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Animateur de radio bénévole depuis 7 ans sur Radio Judaïca STRASBOURG de deux émissions de jazz et musiques traditionnelles où je présente les concerts en région, après des études de lettres menées jusqu'à un DEA, je n'ai cependant jamais trouvé d'emploi correspondant à ma culture tant littéraire que musicale et à mes capacités rédactionnelles pourtant polyvalentes car souvent considéré comme sur diplômé et sous expérimenté. Par ce blog, je désirerais échanger avec d'autres dans le même cas nos expériences personnelles de sorte à nous enrichir mutuellement d'idées auxquelles nous n'aurions pas pensé nous-mêmes.

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HOMMAGE

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mardi, janvier 12 2016

DAVID BOWIE (1947-2016): De Space Oddity à Ziggy Stardust à Black Star....

Un grand génie de la pop est mort hier, David Bowie. Ses yeux vairons lui venaient d’un bagarre de récré qui lui valut un œil dilaté en permanence, un bleu naturel et un qui semble vert. Né en 1947 David Robert Jones, il apprend aussi le saxophone avec un prof de jazz mais dira n'être pas assez bon pour jouer du jazz et ne sera chanteur de Rock que par défaut, et d'ailleurs dira même ne pas l'être. A ses débuts il y avait déjà un Davy Jones célèbre dans le groupe The Monkeys, d’où ce pseudonyme de Bowie emprunté à la fois à un couteau de combat et à un des conquérants du nouveau monde. Après un premier album éponyme plutôt folk en 1969 publié sans succès, « Space Oddity » , extrait de son second album est utilisé par la télévision américaine pour faire patienter les téléspectateurs lors du premier pas de Neil Armstrong sur la lune et le rend célèbre puis sera réarrangé en 1972.

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En 1970, il engage le guitariste Mick Ronson. pour son troisième album « The Man Who Sold The World » (sa version au son plus Rock indianisant mérite d’être réécoutée après la version unplugged de Nirvana). Sur la pochette, il inaugure son premier d’avatar androgyne féminine portant robe à fleurs (mais ça lui va très bien avec ses cheveux longs). Il a été l’un des premiers à assumer sa bisexualité. car de son aveu même, à l’époque » cela ne comptait pas vraiment ». Cependant, il ne s’est jamais affiché publiquement avec un homme, si ce n’est peut être Mick Jagger. “Le sexe n’était pas un ‘big deal’ pour eux, c’était comme se serrer la main à la fin d’une soirée, explique Tony Zanetta, ex-assistant de Bowie. Pour lui, il s’agissait surtout d’être adoré.”

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En 1971, Bowie sort chez RCA son plus bel album de pop, « Hunky Dory » (https://www.youtube.com/watch?v=YQTENuQYgjM) avec « Changes » (https://www.youtube.com/watch?v=ZAKuL8cyiAA), et « Life On Mars ? » (https://www.youtube.com/watch?v=oAo7YeRkJYo), vue du ghetto de Londres à Mars.

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Mais en 1972 David Bowie change de personnage, devient Zigy Stardust grimé en star du glam rock pour « The Rise and Fall of Ziggy Stardust & The Spiders Of Mars » () pour un concept album, chef d’œuvre critiquant en filigrane le monde du star system rock qui se termine « Rock’N’Roll Suicide ».

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«Aladdin Sane » suit avec une crête iroquoise et un éclair coloré sur son visage en plus en 1973 (« a lad insane » comme son frère fou, ou « all adds isane » : toutes drogues malsaines », mais il chante « Oh we LOVE all adds insane), encore une bonne collection de chansons, suivi de « Pin Ups », album de reprises dont un « Port D’Amsterdam » très cabaret. Son abandon de Ziggy Stardust en live fait hurler ses fanes.

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En 1974, grimé en pirate spatial borgne et en chien mutant sur la pochette il veut adapter musicalement 1984 d’Orwell mais les ayant droits refusent, il garde le thème pour « Diamond Dogs ». On trouve surtout le bon Rock « Rebel Rebel » au riff irrésistible annonçant le punk.

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En 1975, Bowie part pour les Etats-Unis, et enregistre « The Young Americans », un album funk mais à la sophistication pop avec David Sanborn au saxophone, Luther Vandross et des choristes noires soul à qui il impose un cauchemar de cut up avec « Fame ». Il incarne un nouveau et dernier personnage, le « thin white duke », très bien habillé, mais d’une pâleur inquiétante et les cheveux oranges, s’affirme avec « Station To Station » avec Earl Slick à la guitare, mais il ne se souvient pas de l’enregistrement, embrouillé par la cocaïne.

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Pour couper court, il lâche tout et part pour Berlin en 1977 travailler avec Brian Eno à « Low » (pour Low Profile sur la pochette), mélange de musiques électroniques et de pop rock annonçant la new wave, sans tube et dont la face A reprend la musique composée pour le film « Christiane F, droguée, prostituée ».

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Il enchaîne avec « Heroes » dans la même esthétique, mais plus dansant et funky, le titre éponyme montre une sorte de résurrection.

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La trilogie Berlinoise s’achève avec « Lodger » (I), un de ses meilleurs albums, avec les tubes «Boy Keeps Swinging » () et Dj.

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« Scary Monsters (and super Creeps) » (https://www.youtube.com/watch?v=Toe_UKSQgEw) est un album de transition entre l’esthétique Berlinoise et le succès funk qui arrivera plus tard, avec son examen de conscience « Ashes To Ashes » () au clip magnifique en clown blanc et côté drôle une collaboration avec le guitariste Robert Fripp de King Crimson pour une parodie de la mode aux paroles absurdes, «Fashion »!

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Son plus grand succès planétaire et scénique arrivera avec « Let’s Dance » , un album funk et dansant où il joue aussi du saxophone et produit par le guitariste de Chic Nile Rogers, avec « China Girl » (https://www.youtube.com/watch?v=E_8IXx4tsus) et le titre éponyme « Let’s Dance ».

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Après vingt ans de sexe, drogues et rock’n roll, la star s’apaise. Il rencontre la superbe mannequin Iman, puis se marie en 1992. Ensemble, ils auront une fille au début des années 2000, Alexandria Zahra. Bowie deviendra dès lors un père modèle.

Après « Tonight » et « Never Let Me Down » et « Tin Machine », moins ambitieux, Bowie rappelle Nile Rogers et se remet au saxophone pour «Black Tie White Noise » en 1993.

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Il prend un virage carrément électro avec Brian Eno en 1995 pour « 1.Outside » , album inspiré par les serial killers qui se veut la première partie d'un « hyper-cycle dramatique gothique non linéaire »

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qui sera suivi par «Earthling » , album déjà électro drum’n’bass très réussi en 1997, influencé par la nouvelle vague industrielle qui déferle alors. C’est le premier disque qu’il produit lui-même depuis Diamond Dogs en 18974 et, comme la plupart de ses disques, il a été enregistré en deux semaines et demie seulement.

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Après 'hours...' en 1999, Heathen en 2002, Reality en 2003, et The Next Day en 2013, il venait de sortir "Black Star » , son dernier album volontairement plus Free Jazz (grâce à un casting plus Jazz Don Mc Caslin (saxophoniste et flûtiste de Nguyen Lê) et Marcello Giuliani (claviériste d’Erik Truffaz), ben Monder à la guitare et Tim Lefebvre à la batterie) que Rock, on appréciera le clip «Lazarus » où il apparaissait amoindri, quand on a appris son décès dans la nuit de dimanche à lundi. Au moins sera-t-il mort sur un album Free Jazz comme il a toujours aimé le jazz.

Jean Daniel BURKHARDT

mercredi, novembre 6 2013

HOMMAGE A LOU REED (1943-2013)

Lou Reed était l'un des héros de mon adolescence Rock attardée!

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Soupçonné d'homosexualité dès l'adolescence, il fut traité aux électrochocs dans les années 50s.

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Il travaillait dans une maison d'édition musicale jusqu'à la fondation du groupe Velvet Underground avec John Cage (violon et guitare), la top model Nico et l'album à la banane (moins réussie que la signature d'Andy Warhol) pour lequel il composa les premières chansons rock sur l'homosexualité, le sadomasochisme (Venus In Furs et la drogue (attendue (I'm Waiting For My Man), ou consommée (Heroin).

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J'aime moins White Light White Heat trop sombre et bruitiste (surtout la chanson éponyme) à part "The Gift" (une histoire abominable d'amoureux qui s'envoie par colis postal à sa bimbo mais elle utilise des ciseaux pour ouvrir le paquet et ça finit par gicler) inventant le talk over sans accompagnement!

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J'aime beaucoup aussi "Candy Says" VU, avec le rock underground "I Can't Stand It" et très pop avec la petite soeur de Candy "Stephanie Says" et pour The Ocean ou l'hilarant "I'm Sticking With You"

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J'aime surtout "Loaded" (dont il disait "je leur ai fait un album de tubes") avec "Pale Blue Eyes", "Sweet Jane" et Rock'N'Roll mais aussi des scories parodiques comme le Countrysant "Lonesome Cowboy Bill" ou l'hilarant "Oh Sweet Nuthing" mais toujours émouvants d'une certaine mélancolie, mais des années d'insuccès avaient eu raison de leur motivation et ce fut leur dernier flop!

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J'ai peut-être vu le velvet underground sur scène dans 90ies lors de leur tornée en première partie de U2 ZOOROPA mais il me semble que c'était les Pink floyd ou Roger Waters seul et mon petit frère (dont c'était le premier concert de rock dit que c'était le velvet) mais il était malade à vomir et pour moi ça fait longtemps alors...

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J'aime tout son premier album Transformer, surtout "Perfect Day", "Walk On The Wild Side" (avec son producteur David Bowie au saxophone) et ces lignes cyniques "then i think she had a crash, VA LI UM would have helped that flesh" (elle eut un accident de la route, le vA LI UM aura aidé cet éclair) et 'Satellite Of Love" presque hippy Peace & Love spatial si elle n'est pas ironique, sa plus belle chanson,

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Jaime moins "Berlin") ou juste "Lady Day" pour les cuivres, "Caroline Says" (qui cette fois est une femme battue) et "The Kids" pour les cris et le cynisme du texte ("ils prennent ses enfants parce que..." sur fond de braillements desdits enfants "MUUUUMMMYYY" et la finale "Sad Song" pleine d'espoir ! Un Concept Album magnifiquement arrangé!

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il a atteint le sommet de l'inaudible, du pré indus noise ou de l'arnaque avec "Metal Machine Music" (qui finalement n'est QUE CELA, NI PLUS NI MOINS!) QU'UNE HEURE DE LARSEN et de feedback guitar intégral)!

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J'ai encore Rock'N'Roll Animal en cassette, live avec le guitar Hero Steve Hunter, un peu lourdingue (lourd et trop dingue) je trouve! Mais pour entendre Lou Reed délirer avec son public et se raconter en de longs monologues et donner de bonnes versions live de ses chansons avec émotion et ferveurs porté par chœurs, cuivres bien arrangés et tout le tremblement écoutez plutôt "Take No Prisoners",

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Avec la même équipe j'ai aussi The Bells produit par Michael Fontana aux claviers pas si mal avec des cuivres intéressants menés par le saxophoniste Marty Fogel où il déchante comiquement sur "Stupid Man" et en mode "Boogie" un peu Disco Mystic! Hilarant!! et avec le trompettiste de Free Jazz Don Cherry pour "All Through The Night"! peut-être n'est il jamais meilleur qu'entouré de cuivres et de chœurs! Peut-être que le rêve de ce Rocker par défaut dans ce cas était-il une bonne section de cuivres de cabaret mais était né dans la mauvaise période?

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J'adÔre "The Blue Mask" de 1982 que les fans détestèrent pour son côté trop "J'aime ma maison, mon chien, ma femme" mais y avait aussi du vice avec "Underneath The Bottle" sur l'alcoolisme et de l'émotion ordinaire avec "The day John Kennedy Died". Il marque son retour chez RCA Records, après un passage chez Arista (1976-1980), et l'arrivée d'un nouveau groupe de musiciens autour de Reed, avec notamment le guitariste Robert Quine (The Voidoids) et le batteur Doane Perry (futur Jethro Tull).

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A la fin des années 80s,New York fut un retour très réussi avec des super chansons Rock, Countryes Jazzies actuelles qui le firent découvrir à un public plus jeune!

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"Songs For Drella" verra ses retrouvailles avec son complices John Cage pour un hommage à Andy Warhol avec de bonnes chansons sur l'art comme "Trouble With The Classicists" et "Work"!

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j'ai encore une veste d'été pourrie bleue pétrole que je m'étais faite offrir JUSTE parce que Lou Reed en portait une sur scène à la télé mais ne la mets jamais!



Mais j'avoue, j'ai décroché au message chrétien de "Magic & Loss" style "j'ai peur de crever je dois réserver ma place au Paradis" comme ça me gênait déjà chez Dylan dans "Slow Train Coming" et Bowie dans "Ashes To ashes"!

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J'ai trouvé à la radio l'un de ses derniers albums, The Raven, double album d'après Poe sur l'auto destruction,arrangé pour les cuivres par Steven Bernstein (trompettiste à coulisse de Sex Mob"! avec des guests: ORNETTE COLEMAN, le dernier saxophoniste héros du FREE JAZZ (et auteur du disque fondateur du mouvement du même nom) vivant, je trouve que si ce nest pas leur univers c'est donc courageux!), David Bowie, Laurie Anderson entre autres. The Raven est un bon exemple de tout ce qu'était sa musique et de de tout ce qu'il aurait voulu qu'elle soit idéalement!

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La dernière fois que je l'ai vu à la télévision c'était à Taratata avec Metallica massacrant sa musique! Il avait enregistré avec eux Lulu, son dernier album!

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Il est mort en regardant les arbres et faisant du Tai Chi ça me fait plaisir que Lou Reed ait fini par trouver la paix après des débuts si tourmentés!

Jean Daniel BURKHARDT

mardi, juillet 31 2012

MORT DE CHRIS MARKER, REALISATEUR DE "LES STATUES MEURENT AUSSI" , CHRONIQUE EXPRESS AUX LONGS WAGONS...

Chris marker, photographe, cinéaste et écrivain, est mort le 28 juillet à 91 ans (on doute de sa date de naissance). Un article de Libération lui rend hommage.

A Noël une Amie inspirulinatrice Dadaïste Âmarchiste m'avait envoyé le film "Les statues meurent aussi", de Chris marker en 1953 : "Cette botanique de la mort, c'est ce que nous appelons la culture......quoi de plus juste, vivement disparition de toutes cultures !!!"

Voilà ce que m inspira alors "les Statues meurent aussi": film d d'Alain Resnais aussi, auteur de "L'année dernière à Marienbad", "les amants".

La musique du générique étrange mais intéressante est d’André Hodeir, violoniste, musicologue et critique de jazz auteur d "Hommes et problèmes du Jazz", très ennuyeux comparé aux chroniques de Vian où au moins on s'éclate, mais où il défend au moins le Jazz noir américain. Il a aussi composé pour Kenny "Klook" Clarke, le premier batteur Bop afro américain, qui s'expatria vite en FRance lassé du racisme américain ambiant dans l'immédiat après guerre. C’est un mélange de gamelans gongs balinais ou indonésiens et de cuivres ethno jazz criards dissonants intéressants, tout à fait l'idée d'un exotisme de pacotille d'époque, à la fois fascinant et terrifiant, caractéristique de l'idée que ce faisaient les occidentaux du reste du monde...

C'est une belle idée en effet que distinguer la mort (sur l'air de la marche funèbre de Chopin dans la partition) des hommes comme l'histoire et celle des statues comme cultureS. Belle image des statues comme des signes du petit poucet."un objet est mort quand le regard qui se posait sur lui a disparu", donc c'est la réception de l'oeuvre qui fait l'oeuvre qui n'existerait pas par elle? Je pense idéalement que l'oeuvre existe aussi par elle-même en attente d'exhumation pour d'autres regards après archéologie peut-être trompeuse et créatrice de non sens ou créatrice d'autres sens pour un autre futur et d'autres générations interprétantes à l'infini des savoirs qui la feront vivre autrement et ailleurs, alimenter peut-être d'autres oeuvres comme l art africain de l'expo surréaliste "La Vérité sur les colonies" contre l'expo universelle de 1931 je crois inspirant Picasso, Modigliani ou Giacometti.

N'empêche que toutes ces statues, après les premières peut être d'AngKor qui me rappellent celles volées par André Malraux avant La Condition Humaine comme il le raconte un peu dans "La Voie Royale" sont Grecques ou Etrusques, en un mot de la culture Occidentales.

"Nos statues iront où vont celles des nègres: au musée", suivent sur ces étagères, les ancêtres gaulois desdits noirs, sont blancs comme leurs maîtres en portraits, et leurs outils relégués à l'"art utilitaire" "d' ORIGINE INCONNUE", car personne ne veut les connaître en occident, comme s'ils ne méritaient pas le terme d'art forcément non utilitaire car bourgeois dans nos sociétés occidentales, appartenant à une élite, au pouvoir, comme un autre levier de l'oppression sur le bas peuple!

C'est parce que l'Art Nègre est souvent soumis à une utilité que l'occidental ne le comprend pas. Je me souviens d'avoir entendu des femmes africaines pilant le mil si mélodiquement que cela devient POUR NOUS de la musique rire au micro de l'ethno musicologue qu'on vienne enregistrer ce qui est pour elles un acte quotidien, que peut être nos mixers et autres outils industriels ont oublié, ou du rire des enfants peuls ou pygmées s'éclaboussant avec une innocence collective que nous avons perdue à ne plus nous baigner dans les fleuves!

Jolie phrase sur le "sourire qu'elle regarde" et l'"harmonie entre le monde naturel et l'homme" dont les masques africains seraient les garants, toujours utilitaires, d'un point de vue spirituel, animiste, représentations ou appelant les protections des esprits divines. Nous avons oublié cette naïveté avec le christianisme, mais les romains antiques, plus tolérants que nous, adoptèrent la mythologie grecque, s'inventant une origine troyenne après l'iliade avec Enée l'Énéide de Virgile (commande d'auguste pour prouver la supériorité de ces soi-disant fils de Vénus et de Mars, et en ce sens ouvrage de propagande militaire) après avoir vaincu les grecs, le culte de Mithra et érigeant même un "temple aux dieux inconnus" au cas où pour ne pas s'attirer les foudres de ceux-ci! Un condamné à mort par le supplice du pale fut envoyé sur les côtes africaines, débarqua en Afrique noire, mais terrorisé par le premier gorille, rebroussa chemin et préféra le pale!Je me demande souvent ce que serait devenu le monde si Cléopâtre et Antoine avaient gagné la bataille d'Actium contre Auguste. Le pôle de domination eût été l'Orient, l'Egypte, et non Rome et l'Occident, et nous serions tous arabes culturellement, solaires, africains peut-être.

Finalement j'ai tout faux, influencé par une pensée occidentale ethnocentriste méprisante et que je n'ai connue que par la littérature, il y a aussi un symbolisme africain, plus abstrait même que nos figuratifs religieux ou monarchiques inféodés à l'alliance de la religion et du pouvoir:"le premier partage du monde", "le foetus du monde", l'Afrique au XI éme (Peut être plus évoluée que nous en l'an Mille encore très primaire...)au XVI ème siècle... avant que nous ne la soupçonnions même...dans les oeuvres, ayant donc conscience globale d'elle même, et de plus en plus rongée par NOTRE découverte du monde, nos explorateurs, amenant bientôt esclavage contre babioles pour le commerce triangulaire...

Ces touaregs en plein désert me font penser à un ami éthiopien qui me disait que les noirs étaient déjà les esclaves des touaregs. Je sais que celui qui découvrit les Touaregs (Charles de Foucauld?) adopta leur mode de vie se suicida quand il vit ce qu'en fit la France.

Cette dichotomie est intéressante entre le fantasme du noir démoniaque (il paraît que l'origine de l'engagement radical de Malcolm X est la lecture, dans la bibliothèque de la prison où il purgeait une peine pour détention de narcotiques, de l'article "BLACK" au pif dans un dictionnaire) pour le blanc chrétien et finalement la découverte d'une civilisation, "de palais" et de ces statues si proches d'eux, mais plus stylisées, ou autrement... En tous casje n'avais jamais vu d'aussi belles statues Africaines que cette fresque presque étrusque et cette femme au chapeau presque khmer et au front scarifié.

Le commentaire laisse place à la musique aux rythmiques étranges et fascinantes,laissent contempler en fresques les personnages de mamelouks(?) ce que je ne connaissais que séparés.

Ces dents voraces rappellent certaines peintures incas ou mayas que mon frère a vues en Amérique Du Sud.

Peut être est ce du Bénin comme dit plus tard. Cette musique n'est en effet que d'illustration par des occidentaux fussent-ils sympathisants, ne nous rendront jamais la musique vivante de ces "plus morts du mondes", "épaves striées que nous interrogeons".

Même les ennemis immémoriaux du peuple Juif (Babylone, Sumer, Gilgamesh la première épopée conservée écrite) nous est plus proche par désintérêt et dégoût de la part de l'Occident qu'eux, contemporains de St Louis ou jeanne D'arc, civilisations peut etre plus heureuses que nous à l'époque, subissant moins les luttes de pouvoir aristocratiques.

Tout n'est pas utilité et accessoirement art, mais ART en PLUS d'être UTILE, dépassant notre Art pour l'Art inutile au peuple! Donc cet art serait supérieur au nôtre car utilitaire, incarné dans la vie quotidienne, et pas un truc d'intellos ou d'élite socialo culturelle, mais appartenant à TOUS, collectif! La nature végétale décore les outils du fil, les hommes soutiennent le ciel comme le géant Atlas l' Ouranos des grecs.

Mais là où la Mythologie puis le Christianisme créent Dieu à leur imparfaite image anthropomorphique,les Africains animistes ou les Indiens déifient la nature qui les entourent, et inventent l'homme dans sa place respectueuse DANS cette nature à qui ils doivent nourriture, vêtements, armes, outils! Les morts sont "racines du vivant et leurs visages prend parfois forme de racine" nie la mort, au contraire du rien épicurien ou de notre paradis ou enfer promis si on n'est pas sage, inspire et nourrit les vivants, pas seulement par mémoire et idéalisation!

Ce ne sont pas NOS ancêtres, et peut-être que je reste encore trop occidental dans mon délire, que même mon complexe d être occidental face à ces peuples est l'envers de ma culture, forcément, du racisme inversé, mais qui ne rachète rien. Personne ne les adore, n'étant "pas le Dieu mais LA PRIERE", tellement plus humble face à ce qui nous dépasse. Ils ne prient pas un dieu supérieur mais la nature bienfaitrice POUR récoltes, enfants, gibier, autrement plus sain que nos génuflexions.

Et après ces supputations occidentales, voilà la vérité de l'Afrique et de ces peuples sur fond de balafon (instrument ancêtre du vibraphone à lames de bois), les femmes qui dansent, et qui finalement ne doivent pas être si différentes de ceux ou celles qui créèrent ces statues, moins que nous de notre Xème siècle avec notre progrès et notre civilisation. Y avons-nous gagné quelque chose? ou tout perdu avec ces danses, ces transes, ce collectif qui les unit et nous sépare aujourd'hui dans nos solitudes urbaines?

Chris Marker fut aussi l'auteur de "La Jetée", court mètrage d'images fixes...

Jean Daniel BURKHARDT

jeudi, juillet 22 2010

HELEN MERRILL A EU 80 ANS HIER! HOMMAGE

Helen Merrill est née jelena Milcetic, d’origine Yougoslave, le 21 juillet 1930 à New York. Elle commence sa carrière dans des groupes amateurs, chez Reggie Childs et au Club 845 dans le Bronx en 1947, est engagée par Earl Hines en 1952 pour son grand orchestre. Quincy Jones la conseille et arrange son premier disque fin 1954 avec le trompettiste Clifford Brown et le contrebassiste Oscar Pettiford et le pianiste Hank Jones, ainsi que le guitariste Barry Galbraith. Si ce « Born To Be Blue » l’engage sur la voie de la douce mélancolie, ce somptueux « Don’t Explain » montre que la blonde à voix d’alto et de brume peut rendre doux et dédramatiser le répertoire de Billie Holiday avec grâce, sur l’écrin d’un arrangement sublime.

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Rares sont les artistes qui rencontrent le succès du premier coup. Ce sera le cas d’Helen Merrill, sacrée « meilleure chanteuse de Jazz blanche » avec ce premier disque à acheter les yeux fermés, réédité en 2005 par Lonehill Jazz ou sur le label d’origine Emarcy. Elle y excelle en tous points dans un style instrumental, sur les tempos lents ou plus rapides, accompagnée de cordes ou de cuivres comme sur « ‘S Wonderful » des frères Gershwin rendu célèbre avant-guerre par Maurice Chevalier et son accent français.

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Dès ses débuts, Helen merrill est unique, semble sans influence et unique en son genre, tracer son chemin seule et toujours bien entourée, mais échappe à la compétition, puisque jouant seule dans sa catégorie, et a l’humilité rare de « ne pas appeler les producteurs mais de les laisser venir à elle », comme elle l’explique dans la pochette de son disque « You’ve Got A Date With The Blues », composé de titres étant soit des Blues soit sur la couleur Bleue, original concept album qui n’en est pas un pour le label Verve en 1959, produit par Leonard Feather à son retour du Brésil, accompagnée par Jimmy Jones (piano et arrangement), Jerome Richardson flûte et saxophone ténor, Barry Galbraith toujours à la guitare, Johnny Cresci à la batterie, Milt Hinton à la contrebasse et Kenny Dorham à la trompette dans « The Blues » de la suite Black, Brown & Beige décomposé rythmiquement avec un sens évident de la dramaturgie musicale, ou avec cette fois le bleu comme couleur, écoutons ce très doux « Blue Gardenia », un des thèmes fétiches d’Helen Merrill. Helen_Merrill_Blues.bmp

Si Helen Merrill chante sublimement bien, son vrai secret est peut-être plus poétique que vocal : caresser les mots des standards avec sensualité, nous les restituer dans leur essence poétique, en faire de la musique pure, nous faire parvenir à un au-delà du sens par le ressenti émotionnel.

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Et si cela est vrai en anglais, ça l’est aussi en français. Elle vient en Europe de 1959 à 1962, et sera la découverte de Nicole et Eddie Barclay...Elle aime à chanter en français avec un accent charmant qui avale certains mots sans nous les faire regretter, comme dans « Vous M’éblouissez », traduction du standard « You Go To My Head » qu’on écoute.

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Toujours en Europe, Helen Merrill passe par Rome, où elle se produit en 1960 pour l’émission de télévision « Moderato Swing » avec les musiciens de Jazz italiens du pianiste Piero Umiliani, prestation rééditée par RCA sous le titre « Parole E Musica ».

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Helen Merrill s’établit en 1972 au Japon jusqu’en 1975, travaille avec John Lewis, et revient à Paris en 1984, où elle rencontre Jean-Jacques Pussiau qui la fait enregistrer deux disques sublimes avec son accompagnateur attitré, le pianiste et claviériste Gordon Beck. Ce sera tout d’abord le magnifique « no tears...no goodbyes » fin 1984 pour le label Owl (réédité par Universal France), au titre tiré de « When i Look In Your Eyes » alliant sa voix de brume sensuelle aux rythmiques pianotées très fortes dramatiquement de Gordon Beck. Helen Merrill s’y révèle non seulement une chanteuse pour musiciens, mais encore une musicienne des sons, des mots et de la poésie pour sa faculté à les caresser pour nous consoler ou nous les faire entendre différemment. C’est par ce disque que je la découvris il y a plus de vingt ans, et avec lui qu’elle se produisit à Strasbourg pour Jazzdor en duo en 1994.

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Deuxième de la série, en 1986, Helen Merrill et Gordon Beck remettent le couvert avec « Music Makers », invitant au festin le violoniste français Stéphane Grappelli et le saxophoniste soprano Steve Lacy. Helen Merrill y excelle dans deux ballades cinématographiques, dont ce Laura sublime d’une voix de rêve.

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C’est aussi l’occasion pour Helen Merrill de remercier dans le titre éponyme, composé avec son mari le pianiste Torrie Zito, les musiciens qui l’accompagnent avec Steve Lacy au saxophone soprano.

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Si l’art d’Hellen Merrill touche aussi par la nostalgie, elle va toujours de l’avant. Ainsi, si elle retrouve en 1987 pour Collaboration l’arrangeur, chef d’orchestre et pianiste Gil Evans, c’est pour réorchestrer les succès de leur disque « Dream Of You » de 1956 et y ajouter un « Summertime » sublime sur le canevas imaginé par Gil Evans pour le « Porgy & Bess » de Miles Davis. Retrouvailles in extremis : Gil Evans s’étendra quelques mois plus tard.

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Dans les années 90s, Helen Merill multiplie les collaborations sublimes sur le label Gitanes Jazz avec wayne Shorter sur « Clear Out Of This World », ou le trompettiste Bakerien tom Harrell qui partage avec elle et Chet Baker ce goût pour l’émotion et le mystère. Si Chet avait été le plus féminin des chanteurs de Jazz, Helen reste la plus Bakerienne de ses chanteuses.

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En 1999, retour aux sources pour Helen Merrill avec « Jelena Ana Milcetic aka Helen Merrill et Steve Lackritz ake Steve Lacy, puisqu’ils retournent à l’île Croate de Krk dont les parents d’Helen Merrill étaient originaires. Elle écrit à cette occasion le texte « Long, Long Ago » sur une musique de Thomas Haynes Bayly de 1833.

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Enfin, Helen Merrill a encore sorti en 2004 « Lilac Wine », sur de sublimes arrangements de cordes tchèques et avec Torrie zito claviers, Lew Soloff trompette, George Mraz contrebasse et Alan Merrill guitare, son fils Rocker eu avec le saxophoniste Aaron Sachs né en 1951 Longue vie à Helen Merrill qui s’est remise à tourner et a encore sortie un nouveau disque et pour nous la chance de la voir en concert ?

Jean Daniel BURKHARDT

mercredi, juillet 29 2009

Strasbourg, Capitale alsacienne, européenne, culturelle et estivale (commande du Salon Prov'Emploi)

Strasbourg est la capitale de l’Alsace et le chef-lieu du département du Bas-Rhin et a profité de ses fleuves (L’Ill, le Rhin) pour s'enrichir grâce au commerce.

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La Cathédrale de Strasbourg en grès rose Vosgien reconstruite du XIIIème au XVème siècle et ses sculptures du XIIIème siècle ou La Petite France sont encore de beaux vestiges de ce passé glorieux, classés patrimoine de l’humanité par l’Unesco en 1988.

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Ville libre du Saint Empire Romain Germanique, universitaire, foyer intense d’humanisme (c’est là que Gutemberg inventa l’imprimerie) au XVème et XVIème siècle, elle est annexée par Louis XIV après le traité de Westphalie en 1648.

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Casanova, ChoderdosDe Laclos et Codorcet y séjournèrent avant la Révolution Française. Goethe y passa lors de ses études en 1770, et y eut une idylle avec Frederike Brion, fille d'un pasteur de Sessenheim, où un musée est consacé au poète.

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Prise par les allemands en 1870, et chef-lieu du Reichsland d’Alsace-Lorraine, il en reste le Palais Universitaire donnant sur la Place De La République, et le Palais Du Rhin, non loin de la Bibliothèque Nationale Universitaire.

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D’autres immeubles témoignent du style Art Nouveau ou Jugendstil.

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Strasbourg redevient française avec la victoire de1918.

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Le peintre surréaliste Hans Arp y est né et y a travaillé, et la restauration de l’Aubette rend hommage à cette période.

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Annexée par Hitler en 1939, il utilisera des Alsaciens dans son armée (les « malgré-nous »).

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En 1944, Strasbourg est libérée par Leclerc.

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Symbole de l’Europe, Strasbourg abrite le Conseil de l’Europe et le Parlement Européen.

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On voit combien cette histoire est liée à l’Allemagne, avec laquelle Strasbourg est ville frontière, maintenant accessible à pied par la passerelle du Jardin Des Deux Rives vers Kehl. Le dialecte, l’alsacien, est d’ailleurs issu de l’allemand.

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Cela peut être économiquement, et au niveau de l’emploi, un avantage pour les bilingues allemands. Certains vont travailler en Allemagne, ce qui peut être financièrement plus intéressant au niveau des salaires, vu que l’Allemagne est plus riche que la France.

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Le Parc de l'Orangerie avec le Pavillon offert par Napoléon à Joséphine, les espaces verts et les forêts (Forêts du Neuhof, de la Robertsau) et gravières contribuent au bon vivre sous un climat semi continental où les hivers sont froids et les étés peuvent se révéler chauds et étouffants par l’absence de vent.

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Ces quartiers périphériques de la Communauté Urbaine de Strasbourg, s'étendant jusqu'aux banlieues de Neuhof, Elsau, Cronembourg, et Hautepierre sont bien desservis par les bus et trams (plus agréables que le métro Parisien car à la surface, exceptée la Gare, et ouvrant de grandes baies vitrées sur l’extérieur) et offrent des Bibliothèques et Médiathèques Municipales, auxquelles se sont ajoutées cette année d'autres Médiathèques Communautaires à Lingolsheim, Illkirch, et la Médiathèque André Malraux. Cet été, un light-show, avec la rosace au milieu des jets d'eaux, aux hologrammes de danseuses de flamenco ou celtiques sur des musiques baroques, tziganes ou des valses de Strauss, un feu d'artifice et des projections du théâtre Grec d'Epidaure, de la Vénus de Botticelli, de Goethe et Victot Hugo, des églises en bulbes de Russie, des fondateurs de l'Europe projetées sur la façade du Conservatoire de Région, et j'en passe, sont à voir tous les soirs devant la Médiathèqu Malraux à 22 h 30 en juillet et 22 h en août. Tout n'a pas un rapport immédiat avec Strasbourg et son histoire, mais s'il fallait réduire la culture à notre région, on n'irait pas bien loin...

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Pendant l'année, la vie théâtrale s'organise entre le TNS (Théâtre National de Strasbourg) et le Maillon, ainsi que L’Opéra Du Rhin.

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Les salles de concerts plus récentes dédiées aux musiques vivantes actuelles sont le Cheval Blanc et la Salle des Fêtes de Schiltigheim, avec une bonne programmation Jazz et Musiques Traditionnelles, les plus récentes Salle Du Cercle de Bischeim et Préo d’Oberhausbergen, Pôle Sud à la Meinau, scène conventionnée Danse et Musiques Nouvelles à la programmation plus free jazz, dont le programmateur Jazz Philippe Ochem organise aussi le festival Jazzdor en novembre, et l'Illiade d'Illkirch Graffenstaden, qui organise "Le Printemps Des Bretelles" dédié aux accordéons du monde.

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L’Artichaut ( ) est le plus sympathique et le dernier des bars-clubs Strasbourgeois, proposant des concerts en son caveau et des Jam-Sessions les jeudis.

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La scène Jazz locale, en plus du Jazz Manouche local (Tchavolo Schmitt, Biréli Lagrène), est très active, grâce aux musiciens improvisateurs du CEDIM et sur la scène des Musiques Traditionnelles, les groupes de l’ « Assoce Pikante » fait un gros travail de promotion des musiques du bassin méditerranéen en petites formations et avec le Grand Ensemble de La Méditerranée, en version Accostique ou Electrique.

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Pour les musiques traditionnelles, "Les Nuits Européennes" est un bon festival innovant axé sur les musiques nouvelles Européennes.

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Pour l’electro-groove et l’art urbain, le festival « Contretemps » () a lieu tous les ans en juin.

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Le Festival de Musique Classique au mois de juin est très réputé et se prolonge en Strasbourg Jazz Festival au Palais Des Congrès.

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La Laiterie propose des concerts à grande capacité plus Rock,Reggae, des soirées Techno, les Festivals électronique de l'Ososphère en septembre et Rock des Artefacts en avril.

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Le nouveau Zénith d'Eckbolsheim est la salle qui peut accueillir le plus de public.

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Le Festival Musica es plus axé sur les Musiques Contemporaines avec des incursions vers le Jazz par « Les Nuits De Musica », et cette année les 80 ans du pianiste de Jazz Cecil Taylor à l'auditorium de fRance 3 Alsace et un concert de Steve Coleman en collaboration avec Jazzdor.

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Pendant l'été, les salles de concert sont en vacances mais Schiltigheim propose une programmation tournant dans ses quartiers, l'Illiade d'Illkirch des pique-niques musicaux les vendredis de 19 à 23 h, le théâtre TAPS SCALA de Neudorf des concerts les mardis sur réservations () et La Place Du Château des Rohan des concerts,. Tous ces concerts sont gratuits, suivis du « Festival Des Arts Dans La Rue » au mois d'août et répertoriés dans un Guide Jaune distribué gracieusement dans les boîtes aux Lettres.

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Jean Daniel BURKHARDT

samedi, décembre 8 2007

MORT DE JEAN-MICHEL DELUNE, DIT "OLD PAPY", PIANISTE SWING DE STRASBOURG

Le pianiste Swing Jean-Michel Delune était né dans la région parisienne il y a une soixantaine d’années, trop tôt pour avoir connu Boris Vian au « Tabou », assez tôt cependant pour avoir pu assister aux derniers feux de la vie du Jazz de St Germain Des Prés dans les années 50s/60s, et avoir chiné auprés d’un musicien-disquaire ses premiers disques de Jazz , , assez aussi pour avoir entendu de ses oreilles quelques-uns de ces héros noirs comme Memphis Slim (que les Strasbourgeois pouvaient entendre aussi au « Kibitz », où mon père croisa même Johnny Halliday pendant son service militaire en Allemagne), avoir connu parmi les pionniers antillais du Jazz Parisien du Malesherbes Club le saxophoniste Robert Mavounzy ou le pianiste André Persiani, qui joua à son mariage, assez pour avoir vu, enfin, disait-il, le violoniste Stéphane Grappelly jouer au piano (ce qui est plus rare) du Fats Waller (immense pianiste stride et amuseur public des années 30s, seul élève connu de James P. Johnson pour l’avoir ébloui par sa version de son « Carolina Shout »). Mais sa grande culture s’était faite par le disque, remontant à de rares 78 tours des années 20s de Louis Armstrong ou Fats Waller pour lesquels il fallait une platine spéciale et passant par des « Voice Of America » d’après-guerre qu’il ne put peut-être jamais écouter, car ceux-ci avaient une taille toutes les platines : vinyles, Disques compacts, même s’il préférait l’émotion des microsillons, son appartement renfermait des trésors musicaux Jazz et Classique qu’il lui est arrivé de me faire entendre parfois, également des images en cassettes vidéos (il m’avait fait découvrir le magnifique « Jammin’The Blues » de Gjon Milli avec Lester Young et l’orchestre de Count Basie et «Stormy Weather » avec Fats Waller et Cab Calloway, l’un des premiers films à montrer les noirs à leur avantage), et même une vidéo, m’avait-il dit, d’un concert de la première formation d’Irakere , avec Paquito D’Rivera au saxophone et Arturo Sandoval à la trompette, premier groupe cubain électrique annonçant la salsa, ce qui dénote une curiosité qui m’étonna sur le coup, car je suis sûr qu’il devait détester leur musique, puis était passé au DVD du festival de Jazz de Montreux, et s’était mis récemment à Internet.

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Il aimait, en plus du pianiste de La Nouvelle-Orléans Jelly Roll Morton qui était avec Louis Armstrong son lien principal avec le style New Orleans des débuts du Jazz, tous les styles pianistiques du Jazz, du boogie-woogie (style pianistique accompagnant les chanteuses datant, d’après lui, de 1886 selon certaines partitions, et qui fut pompé par le rock’n’roll blanc) et de « stride », style pianistique oublié des années 20s où s’illustra James P. Johnson, ainsi nommé (stride signifie « enjambée », pour les enjambées d’une main sur l’autre entre la pompe et la main soliste) aux expériences inversées de Milton Buckner, à Jaki Byard, réconciliant toute l’histoire du jazz du stride au free, aux premiers Thélonious Monk et Bud Powell, « quand ils jouaient encore stride », mais goûtait assez peu le bebop et tout ce qui s’ensuivit. Il se disait « amoureux des chanteuses » et pianistes qui m’étaitent inconnues, comme Valaïda Snow, l’une des rares trompettistes femmes, ou tout un groupe de chanteuses et musiciennes, et plus proche de nous, mais poussait des hauts cris quand je les comparais à Janis Joplin, aimait parmi les vivantes Spanky Wilson, ne détestait pas Diana Krall et m’avait fait découvrir Susie Arioli, mais n’était jamais tombé sous le charme de la clone vocale de Billie Holiday, Madeleine Peyroux, dont j’appréciais au moins « Careless Love ». Il défendait presque exclusivement le Swing des années 30s/40s, celui de Billie Holiday, dont un portrait avec gardénia à l’aquarelle, peint par un artiste de ses amis ornant l’un de ses murs, et de son pianiste Teddy Wilson (son préféré, dont il avait l’intégrale en « Classics »), de Count Basie et Lester Young et de toute la tradition de Kansas City (le pianiste Sammy Price et le barman puis chanteur Big Joe Turner) de ces années où cette ville échappa pour un temps à la crise de 1929, grâce à son maire, le plus grand gangster de la ville, Thomas J Pendergast, soutenant Bennie Moten pour le rachat des Blue Devils de Walter Page où se trouvait déjà Count Basie, ville où Charlie Parker passa son enfance dans une vie musicale de Jam Sessions non stop, où le roi du saxophone Coleman Hawkins sefit laminer par un Lester Young encore inconnu. Mais l’homme préférait la musique à ses histoires. Jean-Michel Delune était l’une des rares personnes qu’il m’ait été donné de connaître à s’être intéressé au pianiste boogie-woogie et chanteur de Kansas City Jay Mc Shann au-delà de l’anecdote des débuts enregistrés de Charlie Parker dans son orchestre, et ceci bien avant le film que Clint Eastwood lui consacra. Sa passion exclusive pour le swing l’avait quelque peu coupé de toute l’évolution du jazz après les années 50s, et il pardonnait même à Hugues Panassié (pionnier de la critique de jazz en France, mais qui après- guerre fut la tête de turc des tenants du jazz moderne et du bebop comme Boris Vian pour considérer que Charlie Parker et Miles Davis ce n’étaient pas du Jazz) en m’expliquant que « quand on a été élevé au lait du boogie-woogie, on ne peut pas aimer le bop ». Je lui pardonnais ses prises de position en le considérant comme un monument de ce Jazz Swing des années 30/40s qu’il était l’un des seuls à défendre encore. On ne demande pas non plus à une statue grecque antique d’avoir la modernité d’un tableau surréaliste. Et son combat pour cette musique était, devant l’indifférence générale, envers et contre tous, presque révolutionnaire par sa radicalité, m’a dit un amateur de Jazz local. Après tout il était comme né trop tard, juste assez pour voir sa musique pillée par le Rock’N’Roll et le Jazz-Rock sous peine de disparaître, ses dernières idoles mourir, leur style tomber dans l’oubli avec Lester derrière les saxophonistes post-Parkeriens, post-Coltraniens. Son caractère bougon, râleur, était à la mesure de sa frustration, de sa passion, et faisait partie intégrante du personnage. Après tout son cher Jelly Roll Morton s’était bien auto-proclamé « inventeur du Jazz » ! Personnellement, il avait installé la scène du « Piano Bar » (dernier club de Jazz de Strasbourg jusqu’à sa fermeture) avant de s’en voir refuser l’entrée parce qu’il faisait « de la musique de vieux ». Il avait vu sa musique, le Jazz Swing, péricliter et se corrompre, jusqu’à en être le dernier représentant local, les engagements se réduire comme peau de chagrin avec le délitement de la scène vivante locale et je comprenais son amertume, sans partager sa radicalité, mais saluais son intégrité musicale et son dévouement à sa cause.

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Il était arrivé à Strasbourg pour faire ses études de commerce à l’IECS (43ème promotion), où il devait revenir en 1999 enregistrer avec ses « Young Swingers »son unique disque officiel à ma connaissance à la soirée de gala célébrant son 80ème anniversaire. Après avoir été représentant pour une grande marque de pianos, il était devenu publicitaire, puis n’avait voulu se consacrer qu’à la musique. En 1987, il avait formé son groupe, avec des musiciens de jazz locaux plus jeunes que lui mais rompus aux arcanes du swing, ce qui est de plus en plus rare.

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Quand j’étais arrivé à Strasbourg, en 1989, j’allais à tous les concerts de Jazz annoncés dans les journaux, et la plupart du temps, y trouvais, quelque soit l’endroit, Old Papy (nom de scène revendiqué par Jean-Michel Delune, l’ancrant avec humour dans ce passé qu’il adorait) et ses « Young Swingers »: Michel Vies au saxophone ténor, le plus Lesterien de la région, méritait cet accompagnement à la Count Basie, Pierre Firer à la contrebasse et Martial Muller qui m’a toujours fait penser physiquement à Claude Nougaro mais musicalement capable à la fois de jouer swing et de partir en bombes bop dans ses solos comme son idole Shelly Manne, Eric Soum à la guitare électrique, capable de traits à la Jimmy Rainey ou Gourley et de rythmiques afro-cubaines « tuk tuk » sur les frets pour les tempos latinos, comme Ray Crawford chez Ahmad Jamal ou plus tard Tal Farlow dont il se réclamait davantage, et pour finir Cécile Bonacina dans le rôle de l’électron libre, jeune saxophoniste alto, soprano, piccolo ou baryton, dynamitant l’ensemble par ses solos bop, hard bop ou free, qui inspiraient à Michel Vies des hochements de tête désespérés comme s’il se demandait pourquoi ils s’acharnaient à construire des improvisations taillées au cordeau alors qu’elle y arrivait tout aussi bien comme cela. J’ai de bons souvenirs au « Griot », club fermé depuis de leurs "Rendez-vous du Swing" avec cette formation.

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A cette période de gloire locale, Old Papy et ses « Young Swingers » avaient même leurs entrés à France 3 Alsace, où ils accompagnaient l’émission « Rund’Um » de leur musique, ce qui lui permit d’annoncer la mort de Teddy Wilson à l’antenne et de rencontrer Jean D’Ormesson qui cherchait dans sa mémoire immense un air de jazz entendu dans un film et reconnut dès les premières mesures « As Tears Go By » joué et chanté par le pianiste noir Dooley Wilson dans le film de Michael Curtiz « Casablanca », avec Humphrey Bogart et Ingrid Bergman. Devant mon étonnement, il prétendit que son intuition était purement générationnelle, vu l’âge de Jean D’Ormesson. Ce n’est qu’après 2000 que je fis enfin personnellement la connaissance de Jean-Michel Delune, grâce à Patrick Genet, chanteur de chanson française et accordéoniste diatonique de musette qu’il avait accompagné sur « Solitude » à un concours de chant à Schiltigheim. Lors d’un des derniers concerts de Patrick Genet à la Krutenau, Jean-Michel Delune finit par monter sur scène malgré lui l’accompagner sur un titre sous les cris du public scandant son nom : « Old Papy ! ». Cécile Bonacina étant partie enseigner la musique à Tahiti, d’après Delune, il avait pris dans son groupe une chanteuse américaine domiciliée à Strasbourg, Janice Lee et ils s’étaient produits avec ses « Young Swingers » à l’IECS où ils avaient enregistré un disque. Il avait, disait-il, inauguré des émissions de Jazz sur « Radio Nuée Bleue ». J’ai eu le plaisir de recevoir Jean-Michel Delune à Radio Judaïca deux ou trois fois, où il ne cessait de se plaindre à l’antenne du peu de cas que faisaient les pouvoirs publics de sa musique, le Jazz swing, surtout quand il avait apprenait que Catherine Tasca, alors ministre de la Culture, venait d’inaugurer « un festival de RRRRRap » (chaque r rugissant valant son quintal de mépris au point que c’en était comique). Hors-antenne, il s’accusait d’avoir encore lâché son « venin ». Il amenait des disques inconnus, Pat Flowers improvisant sur du Jean Sebastien Bach dès les années 30s, comme quoi Jacques Loussier n’avait rien inventé… Quand il croisa le responsable de la musique classique, tout aussi passionné par son sujet que lui, ce ne furent que congratulations réciproques, qui seraient devenues épiques si l’heure de l’émission n’était pas arrivée.

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Pendant ses années d’étudiant, Jean Michel Delune s’ennuyait le dimanche après-midi. Il chercha à remédier au problème en organisant « Les Dimanches Du Swing » au Pub D’austerlitz, tous les dimanches, tournant avec sa formation sur la base d’un trio (où le contrebassiste Francis Fellinger avait remplacé Pierre Firer) avec soliste à tour de rôle la chanteuse Janice Lee, le saxophoniste Michel Vies, le guitariste Eric Soum et le jeune trompettiste Eric Theiller , entre Miles Davis et Chet Baker, le trompettiste Léon Terjanian poussant jusqu’à Clifford Brown, tous les dimanches après-midis. Quand Michel Vies et Eric Theiller croisaient le fer et les riffs, cela prenait un côté très West Coast. On se serait cru entre Chet Baker et Stan Getz au Lighthouse de Los Angeles, ou d’après Chet , « le dimanche après-midi on jammait, un type arrivait de la plage en maillot de bain, serviette sur l’épaule, et était encore là à la fermeture à l’aube du lundi matin », avec la plage en moins. Leur spécialité était les standards désuets, les blues low-down à tempos lents qui allongeaient les heures. Evidemment il se trouvait toujours des imprudents pour danser le rock plutôt que le jitterbug sur ses boogie-woogies endiablés et pour le féliciter pour ce « rock’n’roll », à quoi il bougonnait sa diatribe habituelle contre le pillage du boogie par le rock. Parfois l’orchestre s’aventurait sur des tempos plus rapides, latins ou bossas. Lorsque je le félicitais de cette ouverture, il rétorquait, « non, c’est du swing, la musique afro-cubaine tue le jazz avec la salsa ». Et à la fin, « The Cute », composé par Neal Hefti pour l’orchestre de Count Basie, que je n’ai jamais entendu par personne d’autre qu’eux, était le bis obligé, immuable et attendu où Martial Muler se lâchait dans des breaks et solos furieusement bop, compliment qu’Old Papy refusait encore: «non c’est pas du bop, c’est du Neal Hefti pour Count Basie, c’est du swing !».

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Aux beaux jours, le premier dimanche de juillet, Michel Vies, qui enseigne à l’Ecole de Musique de Cronembourg, invitait Old Papy & The Young Swingers à jouer sur la place de l’eglise St Florent jusqu’à la tombée de la nuit. Lors de la dernière édition, le trompettiste Pierre Lambolley , habitué du groupe Dixie Land « Les Célestins » (anciens compagnons de Jean Michel Delune à « L’Ange d’Or » dont les lustres subirent bien souvent les assauts du tuba, avant que Jean-Michel ne vienne annoncer avec humour « le trombone est en coulisse ») était venu jouer du New-Orleans avec Old Papy. La section rythmique prenait toute sa dimension d’ « all-strasbourgeoise rythm-section », comme celle de Count Basie était « l’all american rythm section ». Tous ses musiciens étaient là avec leurs propres groupes, Eric Soum avec « Isonga », Michel Vies et son quartet jouant du Jazz Hard Bop à la Sonny Rollins, autant d’extensions de sa musique dont bien entendu il reniait l’authenticité Jazzistique au nom du sacro-saint Swing, avant de prouver le contraire par l’action, en partageant le dernier avec la très solaire Cécile Solin scattant sur des standards à la manière libre d’une Flora Purrim. Lors de notre dernier entretien téléphonique, alors que je lui annonçai une émission sur Benny Carter, il me dit attendre avec impatience la retraite, début 2008, où il ne serait plus tenu de courir les engagements. Il me proposait un nouveau sujet : « Le Rock’N’Roll n’a rien inventé!», du pur Old Papy en perspective, boogie-woogie à tous les étages! Amoureux de la vie, de la bonne chère, des bons vins et du Jazz, il est décédé chez luid’une embolie pulmonaire le 30 novembre dernier. Gageons qu’il est plus heureux là-haut, au Paradis des Jazzmen, à jammer avec Jelly Roll Morton, Billie Holiday, Count Basie, Teddy Wilson et Lester Young, dont il pourra enfin faire la connaissance après les avoir aimés, interprétés et joués toute sa vie.

Jean Daniel BURKHARDT

PS: Pour les amateurs de Jazz Strasbourgeois, un hommage musical sera rendu à Old Papy par ses Young Swingers le 18 décembre au Pub D'austerlitz qu'il affectionnait et dont il avait fait les beaux Dimanches du Swing. Pour toute la toile web, ceux qui voudraient entendre sa musique (il n'était connu que localement) peuvent écouter mon émission Jazzology du Jeudi 20 décembre prochain, entre 21 et 22 h, sur "www.judaicastrasbourg.com". J'y passerai de larges extraits de ses concerts à l'IECS (son seul disque officiel), au Pub d'Austerlitz et aux "Terrasses de l'Europe", ainsi qu'un instrumental extrait de sa première venue à "Radio Judaïca" dans mon émission et peut-être quelques piques dont il avait le secret issues de la même émission de 2000 ou 2001.

Pour les amateurs, mon émission de Jazz de ce jeudi 21 janvier à 21 h sur "judaïcastrasbourg.com" sera consacrée aux racines noires du Rock'N'Roll: Blues, Boogie-Woogie, Rythm'N'Blues, dans la ligne "Le Rock'N'Roll n'a rien inventé!" prescrite par Jean-Michel Delune lors de notre dernier entretien téléphonique.

vendredi, novembre 23 2007

SADE, Hommage à mon premier choc Soul et à son deuxième album "Promise"

La chanteuse Soul Sade est née Sade Adu (prononcé Chadé ce qui signifie "Gloire courronnée" Adou), de son véritable nom Helen Folasade Adu, est née16 janvier 1959 à Ibadan au Nigeria, mais après la séparation de ses parents, a vécu près de Londres avec sa mère à partir de l'âge de trois ans, et est naturalisée anglaise. Elle débute comme styliste pour hommes, puis rejoint le groupe Funk "Pride" comme choriste où elle rencontre son futur guitariste/saxophoniste Stuart Matthewman et le son futur bassiste Paul Denman et compose ses premiers morceaux qu'elle interprète en première partie de Pride avec quelques standards de jazz (Cry me a River ou Why can't we live Together) sous les acclamations du public. Le clavieriste Andrew Hale se joint à eux pour former le groupe "Sade" qui enregistre un premier album pour Epic Records en 1983.

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Personnellement, je l'ai découverte à la Télévision, entre 1985 (date de son premier album) et 1989 (date de mon départ pour Strasbourg) je pense: je devais faire mes bagages pour partir en camp de jeunes et étais donc pressé, mais en passant devant la télévision diffusant un extrait de concert de Sade que regardaient mes parents, je suis resté scotché, comme hypnotisé par sa beauté afro , à la prestance indienne dansant sur des rythmes légèrement caraïbes, faisant onduler sa tresse dans son dos comme un serpent, sa voix, sa soul, les éclairages bleu nuit, les arrangements, elle est mon premier choc soul.

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Mes parents possédant une cassette audio de Sade je me dépêchais de la leur subtiliser, la copiant quand il fallut bien la leur rendre... Je l'ai toujours, avec les deux premiers albums de Sade: "Diamond Life" (Grammy Award 1984) et "Promise" (1985, Grammy Award 1986)

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Le premier album "Diamond Life" (1984) du groupe Sade, encore un peu trop électronique, mais avec ce saxophone sensuel dès "Smooth Operator"sur des rythmes latinos lents. Le synthé et le solo de cuivres synthétisés de "Your Love Is King" (le tube qui propulsa l'album au Top Ten), sur une rythmique basse disco-boîte à rythme incessante qui fait qu'on se croirait en discothèque et empêche encore un peu mon émotion d'être totale. "Hang On To Your Love" est un bonne chanson funk soul avec les riffs efficaces de sa guitare et son rythme bossa électro irrésistiblement dansant. "Frankie's First Affair" mêle efficacement la pêche dansante du funk et la liberté rythmique du Jazz avec la voix soul de Sade. "What Am I Going To Make A Living" est à nouveau plus complexe dans ses rythmes sur lesquels évolue la voix irrésistible de Sade dans un baragoin soul transcendant dèjà le sens des mots en nous emportant dans le flot bleu de sa musicalité et de ses improvisations en scat. "Cherry Pie" est une chanson d'amour soul touchante et sensuelle comparant l'amour, les premières timidités passées, à la douceur d'une tarte aux cerises. "Sally" surfe à nouveau entre funk et jazz sur des rythmes latins entremêlés. "I Will Be Your Friend" est une jolie ballade d'amitié amoureuse où Sade se révèle une grande grande consolatrice. L'album se termine par une chanson d'espoir et de paix regrettant les conflits intimes ou politiques qui en font un voeu pieux, "Why Can't We Live Together?". On peut quand même déjà voir l'aisance de Sade, groupe et chanteuse, dans les styles funk, soul et les envolées jazz, ainsi que les rythmes latins variés ou disco plus dancefloor.

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Mais mon album préféré est "Promise" (1985, Grammy Award 1986), plus profond et mieux arrangé aux arrangements accoustiques et Jazzys, Bossas ou Latinos laissant les musiciens s'exprimer par leurs solos, où l'on trouvera les chansons:



-"Is It A Crime": le cri déchirant du saxo, ensuite langoureux, accompagnant sa voix sur des percussions légères, la section de cuivres swinguante sans être rétro pour autant, le break rythmique splashant qui réveille, puis le retour de la douceur par le saxo et la voix, tout cela m'a toujours fait penser à un film policier nocturne et pluvieux, bleuté, sur fond de taxis jaunes New-Yorkais, ou noirs et gros comme des corbillards dans les brumes du fog et sous le crachin Londonien, avec Sade en héroïne abandonnée éplorée.

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-"Sweetest Taboo": plus funky par la basse slappée et plus rythmé, avec des effets vocaux de Sade en rerecording qui me rappellent ceux de Marvin Gaye qui faisait TOUTES les voix de ses disques par ce procédé. -"War Of The Hearts": ballade aux accents bossa-nova. -"Jezebel": est une bossa- nova accoustique très roots et mystérieuse qui s'inspire d'une histoire de l'Ancien Testament (Livre Des Prophètes). Jezabel était la femme du Roi Achab, qu'elle menait par le bout du nez, ennemie du prophète Elie, elle inspira au peuple juif l'adoration du dieu Baal et finit dévorée par les chiens après la mort de son mari. Mais le texte chanté par Sade (que je n'ai jamais eu la concentration nécessaire pour l'écouter jusqu'au bout, toujours emporté dans la rêverie par la mélodie, les soli et la voix de Sade, mais c'est le privilège des grandes chanteuses comme Hellen Merrill dans le Jazz ou Patti Smith dans "Horses" pour vous qui préférez le Rock, que de sublimer le sens des mots du langage en les changeant en musique et en émotion pure) est très poétique et ambigu, et semble prendre sa défense, disant que son seul crime est sa beauté, ce qui est un beau point de vue féministe pour la réhibiliter. En effet, toutes les religions semblent s'en tenir au point de vue masculin et souvent patriarcal des rédacteurs de leurs textes.

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-"Mr Wrong": est un peu plus rythmé. Je pense que ce "Mr Wrong" est "faux" avec les filles et les met en garde contre lui. Mais ce "W(r)ong" a aussi pour moi une résonnance chinoise qui me fait penser à la nuit sur Chinatown.

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-"Never As Good As The First Time": plus funky et positive, cette chanson est au moins immédiatement compréhensible. -"Fear" est une ballade flamenco avec des cordes impressionnistes et un texte partiellement en espagnol, avec une batterie martiale soutenant le cri free du saxo.

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-"Tai Baby": est plus rythmée et dédiée à une petite fille, peut-être "Thaï" (landaise?), peut-être la sienne si elle en a une. -"Maween": arrive à être à la fois Funky et Jazzy, ce qui est rare.

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Depuis elle a sorti "Love Is Stronger Than Pride" en 1988 (avec trop de violons à mon goût), "Love Deluxe" (trop électronique, je ne me souviens que d'une bonne chanson, "No Ordinary Love", dans mes souvenirs), puis a été occupée par ses autres activités d'actrice, modèle et styliste et s'est faite plus discrète, se tenant malgré ses 75 millions d'albums à l'écart du monde du show biz et déclare: "Je ne suis pas solitaire mais simplement je préfère passer du temps avec les gens qu'avec les journalistes", ce qui montre que le succès n'entame pas toujours l'intégrité. Elle partage sa vie entre sa famille, ses amis et son enfant. Après huit ans d'absence et une semi-retraite en Espagne, elle est revenue en 2001 avec "Lovers Rock", puis dans la foulée "Lovers Live", que je n'ai pas écoutés.

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ça m'est égal, elle n'a plus rien à prouver, je préfère "Promise" et Sade, que je n'ai jamais rencontrée ni même vue en concert, reste ma première idole Soul, affectivement avant Aretha Frankiln dans mon coeur.

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Jean Daniel BURKHARDT