rêve de jouer avec ses deux idoles.

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Bref, quand on met tout cela ensemble, ça fait l’effet du tonnerre et de la foudre à trois éclairs, comme l’indique le nom de leur album sorti en 2008 précédant cette tournée : « Thunder ».

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Derico Watson à la batterie et Federic Gonzales Peña aux claviers les précèdent, introduisant leur arrivée des accords de ce péplum moderne et électrique à trois gladiateurs, par ordre d’âge décroissant, Clarke, Miller et Wooten, de ces « Maestros de las Frecuencias Bajas » de Stanley Clarke (parce qu’ils ont aussi composé le répertoire de l’album), qui s’affrontent par des duos : Miller en rythmique et Wooten en solo, puis Wooten/ Clarke, et se retrouvent pour le final dans une attitude très Rock.

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Au début de « Thunder », le sample de la voix d’ordinateur de «Butterscotch » énonce en héraut-lectro les noms de héraut «S-Stanley C-Clarke, M-Marcus M-Miller, V-Victor W-Wooten » entre deux scratches.

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Le thème utilise le riff de « Kashmir » de Led Zeppelin. Clarke rocke, Miller, funke et Wooten en rythmique double slappe en aller-retour en utilisant son pouce en médiator.

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Miller imite le son d’un synthé grâce à ses pédales d’ effets. Clarke allonge les notes, et Miller se mêle à eux au saxophone funky Rythm’N’Blues, avant un duel du slap funky de Miller contre le tapping groovy de Wooten, qui arrive sur sa basse aux effets similaires à une guitare électrique.

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Sur « Los Tres Hermanos » de Marcus Miller, synthé et basse se confondent. Les trois bassistes allient, unifient en frères d’instruments et de musique, leur puissance l’une avec l’autre, chacun tour à tour rythmique et soliste, et soudain s’énonce dans le solo de Miller sur les deux autres l’une des plus belle mélodie du disque, avec cette âme espagnole, presque flamenco, qui court le sang de ses veines dans ces cordes dans son slap soudain Reggae, changeant de rythme. Cette passion les lie entre eux vers la recherche d’une intensité, mais aussi d’une beauté commune, dépassant la seule émulation individuelle pour un but collectif.

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L’aîné Stanley Clarke présente le morceau de bravoure du benjamin Victor Wooten, qui construit son solo sur cette Jam « Classical Thump » ( Pouce Classique) dont il composé le thème à partir d’une note slappée/ samplée par une pédale, et commence presque baroque sur cette ligne dub. S’il l’avait entendu dans ce ralenti bouleversant, Jean Sébastien Bach aurait composé un concerto pour basse électrique pour un tel soliste!

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Il continue en accélérant presque en flamenco à la cavalcade de chevaux de Camargue sous ses doigts, que Manitas De Plata apprécierait et ferait de lui son frère gitan en partageant la scène avec lui.

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Arriver à cette finesse, à cette vélocité dans l’accélération sur des cordes aussi grosses et métalliques, dompter ce métal strié doit être plus difficile que la corde de nylon.

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Soudain, il accélère encore, part en Jazz-Rock à la Jaco Pastorius ou Jimi Hendrix en utilisant la pédale wah wah.

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Il finit en double slap au pouce, éclatant de toutes part, puis redevenant plus fin. Les grands solistes ont toute LA MUSIQUE, toutes LES MUSIQUES en eux, dépassent les genres et les barrières entre les styles, les notions mêmes de violence ou de douceur en passant des uns aux autres.

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Victor Wooten, Marcus Miller et Stanley Clarke ont aussi composé ensemble pour cet album « Mongoose Walk », accompagnés sur le disque de Chick Coréa au piano (membre avec Stanley Clarke, Airto Moreira et Flora Purim de « Return To Forever » en 1972). Là encore, la mélodie sublime par son émotion la simple prouesse technique.

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Chacun garde son style, son son spécifique : métallique pour Clarke, presque proche d’un clavier par les effets pour Miller, doublement slappé pour Wooten.

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Le claviériste Federic Gonzales Peña nous gratifia d’un magnifique solo du classique, au piqué Jazz, puis libérant les grandes orgues électro-acoustiques de Jo Zawinul avec Weather Report, puis sans effet, en pianiste sur le batteur en drum’n’bass, avec la finesse d’une kora, retrouvant la finesse des cordes dans son jeu sur cet instrument électrique, presque classique et libre, à la Keith Jarrett en course folle ou mélancolique à Köln (qui s’est produit mercredi 8 juillet dans ce même festival, et reviendra peut-être, préférant les rideaux rouges aux jaunes, trop lumineux pour lui !). Juste un grand solo de claviers par un grand claviériste actuel..

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Miller reprend le thème avec des effets hallucinants, fait parler sa basse comme Peter Frampton sa guitare, d’une voix d’ordinateur, de mouette blanche et noire chantant « It Ain’t Necessarily So », que rien n’est impossible même avec une basse.

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Une battle s’engage entre Clarke, plus rêche et métallique et Wooten, plus synthétiseur grâce aux effets.

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C’est au tour de Wooten de présenter le morceau de bravoure de Marcus Miller «the man with the very cooool hat » (l’homme au chapeau très cooool), en fait une modernisation du fameux « pork pie hat » de dame patronnesse victorienne sans les rubans de Lester Young.

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Il change le son de ses effets du métal vers une tunnel sonore sur la rythmique forte, joue un thème Miles Davis, «Jean-Pierre». Marcus Miller doit beaucoup à Miles, et Miles à Miller, a composé « Tutu » et pratiquement toute la musique de film « Siesta » de Mary Lambert en 1987 (où d’ailleurs on n’entend presque pas le trompettiste derrière ses synthétiseurs) et continue en retour de faire vivre son esprit d'ouverture sur scène.

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Puis il passe à la clarinette basse, où il est très émouvant, presque Lesterien, peut-être plus sensible car moins dans la puissance qu’à la basse électrique, interprète le standard « When I fall in love » sur les seules nappes du clavier, y retrouvant une certaine pureté du souffle intime, cette émotion immédiate des standards comme de simples chansons d’amour ou de jolies mélodies, la fonction consolatrice, sentimentale, de « chanteur » de tout jazzman, de tout souffleur, car le bec et l’anche entrent, par la bouche, dans l’intimité de l’instrumentiste, plus que les doigts de feu du bassiste sur les cordes, fait passer son souffle vital à travers cet étrange pélican de bois noir au cou démesuré qu’est la clarinette basse, rappelant certains solos infinis sur « God Bless The Child » d’Eric Dolphy poussés jusqu’au cri free.

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Il fait partie de TOUTE L’HISTOIRE DU JAZZ, pas seulement du Jazz Funk. Avant d’arriver à Tutu, Marcus Miller se souvient que Miles aimait aussi « Human Nature » de Michael Jackson, et l'avait repris sur "You're Under Arrest" (qui fut à l'origine de la chanson et de l'idée de la pochette du derner Gainsbourg, pour "détournement de mineures" auxquelles il réservait son art majeur.

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Il termine son intervention par Tutu, mais SON Tutu, pas le Tutu Techno-Funk de Miles.

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Un « Tutu » revisité de l’intérieur à la clarinette basse, ramené à sa pure mélodie lente, puis entraînante, prétexte à improvisation, véhicule de Jam avec les deux autres bassistes et le groupe, où il reprend sa basse avec Victor Wooten et Stanley Clarke, passé à la contrebasse, où Miller cite même « Pierre et le loup » de Prokofiev.

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A son tour, Marcus Miller annonce « The originator of bass revolution » (l’origine de la révolution de la basse) : Stanley Clarke, qui, toujours à la contrebasse, va jouer « Milano », que Miller a écrit pour lui.

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Il débute sur les nappes de claviers, avec cette chaleur de la contrebasse acoustique, et l’émotion de l’archet dans l’introduction qui la fait redevenir violoncelle baroque d’un concerto de Bach sur l’écho des basses électriques de Marcus Miller puis Wooten.

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Il utilise ensuite ses doigts pour des arpèges très rapides (il est aussi un des contrebassistes les plus rapides du monde), du baroque au Jazz, prolongés par Miller, construit une chute espagnole à la Renaud-Garcia Fons, puis articule les cordes librement, le son étouffé par une serviette coincée dans la partie basse de l’instrument, retrouve le lyrisme pur de l’instrument.

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Un battement du pied évoque encore le Jazz, et soudain la contrebasse se fait Blues, Rock, en reprenant puissamment le riff irrésistible de «Mannish Boy» de Muddy Waters, qui inspira à tout le Rock anglais des Rolling Stones l'amour du Blues.

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A la contrebasse, Stanley Clarke peut se révéler à la fois violent comme un berimbau et émouvant comme un violoncelle.

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Sous ses doigts, la contrebasse redevient bois, arbre, redécouverte avec la curiosité, la sauvagerie du premier homme devant le feu, redevient forêt profonde et torrent, chêne sous la tempête et roseau qui plie mais ne rompt pas, baobab d’Afrique et pluie torrentielle, retrouve sa nature.

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Soudain, il viole toutes les règles de l’instrument, et à partir du slap qu'ila inventé pour la contrebasse, frappe les cordes à la volée d’une main tournoyant comme une hélice ou un rhombe, comme peut-être un musicien qui ne serait QUE contrebassiste n’oserait pas le faire.

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A la fin du solo, il n’a plus de doigts, montre-t-il à Miller, de cette puissance énorme déchaînée.

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Les trois bassistes se retrouvent électriques pour « Grits » (un plat du Sud des Etats-Unis, sorte de polenta de maïs), autre thème prétexte à joutes de cordes. Les thèmes enregistrés au studio ne sont qu’une carte de visite, un hameçon pour faire venir le public, mais prennent toute leur dimension sur scène, prétextes à improvisations et bases, véhicules de Jams effrennées..

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Le thème est presque circulaire tant l’entente est forte entre les trois bassistes.

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Leur vraie joie est de parcourir le monde ensemble dans cette tournée, de jouer ainsi pour un public, soutenus par un bon backing band et la beauté de ce projet de voir leur complicité, leur liberté qui leur permet de rester eux-mêmes tout en étant ensemble.

En Bis, ils rendent un hommage à Michael Jackson (en reprenant « Beat It ». Lors de l’enregistrement de « Thriller », raconte Quincy Jones, la voix de Michael Jackson et son énergie sur ce titre furent si forte que la console d’enregistrement fuma et manqua de prendre feu!.

Bref, l’émotion et la puissance Live de ces trois géants de la basse dépassèrent encore celles de l’album.

Jean Daniel BURKHARDT

dimanche, juillet 5 2009

Les Groovin 4 font groover le Palais Des Congrès de l'esprit de Jaco Pastorius avant S.M.V.

Sous le sigle S.M.V., comprenez Stanley Clarke, Marcus Miller et Victor Wooten, soit les trois plus grands bassistes électriques du monde.

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Mais Strasbourg Jazz Festival veut aussi donner la chance de se produire à de nouveaux groupes. En première partie, « Grroovin 4 », un nouveau combo qui fait sa première, et nous prouve que décidément, après Jermaine Landsberger, Biréli Lagrène ou Dino Mehrstein, ça groove grave chez les manouches en ce moment, et c’est heureux : l’un des rares enfants électriques de Django, Mike Reinhardt , gagnant du Concours de guitare Gibson du Montreux Jazz Festival sous la direction de George Benson, y rencontre l’organiste Thierry Eliez (pianiste de Dee Dee Bridgewater et le batteur Brazil François Morin, qui faisaient déjà partie de son trio, plus proche par sa configuration du power trio Lifetime de Larry Young, John Mc Laughlin et Tony Williams que du Hot-Club De France, et rajoutant pour l’occasion le bassiste Afro-Brésilien Natallino Neto, qui joue un peu comme Jaco Pastorius, Hendrix de la basse, le grand absent de cette soirée (mort en 1987 sous les coups d’un patron de boîte de nuit). Groovin_4_Mike_Reinhardt.jpg

Ils commencent par « Mercy, Mercy, Mercy », écrit par le pianiste Jo Zawinul (qui passa dans ce festival peu avant sa mort avec son « Syndicate ») pour le saxophoniste Cannonball Adderley. Mike Reinhardt groove sur la basse funky entouré des nappes de l’orgue Hammond de Thierry Eliez.

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Puis ils partent sur la batterie en samba Groovy à la « Native Dancer » de Wayne Shorter pour « I’ll Remember April », avec un solo de Thierry Eliez tout en dérapage contrôlés à la Jimmy Smith, qui part ensuite en Bossa-Reggae.

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On ne reconnaît pas tout de suite car cela commence très calme, mais ils continuent avec « Black Market » de Jo Zawinul pour Weather Report (), très roots et proche du thème dans sa version album, où Nattalino Neto () a pu jouer son Jaco Pastorius, dont l’influence semble être reprise surtout chez les noirs non américains comme Richard Bona, et qui grâce à Neto est un peu parmi nous ce soir.

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De Jaco Pastorius, ils reprirent d’ailleurs « The Chicken».

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Après un Bis rapide et bien groovy de Mike Reinardt, ils quittèrent la scène, après avoir cette bonne introduction à S.M.V, ramené un peu de l’esprit de J. P et du Jazz-Rock.

Jean Daniel BURKHARDT

samedi, juillet 4 2009

En Big Band ou version RH Factor, ROY HARGROVE montre ses deux facettes au Strasbourg Jazz Festival

Mardi 30 juin, le 20ème Strasbourg Jazz Festival s’ouvrait avec une ovation de 10 minutes pour les anciens musiciens de Sidney Bechet du Sidney Bechet Memory venus commémorer le 50ème anniversaire de sa disparition.

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Hier soir, c’est Roy Hargrove, génie du Jazz et de la trompette qui se produisait en Big Band avec la chanteuse italo-américaine Roberta Gambarini, puis avec sa formation Funk « RH Factor » et sa chanteuse et claviériste Renée Neufville. L’audience est clairsemée, mais comme dit Harry Lapp, organisateur de ce festival « les autres ne savent pas ENCORE ». Jacques Brel, qu’il a connu dans les années 70s, lui a dit « c’est là qu’il faut être VRAIMENT BON. » Et le collectionneur qu’est Harry Lapp a lu dans les « Nouvelles D’Alsace » que Louis Armstrong lui-même se produisit dans les années 20s à Strasbourg devant 400 personnes !

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J’ignorais que Roy Hargrove avait monté un Big Band et s’ils ont déjà sorti un disque, à part le dernier Roberta Gambarini « So In Love ».

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C’est un superbe Big Band, avec des blancs, des noirs et même une femme dans la section de trompettes. Les saxophonistes ressemblent physiquement à des grands du Jazz : un alto qui joue avec une célérité Parkerienne mais ressemble à Kenny Garrett, un ténor blanc plus âgé à la Jackie Mc Lean, un autre alto plus Hard Bop ressemble à Cannonball Adderley et le dernier ténor à Sonny Rollins le crâne rasé sans la crête, mais au jeu très Lesterien, est un peu le crooner du groupe, enfin le baryton aux longues dreadlocks, barbe et lunettes.

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Roy Hargrove a changé de style (en fait je ne l’ai jamais sur scène). Sur les photos que je connaissais, à l’époque du premier RH Factor « Hard Groove », il portait jogging et dreadlocks. Un des trompettistes a encore ce style, avec un bandana sur la tête.

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Roy Hargrove lui-même est en costume sombre et chemise blanche sur des baskets noires à flammes rouges et dirige vraiment cet orchestre d’une main de maître, avec des sonorités et un swing impeccables.

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Ils commencent à la manière de ces Big Band aux solistes Bop des années 40s comme celui de Jay Mc Shann (où Charlie Parker débuta) ou Billy Eckstine (où il rencontra Dizzy Gillespie) avec un solo d’un bon imitateur de Bird à l’alto qui ressemble à Kenny Garrett,, puis d’un ténor blanc qui ressemble qui me fait un peu penser à Jackie Mc Lean. D’ailleurs ce thème semble à la fin citer le premier cheval de bataille de Bird « Cherokee ».

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Avec ses cheveux courts, Roy Hargrove ressemble à Malcolm X ou Max Roach, mais dirige ce Big Band Bop comme Dizzy Gillespie son premier Big Band intégralement Bop: en bondissant, gesticulant des deux bras, de tout son corps.

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D’ailleurs le trompettiste Roy Hargrove n’est pas en reste, avec une sonorité qui ne trompe pas, des lignes à la Miles Davis, une émotion à la Chet Baker et parfois des violences à la Dizzy Gillespie, le tout lié dans un style à la Clifford Brown qui était la quintessence du Cool et du Bop. D’ailleurs quand Hellen Merrill a voulu enregistrer son « We Remember Clifford », elle a engagé Roy Hargrove à la trompette pour remplacer le défunt Clifford! Il joue dans et en dehors des cuivres de l’orchestre avec dextérité comme Dizzy dans « One Bass Hit ».

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Le guitariste aussi est discret mais efficace, assurant un balancement clapotant constant au sein d’une section rythmique bien en place quoique discrète à la Count Basie : piano, contrebasse et un batteur extraordinaire qui soutient les solistes et le Big Band, suit chaque explosion d’ensemble ou souligne de sa cymbale ou d’un glissement de balais chaque douceur des unissons.

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Le répertoire, à sortir sur un album prochainement, comporte aussi des compositions d’une modernité actuelle groovy () à la Lalo Schifrin pour Dizzy Gillespie (et qui feraient d’excellentes musiques de films).

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Dans un autre thème, on retrouve la maturité et le moelleux des fonds sonores magnifiques propres à Duke Ellington dan ses dernières suites orientales comme « Isfahan » sous les spots rouges de l’éclairages comme un coucher de soleil, soutenu par la section de saxophones aux flûtes. D’Ellington, on crut reconnaître aussi le « Don’t mean a thing if it ain’t got that swing » (http://www.youtube.com/watch?v=qDQpZT3GhDg ).

Au bugle, Roy Hargrove trouve sur ce paysage sonore des nuances d’émotions à la Chet Baker lors de ses derniers concerts (http://www.youtube.com/watch?v=y3psj33VEFY ) avec le WDR Big Band ou son émule Tom Harrell, puis finir une phrase par une déflagration Bop.

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Arrive Roberta Gambarini, prénommée Roberta par ses parents fans de Jazz d’après une Comédie musicale où se trouvait « Smoke Gets In Your Eyes », leur standard préféré. Elle a débuté sous la houlette du saxophoniste Benny Carter, puis a enregistré avec James Moody, Hank Jones et enfin Roy Hargrove (). Elle chante tout d’abord une chanson latine en espagnol de Roy Hargrove, « La Puerta », mélangée avec la fin de « Dois pra là, Dois pra ca » de João Bosco par Elis Regina (c’est une adepte du scat et de la vocalese, improvisation de paroles sur un solo), reviendra pour un sublime « Every Time We Say Goodbye » de Cole Porter à pleurer, sculptant, alanguissant, rendant chaque voyelle émouvante à la Ella Fitzgerald ou Diana Krall, enfin pour un scat Gillespien avec Roy Hargrove au chant et à la trompetteà la Oo-Lia-Koo, repris par tout l'orchestre à la Ray Charles, Cab Calloway ou Stan Kenon.

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Un instant crooner, Roy Hargrove chanta aussi « September in the rain », assumant aussi le côté nostalgique du Big Band

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Ce Big Band allie la modernité et les qualités de swing, de jeu d’ensemble et de folie Bop des Big Bands d’antan. Chaque soliste aura eu son moment de gloire sur le devant de la scène. Si les jeunes loups du Jazz se remettent à monter des Big Bands, ça promet des beaux jours pour le Jazz, en espérant les faveurs du public.

En seconde partie, le groupe Funk de Roy Hargrove, RH Factor, qui a sorti depuis 2003 «Hard Groove » , « Strength » (2004) et « Distractions » (2006) : avec un guitariste blanc plus jeune que celui du Big Band, le saxo baryton du Big Band qui a passé un T-Shirt, le saxophoniste alto à la Cannonball Adderrley, peut-être le même pianiste avec une casquette sur la tête, Roy Hargrove qui a tombé la veste et sorti la chemise. Il y a un autre bassiste que Reggie Washington ou il a perdu ses touffes d’ailes et un autre batteur plus costaud que celui du big band, Q Tip, et comme atout charme Renée Neufville aux claviers et chant.

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Ils commencent très Afro Beat, à la « Zombie » de Féla Kuti, avec les mêmes unissons puissants des cuivres, la batterie afro et la guitare en transe funky sur la basse groove.

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Ils continuent avec Renée Neufville dans « Crazy Race », peut-être la meilleure chanson du dernier album, la plus Bop, doublée à la voix par Roy Hargrove, aux solos de cuivres les plus puissants et naturels. Renée neufville est encore plus belle que lors du dernier concert à Strasbourg à la Laiterie en 2003, les cheveux très courts et le look très hip hop. Ses cheveux, plus longs, lui donnent un air de Nina Simone 60ies, de déesse noire dans cette robe longue à fleurs de tournesols sur fond noir. Elle est aussi agréable à regarder qu’à entendre.

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Suit la ballade « Juicy », chantée par Renée Neufville et le batteur Q Tip, d’une voix très aigue, qui la force à faire la basse, vraiment magnifique, angélique, et surprenante quand on voit combien il est costaud, tandis que Roy Hargrove joue derrière, pavillon face au sol, à la Miles Davis.

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Autre superbe ballade, « I’ll Stay », reprise de George Clinton & Funkadelic, enregistrée sur « Hard Groove » avec D’Angelo, mais que Hargrove chante depuis sur scène, sur un groove déstructuré, planant et bluesy, psychédélique, à la Sly & The Family Stone. Le RH Factor a remis cette improvisation, cet esprit 70ies Peace, Love & Soul dans le Funk.

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Autre chef d’œuvre de Jacques Schwartz-Bart sur « Hard Groove » (le RH Factor est un personnel changeant, avec beaucoup d’invités au studio), « Forget Regret », au groove lent et à la soul dramatique chantée à l’origine par Stéphanie Mc Kay, puis reprise sur scène par Renée Neufville .

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Le RH Factor permet à Roy Hargrove de publier et d’emmener sur scène de belles chansons et d’intéressants instrumentaux, avec des claviers dégoulinants d’amour à la Marvin Gaye, ou des Jam fusion Jazz-Funk à la Miles Davis période « On The Corner » remises au goût du jour, de trouver un nouveau véhicule pour mettre un peu d’amour et d’âme dans les musiques urbaines actuelles.

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Rien que pour cela, il doit être remercié, écouté, suivi et reconnu.

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Le Strasbourg Jazz Festival se poursuit ce soir avec S. M. V., alias Stanley Clarke , bassiste jazz-Rock fondateur de « Return To Forever », Marcus Miller, le dernier bassiste techno-funk de Miles Davis (Tutu, Siesta, c’est lui), et Victor Wooten, trois des plus grands bassistes électriques afro-américains du monde ce samedi 4 juillet à 20 h , au Palais Des Congrès de Strasbourg!

Jean Daniel BURKHARDT

vendredi, juin 12 2009

Le Festival CONTRETEMPS se met au vert sur les Pelouses Sonores de l’Orangerie

Après l’orage et quelques pluies suivant le set plus Jazz Funk qu'à son habitude de G Phil passant le superbe "Turkish Bath" de Weldon Irvin, les concerts des Pelouses Sonores gratuites ont pu se poursuivre sous le soleil dimanche 7 juin à L’Orangerie, avec deux Live, un set Reggae et du dub.

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Tout d’abord le MMEW (Musique Municipale Espérance de Wasselone), qui sous un nom pas très fun est la plus funky des harmonies locales grâce à un répertoire Soul 60ies et des arrangements sur mesure signés par le guitariste Bernard Struber (ORJA, Bernard Struber Jazztet et ZTet sur Zappa).

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Les deux excellentes chanteuses commencent par un medley du Stevie Wonder ave « Isn’t She Lovely », dont le bébé, la fille de Stevie Wonder qu’on entendait en 1976 dans « Songs In The Key Of Life » chante désormais avec lui sur scène, "Another Star", plus Brazil, servie par des nuances de Frevo des cuivres et anches, puis «Sir Duke » extraite du même disque, plus swinguant, en version instrumentale avec solo de saxophone, et finalement la ballade « I Just Called To Say I Love You ».

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Autre production du label Motown , la composition de son producteur Jerry Gordy « I’ll Be There » pour les « Jackson 5 » Il y avait aussi les « Jackson Sisters » qui enregistrèrent «I Believe In Miracles » en 1976, repris récemment en Dub Soul par les Dynamics qui se produiront à CONTRETEMPS en Live au Molodoï demain samedi 13 juin..

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Les cuivres firent de beaux fonds sonores derrière les chanteuses dans « Georgia On My Mind », standard de Jazz d’Hoagy Carmichael popularisé par Ray Charles.( ).

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Elles poursuivirent avec « Respect » d’Aretha Franklin, à l’origine chanté pour le respect plus racial que féministe par Otis Redding, qui disparut trop jeune dans le même accident d’avion que Buddy Holly et dont l’harmonie reprit plus tard le plus connu « Sitting On The Dock Of The Bay ». Sur ce classique « Respect », il faut reconnaître que l’harmonie était vraiment pêchue et à ses cuivres un swing impeccable. D’’Aretha, ils reprirent aussi « Chain Of Fool ».

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Suit un thème Disco d’Earth, Wind & Fire, « Keep Your Head To The Sky » avec un bel unisson flûté des saxophones.

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Elles enchaînent avec une reprise de la chanteuse Soul à voix très aigue Minnie Riperton dont « Lovin’ You » fut reprise dans la BO du « Journal de Bridget Jones ».

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Ils terminèrent par un medley endiablé de Kool & The Gang incluant « Ladie’s Night », qui fit danser Flore, Mélanie et quelques autres Soul Sisters comme à Woodstock, ou plutôt comme au Festival Soul Power de Kinshasa dont le festival diffusa en avant-première le film le mardi 9 juin () .

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Bref, ces reprises du MMEW furent les plus beaux hommages live à la Soul Music du Festival Contretemps. Le MMEW se produira à Wasselone le 20 juin à 20 h pour la fête De La Musique.

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En entracte, Daddy Roudy selecta des Dance Hall Vibes avec Skunk Head (qu’on retrouvera le 17 juin à Molodoï et le 21 juin Place Rouge pour la Fête de la Musique) anima dynamiquement un set Reggae Ragga.

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Suivit le groupe de funk local Greenstuff et ses compositions style Funk 70ies à s’y méprendre avec Pascal Beck (Sonando, VSP Orchestra) au trombone, Yan ( chant et guitare), Bill (chant et basse) , Piment (chant et batterie) et Smith (chant et claviers).

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Ils commencent par « Keep On Movin’», chanté par le guitariste, au trombone tailgate funky sur le fender rhodes et au chant énergique, suivi de « Boum Boum » (Shake It and Wait), avec un groove à la Jamiroquai et un scat du guitariste sur fender rhodes sur « I’m On My Way » et de « One More » avec de beaux unissons de cuivres et de voix où l'on reconnaît les qualités d’arrangeur de Pascal Beck.

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Sur un tempo lent, presque dub, de la guitare se greffent les cuivres à la Shaft, puis la voix, magnifique, angélique dans les aigus, avec la grâce d’un Jeff Buclley, du batteur chantant cet cette « Electric Girl », beau texte sur un magnifique fond sonore.

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Après le tempo One-two-three-four d’usage suit «We Do The Music Live », où le trombone de Pascal Beck évoque celui de Fred Wesley, celui de James Brown.

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Le Funk c’est le Rock électrique noir, après le vol par les blancs du Rock’N’Roll, via le Rythm’N’Blues et la Soul Music. Le terme vient d’ailleurs d’une insulte blanche portant sur la prétendue odeur des noirs, à laquelle les blancs ajoutaient leur fantasme : mélange de musique, d’alcool, de danses en transe du vaudou de Congo Square héritées de l’Afrique, de sexe et de sueur. Dans les années 50s, Horace Silver et son « Opus De Funk », Art Blakey et Max Roach assumèrent l’idée du Jazz Hard Bop « Funky », fait par des noirs pour les noirs, réhabilitant les rythmes ancestraux du Gospel , et les publièrent sur le label Blue Note. Puis James Brown les exhorta avec son «Say ItL oud, I’m Black and I’m Proud » au Funk.

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Une bonne intro de claviers plus tard, les cuivres attaquent à nouveau, rappelant les Brecker Brothers dans leurs unissons.

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Suit « Mystic Soul » avec un bon solo d’orgue 70ies du clavier, le mysticisme et la Soul, l’Âme noire du Gospel, devenu profane avec le Blues, urbaine et populaire avec le Rythm’N’Blues et le Funk, équivalents du Rock noir et le Funk.

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« Stop It Now », la dernière, est un autre thème aux unissons de cuivres efficace sur clavier et guitare funkys, pour fairefaire groover une Bithday Party, avec un bon solo de trompette.

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Le Bis apporta d’autres nuances encore, une batterie broken beat/batucada et un fender rhodes à la « In A Silent Way» de Miles Davis avec Herbie Hancock, Joe Zawinul et Chick Coréa aux claviers et John Mc Laughlin à la guitare, le premier disque « électrique » de Miles, mais un virage plutôt soft comme son nom l’indique, avant « Bitches Brew ». On retrouve dans cet « African Roads »ce groove presque immobile mais qui monte imperceptiblement vers l’intensité du trio basse/ batterie /rhodes comme dans « in A Silent Way », la guitare aux effets près de l’ampli avec la basse, le clavier/ balafon/marimba vibraphone de Roy Ayers, partisan de la fusion Jazz/Funk/Soul et les cuivres comme en un lointain écho psychédélique.

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Finalement, après cette introduction plutôt jam expérimentale, c’est le titre le plus africain, le plus proche de l’influence de Féla Kuti, fondateur de l’Afro Beat, aux cuivres rugissant comme un lion, chanté par le bassiste, et annonce un peu le concert de Fanga de jeudi . Bref, une longue impro 70ies magnifique, digne de Miles à l’Ile de Wight, inclassable « Call It Anything », mais ouverte à tous vents, aux horizons de tous les continents et à leurs influences.

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En dernier Bis, « Make Me Crazy, Electric Girl » a un côté plus Hendrixien à la « Voodoo Chile » dans la voix, les riffs et les cuivres en fond.

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Greenstuff devrait bientôt sortir son premier album.

Enfin, cette après-midi se terminait avec Dub In V.O., combo Lorrain samplant The Digital Garden (DJ) avec Nicolas (batterie), Julien (basse) et eP (rhodes, claviers), et ALX aux effets, qui viennent de sortir leur album « The Needle».

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En effet, ils utilisent beaucoup, dès le premier titre, de samples de films en VO sur des lignes Dub lentes, allongées, planantes, puis soudain plus rapides sur la basse et un synthé space 70ies en wah wah, aux coups de claviers et des clusts fracassants Jazz-Rock sur la drum’n’bass et le scratch des platines. Dès ce premier titre, on voit que le côté electro du Dub n’empêche pas l’énergie Live de se déployer librement.

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La basse reste mélodieuse dans ses lignes, bien placée dans les espaces entre Drum & Bass, à la « Birdy Nam Nam », mais avec un son plus live.

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Les cymbales s’obstinent en Broken Beat, mais les instruments sont modifiés par les moyens électroniques en live, ce qui fait du dub, plus que de l’electro, la seule forme de musique électronique improvisée intégrant le live dans une dynamique vivante. En fait le Dub naquit en Jamaïque d’un accident, un ingénieur du son ayant oublié la voix du chanteur dans un pressage. Or cette version instru marcha mieux que les autres, car les DJ et MC pouvaient y poser leur voix.

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[Les claviers se font aquatiques, à la Edgar Froese, presque sous-marins, attirant par le fond des samples ricanants à la surface quand le rythme monte à la surface. Sur les claviers sont 80ies ou proto-hip-hop tourbillonnent des scratches en typhons, puis tout redevient mélodieux sur un saxophone free digitalisé par le laptop sur la batterie.|http://www.youtube.com/watch v=Z3O_sGFrOm4&feature=related ]

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« C’est l’heure de l’apéro » et d’une « Chanson d’Amour ».

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Cela ressemble à du Lee Scratch Perry

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Ce père Jamaïcain du Dub, sorcier des studios, accompagna un temps Bob Marley et les Wailers avec ses Upsetters, produisit quelques-uns de leurs chefs d’œuvres, mais sortit une de leurs chansons par un de ses groupes, ce qui provoqua leur rupture quand ils l’envoyèrent à l’hôpital. Il est assez fou pour avoir par deux fois détruit volontairement son studio par le feu puis une inondation, met fin aux interviews en allumant de l’essence et en dansant la danse du feu sur la terre battue de sa maison où poussent des palmiers, arbore une barbe teinte de bleu et une couronne de montres pour rester en décallage horaire permanent, et vient, à plus de 70 ans de sortir un nouvel album «The Mighty Upsetter »!

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Mais à partir de cette technique, Dub In V.O. savent intégrer des cris féminins entre plaisir et souffrance, et même à la Asian Dub Foundation dans le clavier des influences d’harmonium portatif Pakistanais sur un sample de Nusrat ou Ustad Fateh Ali Kahn et Jan Garbarek de « Ragas & Sagas » , ce qui montre leur ouverture aux cultures du monde.

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« Venez par ici tout contre moi », dit le DJ, « Viens vers moi, petit, je vais te faire du bien » surenchérit un sample de voix féminine et sensuelle, avant des accélérations de Beats de plus en plus violents.

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eP, aux claviers, est celui qui improvise le plus, sur des voix à la Massive Attack dans « Side Effects », le meilleur titre au niveau de l’improvisation collective.

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Suit « Loov Guru », puis «Bagdad Cola », planant et avec une clameur orientale mêlée avec succès à une voix de cantatrice aigue ou hurlant de terreur dans un film série B de Russ Meyer ou au Retour horrifique du Sacre Du Tympan scratchée en tourbillons avec des tremblements de claviers et d’effets.

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Un autre titre aux influences ethniques utilise des samples de qânun syrien sur les claviers Ethio-Jazz, puis les vagues électroniques se font de plus en plus violentes.

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Dans une peite mélodie électro, on croit reconnaître une phrase de Thélonious Monk, avant un dub final en bis, lent, puis samplant des diodes hurlantes.

Jean Daniel BURKHARDT

vendredi, mai 22 2009

OZMA en Concert au TAPS SCALA

Ozma est une formation locale dédiée à ce qu’ils appellent « le Jazz Funkamétrique », substance « Ozmique » faite de Jazz, de Funk, de Rock et d’incursions dans les musiques traditionnelles, qui serait une merveilleuse bande-son à des poursuites en Taxi jaune New-Yorkais, symbole de leur premier album

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Après un premier album en 2005, ils ont remporté en 2006 le premier prix au Tremplin Jazz de la Défense, puis sont partis en tournée, en Europe, au Burkina Faso en 2008, et reviennent d’Inde, ont sorti un album Live et vont en sortir un troisième, avant de partir au Brésil!

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Le tromboniste Guillaume Nuss a fait ses classes dans le Big Band de Bischeim (le plus proche de la musique de Count Basie), et va bientôt être remplacé, trop occupé, le batteur Stéphane Scharlé anime « Les Mercredis Du Live », où il invite des musiciens à jouer avec lui au Café Des Anges, le saxophoniste David Florsch a fait les belles nuits des Jams de La Grotte, Adrien Dennefeld était déjà venu dans cette salle avec l’Aleph Quartet et Edouard Séro-Guillaume est à la basse électrique. C’est dire s’ils sont actifs localement ET ont une ubiquité internationale.

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Si on n’était pas tombé sur une blague absurde de restaurant Chinois où l’on mange avec des fouchettes, des autocollants du groupe disposés par David Florsch sur chaque chaise proposaient au verso la « Playlist » (sous réserve). J’avoue avoir triché en échangeant pour les besoins de cet article…

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Le concert commence avec « Sisor Narbu », avec un trombone assourdi sans être bouché de Guillaume Nuss en souffle de ballade et un solo de saxophone de David Florsch citant « It Ain’t Necessarily So », qui soudain attaquent sur le groove de l’orchestre par des riffs entêtants. Fausse alerte. Mais le saxophone part en échappée sur la rythmique pour un solo en stop time sur la batterie broken beat. On voit déjà leur maîtrise du groove et de la mesure, des surprises et de l’intensité musicale.

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Dans le même style, Adrien Dennefeld proposa « Vent De Terre », évocation d’un vent de marée mais venant, à l’inverse, de la Terre ferme, avec des souffles de trombone inquiètants, des douceurs puis soudains une tempête balkanique.

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« Jade » est un morceau plus ancien, avec David Florsch au soprano, aux unissons sax/trombone presque tziganes dignes de fanfares Balkaniques sur la frappe plus souple de la batterie, puis un soprano aux accents classiques, à la maîtrise à la Steve Lacy, avant de revenir aux magnifiques fonds sonores avec le trombone, puis de refaire souffler la tempête venue des Balkans.

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Toujours issue de leurs voyages, on aura appris avec leur « Vilnusian Dance » que Vilnus est aussi une jolie ville, pas seulement tristement célèbre pour un procès retentissant.

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Côté Rock, «Voïk» était un titre plutôt calme annoncé au goût des fans de Radiohead.

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On aura pu suivre une journée de «Nana Bozo», lapin des villes inventé par Stéphane Scharlé, des taxiphonies du petit matin par les cuivres à la paix du soir sur le groove, puis subir une empoignade avec « Prise Triviale»…Le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils savent choisir leurs titres, à la fois évocateurs, humoristiques et énigmatiques, gardant leur mystère.

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Le bassiste Edouard Séro-Guillaume, discret mais d’un groove efficace et constant, eut son moment de gloire vocale avec « Blah », extraordinaire baragouin entre mots incompréhensibles, scat inspiré, fredonnement musical jouissif et beatbox rythmique cool, étrange mais passionnant.

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Il faut dire que le public, de leurs amis pour certains, n’avait pas forcément suivi leurs lointaines pérégrinations scéniques, le succès les ayant emmené loin de notre région.

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Mais pas chiens, ils acceptèrent de jouer en bis le titre le plus varié du premier album, « 7 Jewels » (que je me permis de réclamer, étant marqué sur la Playlist), débutant plus rapidement que sur le premier album (le second contient une version Live) par des cuivres taxiphonant comme des taxis jaunes dans les embouteillages New-Yorkais, puis, s’envolant en unissons riffés superbes portés par une basse carrément groove et une guitare funky, avant un break et la surprise terrifiante digne de la BO provoquant « Les Derniers jours de Laura Palmer » de David Lynch d’un énôrme break trash de la guitare, un délice de headbanger si on avait pu danser, où se pose un solo de saxophone surpuissant arrivant SANS EFFETS de pédales à un son digne de Michael Brecker ou Eddie Harris avec l’électricité! Un break en faux silence, puis le solo de trombone et re-funk groove final.

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Autre revendication d’une de leurs amies, ils finirent par « Endinng The Beguine » (détournement de « Begin The Beguine »), ou en effet, il faut attendre celle-ci, d’abord déjouée, décomposée par les mélodies du saxophone et du trombone jusqu’à ce qu’elle prenne forme rythmiquement, mais c’est peut-être plus jouissif encore que de la voir apparaître non comme un présupposé mais naître à nos oreilles à partir de ces improvisations libres.

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Bref, le groupe Ozma a fait une belle preuve de son Groove, son Funk et son Rock, ses Musiques Trads, sa cohésion de jeu et ses qualités de composition. On attend la suite avec le troisième album à paraître.

Jean Daniel BURKHARDT

jeudi, avril 16 2009

Le HI-FLY ORCHESTRA a joué à la Salamandre

Ce dimanche 12 avril, le Hi-Fly Orchestra , groupe acoustique Jazz-Funk-Latino de Munich était invité en concert par G-Phil qui nous régale depuis quelques mois de ses soirées à entrée gratuite COLORS au Rafiot tous les premiers jeudis du mois (prochaine avec DOMU en guest le jeudi 7 mai jusqu’à 7 h du matin, car veille de fête )., avec une sélection d’instrus Funk, Groove & Latin de DJ No Stress en apéritif digne du Swinging London.

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Le Hi-Fly Orchestra se compose de deux cuivres : Florian Riedl (sax, flute), fondateur du groupe en 2005 et Johannes Herrlich (trombone), Christian Gall au fender rhodes, Jerker Kluge à la basse, Hajo von Hadln à la batterie, et Norbert Küpper aux percussions latines.

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Dès l’entrée de « Mrs. Shing-A-Ling »extrait de leur dernier album «Mambo Atomico », les deux cuivres sont funkys sur la rondeur groovy du fender rhodes et le tempo latin de la batterie et des percussions. Le solo de saxophone se place dans la lignée de Wayne Shorter période Blue Note funky (on pense à « Cantaloupe Island » d’Herbie Hancock repris en Hip Hop par US 3 avec des traits d’improvisation à la Charlie Parker révélant un grand improvisateur Jazz, ce qui est rare dans le groove, plus voué aux effets rythmiques.

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Le trombone aussi se montre langoureux sur cette samba groovy, alors que le saxo assure la cowell et la contrebasse jazze avec le fender rhodes. On voit déjà le bon son d’ensemble et le groove collectif jusqu’aux derniers riffs.

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Ils poursuivent avec de bons riffs à l’unisson du saxo avec le trombone et les percussions brésiliennes le soutenant d’une baguette, tandis que le trombone rappelle celui très funky du suédois Nils « Red Horn » Landgren et son Funk Unit, riffe à lui tout seul en stop-time, puis avec le saxophone qui prend son solo sur le fender rhodes au son pur Swinging London et même faire les voix féminines à la Brazil 66 de Sergio Mendes dans ses touches avant les riffs finaux.

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C’est incroyable qu’il existe encore des groupes aussi bons, capables de hausser l’arrangement acoustique à cette irrésistible énergie par la seule force du groove.

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Le troisième titre est plus rythmé par les claquements de mains du public déjà conquis avec les musiciens. Le saxophone est plus cool sur le fender rhodes soulfull dans ses rebonds d’une note à l’autre. Le solo de saxophone finit en cri free suivi d’un riff à l’ancienne préludant au solo de trombone. Ce sont de grands Jazzmen, capables de passer du lyrique au roboratif, force rythmique et d’improvisation.

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Ils reviennent de Bruxelles par Paris et continuent avec le titre éponyme de leur dernier album « Mambo Atomico », au bons cuivres Mambo, le piano bien au fond des touches sur la basse funky et les percussions. Les musiciens funky sont des rythmiciens, rarement aussi de grands improvisateurs de Jazz comme ce saxophoniste. Mais le groupe lui en laisse aussi l’espace en maintenant la ferveur du soutien funky de la danse.

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Le trombone aussi est un bon improvisateur sur la cowbell du saxophone sur les breaks de la rythmique, percussions et batterie se complétant dans leurs effets et improvisant ensemble.

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Suit une « Samba » ( ) en ballade où le saxophone prend une flûte très lente, jouant seul une mélodie bouleversante avec le trombone flottant en fond sonore, puis plus rythmé par l’entrée de la rythmique en gardant cette mélodie. C’est aussi à la fois beau lyriquement et groovy rythmiquement que du Lalo Schifrin dans « Bossa Nova Groove » avec Léo Wright à la flûte, ce rythme samba léger et ce piano fou qui accélère le rythme irrésistiblement jusqu’à la fin, et le miracle de nous faire passer de la mélancolie à la joie délirante de la fin très rapide.

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Suit leur « Hi Fly Stomp » au piano bien Boogie-Woogie groovy et aux cuivres taxiphonant des riffs comme dans une poursuite d’un vieux film polar en noir et blanc sur un rythme latin de la clave, entremêlant en chase leurs improvisations Bop avec dextérité sur les cymbales de la batterie et ses breaks sur un tempo très rapide.

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C’est fou de déployer toute cette énergie en cette ère électronique par des moyens 100% Live et acoustiques, et de voir que ça peut encore faire danser les gens en mettant du nouveau vin groove dans les vieilles bouteilles du Jazz…

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Suit « Samboogaloo », mélange de Samba dans la rythmique et de Boogaloo (Rythm’N’Blues Latin du Barrio) dans les unissons des cuivres, et le fender rhodes fait rouler ses vagues noires et blanches sur la clave, l’ensemble et son jeu collectif restant d’une irrésistible efficacité pour la danse.

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Suit leur version très personnelle du « Crosstown Traffic » de Jimi Hendrix avec plus de cuivres et le public chantant à l’unisson, le trombone puis le saxo improvisant sur le thème entre deux riffs et quelques chases jusqu’aux cris. On ne dira jamais assez combien les compositions d’Hendrix gagnent à être reprises par autre chose que des seules guitares.

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En bis, « Gettin’ Down », un autre thème rappelant le « Cantaloupe Island » d’Herbie Hancock repris par US 3 en Hip Hop, dont leur reprise montre qu’elle n’avait pas besoin de ça.

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Sur le second Bis, plus latin, on croit entendre Chucho Valdès au fender rhodes entouré des premiers cuivres historiques d’Irakere, Arturo Sandoval et Paquito D’Rivera.

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Bref, je ne savais qu’il existait encore un groupe aussi agréable et puissant, Jazz, Funky et Latin, capable de partager une joie musicale que je pensais disparue de la scène actuelle!

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La soirée se termina avec un mix Funky de Tobias Kirmayer.

Jean Daniel BURKHARDT

samedi, avril 26 2008

Le groupe « FUNKY SKUNK » chauffe L’Artichaut à blanc

Voici tout d’abord l’épique viatique qui invitait à ce concert à l’Artichaut :

« L'histoire se passe à Amiens. Un maître du jazz-funk ayant fui les Etats Unis est assassiné par son rival. Splinter, qui a appris à jouer du Fender Rhodes en l'observant, se réfugie dans les égouts. Il y recueille 4 bébés musiciens tombés là par accident. Exposés à une substance radioactive étrangement funky, les musiciens mutent et se changent en putois. Splinter enseignera alors à chacun la maîtrise d'un instrument dans l'espoir affiché d'en faire une formation de Jazz-funk odorante. Il enseigne à Davidello l'art du Fender Rhodes, tranchant comme une lame de rasoir, à Kennyello la maîtrise de la Jazz Bass, claquante comme une matraque, à Raphaëlo les techniques des saxophone alto, soprano, de la clarinette basse, cinglants comme des étoiles de Ninja, et à Joslinello les secrets du break improbable, percutant comme la foudre... Ainsi naîtra le groupe Funky Skunk ! »

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On est en pleine Héroïc Fantasy Archéo-Généalo-Spatiale, je vous le concède, d’autant que ce texte était de la plume des intéressés, repris par la rédactrice du programme de cette petite salle de la Grand’Rue à Strasbourg, où l’on peut boire un verre de vin ou de bière et se restaurer dans une ambiance de taverne chaleureuse d’antan, et dotée d’un caveau bondé les grands soirs et chauffé jusqu’à l’étuve tant par les musiciens que par le public qui s’y presse à tous les sens du terme, aux Jam-Sessions Trad’ ou Jazz, Concerts Pièces de Théâtre ou Expositions. L’espace est exigu mais fait penser à d’autres mythiques comme « Le Caméléon », Rue St André Des Arts, où d’après Daniel Humair, le violoniste soliste Jean-Luc Ponty était pratiquement à quelques centimètres du public, presque sur les genoux des premiers rangs. Indices préalables : Amiens, en Picardie, héberge depuis les années 90s l’un des plus passionnants labels de Jazz récent, « Label Bleu», ayant enregistré au «Studio Gil Evans» et fait jouer à «La Maison De La Culture d’Amiens» Henri Texier, Daniel Humair ou Michel Portal pour les pionniers du Free français, puis le saxophoniste Julien Lourau|C)) de ses débuts à la tête de son « Groove Gang» à son sublime « The Rise » et son pianiste Yougoslave Bojan Zulfikarpasiç, entre d’innombrables autres (200 disques publiés à ce jour). Terreau prometteur donc, du Jazz et de ses dérivés les plus Funkys.

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Deuxième indice : «Funky » à tous les sens successifs du terme, de l’insulte blanche raciste de la fin de la XIXème siècle des blancs évoquant l’odeur fantasmée des Noirs, mélange de musique, de sueur, de sexe, de violence et de danses héritées de l’Afrique:« Funky ». Ce terme, colporté par les bluesmen itinérants jouant pour la danse dans les fermes, fut repris et assumé fièrement dans les années 50s par des musiciens du « Hard Bop » : Horace Silver, avec son "Opus De Funk" ou Art Blakey et l’écurie « Blue Note », créant un Jazz par des noirs, pour les noirs, remettant au goût du jour les rythmiques du Gospel et du Rythm’N’Blues, que les blancs leur avaient pris sous le nom de Rock’N’Roll, enfin le Funk tel que nous le connaissons depuis son Godfather James Brown dans les années 60s. Eddie Harris après des débuts « Hard Bop Funky » électrifia son saxophone en 1963, suivi dans les années 70s par des Jazzmen « funkys » électrisés avec Miles Davis aux coupes de cheveux afro dignes des Jackson Five (regardez-moi Herbie Hancock période « Headhunters » !) créant les grandes heures du Jazz-Rock, Funk ou tout simplement Fusion.

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Troisième indice : « Skunk » : putois en anglais (comme l’ami « Fleur » de Bambi), animal puant s’il en est, déjà utilisé par les Brecker Brothers dans une de leurs compositions « Some Skunk Funk », reprise peu avant la Mort de Michael Brecker : Du Funk puant de chez puant, comme un putois! "Funky Skunk" est aussi le titre d'une composition de Fred Wesley, musicien de Jazz qui fit sa carrière Funk chez James Brown.

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Fréquemment déçu par de telles annonces, j’y allais, m’attendant à de la gentille fusion Jazz Funk jouée à la sauce approximative actuelle, voire Hard ou Rock, probablement basé sur l’électricité guitaristique saturée de larsens bruitistes ou une basse à la Red Hot Chili Pepper, mais très loin des bonnes vibrations de mes héros de la Fusion des 70ies.

Mais dès mon arrivée Grand’Rue, les amplis extérieurs devaient me rassurer, crachant déjà une musique extraordinaire, plus perceptible par son énergie que par sa musicalité. J’arrive dans le caveau surchauffé à blanc par la foule et la musique.

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Un fender rhodes superposé entre deux autres claviers joue à la Herbie Hancock période Headhunters, propulsé par une batterie métronomique et une basse groovante. Ils diffusent des samples d’extraits de dialogues de films. Le saxophoniste Raphaël Dumont est assis.

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Suit «2,5 L Turbo Injection » introduit par la basse, avant une entrée en scène du saxophoniste, à l’alto, criant à la Eddie Harris dans le col de sa chemise à fleurs pelle-à-tarte fleurant bon les souvenirs imaginaires et fantasmés des 70ies. Le bassiste est ch'nor'américain, Kenny Ruby. Au saxophone soprano, le saxophoniste se fait plus Breckerien, chantant avec un son mouvant, suivi par le public qui tape dans ses mains en mesure en soutenant ses riffs ravageurs. Puis le saxophone se fait plus mélodique, nimbé des nappes du clavier, sur la basse avançant groovy et les ras de la batterie de Jocelyn Soler.

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A cette énergie succède la décontraction du claviériste et Monsieur Loyal comique, David Monet : « Qu’est-ce qu’on pourrait vous jouer ? » et un autre titre toujours très comique «Soif De Slip» (ils ont aussi joué "Arnac La Poste" (c'est quelque part en France, et ils ont joué ce titre à Beauvais avec le groupe d'Electro Funk'N'Roll Srasbourgeois Enneri Blaka, titre sur leur "My Space")), qui débute par des claviers très « Blaxploitation» et se poursuit par un solo de saxophone groovy mais mélodique de l’alto à la Macéo Parker période James Brown (au sein des JB's et « You can have Watergate, but gimme some bucks and I’ll be straight !», qui se poursuit dans des harmonies magnifiques que prolongent les résonances des claviers de plus en plus cristallins pour accompagner la belle voix soul du claviériste, épousée par le saxophone sur un tempo de lente ballade.

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Ce funk a décidément les qualités mélodiques du Jazz et l’énergie collective dans l’improvisation d’un vrai son de groupe. Chacun y a sa place : les claviers font rêver l’âme à des espaces inconnus, tandis que les autres font danser les pieds, la basse groove étant « les jambes » de la musique, la batterie fait claquer des talons, sur le sol rythmique et changeant de ses roulements, sous le soleil brûlant d’un éclat tellurique des cymbales.

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Dans le titre suivant, après un début très Blaxploitation David Monet montre sa voix dans les aigues entre Stevie Wonder et Jamiroquai (qui n’a fait que moderniser efficacement ses découvertes de «Songs In The Key Of Life») avec le saxophone en contrechant. Les sons que Monet tire du clavier supérieurs sont hallucinants, avec de ces échos qui avaient fini par séduire Miles puis Herbie dans ce qu’il prenait pour un «toy » (jouet), puis chante en changeant sa voix à l’aide du clavier par un « vocoder » (dont il avoue maîtriser sur les voyelles et la phrases style « Love You Mama », plus que les « t ») mais aux sons moins synthétiques que Joe Zawinul, pionnier de l’instrument chez Weather Report, dans ses derniers enregistrements comme « Café Andalucia ».

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Le titre suivant est introduit par des dialogues parodiques des films années 50s des Robins Des Bois : à la femme qui demande «Aime-moi tendre, Aime-moi bien », une voix à la Jean Gabin envoyant les crétins tourner sans s’arrêter en orbite dans « Le Pacha » (avec une apparition de Gainsbourg engoncé dans un improbable caban, inventant le rythme Breakbeat dans son "Requiem Pour un Con") répond «Ben moi si tu continues comme ça, j’ vais’ t’ botter l’ cul!». Et le titre s’appelle « Salut Chérie ! » Quelques douceurs 70ies font penser après les samples féminins à un thème à l’érotisme désuet, puis le clavier cause sur le cinglement des cymbales et solo du saxo, nous nimbant dans une voie lactée, rêveries dont nous tirent ses «Come On !» Fin du premier Set. Il fait chaud et soif dans le caveau. Le temps aussi pour moi de me faufiler à contre-courant vers les claviers, cachés à ma vue par un poteau, pour identifier celui produisant les sonorités les plus étranges: un MOOG, pionnier des synthétiseurs.

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Le pianiste Sun Râ fut le premier à utiliser le MOOG dans le Jazz, en sortant des sons spatiaux servant sa théorie selon laquelle le peuple Noir serait des extra-terrestres descendus du Mars pour apporter la sagesse d’une civilisation plus évoluée à l’humanité. Il en tenait pour preuve la construction des Pyramides d’Egypte par certains Pharaons qui auraient été…noirs, et leur emprunterait ses costumes de scène de la coiffe de Toutankhamon à ses capes serties d’éblouissantes étoiles. Il va sans dire que l’humanité les ait bien mal payés de retour…

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D’ailleurs c’est sur Mars que nous transporte « Funky Skunk » à leur retour sur scène, avec des extraits samplés de « Total Recall » (le film le moins ridicule dans lequel ait joué Arnold Schwartzenegger ?) : « Tu te casses sur Mars… Si je ne me trompes pas tu as une serviette humide autour de la tête.». Une autre composition fera la part belle au « Convecteur Temporel » avec des samples du Doc de « Retour Vers Le Futur».

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Le concert se terminera en « dancefloor », la batterie se faisant drum’n’bass et la basse disco.

Suivra en bis une ballade magnifique, "Vurangoo" à la clarinette basse, à la Portal à Minnéapolis.

Le disque de « Funky Skunk » (5 titres et une jolie pochette de L.A.A.M où le doberman chercheur de « Lycos » auréolé d’étoiles se trouve au premier plan d’un explorateur en jean et bottes contemplant le Taj Mahal sous les anneaux de Saturne, tandis qu’au verso, un extraterrestre rose style Casimir un peu sadiqueest largué dans un paysage Martien par une soucoupe volante Millénium Condor Star Wars assortie!) est sorti sur le label autoproduit de musiques électroniques «ikoz».

Jean Daniel BURKHARDT

samedi, mars 15 2008

Les Badass’ Funkstarz lancent leur label de vinyls « Badass 45» à L’Elastic

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Depuis plus de dix ans, les Badass ‘Funkstarz font groover les soirées de Strasbourg. Ce collectif sound-system de DJs, à l’origine composé de Sir Jarvis, également saxophoniste à l’occasion et DJ Shann, parfois au fender rhodes, rejoints depuis près d’un an par G-Phil, a une culture Funk /Soul/Afro Beat et Brazil et Boogaloo rare, qu’ils modernisent par des rythmes plus contemporains, empruntés au Break’N Beat anglais ou à la Drum’N’Bass, en les passant aussi parfois sous leur forme d’origine. Le nom de leurs mixtapes vous mettra dans l’ambiance : « Everybody Likes James Brown », « Hellboy Funk » et "Live In Donkey Land » (enregistré lors de vacances en Corse ou Sir Jarvis accompagna un défilé de mode).

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La vie étant trop courte pour eux pour ne pas la partager, ils ont fait venir nombre d’invités comme Quincy Jointz (DJ Hip Hop allemand), Don Mescal (DJ Funk de Lyon avec qui on purra les entendre avec DJ Gruyere ce samedi 15 mars au Soda Bar de Lyon, 7 rue de la Matinière), Jazzman Gerald (DJ anglais fondateur du label « deep funk » « Jazmin Records), DJ Gruyere (DJ «deep funk» espagnol de Barcelone fondateur du label «New Cheese Records ») Malachi Trout (membre du collectif Herbalizer et programmateur Jazz du Jazz Café de Londres), S.M.O.O.V.E (DJ anglais Break’N’Beat auteur de nombreux remixes explosifs sur « Wack Records » et sujet de nos premières « Réflexions sur les musiques électroniques »).

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Le 8 mars dernier, Sir Jarvis lançait leur label « Badass 45 », qui sortira des 45 tours vinyls encore en usage chez les DJ, que Malachi Trout, S.M.O.O.V.E et Gilles Peterson ont déjà intégrés dans leurs sets, à L’Elastic, « meilleur bar se Strasbourg » d’après lui. Il avait invité pour l’occasion DJ No Stress (alias Rock Cee), membre fondateur à Strasbourg de l’une des radios les plus groovies de Strasbourg, RBS (91.9 FM et sur le net sur « http//:rbs.bday.net/index.php»). D'abord radio pirate (dès 1979), RBS obtient sa première autorisation officielle d'émettre en 1982. Ce qui fait de cette station l'une des plus ancienne radio de la région, et même de France. La petite histoire raconte que le nom Radio Bienvenue Strasbourg vient de la Saint Bienvenue, le 30 octobre, jour officiel de la création de l'association. Le nom correspondant parfaitement à la philosophie première de la station qui offre une tribune aux résidents étrangers de Strasbourg.

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Avant l’ouverture du caveau, je crois reconnaître le style Jazz Rock et Brazil du groupe « Return To Forever », mis par No Stress, (Chick Coréa, claviers ; Airto Moreira, percussions diverses ; Flora Purim, chant, l’une des meilleures chanteuses Brésiliennes après Elis Regina), ce que me confirme Sir Jarvis à mon arrivée. Après un titre de Funk et un autre Hip Hop, je reconnais le « What’s Going On », enregistré par Marvin Gaye en 1970 sur l’album Motown du même nom, et qui devait faire du chanteur Soul en 1971 le sage déjà concerné par l’écologie, la guerre du Viêt-Nam et la lutte contre drogue, mais remixé originalement en reggae, tout en gardant la Soul originelle et le tempo d’origine.

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No Stress alterne avec des titres instrumentaux Jazz Soul Funky à la manière de ceux utilisés par Antonioni dans «Blow Up» (Palme D’Or 1967 à Cannes), caractéristiques de la créativité du « Swinging London » des années 60s, où l’on voit également les Yardbirds et un jeune Jimmy Page (y succédant à Eric Clapton et Jeff Beck, qu l’on y voit aussi, avant de former le premier groupe de Hard Rock Led Zeppelin avec Robert Plant au chant et John Bonham à la batterie) casser sa guitare contre l’ampli et la jeter en pâture aux fans.

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Suit un thème bien Blaxplopitation avec des saxos en fond et une voix de Screamin’ Jay Hawkins (le pianiste noir de Rock’N’Roll fou furieux capé avec un os papou dans le nez et au regard de vaudou lançant des flammes avec sa canne dans sa version de «I Put A Spell On You »). Ensuite on se calme avec une perle « Northern Soul » de ce style qui fit des vinyls Funk/Soul une des influences de la techno anglaise par la culture des DJ, d’après Laurent Garnier dans son autobiographie «Electrochoc ».

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Le premier des 45 tours de «Badass 45» (écoutables sous ce nom sur « My Space » ou avec ce même article en sampler sur "Drum'n'Bass.Net" dans la section "Tribune Libre", «Stronger Than Melody », reprend « En Mélody», l’avant-dernière chanson de «Mélody Nelson», concept-album de Gainsbourg, enregistré avec Alan Parker (guitare ), Brian Odgers (basse), Douglas Wright (batterie), Alan Hawkshaw (claviers), Jean-Claude Vannier (orchestration) enregistré aux studios Marble Arch de Londres du 21au 23 Avril 1971. Sur une histoire inspirée du « Lolita » de Nabokov, le narrateur (Gainsbourg abandonne le chant pour ce qu’il appellerait « talk over »), au volant de sa Rolls (un clip de Jean-Christophe Averty existe, tourné au petit matin, où il est au volant de la «déesse d’argent» et passe du trottoir de gauche à celui de droite, n’ayant jamais passé le permis !) renverse une nymphette à vélo « aux cheveux rouges, et c’est leur couleur naturelle) interprétée par Jane Birkin (qui a joué dans « Blow Up» avant de le rencontrer sur le film « Slogan » où elle jouait sa « petite briseuse de ménage ») sur la pochette, dont on entend les rires de chèvre hystériques dans « En Mélody ». Dans un document télévision, elle lui demandait pourquoi il la faisait mourir à la fin, et il répondait : « Pourque notre amour soit éternel ». Je reste persuadé que c’est la seule vraie période de bonheur de sa vie. Dans «En Mélody», elle veut revoir « le ciel de Sonderland. Elle prit le 707, l’avion cargo de nuit. Mais le pilote automatique aux commandes de l’appareil fit une erreur fatale à Mélody». Le narrateur scrute le ciel comme les papous guinéens qui tirent sur les avions à coups de sarbacane. La basse et la batterie, notamment sur En Melody, sont résolument funk. Ce titre « En Mélody » peut être considéré comme le premier morceau de Rock Français, car ne devant rien dans son jeu au rock anglo-saxon. Téléphone, plus tardif, ne sont que des « Rolling Stones » à la française. Et le groupe Noir Désir joue encore comme cela. Dans la version des Badass’Funkstarz, le titre est mixé avec l’excellente chanteuse de Soul anglaise Amy Whitehouse sans occulter les cris de chèvre originaux de Birkin. Cela fait mervei_lle, et on croirait que le titre a été composé ainsi…

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Un autre de ces 45 t, « You Better Shake » tire son titre de soirées des Badass’Funkstarz et de leur page « My Space » les annonçant organisées au « Café Des anges » de puis novembre dernier tous les jeudis pairs. Le flyer précisait les sens et implications chorégraphiques, psychologiques et vitales du mot « Shake » : « secouer – agiter- faire des mouvements vifs - sortir de son inaction en se libérant de son angoisse, torpeur, paresse - tenter de se débarrasser d’un joug, de la routine, des préjugés – mener quelqu’un pour l’inciter à agir – réagir contre le découragement, l’inertie ». Sur une base touffue de percussions brésiliennes et de congas et de beats et une basse electro- new-wave, dans le raffût enthousiaste d’une foule en délire des voix masculines et féminines issues de la techno, donnent les temps de la danse, invitent à entrer dans le groove, James Brown leur répond en hurlant, une guitare Rock inattendue ranime la sauce, puis les voix s’électrisent en monstres inhumains, rythmes vocaux. Ce titre est une bone description de leurs soirées, et un amuse-gueule efficace au suivant.

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« Heat wave Drummers» ou « Martha’s Drummers » mélanges des rythmes afro-cubains, les cuivres du boogaloo (mélange de Rythm’N’Blues et de rythmes latins) de la « Latin Soul » du label Fania aux trompettes assourdissantes qui devait donner lieu à la « Salsa », la voix d’une chanteuse de funk/Soul noire et ses choristes et les imprécations extatiques d’un percussionniste sorcier (Mongo Santamaria ?) tenant lieu d’MC au naturel, auxquels viennent s’ajouter quelques mesures vocales d’ «Agogo », tube percussifs brésilien des dancefloors relayé par RBS dans les années 90/2000s. Et là encore le mélange prend, même s’il surprend. Ce qu’aime faire Sir Jarvis, c’est mélanger des petits bouts de tubes kitsch que chacun de nous aurait honte d’écouter tels quels et les rendre méconnaissable en les mélangeant à d’autres éléments hétéroclites. Quand il dévoile les influences, on est souvent surpris d’avoir aimé ça. La méthode consiste, à ce que j’ai cru comprendre, à isoler les éléments constituant d’un titre (rythmes, basse, voix, cuivres) et les remplacer par d’autres.

« Freaky Grapevine » reprend sur un rythme irrésistible de percussions une version féminine d’enfer de « I Heard It Through The Grapevine », premier succès de Marvin Gaye, les cuivres de « Work Song» de Nina Simone reprise par Claude Nougaro dans son « Sing Sing » sur un fond sonore de vocaux boogaloo tapant des mains aux trombones assourdissants.

« Makin’Jill Nervous » allie des saxophones intenses et originaux d’une liberté empêchant de les classer dans un style ethnique, Jazz ou Funk ou peutêtre tout ça à la fois car tenant autant des barissements des éléphants d’Afrique que du vibrato klezmer ou tzigane appliqué au Rythm ’N’ Blues, ou des musiques kitschs d’André Popp dans la lignée des films de Russ Meyer , accompagnant en fanfare une chanteuse Soul revendiquant la liberté de son âme sur une basse northern, avant un solo de batterie broken. Et tout ce beau monde se bringuebale ensemble comme s’il était né sur le même continent.

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On retrouve la Fania avec « Fania’s Brothers Workout » dont on entend les cuivres de films sur une rythmique plutôt cool voire kitsch, des murmures soul accompagnent un solo de saxophone, puis entre en scène une chanteuse Soul qui semble avoir tout vécu à entendre l’émotion de sa voix même plus éraillée, James Brown vient y danser et crier avec elle.

« Stubborn Son Of Marvin » est un autre remix de Marvin Gaye Soul sur une rythmique breakbeat soutenue de percussions avec une guitare aux soubresauts funk/soul ouatés.

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Le 21 mars, Sir Jarvis sera au festival « Bol De Funk » à Marseille au Cabaret Aléatoire Pour les Strasbourgois, « Badass 45 » sera le 29 mars à La Salamandre, le 3 avril à L’Elastic, le 26 avril à L’Elastic avec Tobias Kirmayer, puis le Sound System prendra ses quartiers d’été en plein air : le 23 mai à Haguenau en plein air et le 16 juin aux Pelouses Electroniques du Jardin Des Deux Rives.

Jean Daniel BURKHARDT

mardi, janvier 8 2008

LES BONNES VIBES DE ROY AYERS EN CONCERT A LA SALAMANDRE

Roy Ayers est né à Los Angeles le 10 septembre 1940. A cinq ans, il assiste à un concert du vibraphoniste Lionel Hampton qui lui offre une paire de mailloches. Mais ce ne sera qu’à 17 ans qu’il commencera vraiment à l’instrument. Egalement influencé par le vibraphoniste bop Milt Jackson ou Cal Tjader, il est voisin et contemporain du vibraphoniste Bobby Hutcherson.

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Dès 1958, il joue avec Phineas Newborn JR , Teddy Edwards ou Leroy Vinnegar, puis, en 1963, il forme un quartette avec Hampton Hawes, est engagé par Gérald et Jack Wilson, puis en 1966 par Reggie Workman ( bassiste de John Coltrane) le persuade de se joindre à une Jam-sesion au Lighthouse d’Hermosa Bech, où il rencontre le flûtiste Herbie Mann, avec qui il restera quatre ans, avec des disques très jazz-rock, -soul ou –funk, et des incursions latines du côté du Brésil, dont le chef d’œuvre reste « Memphis Underground ». En 1970, Roy Ayers quitte Herbie Mann pour monter son propre groupe à New York, « Ubiquity », un mot qui lui va très bien, puisque sa musique mêle déjà Jazz, Rythm’N’Blues puis Funk, Gospel, Rock ou Pop, avec l’obsession de tout faire même chanter avec une voix soul personnelle et émouvante, et d’être de tous les styles en même temps, ce qui est le sens de l’Ubiquité musicale.

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Il touchera également au style « Blaxploitation » (BO de films pour noirs mettant en scène des noirs dans les années 60s/70s) avec sa bande originale pour le film « Coffy », dont est extrait son titre « Coffy Is The Colour », qui ne démérite pas par rapport à celle composée par Isaac Hayes pour « Shaft ».

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Mais son plus grand succès sera « Everybody Loves The Sunshine ». Il fera également évoluer son instrument, le vibraphone, par l’adjonction d’effets électriques, comme Miles Davis le fait à la même époque avec sa trompette, ou Herbie Hancock en inaugurant les claviers « fender rhodes ».

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Dans les années 80s, il fera une tournée en Afrique avec le père de l’ « afro-beat » (mélange africain d’improvisations Jazz Coltraniennes, dans un contexte fun, sur des rythmes de percussions africaines) Fèla Kuti pour l’album « 2000 Blacks ».

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Il continue de se produire et d’enregistrer des disques, invitant récemment pour son album « Mahogany Vibes » les stars du R’N’B/ Hip-Hop actuel, comme Erikah Baduh.

Le 19 décembre dernier, il était à La Salamandre de Strasbourg avec son groupe composé du vocaliste soul John Pressley, du claviériste et saxophoniste Ray Gaskins, co^père depuis plus de dix ans qui est aussi par l'Angleterre pour quelques tracks à la période de l'"acid jazz", du bassiste électrique Donald Nicks, du batteur Lee Pearson, et du jeune guitariste blanc les ayant rejoints d’Angleterre, Michael Anthony Smith, devant un parterre de fans, pour sa seule date en France avec Paris.

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Le concert commença par « Searching », qu’il a repris en 2004 dans son album « Mahoganny Vibes » en duo avec Erika Baduh, avec un solo de saxophone du Rythm’N’Blues au Funk, puis il enchaîna directement comme James Brown dans « In The Jungle Groove » sur un thème plus rapide et rythmé, «Can’t You See Me ?», titre sur lequel il s’était essayé au scat, et sur « Gimme Do », un titre plus comique avec choristes dans sa version originale, ici avec un solo de guitare. L’ensemble est moins arrangé qu’en studio dans les années 70s, mais plus puissant rythmiquement et plus entraînant et dansant pour le public, ce qui est une formule efficace pour actualiser ses anciens titres, sous un orage de percussions stromboscopiques lancées par le vibraphone comme le faisant son maître Lionel Hampton avec sa section de cuivres à la période swing. L’énergie est ensuite tempérée par un morceau instrumental plus cool extrait de « Mahoganny Vibes », qui devient au final de plus en plus rythmé, où la guitare cite le standard « Summertime », tandis que le vocaliste frappe manuellement une cowbell, sous les pétarades cinglantes de la batterie en transe. Même dans les ballades, la section rythmique reste riche, vivante, et ses rythmes syncopés sont atténués par la douceur des vocaux soul à la Marvin Gaye, ses deux éléments étant dans une continuelle tension qui retient l’attention, et que Roy Ayers et son vocaliste font monter en se répondant «Yeah!» rappelant les vocaux à double-détente de James Brown et Bobby Keys sur « Soul Power », bientôt repris par le public. Le saxophone déboule en torrent à l’unisson, part en free sur une batterie de plus en plus obstinée.

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Roy Ayers enchaîne avec une chanson d’amour, qui s’applique aussi à son public, il nous aime comme dans les années Peace, Love & Soul, comme le saxophoniste Macéo Parker vu dans cette même salle dans les années 90s, à laquelle les lueurs mauves de la boule à facettes donnent des allures de Fillmore East Auditorium, quand le fender rhodes évoque Herbie Hancock dans « Bitches Brew » de Miles Davis. Roy Ayers s’adapte à l’endroit, changeant son « We Live In Brooklyn , Baby », en « We Live in Strasbourg, Baby », plus Blaxploitation, les synthés remplaçant les nappes de violon de l’original sur un solo de saxophone « smooth », avant un matraquage progressif de la batterie qui fait monter progressivement l’intensité musicale, le vibraphone de Roy Ayers sait à la fois dessinant des paysages stellaires pour l’oreille avant de ramener nos pieds bien ancrés sur le sol par une transe terrestre.

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Mais la plus grande surprise fut quand Roy Ayers reprit le thème Bop de Dizzy Gillespie « Night In Tunisia », annoncé comme un thème des années 40s, mais en lui appliquant le traitement le plus moderne du concert, commençant en samba avec la basse de « Break On Through » des Doors sur un tempo hallucinant de vibraphone électrifié, très différent de celui très discret de Milt Jackson sur la version de Dizzy. La section rythmique se fit quasiment Drum’N Bass pour soutenir le solo de saxophone free, qui partit dans un medley instrumental de chants de Noël de « Jingle Bells » à « My Favourite Things » (dont les versions très libres de John Coltrane ont fait oublier les paroles mais que Luther Vandross reprit dans un album de Noël). Le solo de basse, après des slaps funkys à la Jaco Pastorius, me rappelant ceux du bassiste du groupe funk de Billy Rush accompagnant Serrge Gainsbourg au Casino De Paris dans la tournée de l’album « Love On The Beat », rebondit sur la ligne de basse célèbre de « Night In Tunisia » sur un tempo guilleret, suivi d’un solo de percussions de l’Afrique à la force du poignet sur la scène désertée. A son retour sur scène, Roy Ayers qualifia sa joie de « just like having sex », avant d’enchaîner sur l’une ses plus fortes compositions « Don’t Stop The Feeling », mais que pris dans ce concert passionnant on avait oublié d’attendre, au début électro-disco plus rapide que l’original, puis plus Hip-Hop dans ses vocaux. Des hordes de mobiles toutes générations confondues photographient pour l’immortaliser le groove en action. A la dernière recommandation « Just Stay Together », répondit le titre « Love Will Bring Us Together » sur une base de synthés électro, prenant une dimension collective appliqué au public, alors que je le croyais juste sentimental lorsque je dansais sur son tempo disco et sa voix au caveau du «Café Des Anges» où le DJ « El Gilson » le programmait tous les soirs, ignorant alors tout de Roy Ayers. De la même manière, on n’attendait plus son tube planétaire « Everybody Loves The Sunshine », introduit d’un « YOUR Love Is OUR Sunshine », où Roy Ayers lève les bras, avant de partir dans un scat multi-ethnique, repris en chœur par le public, comme une nouvelle langue collective improvisée dont ils seraient à la fois les enfants du Soleil et de l’Amour.

Bref, à 67 ans, Roy Ayers a prouvé qu’il pouvait encore faire vibrer et surprendre, qu’il portait en lui toutes les périodes du Jazz Swing ou Be-Bop, et jusqu’à la Soul, au Funk et au Hip-Hop, voire à l’Electro, que toute cette « Great Black Music » était bel et bien vivante et actuelle, ce qui est rassurant.

Jean-Daniel BURKHARDT

mardi, octobre 16 2007

Hocus Pocus: Accoustic Hip Hop Quintet , Steppah Huntah et Jimi Ténor Live à L'Ososphère

La meilleure surprise de ce Vendredi 28 septembre, premier soir du festival de l'Ososphère à La Laiterie de Strasbourg, plus voué aux musiques électroniques, mais dont la programmation cache quelques groupes live originaux, fut le groupe Hip Hop Nantais "Hocus Pocus", servi par un VRAI groupe de scène, ce qui est aussi rare en France qu' Outre-Atlantique (exception remarquable des années 90s, un peu oubliée, les "Smokin' Suckaz With Logic" dont on a plus entendu parler depuis, servis par une section rythmique basse batterie live), "Accoustic Hip Hop Quintet" comme l'annonçait l'un de leur premier EP, rompu aux subtilités du Jazz, de la Soul et du Funk (piano-fender rhodes/guitare/basse/batterie) en plus du MC 20 Syl aux textes positifs et au flow chantant et musical et de DJ Greem aux platines brillant par sa musicalité dans les scratches et l'originalité de ses samples éclectiques.



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Ils ont déjà sorti en en 2001 leur album "73 touches" et viennent de sortir le 8 octobre "Place 54". Sur "73 touches", le titre éponyme est un magnifique hommage aux grands du Jazz comme Billie Holiday ou Miles Davis et leur lutte dans une Amérique encore ségrégationniste. Le très original "Pascal" racontait la vie d'un billet de banque (idée déjà exploitée par Bernard Lavilliers à ses débuts) volé, joué, perdu, niché dans un soutien-gorge avantageux, copié, pour finir par "C'type mal rasé m'a crâmé sur un plateau téle et j'suis mort en héros", référence discrète et subtile à une provocation de Serge Gainsbourg.

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Sur la chanson "J'attends", on aurait cru, à l'écoute du disque que la magnifique voix soul reprenant en contrechant "I'm Waiting" était un sample d'un grand chanteur soul, tant elle était belle et émouvante. Surprise sur scène, elle s'avère être celle du guitariste, qui s'avère très polyvalent, quoique discret: on le devine capable de jouer Blues, Jazz, Soul ou encore Funk. 20 Syl dépasse lui aussi les attentes d'un MC en se révélant un authentique chanteur, très musical dans son flow (partageant cette capacité d'improvisation vocale avec Nyah, chanteur d'Erik Truffaz, et Kokayi Outre-Atlantique, membre d'Opus Akoben et des "Metrics" du saxophoniste Steve Coleman), capable également d'effets bucaux plus bruitistes par sa maîtrise de la technique du Beat Box, et tirant d'un mini-clavier des sons très originaux.

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Les chansons du prochain album "Place 54" (sorti depuis le 8 octobre) s'avèrent tout aussi prometteuses. Dans l'une d'elles, 20 syl parle du Rap US Américain, déplorant la vulgarité de son vocabulaire ("trop de mots comme "shit", trop de mots comme "fuck", trop de mots comme "bitch""), puis avouant: "Mais y'a aussi des mots en anglais que j'aime: des mots comme "Love", des mots comme "Peace", des mots comme "Jazz", des mots comme "Soul", des comme "Funk", des mots comme "Hip Hop". Hocus Pocus semble avoir remis dans le rap la tolérance et les idées positives et généreuses du "Peace & Love" hippy des années 70s, mais ce fantasme nostalgique très personnel n'engage que moi. Toujours est-il que le Hip Hop d'ici et d'ailleurs devrait prendre exemple sur cette belle générosité positive pour sortir de l'ornière de la provocation gratuite et des stériles appels à la haine! Autre déclaration d'amour aux musiques noires, ce jeu de mots: "J'aime la Soul, j'la saoû-aoûle/ plus de 3 g d'amour dans l'sang", avec des samples vocaux noirs et soul montrant que cette référence n'est pas qu'une pose et qu'ils connaissent vraiment ce répertoire, ce qui fait chaud au coeur. Enfin, la chanson la plus émouvante à mon sens, tant pour son message que pour le sample lancinant de la voix de Césaria Evora, Diva aux pieds nus Capverdienne chantant son "Petit Pays, Je t'aime beaucoup", répondant à un texte engagé, critique sur la France que 20 syl dit vouloir aimer beaucoup, mais sans pouvoir oublier "ses 60 millions de gosses", son racisme ordinaire, ses 25 000 expulsions de sans-papiers prévues, et concluant l'important n'est peut-être pas seulement que cette jeunesse l'aime, mais quelquefois la France leur dise aussi qu'elle les aime... Pourquoi cet engagement lucide m'émeut-t-il tant par sa part de naïveté et de rêve? Un solo de fender rhodes bien chaloupé nous fait rêver aux douceurs capverdiennes, suivi d'un solo de guitare bluesy. Pourquoi surtout cela semble-t-il tellement plus limpide quand cela coule de source dans la voix de Césaria Evora, qui pourtant parle d'un "petit pays" si pauvre, mais où peut-être on sait encore se contenter de peu, de la joie simple d'un poisson pêché dans la mer, et cela semble-t-il si compliqué chez nous? Question de climat je suppose, à tous les sens du terme, bonne idée de base pour un texte de rap, mais ça a déjà été fait, je suppose. D'un amour à sens unique à d'autres inavoués, la transition vers "J'aimerais" "conjuguer ce verbe au présent" est naturelle, avec un bel accompagnement de fender rhodes et des cuivres samplés et des voix soul en contrechant, qui devient sur la fin brusquement plus énergique quand la guitare part en rock up- tempo, 20 syl invitant le public à sauter en l'air dans une folie collective de mains levées et de cris d'enthousiasme. Les musiciens sont présentés eux aussi comme des danseurs instrumentaux: Matthieu aux claviers en "Travolta des touches blanches et noires" suivi d'un solo Jazz-Rock, Hervé à la basse (encouragé d'un "Hit Me!" plus proche de son initiateur James Brown que de l'imitation palotte qu'en a fait avec le groupe No Jazz Thierry Ardisson dans "Salut Les Terriens") en James Brown, Antoine à la batterie s'illustre par un roulement, David, guitare ("Hit Me") et voix, suivi d'un solo où le jeu des cordes blues se mêle à sa voix soul dans un accord joué/chanté évoquant Jimi Hendrix, DJ Greem aux platines démontrant une fois de plus la rare musicalité de ses scratches (procédé inventé, pour la petite histoire, par le jeune Théodore Wizard écoutant un disque dans sa chambre d'adolescent quand sa mère y entra pour lui parler, et arrêtant le disque avec ses doigts le temps de l'écouter, puis le faisant redémarrer en arrière avec un effet qu'il trouva intéressant, d'après Ariel Kyrou dans "Techno Rebelle") et dont les samples vocaux semblent, vivants, avoir un souffle, une respiration, prendre ou reprendre vie sous ses doigts. Bref un vrai groupe de Hip Hop live capable nous faire danser, rêver et penser, de nous rappeler les musiques qui se sont battues pourque sa parole libre existe: Blues, Jazz, Soul, Funk et Groove et toutes les musiques de l'Afrique déplacée avec les esclaves au large sur des îles comme Le Cap Vert, capable de réinjecter leur énergie communicative et leur émotion dépassant la seule nostalgie dans le Hip Hop actuel, porté par des textes parfois engagés mais toujours positifs, souvent poétiques, bref des références et un bon esprit qu'on espère bientôt partagés par d'autres groupes ici et Outre-Atlantique. en attendant merci à eux d'ouvrir cette nouvelle voie rare et pleine d'espoir qui vaut déjà pour elle-même.

Le festival de l'Ososphère se proposait également de faire découvrir les nouvelles créations visuelles en vidéo et arts visuels de jeunes artistes contemporains ou des oeuvres crées pour l'occasion. Celle qui attira surtout mon attention était une chaise suspendue, sous laquelle se trouvait un échaffaudage aux fins barreaux protègeant des néons colorés. Jusque là rien de spécial. Mais si attiré par les néons comme un insecte ou un papillon de nuit par la lumière on s'en approchait, on entendait le chant d'oiseaux amazoniaques répondant à la présence humaine, diffusée par des hauts-parleurs tapis dans l'ombre que l'on n'eut pas soupçonnés tout d'abord. Moralité: mettez un néon en cage, il chantera comme un oiseau! Avec plus d'exercice, vous aviez l'impression que la musique réagissait à votre présence, comme les ondes d'un theremin à la main qui s'en approche, et en touchant les cordes délicatement ou en y passant une main courante, vous aviez parfois l'impression de composer une sorte de symphonie urbaine et trop sauvage pour se laisser enfermer dans quelque principe que ce soit, d'où l'insondable et pénétrant mystère de la chose, qui m'a fait y revenir plusieurs fois, à chacun de mes passages...

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Plus tard dans la soirée, le groupe de Hip Hop local "Steppah Huntah" se présentait lui aussi dans sa formation Live pour un set hélas trop court entre une heure trente et deux heures trente du matin. Il est né de la rencontre de la pianiste de Jazz russe Oless T (claviers divers et à la voix) et de Steven J, à la fois contrebassiste dans des groupes de Jazz Manouche de la région (l'ensemble d' Engé Hemstetter, notamment) et DJ Funk, Soul et Afro et Break Beat, ici à la basse électrique, complétés de Fabrice Lauer, clarinettiste habitué des comédies musicales manouches du Festival International Tzigane, au saxophone ténor, et de Jazzamar, flûtiste de Jazz du duo New Tropic, bien plus à son avantage dans cette configuration live que cherchant à se faire entendre face aux DJs électros de la Salamandre, enfin, deux MC, une chanteuse noire avec beaucoup de soul et de feeling, épaulée d'un rappeur. Les arrangements, les chansons, les solos, tout était énergique et mélodique, et il faut une grande mise en place aux solistes pour se faire entendre face à un groupe aussi électrique, ce dont ils n'ont pas manqué. Bref, un bon son de groupe collectif mais permettant également aux individualités musicales de se faire entendre.

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Le lendemain Samedi 29 septembre, le concert le plus intéressant était celui de Jimi Tenor & Kabu Kabu Jimi Tenor est un chanteur, saxophoniste et claviériste finlandais, qui physiquement ferait plutôt penser, avec ses lunettes rectangulaires et ses cheveux blonds, à Peter Sellers dans Austin Powers. Mais il arrive sur scène drapé dans une cape stellaire afro digne des théories cosmique de Sun Ra et joue de son fender rhodes de manière toute aussi spatiale que lui. Passionné d'Afro Beat, il joue du saxophone comme le pionnier du genre, Féla Kuti, dont il a d'ailleurs récupéré un des percussionnistes, Nicholas Nettey, pour son dernier disque "Joy Stone" sorti en 2007, et ici pour ce concert, au sein de son trio Kabu Kabu. Sur le disque, le titre "Hot Baby" alterne la chaleur africaine et percussive de l'Afro Beat avec des breaks funky-disco plus lents aux soupirs féminins jouissifs. Faute de choristes féminines sur scène, Jimi Tenor scratcha avec les pales du petit ventilateur de son fender rhodes, modulant de la sorte en s'en servant comme d'une sourdine animée ses vocalises dans les aïgues, les cuivres partant ensuite dans un free groove énergique., puis la guitare se fendant d'un solo digne d'un fim série B des années 60s Swinging London. Vous l'aurez compris, quoique né à Helsinki, Jimi Tenor mérite son titre de nègre blanc de l'Afro Beat Finlandais.

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Paradoxe, il le mériterait même plus qu'"Architecture In Helsinki", groupe pop venu d'Australie sans leurs invités donnant parfois à leurs disques un aspect festif de fanfare électro pop, où pourtant il fait bien plus chaud, me semble-t-il. Des hasards des noms de groupe, de leur origine fantasmée par leurs influences... Plus au Nord encore, les trois chanteuses de Gus Gus dont la principale, plus brune et plus douée avait orné son bras d'une sorte d'aile de libellule et de maquillages de grande prêtresse nocturne du fond des âges, étaient accompagnées de deux DJs dont l'un, barbu et chapeauté de noir, venait parfois tenter de semer la panique en chantant d'une voix d'outre-tombe sur le devant de la scène, en vain.

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On pouvait continuer dans les mélodies Afro Beat et Funk avec la sélection du DJ Nu:Form, dernier rempart de la musicalité contre la techno-BOUM BOUM hardcore ou house qui ne m'inspirait que la fuite avant même de franchir le seuil des salles qui la proposaient...

Jean Daniel BURKHARDT

dimanche, juillet 1 2007

CONTRETEMPS: SUMMER SESSION TRIBUTE à La Salamandre

Avant le concert d'Outlines et le set de Paul Murphy, DJ Link, du duo Nu Tropic qu'il dirige avec le flûtiste Jazzamar bien connu des amateurs de soirées Funk Soul de La Salamandre par ses tentatives pour s'imposer auprès des DJs avec une flûte traversière, méritoires mais souvent noyées dans leur amplification sonore. Ce duo vient de lancer le label Jazzmin Records et d'y publier un album de remixes Brazil, dont "Sambador" avec la chanteuse Anna Torres, remixé par Franck Roger.

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Et il est indubitable dès les premiers rythmes que nous sommes ici avec DJ Link à la source de ces musiques Cubaines et Brésiliennes. Je crois y reconnaïtre la voix haut perchée à la fois presqu'enfantine et vieille comme le monde de Lazaro Ros, chanteur de Guaguanco traditionnel (musique de transe Afro-Cubaine issue de la Santeria (synchrétisme religieux alliant la religion catholique imposée aux dieux africains des esclaves noirs yorubas) à base de percussions et de chants dont la langue transmise oralement a évolué différemment des dialectes africains qui en sont à l'origine, jusqu'à en devenir incompréhensible à eux-mêmes et qui donna naissance à la rumba), mais qui fut aussi ouvert aux autres musiques jusqu'à la pop music qui joua avec le groupe fusion cubain Mezcla un "Akété Oba Oba" repris dans la compilation "Planet Soup". Dèjà le joueur de Congas Bernard Maury accompagne DJ Link en sourdine avec une joie non dissimulée pendant la balance. Coutumier du fait, on l'a vu jouer en live à des soirées Salsa et il a monté il y a quelques années son propre projet solo autour des percussions afrocubaines. Bonne introduction à cette soirée où les musiques électroniques devraient se mêler aux rythmes solaires de la Salsa avec Paul Murphy et de la Musique Brésilienne avec Link. Après un instru Jazz Rock Afrocubain m'évoquant Irakere, le piano obsédant de la Salsa passe en boucle, alors qu'il faut le traquer dans un morceau de salsa derrière les cuivres ou l'attendre jusqu'au solo à la fois rythmiquement répétitif et partant parfois dans des cavalcades de citations de chansons cubaines ou de standards de jazz, mais mixé ici sur un rythme de batucada électronique brésilienne! Voilà le genre de rencontres impossibles que permet le DJ, devenant le plus court chemin entre le Brésil et Cuba, ces deux creusets rythmiques principaux des musiques latines aux traditions inconciliables car géographiquement éloignées par l'Amérique Centrale, les îles Caraïbes de St Domingue et de la Jamaïque et de larges étendues d'eau, Cuba étant une île, mais géographiquement plus proche des Etats Unis et donc du Jazz par la radio que la musique Brésilienne qui fut plus longtemps indépendante dans sa tradition musicale. De quoi faire des pas de salsa d'un pied tout en claudiquant de l'autre comme si l'on dansait sur des braises jusqu'à la schyzophrénie chorégraphique.




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Arrive le concert d'Outlines. Ce combo désormais Parisien a été découvert grâce à leur remix de "Just A Lil Lovin'" finalisé par son chanteur Irfane membre du collectif strasbourgeois "Rising Suns" en y ajoutant une ligne de basse accrocheuse, qui atterrit au QG du label Jazzanova, où le DJ acid jazz Gilles Peterson le découvre, le passe en soirée et le single provoque un buzz jusqu'à l'hystérie collective comme celui des Daft Punk qui n'a rien changé à leur anonymat volontaire derrière leurs casques de motards, cachant peut-être des extra-terrestres roses et mauves comme dans leurs clips à l'esthétique de dessins animées de science-fiction japonais. Ils viennent de sortir leur premier album début juin, incluant "Listen To The Drum". Le groupe est constitué d'un chanteur, Irfane, de deux choristes, d'un clavier surmonté de boutons électroniques, d'une batterie et d'une basse électrique. Lors du premier morceau, le clavier part dans les boutons électroniques provoquant à partir des notes jouées une nappe de son ambient, puis la guitare part en riff aux accords afro beat, flamenco, ou funk cool à la Chris Réa (On The Beach) suivant la voix d'Irfane, chanteur Soul émouvant et charismatique. Lors du second titre, le claviériste montre qu'il est aussi capable d'un vrai solo de clavier sur un groove à la Weather Report, observant le précepte de Joe Zawinul, clavier de ce groupe de Jazz Rock mythique: "Jouer accoustique sur des claviers électriques ou électroniques." Le chanteur annonce "Don't You Know", et là, le piano part en salsa, une vraie surprise, avant une explosion guitaristique digne des années 70s. Suit un titre entendu l'an dernier "Just A Matter Of Time", mais repris plus funk, et qui finit par une exhortation reprise de James Brown au "Soul Power" (sur l'album live "Love Power Peace"de James Brown, le chanteur Bobby Byrd assurait la seconde voix éraillée et puissante), qui culmine en énergie Rock suivie d'un sample de la section de cuivres de James Brown, les fameux J'Bs, et retour au thème de "Matter Of Time" pour le dernier couplet. En introduction au titre suivant, les deux choristes unissent leurs voix dans un effet proche de celles acidulées de Massive Attack, puis le tempo se fait ska/pop anglaise à la Pulp ou The Cure (Love Cats), le pianiste orne le tout d'un solo stride désuet et briguebalant à souhait, typiquement vieux style, montrant qu'il maîtrise la tradition du jazz de ses origines à son actualité, se révélant décidément plein de surprises, la batterie s'alourdit, la guitare répond par un solo trash. Le concert touche à sa fin, et Irfane l'identité de ses accolytes "...et au clavier, Vincent Bidal!". Et là je comprends tout.

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Derrière un début de bouc, je n'avais pas reconnu le pianiste déjà vu avec le groupe de salsa "Candela" dirigé par le saxophoniste colombien Hugo Hernandez, par ailleurs directeur du "Jazz Band de Haguenau", puis vu et entendu sur l'album "For Magnio" du guitariste manouche Yorgui Loeffler. Il faut dire qu'il a été à bonne école, ayant été formé par l'excellent pianiste Grégory Ott, dont on a pu apprécier les transes soul ou funk au fender rhodes avec "Panoramic Blue" et "Moglaz" ou salsa dans le groupe "Sonando", et le piano varié avec son propre trio avec le très pastoriusien bassiste électrique Franck Bedez.

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Pour finir, Paul Murphy est considéré comme un des instigateurs du revival jazz anglais dans les années 80s d'après le documentaire "Jazz In Britania". Quoique DJ, il a fait partie de la scène Jazz et Latine, mixant souvent après les concerts de Weather Report, Tito Puente & Célia Cruz, Art Blakey & The Jazz Messengers. Elu meilleur DJ 2006 lors des BBC1 Worldwide Awards de Gilles Peterson, il a sorti son single "Jazz Room", puis son album "The Trip" sur son label Afro Art en 2006 et se consacre à 50 ans à son nouveau projet, l'Afro Arthouse, en revisitant les thèmes funkys de ses films Arthouse préférés (2001 L'Odyssée de l'Espace, Goodbye Lenin, Ghost Dog ou Get Carter). Son set commence très fort avec un remix de la chanson cubaine "Baila Mi Gente" de Célia Cruz et la Sonora Matancera (groupe Guaguanco de de Matanzas) sur l'album éponyme mais mixé avec des percussions brésiliennes, puis fut émaillé, entre deux salsas, de thèmes Latin Jazz de Dizzy Gillespie, Cubop (bop aux rythmiques afrocubaines) de Kenny Dorham ("Afrodisia" extrait du disque Blue Note "Afrocuban Dorham" avec le percussionniste cubain Carlos Patato Valdès aux congas), et d'Horace Silver ("Song For My Father") ou Art Blakey, montrant bien que ce témoin de ces musiques mythiques aux protagonistes aujourd'hui disparus les a gardées en lui et continue d'en maintenir la mémoire vivante. C'était la plus belle façon de réconcilier Jazz, tempos latins et électroniquue en cette fin de soirée.




Jean Daniel BURKHARDT

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