Samedi 11 septembre s’inaugurait le nouvel Espace Culturel Django Reinhardt voué aux concerts et à l’apprentissage des musiques traditionnelles par des concerts gratuits.

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Après les locaux Grand Ensemble de La Méditerranée et Mandino Reinhardt, on pouvait entendre en soirée le clarinettiste Turc né en Thrace Selim Sesler, appelé par un journaliste du Guardian « le Coltrane de la clarinette Turc » et qui a déjà participé au film « Crossing The Bridge » de Fatih Hakin sur la nouvelle scène Turque et invitait ici Fabien Guyot (percussionniste du Grand Ensemble de La Méditerranée) à ce joindre à son groupe (violon, qanun, darbouka).

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Quel est le rapport de ce clarinettiste Turc avec le saxophoniste de Jazz John Coltrane ? Aucun culturellement, mais on pourrait en trouver dans la voracité du jeu, les longues phrases sans reprendre son souffle, la transe sur tempo rapide provoquée sur le public.

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Le Jazz est une culture afro-américaine dont Coltrane était le représentant le plus mystique de l’accomplissement libertaire du Free Jazz, la musique Turque une autre tradition, où Selim Sesler, né en Thrace, s’est fait le spécialiste autant des musiques classiques turques « Fasil » (qui ne le sont pas tant que cela) que du rébètiko grec d’Izmir et des danses montagnardes Anatoliennes et même des musiques tsiganes des Balkans ou les csardas Roumaines, bref de toutes celles de l’empire Ottoman au sens le plus large au faîte de sa gloire, avec pourrait-on dire la même liberté de jeu, la même ferveur, le même souffle épique, faisant de Sesler LE clarinettiste Turc emblématique comme Coltrane est LE saxophoniste de Free mystique pour ses adeptes, ou peut-être simplement ceux dont la ferveur et la passion de jouer ont pu porter le Jazz ou la Musique Turque à une effervescence émotionnelle, universelle y attirer un nouveau public, car tous deux capables de virtuosité sur les tempos rapides et d’émotion à fendre l’âme sur les tempos plus lents.

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D’ailleurs la partie Turque du public danse à son répertoire en rond en se tenant le petit doigt comme à un «Anatolian Wedding» (« Mariage Anatolien », mais aussi parfois des rythmes de différentes régions de la Turquie) qui donne son nom à son album. Pour le reste des personnes assises sur le sol, la petite salle de concert (150 places assises quand on y met les chaises) prend l’ambiance intime et la chaleur boisée avec ces murs de bois clair d’un salon de musique oriental.

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En Bis, son joueur de darbouka fit entendre une belle voix de basse dans les graves sur une chanson Turque, et Selim Sesler ouvrit encore son répertoire Oriental en improvisant en final sur le thème hébreu « Hava Naguila » écrit pour célébrer la victoire anglaise en Palestine en 1918.

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Après une pause et avoir pris connaissance de la programmation de cette première saison, la soirée se poursuivait avec le griot Guinéen Mory Kanté qui électrifia la kora et les dancefloors du monde avec son célèbre « Yéké Yéké », d’abord sur son disque « Mory Kanté à Paris » en 1984, repris ensuite dans son album Akwaba Beach, puis sur les scènes du monde entier dans le monde entier jusque dans son album acoustique Sabou en 2008 et en bis de ce concert.

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Son percussionniste transporta le public dans l’univers des initiations de griot et des mariages, et le public Africain, même très jeune, du Neuhof monta sur la scène, dansant à la mode africaine ou plus urbaine du Hip Hop, ajoutant la joie et l'authenticité de la participation locale à cette fête d’inauguration.

Jean Daniel BURKHARDT