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Animateur de radio bénévole depuis 7 ans sur Radio Judaïca STRASBOURG de deux émissions de jazz et musiques traditionnelles où je présente les concerts en région, après des études de lettres menées jusqu'à un DEA, je n'ai cependant jamais trouvé d'emploi correspondant à ma culture tant littéraire que musicale et à mes capacités rédactionnelles pourtant polyvalentes car souvent considéré comme sur diplômé et sous expérimenté. Par ce blog, je désirerais échanger avec d'autres dans le même cas nos expériences personnelles de sorte à nous enrichir mutuellement d'idées auxquelles nous n'aurions pas pensé nous-mêmes.

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lundi, août 29 2016

HUGH COLTMAN chante NAT KING COLE à WOLFI JAZZ et L'histoire "Nature Boy"

Né en 1972 en Angleterre, Hugh Coltman forme le groupe de rock blues The Hoax en 1991 aux côtés de Jesse et Robin Davey, Jon Amor et Mark Barrett. Le groupe publie trois albums studio et un album live, tourne en Europe, aux États-Unis et en Australie, côtoyant John Lee Hooker, B.B. King et Buddy Guy.

Déjà venu il y a deux ans avec le pianiste Eric Legnini, le chanteur Hugh Coltman revient avec sa propre formation (Thomas Naim guitare, Gael Rako Tondrake piano, Christophe Mink contrebasse et Raphaël Chassaing batterie) pour rendre comme sur son album « Shadows », un hommage modernisé à Nat King Cole qu'appréciait sa mère et à son répertoire avec lequel il a tourné cet été.

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Ce répertoire de crooner est avec lui moins sucré, latin, sentimental et cool, plus blues, pop, rock et tourmenté et roots que Nat King Cole en anglais ou espagnol dans sa version de « Quizas Quizas Quizas », plus proche des débuts de Nat Cole en trio avec guitare par son excellente section rythmique libre de réinjecter de l'improvisation Jazz à tout moment.

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Nat Cole était pianiste de Lester Young avant d'être King et de chanter! Alain Gerber rapporte même que c'est sous la contrainte armée d'un gangster dans un club qu'il commença sa carrière de chanteur, puis y trouva commercialement son compte! J'avoue ne pas être fan du chanteur sentimental Nat King Cole avec violons, ou préférer ses débuts sur "Straighten up and Fly right", sa "frim fram sauce" ou "Route 66" en trio avec guitare où il jouait encore du piano. Hugh Coltman a choisi dans son répertoire non ses chansons les plus connue, sentimentales et richement orchestrées de violons et cordes melliflues, mais les plus Blues. Si Nat Cole n'était pas le plus engagé en faveur des droits civiques des chanteurs noirs en public (ce qui n'empêcha pas le Klu Klux Klan de faire brûler une croix enflammée dans son jardin), mais Alain Gerber rappelle le témoignage de son épouse qu'il pouvait, en privé, discuter politique avec un rare acharnement!

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Sa voix évoque davantage celle de Tom Waits reprenant Frank Sinatra en plus naturel, plus crooner. Mais sa section rythmique peut partir aussi bien en Jazz sur la batterie qu’en country ou Rock sur la guitare.Dans le genre sentimental, j’adore sa version de « Are You Disenchanted » ajoutant de vénéneux riffs de guitare. Les chansons du répertoire deNat Cole ne sont pas les plus connues de son répertoire, mais celles qu‘il apprécie ou qui lui rappellent des souvenirs, également des chansons du répertoire de Frank Sinatra comme «Can’t Be Bothered ».

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Hugh Coltman voudrait se déplacer davantage, mais le micro est bloqué au pied du micro au début du concert, qu’importe il va chanter dans le piano pour en tester les possibilités sonores.

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Il prend des libertés avec le tempo, l’accélère ou le ralentit ou scatte, ce que Nat cole ne faisait pas sur "Annabelle" par exemple.

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Il plaisante aussi sur le Brexit qui venait d’avoir lieu (« Nothing to do with the brexit » : il est anglais mais vit en France et ses enfants vont à l’école en France).

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Il reprend par exemple «Smile",, instrumental de Charlie Chaplin pour la fin de « Les Temps Modernes » en 1936 (https://www.youtube.com/watch?v=Ps6ck1ejoAw) que reprit aussi Nat Nat King Cole avec les paroles en 1954, avec les paroles de John Turner et Geoffrey Parsons.

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Après le changement de micro, Hugh Coltman « c’est comme l’Europe, ça se déconnecte, ça se reconnecte!», j’ai crié de joie et eu un fou rire, il m’a répondu «i will invite you in my house »

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Il continue avec un bon solo de piano citant « Never Let Me Go » par Bill Evans, Coltman sait aussi imiter le chant androgyne, fragile, émouvant et sentimental de Chet Baker pour un iconoclaste « Born To Be Blue » avec Erik truffaz pour le projet « Autour de Chet ».

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Autre chanson du répertoire de Nat King Cole, « Nature Boy ». Cette chanson fut composée par Eden Ahbez (de son vrai nom George Alexander Aberle; 15 avril 1908 – 4 mars 1995), un auteur et interprète américain connu dans les années 1940 à 1960, dont le style de vie a influencé le mouvement hippie. Ses amis l'appelait simplement Ahbez est principalement connu pour avoir composé le standard de jazz Nature Boy, qui interprété par Nat King Cole resta No. 1 au hit-parade américain pendant 8 semaines en 1948 et devint un "standard" de la musique jazz puis pop. Dès l'âge de 13 ans, il prit la route pour échapper à sa famille d'accueil. Quand il s'installe en Californie au début des années 1940, il a fait huit fois la traversée des États-Unis, à pied et en sautant dans les trains de marchandises. Ahbez vivait dans les années 1940 une vie bucolique, il portait une barbe et des cheveux longs, des sandales et une longue robe. Il campait sous le premier L du panneau Hollywood qui domine Los Angeles et étudiait le mysticisme oriental. Il dormait à la belle étoile avec sa famille et mangeait des légumes et des fruits. Il prétendait pouvoir vivre avec moins de 3 dollars par semaine. Je n’aime pas la version de « Moulin Rouge ». Le solo de guitare de la version de Hugh Coltman modernise la chanson, comme la batterie et le piano, la sort de son registre sentimental pour en faire une ballade à la Moriarty.

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Il poursuit avec « Walking » dépassant le côté sentimental et swing de la version de Nat Cole pour une esthétique plus rock par de bons riffs de guitare, mêlant Jazz et Pop, Blues et Rock sur la batterie, il prolonge les voyelles comme dans le jazz et la soul en secouant ses boucles devant ses cheveux. Il assure cette modernisation en Blues de ce répertoire, retrouvant l’esprit du Blues originel et rural sur cette chanson de la pianiste de Kansas City Mary Lou Williams plus swing et chorale dans sa version.

A propos de guitare, Rémi psaume d’ITJ me dit qu’on leur a volé la même guitare à Barr !

Bref, Hugh Coltman reconnecte le répertoire de Nat Cole à d’autres sources que le jazz dans la musique américaines comme le rock ou la pop pour le moderniser et nous le faire entendre autrement.

Jean Daniel BURKHARDT

Photos du Concert Patrick Lambin

lundi, août 22 2016

PANAM PANIC à WOLFI JAZZ

Cette matinée ou après-midinée gratuite de Wolfi Jazz se terminait avec le groupe que, des trois, j’attendais le plus : Panam Panic, dont j’ai apprécié le dernier album « The Black Monk ». « Né en 2007 de la rencontre entre Robin Notte et Max Pinto; Panam Panic se veut un groupe de jazz résolument « électrique ». Dans leurs compositions se mêlent grooves puissants et mélodies soignées, harmonies délicates et solos endiablés. Sans complexes, ils mélangent leurs multiples influences pour créer un répertoire tonique, original, moderne, à l’image du jazz d’aujourd’hui. Dans la formule classique du quintet, on y retrouve une solide équipe d’improvisateurs talentueux, débordant d’énergie et d’envie de jouer : Max Pinto (saxophone ténor, remplacé par Lucas St Cricq) Julien Alour (trompette), Robin Notte (Rhodes/piano), Julien Herné (basse électrique) et Arnaud Renaville (batterie) Du jazz sans frontières ni œillères, pour les oreilles et pour le corps, solidement ancré dans le présent, avec un regard reconnaissant sur le passé, cette époque pas si lointaine où le jazz était une musique de danse qui s’écoutait aussi avec les pieds. »

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Ils commencent avec « The Black Monk » (d’après un tableau plus que Thélonious) avec une bonne montée de claviers sur la batterie et la basse et jusqu’au solo de saxo menant au climax suivi d’un beau solo de bugle en ballade de Julien Alour. Lucas St Cricq remplace Max Pinto « au concours Lépine » au pied levé pour cette date.

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« Le Duc » est un hommage à Duke Ellington mais funky (quoique ce "Blue Pepper" de sa dernière "Far East Suite" éthio-groovait bien), avec un bon début de clavier électro puis martelant toute la ligne de touches sous le bugle, la batterie et la basse au ralenti, suivi d’une accélération finale du saxophone avant le retour au thème sur les breaks de la batterie.

Suit la ballade « Midwest Sun » avec de beaux unissons un peu orientaux de Julien Alour derrière le saxo, une bonne basse groovy et un excellent solo de clavier électrique.

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Puis ils appellent Nicolas Folmer, trompettiste et président du festival, qu’on a pas vu jouer cette année à les rejoindre pour « Funky Cop » du premier album, plus funky et riffé avant les unissons des cuivres et le ralenti de la basse au super son et un solo de trompette à la miles Davis pour l’intériorité du soin niché dans le clavier et des riffs de cuivres à la St Germain sur le clavier.

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Bref, un plaisir à voir, entendre et danser, entre Funk, Soul et Jazz.

Jean Daniel BURKHARDT

Photos du Concert Patrick Lambin

vendredi, août 19 2016

LAURENT COULONDRE ELECTRO TRIO: KEYS ON FIRE A WOLFI JAZZ!

Le claviériste Laurent Coulondre avait déjà sorti « Schizophrénia », et a gagné le Prix Frank Ténot aux dernières Victoires du Jazz!

Mais c’est avec son nouveau projet « Electro Trio » « Keys On Fire » accompagné de Lucas St Cricq au saxophone et aux scratches platines et Yoann Serra à la batterie et aux machines qu’il se produisait à Wolfi Jazz le 26 juin!

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Lucas St Cricq joue à la fois du saxophone et des scratches Hip Hop sur une platine (toujours avec le même disque vinyle), ce qui est une configuration rare mais intéressante.

Coulondre quant à lui est bon claviériste, mais quand il passe au clavier nord, c’est Jimmy Smith dans les dérapages incontrôlés et le grain du son à l’ancienne.

Lucas St Cricq est aussi capables de belles envolées pop lyriques au saxophone poussées jusqu’au funky, les claviers restent toujours groovys même en soutien rythmique, font écho à ses scratches sur la batterie dubstep. Une bonne cohésion entre ce trio improbable. Certains morceaux n’ont pas encore de titre, et on peut en proposer.

Je proposerais « DEEP MOOD », deep pour le clavier, mood pour le saxo pour l’impressiion générale.

« Schyzophrènia » est son dernier album sorti sans St Cricq ni Serra, avec basse et batterie, repris avec une bonne accélération Schizophrénique rythmique avec le silence avant la reprise du saxo dans le son des claviers entre clair et saturé de l’aigu au space, au drame psychiatrique de la batterie rapide et lent à la fois dont Coulondre semble s’amuser comme un môme.

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Batterie, Claviers et Scratches, mais unité et cohésion des effets énergiques produits !

Suit un reggae sans titre au saxo modifié par les effets puis cool que j’appellerai « SMOKE WALKS » avec un côté Stevie Wonder dans le son!

Si l’instrumentarium est surprenant de prime abord (surtout le sax & scratche), la cohésion d’ensemble, l’écoute et la ferveur déployée dans l’improvisation rend l’ensemble moderne, vintage et surprenant à la fois! A découvrir !

Jean Daniel BURKHARDT

mercredi, août 17 2016

LES KRAKENS et LA MASTER CLASS de REMI PSAUME à WOLFI JAZZ

Le dimanche 27 Juin je n’ai vu que la fin de cette fanfare Afro Beat au look punk Les Krakens: Boris de Loeper casse claire, percussions, voix, Maxime Aubry grosse caisse, percussions, voix, Lucien Larquère Soubassophone, Romain Marchal guitare électrique, Bruno Lanchais trombone, Luc Lethuillier trompette et Jean Michel Mercier sax alto qui débutaient les concerts gratuits à 15 h 30.

J’ai surtout apprécié leur reprise Ska/ New Orleans presque méconnaissable aux bons cuivres et vocaux collectifs de «It’s All Over Now » des Rolling Stones faisant danser un hippie ou métalleux chevelu local!

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Suivait le résultat de la Master Class de Rémi Psaume, saxophoniste d’ITJ qui reprit au saxophone baryton avec des saxophonistes de tous âges et une clarinette mi bémol «Haitian Fight Song » de Charles Mingus et même quelques titres de musique éthiopienne de Mulatu Astatké, comme « Yekermo Sew », ce qui est plus rare!

Ce n’était que le début de l'après-midi!

Jean Daniel BURKHARDT

lundi, août 15 2016

GOGO PENGUIN à WOLFI JAZZ

GoGo Penguin est un groupe de jazz originaire de Manchester au Royaume-Uni. Il est composé du pianiste Chris Illingworth, du bassiste Nick Blacka, et du batteur Rob Turner qui se sont rencontrés au Collège Royal de Musique du Nord. Selon les critiques, ils se démarquent pour leurs rythmes imprévisibles, les mélodies contagieuses du piano, la puissance de la basse, ainsi que leurs riffs très entraînants.

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Les effets font penser à EST (Esbjörn Svensson Trio) dans la contrebasse accèdant à la saturation sonore électrique par la voie Hendrixienne, le piano obsessionnel et la batterie drum’n’bass.

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Mais là où EST essayer de monter de l’accoustique vers l’électrique par une intensité progressive, GoGo Penguin part d’un aspect paysagiste hypnotique et envoûtante de la musique de film à la John Cage pour atteindre à l’intensité électronique par des moyens purement rythmiques et acoustiques et l'interaction des trois "voix" des instrumentistes.

La démarche serait donc pour ainsi dire inverse.

Jean Daniel BURKHARDT

Photos du Concert Patrick Lambin

vendredi, août 12 2016

ERIK TRUFFAZ à WOLFI JAZZ

Le trompettiste Erik Truffaz, c’est un succès surprise et inattendu d’un Jazz cool à la Miles Davis (il a découvert le Jazz avec « Kind Of Blue ») flirtant parfois avec la modernité électro, drum’n’bass, le Hip Hop (avec Nyah) et le funk ou le Rock dans l'attitude et le son à la Led Zep (The walk Of The Giant Turtle) suivi depuis « The Dawn » à la fin des années 90s par le public mais avançant à chaque rencontre, projet et disque vers de nouvelles expériences tout en gardant son style. Le batteur historique Marc Erbetta a laissé sa place à Arthur Hnatek mais Marcello Giuliani est toujours à la guitare basse et Patrick Muller aux claviers.

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Erik Truffaz est une fois n’est pas coutume coiffé d’un chapeau noir ce qui lui donne un côté plus Jazz, dont il use avec l'ironie d'un sourire.

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Il joue de la trompette à l’ancienne, mais change le son par des effets sidéraux (comme Miles avant lui dans les années 70s) sur une bonne rythmique Funk, Erik Truffaz ce serait le Miles Cool des années prolongé dans le Miles électrique (alors que Miles ne voulait plus entendre parler de ces « résidus de poubelles écrits par des blancs comme "My Funny Valentine"»).

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Il commence par « Fat City », le morceau le plus rock à la « The Walk Of The Giant Turtle » ou le plus rythmé du dernier album « Doni Doni » où il part le plus dans l’aigu.

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Il continue avec « Pacheco » également du dernier album, plus cool mais sur un sol imperturbable de claviers scintillants groovys avec bons solos/ guitare basse/ batterie drum’n’bass, qui finit en Blues sur une basse à la St Germain qui terminera la soirée.

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Mais contrairement à tous les concerts où je l’ai vu (avec Ilan Ersahin ou pour Arkhangelsk la veille de l’élection annoncée de Sarkozy en 2002 « un président qui a emprunté la moitié de ses idées à Berlusconi et l’autre à Le Pen », il avait « dédié ce concert aux gens de gauche », mais ne le « referait plus aujourd’hui » m’a-t-il dit après le concert, comme Hollande, soi disant socialiste, a presque fait pareil!), il ne joue pas que le dernier album mais aussi « Less » extrait de « Bending New Corners » en 1999 (date où je le connaissais à peine et donc ne pouvais le voir en concert) sur de belles harmonies de basse polar funky et batterie drum’n’bass et trompette très aiguë à la Miles.

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Il revient à plus récent avec « El Tiempo De La Revolucion », titre éponyme de l’avant-dernier du Quartet (http://www.deezer.com/album/6000931), mariachi lent aux claviers dub enveloppants, belle progression sur la batterie et la basse naturelles qui soudain se lève sur les effets presque guitare wah wah du clavier. Il y a toujours chez Truffaz cette évidence de la rythmique et la place de la trompette dans cet écrin, comme dans Kind Of Blue : la musique est partout car se fond avec l’atmosphère universelle, intemporelle.

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Erik Truffaz invente un néo Cool 2.0 aux allures de chill-out pour le confort moelleux par la lenteur avec sourdine sur des balafons de claviers synthétiques puis pousse ses trilles sur le clavier lent. ou la batterie étouffée.

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Si Miles a adapté/ prolongé le Jazz vers le Rock et le Funk plus apprécié de la jeunesse des années 70s, Truffaz donne au Cool l’habillage électro sans la rupture stylistique que s'était imposée Miles. D'ailleurs la musique de Truffaz coule de source, entre lyrisme et modernité.

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Il reprend même « Yuri’s Choice » de « The Dawn » avec lequel je l’ai découvert, le premier titre à m’avoir touché par la montée irrésistible du piano sur le tempo drum’n’bass et le piano sautillant et la basse gardant l’authenticité jazz acoustique, réorchestré sans la voix de Nya, ce qui permet de mieux apprécier la musique.

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Comme Miles, sans danser, Truffaz utilise l’espace, jouant face au sol de la scène « Doni Doni » () sur une bonne basse funky et des claviers à la Sly Stone, mais avec aussi un côté groove Africain bambara, mais aussi dans la mélodie la basse d’« Old Devil Moon » de Chet Baker remis au goût du funk et d’un bon clavier strident façon Sun Ra ou Xénophone saturé de Bojan Z ou son dernier Boto Brazillian Quartet,album brazil mais très moderne dans ses claviers! D’après Alain Gerber dans « Chet », Chet écoutait « Tutu » de Miles Davis sur un walkman à la fin de sa vie. Chet a rêvé d'être Miles toute sa vie! Truffaz réconcilie l’émotion lyrique intemporelle de Chet et la modernité évolutive de Miles.

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Un très beau concert d’une indiscutable cohésion entre son quartet et Truffaz !

Jean Daniel BURKHARDT

Photos du Concert Patrick Lambin

jeudi, août 11 2016

AIRELLE BESSON QUARTET à WOLFI JAZZ

J’avais pu découvrir la trompettiste Airelle Besson avec le groupe Rockingchair avec Sylvain Rifflet, puis à Wolfi Jazz en duo avec le guitariste Nelson Vèras il y a deux ans. Elle nous revenait à 18 h 30 le samedi 25 juin avec son propre quartet qui venait d’enregistrer « Radio One », une première pour la chanteuse Lynn Cassiers, Benjamin Moussay aux claviers (presque un régional de l’étape, il a grandi à Illkirch et jouait dans un autre fort, le Fort Ulrich), et Fabrice Moreau à la batterie.

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Elle commence « Boo Boo » composé pour Rockingchair, encore plus lente, à la Ibrahim Maalouf et avec Lynn Cassiers à la voix derrière les claviers puis une accélération progressive évolutive très efficace, mais sans guitare.

Benjamin Moussay change de son, plus électrique, puis sur deux claviers (c’est un sorcier des claviers depuis « Swimming Pool») puis break de la batterie avec la voix en contrechant de la trompette pour « Radio One ».

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Ils continuent avec « All I Want », avec après les cris dissonants étouffés, la petite voix pop acidulée et adorable de Lynn Cassiers à la Björk quand elle est calme, puis avec la trompette centrale mais restant atmosphérique par les effets électroniques qui changent un peu le son instrumental en live, le déplaçant, comme détachée du reste et en faisant pourtant partie.

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Après quelques effets de bouche de Lynn Casiers sur les descentes de piano, ils entament « The Painter & The Boxer ». Le traitement sonore est contemporain par le placement et l’ubiquité simultanée d’éléments contradictoires mais émotionnellement pop et improvisée ce qui le rend accessible. Ils jouent ensemble, mais comme depuis l’harmolodie d’Ornette Coleman pas chacun les même choses, incarnant d’autres voix.

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Dans « La Galactée », le rapport entre piano et voix fait pense par son côté hypnotique à « Einstein On The Beach » de Philippe Glass, puis est soudain plus rythmé sous l’impulsion de la trompette sur le piano, puis la voix reprend en chanteuse Nordique à la Sidsell Endresen.

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Ils terminent avec «No Time To Think» sur un tempo plus heurté et rythmé, la chanson la plus dansante entre claviers et breaks de batterie sur la voix pop aux longueurs plus prolongées d’échos par les effets à la Brian Eno, mais la pluie se mit à tomber.

Super concert, projet à suivre!

Jean Daniel BURKHARDT

Photos du Concert Patrick Lambin

mardi, août 9 2016

JOSE CAPARROS QUINTET AVEC MICHAEL CHERET A WOLFI JAZZ

Le samedi 25 juin, les concerts commençaient sous les Douves et gratuits à 15 h 30 avec le trompettiste hard bop Varois José Caparros en Quintet avec l’excellent Michael Cheret applaudi l’an dernier au saxophone. « Musicien généreux et infatigable avec un son puissant, rond, fluide et souple, José Caparros est dans la traditions des hard boppers. On a pu l’entendre auprès de nombreux musiciens de haute volée (Riccardo Del Fra, Greg Abate, Bobby Porcelli, Dominique Di Piazza, Thierry Elliez, Siegfried Kessler, JeanMichel Proust, Philippe Petrucciani, Ahmet Gûlbay le batteur François Laudet, L’organiste Italien Oscar Marchioni, Jean Loup Longnon la pianiste japonaise Junko Moriya ; Le batteur japonais Hidehiko Kann le pianiste Pierre Christophe , le batteur Michel Denis Etc…… ) et avec son ami Nicolas Folmer (programmateur de Wolfi Jazz) dans un quintet à deux trompettes. Professeur diplômé d'état il enseigne au sein du département jazz (conservatoire) de Toulon, la pratique du répertoire l'harmonie jazz et un cours de culture musicale jazz.»

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Michael Cheret est toujours aussi tiré à quatre épingles, gilet et cravate (mais peut-être les mêmes que l'an passé) lyrique et Lesterien , avec le jeune batteur Thierry La Rosa, le contrebassiste noir Felipe Cabrera connu avec le Paris Cuban Project à la batterie et Wilhelm Coppey au piano.

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J’arrive sur un titre de sa composition qui me rappelle le standard « Tangerine » dont Woody Allen a utilisé la version de Dave Brubeck et ils terminent avec « Barbara » d’Horace Silver pour son épouse, pianiste Hard Bop d’Art Blakey qui fit du terme funky (à l’origine une insulte blanche raciste) un terme positive appliqué au Jazz avec son Opus de Funk.

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Bonne contrebasse et batterie, piano funky et bons unissons saxo trompette, puis Cheret s’envole toujours à la Stan Getz entre West Coast, Cool et Hard Bop dans son solo mais reste bien dans la rythmique et Caparros fait penser dans la justesse de ses envolées () lyriques ou Bop à Clifford Brown ou son maître Fats Navarro. Les deux souffleurs ont surtout de le talent de l’écoute et du respect de l’autre et le respect de la section rythmique de toujours revenir au tempo après leur solo qui ne s’en éloigne pas trop. Bon solo de contrebasse également entre les accords de piano un rien Bossa citant « Etrangère au Paradis » de Gloria Lasso mais le fait ressembler à un standard de Jazz et martèle bien dans le fond des touches funky avec la touche latine de « Que Pasa » sur « Song For My Father » d’Horace Silver pour son père Cap Verdien.

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Ils finissent d’ailleurs par « Cherokee » de Ray Noble en tempo medium avec contre chant de saxo sous la trompette à la Stan Getz meets Chet Baker: Stan Getz adorait Chet pour ses disques avec Gerry Mulligan et offrit de le remplacer, mais il s’aperçut que Chet reprenait ses phrases musicales pour les magnifier au lieu d’inventer les siennes ! Ce qui n’est pas le cas ici !

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Puis belle envolée de trompette à la Miles (pas aussi rapide que la version de Clifford Brown mais citant tout de même sa phrase initiale ralentie, et piano bien aussi à la Dizzie Gillespie/ charlie Parker avec accélérations Powelliennes au Massey Hall (la dernière rencontre de Diz et Bird). Le solo de saxophone volubile rappelle le «It Don’t Mean A Thing » de « Diz & Getz » où Diz avait décidé de prendre Getz en sandwich entre lui et Sonny Stitt mais il ne se laissa pas faire. Il y eut aussi un super solo de batterie alors qu’ils avaient très peu dormi d’après Caparros!

En tous cas ça fait du bien d’entendre du bon vieux Hard Bop Cool pur jus!

Jean Daniel BURKHARDT

samedi, juillet 16 2016

ARCHIE SHEPP ATTICA BLUES BIG BAND à WOLFI JAZZ

L’évènement de cette soirée du 22 juin à Wolfi Jazz, c’était Archie Shepp et son Attica Blues Big Band.

En septembre 1971, la prison d’Attica aux États-Unis se soulève suite à l’exécution par des gardiens d’un Black Panther engagé en faveur des droits civiques. Lors de cette révolte violente, après avoir tenté une vie collective dans la prison, 39 détenus noirs meurent dans un véritable bain de sang par la répression, renforçant le sentiment d’inégalité entre noirs et bancs alors omniprésent dans la société américaine. Archie Shepp, saxophoniste free jazz, décide de dénoncer ces injustices et cet événement tragique par la composition d’un hymne d’amour pour sa communauté avec un orchestre composé de pointures du jazz.

Ensemble, ils mettent en avant un jazz noir américain s’inspirant du blues et des negro-spirituals mais également porteur de sonorités plus soul et funk. Ainsi est né l'album Attica Blues en 1972.

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Aujourd'hui, Attica Blues reste un album incontournable, mythique, qui nous replonge dans la lutte pour l’égalité de toute une communauté, dont il a réenregistré certains titres avec Amina Claudine Meyers ce nouvel Attica Blues Big Band avec François Théberge au saxophone et beaucoup de français dans les cuivres.

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Le spectacle commence par une voix seule (d’Archie Shepp?) rappelant l’histoire d’Attica Blues dans son ancrage historique. Sur l’album originel, l’avocat William Kunstler lisait aussi des textes engagés. En concert, cela met une ambiance spéciale avant la musique.

Ils commencent avec « Quiet Dawn», la chanson la plus étrange mélodiquement de l’album original et la plus émouvante qui le terminait, chantée alors par Waheeda Massey, toute jeune fillette à l’époque capable de pousser les phrases jusqu’aux limites de la fausseté. Mais devant l’émotion vocale, on y perdait peut-être le sens de la chanson, les syllabes si rallongées faisant des mots de la musique. Waheeda est devenue bassiste d’après les photos.

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Dans cette nouvelle version (d'abord reprise par Cecil Mc Lorrin Salvant sur le disque et les premier concerts), ici par Nicholle Rochelle magnifique dans sa robe en fourreau noir lamée avec une émotion héritée du gospel, avec un Archie Shepp plus présent dans ses contre-chants et son solo de saxophone à la limite du Free et avec un big band qui swingue plus entre énergie et fonds sonore émouvants sur le tempo un peu bossa nova suivis d’un solo de Jean Philippe Scali au baryton. Cette version live rallongée d’improvisation, rend plus justice à cette chanson.

Ils continuent avec «Blues for Brother George Jackson » d’Archie Shepp également extraite d’Attica Blues, militant black Panther (membre des Soledad Brothers) mort à quelques jours de son procès en tentant de s'évader. il écrivait dans ses Lettres:

« Ce monstre, le monstre qu'ils ont engendré en moi, se retournera contre son créateur pour son malheur. Du fond de la tombe, du trou, du plus profond du trou. Précipitez-moi dans l'autre monde, la descente aux enfers n'y changera rien… Ils me le paieront de leur sang. Je chargerai comme un éléphant blessé, fou de rage, les oreilles déployées, la trompe dressée, barrissant de fureur. C'est la guerre sans merci.

Toute ma vie j'ai fait exactement ce que je voulais faire lorsque je voulais le faire, rien de plus, parfois moins que je ne souhaitais, mais jamais plus. Et c'est pour cela que je suis en prison… Je ne me suis jamais rangé et refuse toujours de le faire aujourd'hui alors que j'ai déjà passé la moitié de ma vie en prison.

Né pour mourir avant l'heure, domestique, salarié précaire, homme des petits boulots dégueulasses, balayeur, enchaîné, homme de fond de cale, privé de sa liberté, c'est moi la victime coloniale. Toute personne passant aujourd'hui les concours de la fonction publique peut avoir ma peau demain… dans la plus complète impunité. »

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Archie Shepp s’est apaisé avec les années, n’est plus le black panther qu’il était quand il voulait interrompre les concerts de Miles Davis de banderoles militantes (ce que n’appréciait pas Miles), mais sa sérénité n’empêche pas son engagement, comme le montre ce spectacle, peut-être le plus proche de lui et de préoccupations qui sont les siennes depuis toute sa carrière. Il présente les morceaux en français avec un onctueux accent américain d’une voix profonde. Toujours tiré à quatre épingles, cravate, costume et chapeau, Archie Shepp a même été pris en photo pour un livre sur les « sapeurs » (adepte de la sape : le fait de se « saper » pour les africains, caraïbes ou afro-américains!), mais c’est un sapeur pyromane musical, jamais pompier dans les ballades, devenu serein avec l’âge.

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Cette nouvelle version allie le gospel des choristes et l’énergie funky de la basse de l’original rejouée par Darryll Hall et la guitare Blues Rock de Pierre Durand sur le Big Band dirigé par Virgile Lefèbvre, un des saxos français. C’est vraiment un plaisir de pouvoir entendre ce répertoire en live (vu l'urgence du propos et l’actualité brûlante, ils n’ont pas dû beaucoup tourner à l’époque !).

Ils poursuivent avec « The Cry Of My People » de Cal Massey était le titre éponyme d’un autre album d’Archie Shepp en 1972 alliant Funk, Blues et plus encore de gospel.

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Des Gospels, Archie Shepp en a interprétés de magnifiques avec Horace Parlan sur Goin’ Home à la manière lyrique mais libre de Albert Ayler sur un disque du même nom également en duo avec le pianiste Call Cobbs.

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Les chanteuses rappelaient à certains moments les chœurs afro-cubains du guaguanco de Tin Tin Deo dans la première version vocale de Chano Pozo avec James Moody : ce peuple, n’est pas qu’afro-américain, mais aussi afro-cubain, afro-brésilien ou africain.

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Ceci annonce aussi le concert de Richard Bona du lendemain avec Roberto Quintero qui accompagna le batteur d’époque de Dizzy Gillespie (qui le joua en version instrumentale du bop au funk) qui connut bien Chano, Roy Haynes dans sa propre version.

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C’est beau de voir ce répertoire reprendre vie sur scène grâce à ce Big Band avec de magnifiques solos de trompette du classique de Louis Armstrong au Bop de Clifford Brown soutenues par le Big Band.

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Dans ses solos, Shepp joue dans et hors de l’orchestre, alternant liberté free et lyrisme swing sur la section rythmique avant un bon solo de piano de Tom Mc Clung alliant lui aussi swing et free comme le faisait Jaki Byard.

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Ils continuent avec « Steam » (fumée, vapeur), magnifique chanson et mélodie composée en hommage à son cousin mort lors des répression policières à 15 ans lors d’une manifestation pour les droits civiques noirs, enregistrée sur Attica Blues en deux parties vocale par Joe Lee Wilson et plus instrumentale sur des cordes, alliant une allégresse rythmique du saxophone à une motif mélodique mélancolique.

Depuis plus de dix ans que je suis Archie Shepp en concert dans la région, il la chante souvent d’une belle voix de crooner (je me souviens d’un concert à Brumath).

Ici elle est chantée en duo avec Marion Rampal dans une magnifique robe rouge, avec Archie Shepp au saxophone soprano, avec les cuivres reprenant le motif rythmique allègre comme l’envol d’un ange devant de beaux fonds sonores, suivis d’un beau solo de piano remplacent les cordes par leurs harmonies.

Shepp la chante peut être avec plus de ferveur et plus dans l’aigu que seul plus dans les basses d’une voix de crooner.

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Avec ce big Band, Archie Shepp peut s’exprimer en toute liberté, improviser ou rester proche du thème.

Suit «Come Sunday » un gospel du répertoire spirituel de Duke Ellington, qui l’écrivit pour sa « Black Brown & Beige Suite » pour son tromboniste Ray Nance (pour l’occasion au violon) pendant la guerre, puis l’enregistra avec la grande chanteuse gospel Mahalia Jackson et son saxophoniste Johnny Hodges le reprit dans son « Sacred Concert » () en 1966.

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Pour ce qui est d’Archie Shepp, il le joue depuis « The Cry Of My People» et en live depuis un concert en 1977 à Copenhague, une version très free à la Albert Ayler, puis le disque et les concerts de l’Attica Blues Big Band par les trois chanteuses.

Pour les esclaves noirs américains, le gospel et le message Biblique et le récit de l’Hégire et de la fuite d’Egypte notamment symbolisait l’espoir de la liberté et de leur propre fuite du Sud dans le Nord non esclavagiste.

Mais ils continuent avec le plus gai et très Funky « Mama Too Tight », enregistré à l’origine pour Impulse sur l’album éponyme qu’on retrouve aussi avec plaisir en live, prétexte à une jam funky aux riffs rythm’n’blues de la part des cuivres, au slap de la basse funky et à un solo funky cosmique de la guitare et à un solo d’alto sur les encouragements et applaudissements rythmiques et vocaux des choristes et cris blues déchaînés de Shepp comme dans une église noire, avec citation de « Mustang Sally » et à solo de batterie final!

Archie Shepp continue avec « Déjà Vu », valse éponyme d’un album de 2001 () où il interprète aussi, entre autres standards américains ou français, «Petite Fleur» de Sidney Bechet sur une basse de Bossa Nova qu’un spectateur m’a demandé de retrouver pour lui à la fin du concert. C’est chose faite!

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Archie Shepp est aussi un saxophoniste de la grande tradition lyrique du Jazz Dans une interview il a déclaré « Je fais du Hawk aujourd’hui », se déclarant de la lignée de Coleman Hawkins, premier saxophoniste de jazz chez Fletcher Henderson dans années 20s, un peu éclipsé dans les influences par son challenger Lester Young (qui l’avait battu dans une jam au Cherry Blossom de Kansas City en 1935) dans les années 50s.

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Seuls Sonny Rollins et Shepp se déclarent de Hawkins. Mais Coleman Hawkins a aussi engagé le pianiste Bop Thélonious Monk, puis sur ses vieux jours, participé au premier album de Free Jazz « We Insist ! freedom Now Suite » de Max Roach en 1960. Comme quoi il était plus ouvert qu’on n'aurait pu le croire!

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Ils continuent avec « Goodbye Sweet Pops », hommage à Louis Armstrong décédé en 1971 un an avant Attica Blues, avec dans cette nouvelle version une citation dans le solo de piano du «Parisian Thoroughfare» de Bud Powell et un solo d’Olivier Miconi rendant bien compte de la joie de vivre qui caractérisait Pops.

Archie Shepp est précieux par cette histoire du Jazz qu’il porte en lui et transmet, et sa tolérance envers tous les styles de Jazz même ceux qu’il ne pratique pas, ou très anciens, comme Louis Armstrong, qu’il invitait à écouter dans une interview aux « Allumés du Jazz ».

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Au-delà de son potentiel comique ou sentimental auquel on pourrait à tort le réduire, Louis Armstrong fut un trompettiste extraordinaire qui se donnait à fond (Milton Mezz Mezzrow raconte l’avoir vu sur scène continuer de jouer pour un nouvel an alors que sa lèvre saignait, ceci dans les années 20 30, alors on peut comprendre qu’il se soit économisé ensuite!) et le premier jazzman à figurer en couverture de Life, quoique né à La Nouvelle Orléans d’une mère de petite vertu et mis maison de correction où il apprit le cornet, c’est dire son importance pour l’estime d’eux-mêmes des Afro américains ! S’il fut longtemps frileux (ou traumatisé par ses temps ou un blanc devait pouvoir dire «c’est MON noir ! » pour sauver la vie d’un noir à la Nouvelle Orléans), il sortit de sa réserve par la critique qu'il fit d'Eisenhower, Président des États-Unis d'Amérique, en le qualifiant de « double face » et de « mou » lors du conflit sur la discrimination à l'école à Little Rock, Arkansas, en 1957, fit d’autant plus la une nationale. En signe de protestation, Armstrong annula une tournée organisée en Union soviétique au nom du département d'État, en disant « Étant donné la façon dont ils traitent mon peuple dans le Sud, le gouvernement peut aller se faire voir » et qu'il ne pouvait pas représenter son gouvernement à l'étranger alors que ce gouvernement était en conflit avec son propre peuple.

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Shepp poursuit avec « Djany », du nom de sa fille, la troisième chanteuse qui l’accompagne, avec quelques phrases du « Naima » de Coltrane (qui fit entrer Shepp chez Impulse et Shepp lui dédia « Four For Trane », son premier album) dans le solo de piano et un bel esprit collectif entre les riffs de cuivres et les solos free de Shepp. Le concert se termine aussi en Jam Funky.

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La chanson suivante est plus mélancolique et engagée, « Ballad For A Child » dans son texte : « Je préfèrerais être un arbre qu’un homme sur cette terre, car les branches peuvent grandir librement encore et encore et encore... » chantée avec Soul sur « Attica Blues » par Henry Hull en 1972 avec de belles cordes, ici plus Blues.

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Ils terminent avec « Attica Blues » qui commençait l’album éponyme en 1972, l’un des titres les plus Soul & Funky de l’album chanté par Henry Hull, Joshie Armstead et Albertine Robinson, et commence aussi la nouvelle version album, rallongée d’une intro de basse funky et où Shepp chante aussi aujourd’hui, de riffs et de guitare électrique de Pierre Durand à la John Scofield, et sur scène, cela devient une funky Jam où les riffs de cuivres rappellent « Work Song » de Nina Simone ou sa version française « Sing Sing Song» de Nougaro qui en fit une chanson de prisonniers.

S’il y a 40 ans le message « quelque chose ne va pas aux Etats-Unis » était vrai, il le reste hélas aujourd’hui, et en ceci c’est peut-être plus fort de le jouer en fin de concert pour rappeler qu’au début pour dénoncer.

Cette version Live modernise presque le Funk jusqu’au Hip Hop (qu’Archie Shepp pratiqua avec Napoleon Maddox) par le débit tout en gardant sa Soul originelle. Cette nouvelle version rallongée d’énergie et d’improvisation collective fait de cette chanson autre chose, au-delà des 3 minutes de l’original et finir le concert en Jam Rock Funky intergénérationnelle avec le public dansant.

Ce projet d’Attica Blues Big Band est celui où tous les Jazz de Shepp de la ballade au Funk, au Free Jazz, se retrouvent et se régénèrent par la collaboration avec de jeunes musiciens.



Jean Daniel BURKHARDT

Photos en couleurs du Concert Patrick Lambin

jeudi, juillet 7 2016

CHRISTOPHE IMBS PACEO BORTONE TRIO A WOLFI JAZZ le 22 JUIN 2016 et un disque à cofinancer!!!

Toujours Mercredi 22 juin, en première partie d’Archie Shepp, on pouvait entendre le pianiste compositeur de jazz Christophe IMBS. Sur scène il a coutume d'utiliser le piano acoustique mêlé à différents effets électroniques. Il travaille actuellement dans ce trio avec Anne Paceo batterie et Matteo Bortone contrebasse avec qui il va enregistrer un album de compositions spécialement écrites pour ce trio cet été que vous pouvez contribuer à financer sur ulule. Il est également formateur au CEDIM (Centre d'Enseignement et de Développement de l'Improvisation Musicale) et intervenant à l'école du TNS (Théâtre National de Strasbourg). Il est l'un des membres créateurs du COLLECTIF OH! et musicien actif de différents projets de ce collectif. qui dirigera le CEDIM à partir de septembre.

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Pour ce concert, le piano électrique est DANS le piano acoustique. Ils démarrent sur l’obsédante cymbale ride d’Anne Pacéo sur la contrebasse et quelques notes de piano décalées, comme la descente inexorable chutant vers un drame attendu qui n’est peut-être que le martèlement de la batterie ou le larsen des cordes pianistiques, poussé jusqu’à sa résolution à la manière du « Turkish Mambo » de Lennie Tristano (Turkish pour le producteur d’Atlantic records Ahmed Ertegun) dont Christophe Imbs est un des rares pianistes à s’inspirer à Strasbourg.

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«Shark » commence plus mélancolique, le piano lent et la rythmique montant sur la contrebasse et la batterie font penser par leur intensité dramatique grandissante à l'arrivée du requin fait penser à Esbjörn Svensson Trio (EST)), ralentit, se fracture en fractals jusqu’à l’électricité du clavier joué debout. Quand le piano se resserre sur du balkanique, ça fait un peu Bojan Z, ou à l’électrique son « Xénophone » saturé.

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La troisième composition fait penser à Keith Jarrett à Köln. Christophe utilise les changements de son de l’acoustique à l’électrique pour brouiller les pistes.

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Ils ont joué la suivante, « Tuesday » pour la première fois la veille en répétition (nous étions alors mardi) avec une batterie très prenante et un piano martelé. Imbs travaille sur le son du piano tandis qu’Anne Paceo rayonnante en son royaume de cymbales martèle ses toms en accélérant.

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La suivante est « La Guerre des Mandarines», plus rapide et pop avec une contrebasse très énergique dans l’interaction de ses échanges avec la batterie sur les et les espaces du piano. Plus intérieur et intimiste, Christophe Imbs semble rentrer dans le piano acoustique pour jouer avec les cordes intérieures du piano comme un autre des pianistes qui l’a influencé : Bobo Stenson, spécialiste de ces résonances des cordes intérieures, comme pour enterrer les morts de cette guerre, mais tout se relève sur la batterie.

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Ils terminent avec le titre éponyme de leur album « ForYourOwnGood » qu’ils enregistreront cet été, « Pour votre bien » qui me rappelle un peu « You Must Go On » de Polaroïd 3, trio de Christine clément dont Imbs est le pianiste dans son début, mais avec une batterie plus assourdie ensuite et une autre mélodie du piano de la transe Free Coltranienne aux vibrations électriques du clavier.

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Vous pouvez cofinancer leur album sur Ulule.

Jean Daniel BURKHARDT

Photos Patrick Lambin

mardi, juillet 5 2016

JULIEN ALOUR QUINTET A WOLFI JAZZ

Le Mercredi 22 juin à 18 h 30, Julien Alour (), trompettiste né à Quimper, qui s’est imposé comme sideman avec Samy Thiébaut entre autres ouvrait le 6ème festival Wolfi Jazz.

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Il avait sorti un premier album « W.I.L.L.I.W.A.W » en Quintet en 2014 et au printemps 2016 un second « Cosmic Dance» ().

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Il a évolué depuis le premier album mais souffle toujours les vents les plus" turbulents et imprévisibles" comme le « Williwaw » entre force, émotion et surprises dans ses nouvelles compositions, mais a troqué la lapine contre le « Bal des Panthères » d’inspiration Brésilienne sur lequel j’arrive.

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Suit « Big Bang » également extrait de « Cosmic Dance » inspiré par la création de l’univers qui me fait penser au dernier Quintet acoustique de Miles Davis dans « Nefertiti » par son mouvement immobile et modal. Son aîné François Théberge est toujours au saxophone, Jean Pierre Arnaud à la batterie, mais Simon Chivallon remplace Afrien Chicot au piano et Samuel F’Hima Sylvain Romano à la contrebasse par rapport aux albums.

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Julien Alour a toujours la justesse aussi bien dans le lyrisme des ballades quand dans l'énergie des tempos hard bop plus rapides d’un Clifford Brown avec l’ambition d’un Miles Davis qui serait à l’acoustique, et les fusées pyrotechniques à la Freddie Hubbard dans l’aigu et des pauses/reprises dansant sur le fil du précipice à la Booker Little dans le final sur la contrebasse.

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Ils jouent tout de même encore l’envoûtante Ballade de Williwaw «Song For Julia » qui m’a enchanté et fait planer pendant le trajet jusqu’à Wolfisheim.

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Il finit par le titre éponyme de son nouvel album « Cosmic Dance » au début calme, puis un peu fanfare sur des rythmes avec des décalages orientaux entre rythmique et trompette à la Ibrahim Maalouf et une citation du dernier Quintet de Miles ou de Wayne Shorter, mais un solo de batterie beaucoup plus moderne.

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En effet ce trompettiste semble préférer, comme Vincent Bessières a pu l’écrire à son propos pour « Williwaw » «l'émotion au au concept ».

On a pu retrouver Julien Alour en fin de festival avec « Panam Panic » dimanche 26 juin en fin de festival!

Jean Daniel BUKHARDT

mardi, septembre 8 2015

JPPJP A WOLFI JAZZ

J’ai découvert la fanfare JPPJP () (« Je Peux Pas J’ai Piscine », excuse fréquente pour ne pas assister aux répétitions) à un vernissage de cadeaux de noëls de l'Ecole Des arts Décoratifs de Strasbourg (où ils sont tous passés) au Salon de coiffure/ Galerie d’Art Avila il y a plusieurs années! Depuis le personnel a peut-être changé, ils sont partis en tournée (aux Etats-Unis à ce qu’ils prétendent sur leur site ou aux Jeux Olympiques selon leur premier album il y a 3 ans), se sont mis à composer et à écrire des chansons et sont beaucoup mieux habillés de costards cravates et tailleurs mini jupes aux couleurs acidulées assorties!

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Ils commencent par un instrumental de leur précédent album « La Terre Promise », L »Expédition » au clip en flash mobile extérieur (), sorte de « Diba Diba » bien Rock de Boby Lapointe en plus Funky () titre écrit pour le film "Ballade pour un chien" de Gerard Vergez, sur une musique du franco Syrien François Rabbath en 1967 avec plus de basse d’alp-horn dans les tubas et trombones!

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Après un appel à snaparticipation (claquements de doigts du public), trompinettes et et trombones fendent le groupe. Ils ont beaucoup composé depuis 2 ans (j’en suis resté à l’album vert absinthe « La Terre Promise » mais ils ont fêté le Nouvel an avec un nouvel album « Open Space »!

J’ai particulièrement craqué pour Apéro 13, son chant entre Philipe Katerine dans les aïgues et Arthur H dans les graves et ses beaux fonds sonores de cuivres couvrant un texte incompréhensible d’une absurdité bon enfant !

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Ils sont vêtus de costards cravates et robes de couleurs comme allant ou revenant d’un mariage permanent verts, bleus, roses fuschias, mauviolets ou pistaches ! Le présentateur est efficacement et poétiquement décalé «On balance de l’eau en jouant de la salive alors faut en recréer avec de l’eau, mais vous pouvez venir dans l’herbe à condition de faire quelque d’artistique !» pour réveiller un public assis en parterre de plantes vertes locales. Un bièromane local ne se fit pas prier pour déranger les rangs de grands mouvements dansés trébuchés et hauts cris couvrant la musique mais il était trop ivre pour être artistique!

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Ils continuent avec un instru BO Funky puis tout de même une nouvelle chanson par Eugène Riousse "Jus d’Ananas » (entre nous nous nous nous), exercice en na et nou, drague parodique coquine à la Katerine mais la chute tombe mal, « je suis la nana de judas !».

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Ils continuent avec une « secousse », paso doble aux saxos orientalisants se détachant su groupe, puis un hip Hop Cosmic Funky, puis une bourrée de retour d’alpages. Le saxo Soprano « devrait avoir honte de son pantalon », mais le batteur qui le dit porte le même!) et poursuit en Breakbeat une ballade Eclipse (http://jppjp.bandcamp.com/track/clipse) du deuxième album !

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Ils finissent avec MururoA critique du nucléaire « Ma femme a des angles droits/ Mon fils le cancer du foie » de « résidents/résidus », mais « faut s’faire le phosphore »!

Bref, l’une des fanfares les plus créatives et originales de la région!

Jean Daniel BURKHARDT

PHOTOS Patrick LAMBIN

mercredi, août 26 2015

Z COMME A WOLFI JAZZ

Z Comme est un groupe de Jazz Free/ Rock Prog composé de Julien Behar - saxophones, compositions, Christophe Chaïr – percussions, Stéphane Decolly – basse et Philippe Rak – vibraphone qui m’était inconnu avant le festival, à part le bassiste entendu sur les disques de Lisa cat Berrio où ils se sont produits l’après midi, là encore en remplacement des intempéries de l’an passé!

Après une intro plutôt free, ça se calme en « In A Silent Way » de Miles Davis, puis repart avec le saxo vers un univers plus rythmé et Progressif à la « Elegant People » Wayne Shorter et Weather Report.

Ils passent d’un morceau à l’autre sans pause comme dans une jam, comme Miles à l’Île De Wight ou les morceaux sont longs et progressifs! Du Free Progressif en effet ! Freegressif ? C’était une longue marche, 9.10 en hommage à des musiciens (peut-être ceux-là ?)

Elle est suivie d'un "Tango Torgo" "Fatal Footsteps", mais pas par rapport à Wayne shorter et son "Footsteps" mais au film muet de Charley Bowers du même nom, "Fatal Footsteps", Astor Piazzola lui-même avait tenté des expériences électriques avec son Quinteto Electronico en 1974 puis ajouta une guitare électrique à son Quinteto Tango Nuevo.

Plus connue par leurs albums, ils poursuivent avec « De Deux choses L’Autre » avec Philipe Rak au vibraphone bien à la bien à la Gong/Weather Report voire même Return To Forever (l’équivalent de Weather report en plus Brésilien avec Chick Coréa, Airto Moreira et Flora Purrim), puis Ravayah, toujours bien rythmé, groovy, avec une touche ethnique.

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Z Comme Quoi au fait ? Comme John Zorn et son Masada et ses musiques juives qu’ils commencèrent à jouer d’abord à jouer ensemble, plus oriental avec des changements rythmiques intéressants de la batterie et des percussions.

Ils terminent avec « Mokhba 80 » (titre écrit sur une balalaïka ramenée à Julien Bèhar). Après une intro de percussions, en effet ça devient comme annoncé une belle ballade au saxophone un peu modifié.

Les nouvelles compositions sont plus groovys, ont « the power of rock’n’roll » avec une intro de Phillippe Chaïr aux percussions avec une super basse de Decolly. Ils « aiment les grands écarts » et finissent avec « Ras El Hanout »!

Bref un bon groupe à suivre où des musiciens de différents horizons trouvent à s'exprimer dans un répertoire commun!!

Jean Daniel BURKHARDT

mardi, août 18 2015

DEE DEE BRIDGEWATER & THE NEW ORLEANS JAZZ ORCHESTRA A WOLFI JAZZ

C’est le dernier projet de Dee Dee Bridgewater avec le trompettiste Irwin Mayfield et son New Orleans Jazz Orchestra venus de La Nouvelle Orléans et lui rendant hommage comme sur son dernier disque « Dee Dee’s Feathers ».

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Ils arrivent avant elle en marche collective traditionnelle de la Nouvelle Orléans trombone (devant comme dans les charrettes de New Orleans pour ne pas assommer tout le monde à coups de coulisses) , trompette, saxo, basse et piano sur la batterie comme dans les rues de New Orleans lors des parades qui bercèrent Louis Armstrong comme sur ce Canal Street Blues, son premier enregistrement en 1923 avec son maître King Oliver ou Sidney Bechet et où naquit le Jazz, de musiciens créoles (métis, de peau claire et ayant appris la musique classique des maîtres) forcés par loi Jim Crow de jouer avec les noirs (pratiquant Blues et Gospel dans les bars mal famés) les mettant à leur niveau social.

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Annoncée par Irwin Mayfield comme «the greatest jazz singer living, the most beautifull woman in the world » comme une James Brown au féminin, Dee Dee Bridgewater arrive, toujours crâne rasé (depuis son disque malien) mais là Irwin Mayfield a aussi le crâne rasé ! Elle lui caressa d’ailleurs le crâne à un moment du concert! Une belle tendresse complice et l'humour les unissait pendant le concert

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Elle commence par « One Fine Thing » d’Harry Connick Junior () de New Orleans ! herry Connick Jr fut pour moi aussi un des plus grands espoirs du Jazz dans les années 90s (pour Blue Light, Red Light, From Paris with Love), je veux dire que le Jazz Swingue, joue du piano comme Duke Ellington et chante d’une voix de crooner (adoubé par Frank Sinatra) mais l’album « She » Funk Rock, veste en cuir et coupe minet puis le pop torse nu en jean couché dans l’herbe «Star Turtle » m’ont déçu et fait m’en désintéresser! Plus fort est l’espoir en une idole, plus forte la déception ! Peut être ai-je eu tort, il a plus assumé ses origines de la Nouvelle Orléans par la suite, mais ses albums de standards de charme pour dames comportent toujours trop de violons et cordes melliflues à mon goût!

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Autre titre Dixie Land (Jazz New Orleans par des Blancs de Chicago) plus classique de la Nouvelle Orléans, Basin Street Blues qui n’est pas sur l’album d’après une rue de La Nouvelle Orléans de Spencer Williams, et les trombonistes Jack Teagarden (son créateur avec les Charleston chasers de Benny Goodman) & Glenn Miller en 1926, popularisé par Louis Armstrong et ses Hot Five en 1828!

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Plus tragique et ancienne, le « st James Infirmary » est attribuée à John Primrose est une chanson folklorique traditionnelle anglaise du XVIIIe siècle, appelée "The Unfortunate Rake" (également connue sous le nom "The Unfortunate Lad" ou "The Young Man Cut Down in His Prime"), qui raconte l'histoire d'un soldat qui gaspille tout son argent pour se payer des prostituées, puis meurt d'une maladie vénérienne, popularisée par Louis Armstrong. Irwin Mayfield a perdu son père victime de Katrina et lui dédia le chant funèbre « Just a Closer Walk With thee ».

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Mais Dee Dee Bridgewater sait rendre même un répertoire triste émouvant et même drôle par son humour parodique, ses apartés et sa joie de vivre communicative, tandis que les New Orleans Jazz Orchestra respectent le rythme bringuebalant de ce Blues!

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Les enterrements à La Nouvelle Orléans se terminaient après la marche funèbre par l’air de fanfare « Didn’t He Ramble ? » (L’a-t-il pas roulé sa bosse ?) dont Jelly Roll Morton donna avec Sidney Bechet une version plus courte et plus cynique (il a roulé sa bosse, mais l’boucher l’a quand même coupé en tranches!)

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Autre chanson mélancolique, « Do You Know What It Means To Miss New Orleans ? » avec de magnifiques fonds sonores (dont harry connick donna une belle version en duo avec Dr John et « There’s Nothing Like New Orleans » popularisé par Count Basie et Jimmy Rushing dans les années 30s avec Irwin Mayfield hurlant dans sa trompette!

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Pas de New Orleans mais de Bob Thiele du label Impulse (plutôt Free Jazz, celui de Coltrane notamment) mais popularisée par Louis Armstrong en 1967« What A Wonderful World » est aussi à leur répertoire !

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A un autre moment, Dee Dee partit en scat sur le banjo, qui devint swing progressivement avec le piano puis les cuivres pour aboutir au Big Chief du Dr John (enregistré avec lui sur l’album), pianiste représentant du meilleur Rythm’N’Blues

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Sur une autre ballade, l’accord entre les fonds sonores autour de la mélodie chantée par Dee Dee Bridgewater ensuite rejointe par Irwin Mayfield était merveilleux !

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Dee Dee Bridgewater retrouva avec plaisir Nicolas Folmer, son ancien trompettiste Nicolas Folmer, avec irwin Mayfield faisant le cabotin prétendant qu’elle lui aurait « brisé le cœur » pour l’album « This Is New » dont certains titres de Billie Holiday en reparu en 2011 sous le titre « Midnight Sun » !

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Bref, un programme innovant de façon surprenante sur un répertoire traditionnel grâce à un feeling impeccable et des émotions tout terrain toujours justes et cet orchestre est l’un des meilleurs qui l’ait accompagné et celui avec lequel elle semble avoir la meilleure complicité et l’attrait de la nouveauté pour eux, elle et nous!

Jean Daniel BURKHARDT

Photos Patrick Lambin

vendredi, août 7 2015

AURORE VOILQUE REVIENT ENVOUTER WOLFI JAZZ

Originaire de Schiltigheim où elle a commencé par le violon tzigane et klezmer, Aurore Voilqué avait déjà eu les honneurs de la scène Off de Wolfi Jazz il y a 3 ans, au soleil et en plein air sous ses lunettes de soleil et avec son ancienne formation.

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J’adore toujours sa voix et ses chansons françaises, dès la première « Toi"qui m’était inconnue avec un super saxophoniste (Olivier Delays) sur la guitare manouche de Thomas Ohresser, avec cette phrase «toi tu m’as sauté aux yeux », mais « glisse entre les doigts comme tous les autres » ! Tiens elle est de Boris Vian, chantée par Nicole Croisille, l’une de nos meilleures chanteuses de Jazz en français, au-delà de sa collaboration avec les films de Lelouch.

Intro batterie (Stéphane Chandelier), puis un instrumental saxo/ basse (Basile Mouton) un rien groove, puis énergique quand le violon d’Aurore s’y met à la Django/Grappelly et super solo de saxo à la Alix Combelle qui accompagnait Django au sein du Quartet de saxophones avec André Ekyan, et les américains Coleman Hawkins (de passage en France après s’être fait laminer par un certain Lester Young alors inconnu au Cherry Blossom de Kansas City et avoir démissionné de chez Fletcher Henderson) pour la première séance des disques Swing (première maison de disque à ne se consacrer qu’au Jazz) organisée par Hugues Panassié (le « Pape hugues » comme l’appellerait Boris Vian fut avant guerre un découvreur, et un ringard fermé au Be Bop après guerre !) et Benny Carter (qui avait oublié d’écrire les arrangements) mais Ekyan collaborera aussi avec Django et Joseph Reinhardt pendant la guerre.

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Suit une reprise de Gainsbourg (non pas « La Javanaise » !) mais « Black Trombone » ( mais différente, plus lente et moins lasse et blasée que Gainsbourg commence par la contrebasse puis chante sur deux notes de contrebasse, insiste sur les voyelle en fin de phrases (« Dieu pardonne la mignonne qui fredonne dans mon liiit. Elle se donne à demiiii-nue frissonne, déraisonne, m’empoisonne, m’envahit.», violon et le trombone les rejoint par les autres. Sa version est moins swing ou plus swing manouche. Defays est aussi un grand saxophoniste Lesterien/ Getzien. Et pour le final : «C’est l’automne de ma viiiie. Plus personne ne m’étonne, j’abandonne », le « C’est fini »d’Aurore Voilqué est plus détaché, guilleret, ironique que celui de Gainsbourg, moins suicidaire ! Bref elle l’améliore de le l’intérieur!

Autre grand auteur et chanteur de Jazz, Nougaro, dont Aurore Voilqué reprend « Le Jazz Et La Java », plus proche de l’original (https://www.youtube.com/watch?v=dec0Pmw0NJc) dans le dialogue entre la contrebasse Jazz et la guitare, le trombone et la batterie et le côté poulbot de la chanteuse. Entre Jazz et Chanson Française, née en un autre temps, Aurore Voilqué aurait été un Magali Noël des films noirs, une héroïne des films de Gabin, le sera plus tard dans ce concert, et l’EST aujourd’hui !

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Elle continue avec sa version du Blue Drag de Django Reinhardt ralenti Blues et modernisé façon reggae citant Summertime puis super solo de saxo après le solo de guitare et violon Tzigane Rock citant « Dazed & Confused » de Led Zep (avec des effets d’archets de violon sur sa guitare de Jimi Page !) avant de revenir au thème! D’ailleurs Robert Plant (chanteur de Led Zep) sera avec ses Sensationnal Space Shifters en concert à la Foire Aux Vins de Colmar le 12 août ! Aurore Voilqué rajoute de la fraîcheur dans ses reprises !

Elle enchaîne avec une compo de Django « Place De Brouckère » avec batterie modernisée après le riff indicatif du thème.

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Elle termine avec deux chansons du répertoire de Magali Noël décédée quelques jours avant (je l'ignorais) : «Fais Moi Mal Johnny» un des rocks de Boris Vian avec le guitariste qui fait Vian en moins sadique (« il va lui faire maal »), et Aurore Voilqué plus slam et enchaîne avec « Le Rififi » (du film « Du Rifififi chez les hommes ») qu’elle me fit découvrir il y a 3 ans avec un beau solo de saxo puis citant l’alouette roumaine çioçialia dans son solo de violon et même «Alouette Je te plumerai »

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En bis elle termine avec un Henri Salvador (déjà il y a trois ans elle avait chanté « quand je monte chez toi ») et là « Y a du soleil dans la boutique »

Bref elle prouva, s’il en était besoin, être une magnifique et originale interprète de chanson française capable de la renouveler !

Aurore Voilqué et son portrait par un festivalier:

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Jean Daniel BURKHARDT

PHOTOS Patrick Lambin

vendredi, juillet 31 2015

lE SAXOPHONISTE MICHAEL CHERET JOUE HARD BOP & COOL A WOLFISHEIM

Le saxophoniste Michael Cheret a sorti récemment un excellent album en Trio Live vol 1 où il montre un maîtrise du saxophone ténor à la Sonny Rollins!

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Mais il était en Quartet avec Yanni Balmelle à la guitare rendant sa prestation un peu plus Jazz Rock.

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N’empêche il a la classe, Cheret, costard et cravate blanche sur une chemise à peine rosée.

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Mais dans les ballades, il est superbe dans le style de Stan Getz.

Il reste aussi fidèle à un autre aspect de Sonny Rollins, la Calypso festive sur une composition d’un musicien de La Nouvelle Orléans.

Mais il reste le meilleur dans les standards comme « Like Someone In Love » qu’il a repris avec son West Coast Tribute avec Baptiste Herbin, excellent alto Parkerien qu’on a pu entendre ensuite à Sax Open lors d’une Jam au Hilton ! Ce sont des saxophonistes dignes des Brothers de la West Coast et qui font des merveilles même avec des américains comme Scott Hamilton!

Ça fait du bien de voir du saxophone Lesterien, pré Coltranien, même au tempo un peu accéléré, et même la guitare s’y montre plus calme comme avec Scott Hamilton.

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Et pour le dernier titre il ralentit encore le tempo, et trouve avec Yanni Balmelle une complicité à la Getz/Jimmy Rainey «si proche que même une feuille de cigarette n’aurait pu se glisser entre eux » (Alain Gerber à propos de Stan Getz et jimmy Rainey, je cite de mémoire)!

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J’ai un peu parlé avec Michael cheret ensuite, il partage ses disques entre ses compositions personnelles et les standards de Jazz qui ne sont hélas plus trop au goût du jour et est presque obligé de s’excuser s’en jouer auprès d’un public qui les trouve démodés.

Jean Daniel BURKHARDT

Photos Patrick Lambin

jeudi, juillet 9 2015

KENNY GARRETT ENFLAMME WOLFISHEIM

Kenny Garrett a commencé à se faire connaître dans les groupes de Miles Davis dans les années 90, il a depuis sorti une quinzaine d’albums sous son nom.

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Toujours avec son bonnet Tibétain sur la tête, et ses lunettes entre Dizzy Gillespie et Herbie Hancock, le saxophoniste Kenny Garrett arrive avec son groupe (piano, batterie, contrebasse, percussions) et commence par une envolée très rapide citant « It Might As Well Be Spring » qu’il avait joué avec Woody Shaw en 1986. Il joue un Jazz moderne, a un jeu Bop Parkerien par sa vitesse mais ouvert au funk et aux musiques modernes.

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Ses musiciens sont aussi fous et virtuoses que lui, notamment le pianiste Vernell Brown jouant de ses touches comme d’un vibraphone prolongé d’échos électriques avec quelque chose de Chucho Valdès (en concert le 10 août à La Petite Pierre), puis le bassiste Corcoran Holt à la Mingus « Haitian Fight Song » dans l’intensité, Kenny Garrett enchaîne avec le souvenir de Mingus s’éloignant en fanfare de Mariachis Mexicains sur Tijuana Moods. Marcus Baylor est à la Batterie et Rudy Bird aux Percussions. Chacun fera son petit show au cours du concert.

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Mais Kenny Garrett, son souffle repris, est aussi un excellent saxophoniste Coltranien (https://www.youtube.com/watch?v=nA4DLhWTrIw) qui a modernisé, funkysé, rockysé, poppisé son répertoire tout en gardant dans son solo l’intensité Free et spirituelle d’ Interstellar Space avec Rashied Ali! Comme Coltrane il joue aussi du saxophone soprano et s’est intéressé aux techniques asiatiques permises par cet instrument, comme à ses possibilités baroques.

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Il continue avec Wayne’s Thang, poussant le batteur jusqu’à l’extase.

Grand improvisateur, il intègre aussi le répertoire au moment où on s’y attendrait le moins dans ses solos comme «Monks’s Dream » dans un ralenti.

Egalement capable de jouer Caribéen, Kenny poursuivra en Gwoka (https://www.youtube.com/watch?v=_u2dhG4o3nc), a joué aussi avec le batteur Guadeloupéen de LIsa Simone Sonny Troupé et apparaît en guest sur son album « Voyages et rêves » et continue en Calypso à la Sonny Rollins (originaire de St Thomas dans Les Îles Vierges () dans « Brown Skin Girls » et termine même avec la version outre Mer de « Rosalie Rosalie » de notre Carlos national ! Le public, séduit se lève à la suite des jeunes bénévoles et se met à danser sur le devant de la scène!

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Enthousiasmé, Kenny Garrett finira avec un version Funk Hip Hop Instrumentale et Scattée de son premier succès «Happy People » sans la chanteuse de l’original sur l’album éponyme Jean Norris!

Mais comme il n’aime pas se répéter, ses reprises même de ses propres compositions ne ressemblent souvent pas aux originaux ! Il finira par rapper, scatter et haranguer le public!

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Kenny Garrett a un côté plus communicatif avec le public et moins mystique, moins concentré ou « dans sa bulle » que Steve Coleman, plus festif.

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Il terminera en Bis par UN BON QUART D’HEURE d’Improvisations mais AU PIANO sur des standards , et assez proche des originaux et sentimental, très "Nuit d'été britannique" dirait Kerouac (à propos de George Shearing dans "Sur La Route") ), très différent de son jeu au saxophone, comme s'il était un pianiste de bar laissé là pour les amoureux tandis que les serveurs nettoient les dernier verres, after hours! Mais j’avais dû prendre mon bus !

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Bref, Kenny Garrett fait penser à beaucoup de musiciens de Jazz disparus, tout en étant tout à fait dans l'air du temps, voire même en avance car regardant déjà vers l'avenir, le sien ou celui de la musique!

JEAN DANIEL BURKHARDT

PHOTOS Patrick Lambin

samedi, juin 27 2015

ERIC SEVA "Nomade Sonore" A WOLFI JAZZ

Après « Folklores Croisés», la nouvelle formation/ projet/ disque du saxophoniste soprano et baryton Eric Sèva comprend Daniel Zimmerman au trombone, Matthieu Chazarenc à la batterie et Bruno Schlorp à la contrebasse.

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Dès le début, on assiste de beaux très échanges contre chants et harmonies du saxophone baryton avec le trombone, un peu arpèges d’alpages] comme le VSP Orchestra ("Vibraphone Spécial Project"orchestre Jazz World local dédié à l’alphorn et au vibraphone entouré de Jazzmen dans un répertoire moderne et original) dans les basses sur les percussions du batteur dans le titre éponyme de ce nouveau projet. Oui Eric Sèva est un Nomade Sonore en ce sens aussi que, en plus de mêler Jazz et Musiques Traditionnelles, il fait évoluer ses compositions en voyageur sans se perdre dans des improvisations bruitistes en gardant la ligne mélodique. Mais on n’est pas loin non plus non plus d’un certain Jazz de West Coast à la française qui fait penser à Gerry Mulligan et son tromboniste à valve Bob Brookmeyer par la beauté « Cool » des arrangement et l’écoute entre trombone et baryton.

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Il continue avec une composition du guitariste d’origine Egyptienne Khalil Chahine avec qui il joué, Kamar, avec une magnifique mélancolique saxo/trombone, puis le saxo s’envole, et ils se repassent en ping pong la mélodie en rythme. C’est comme l’envol d’un oiseau saxo sur le dos d’un éléphant sur la basse faisant penser par ses motifs orientaux à l’oud d’un(e) a-Rabih Abouh Khalil.

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Suit « Rue aux Fromages », une valse Musette inspirée par une rue de l’enfance d’Eric Sèva, qui fait penser à « Indifférence » de Tony Murèna, mais aussi par son improvisation à François Corneloup, autre baryton plus bruitiste quand il joue bien comme dans les « Papillons Noirs » de Paris Musette 2.

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On part ensuite en Bretagne avec une nouvelle version de Graffiti Celtique, illustré à l’origine par Cabu présenté par un émouvant hommage aux victimes de Charlie Hebdo et dédié à la Liberté d’Expression. La contrebasse se fait mât et la batterie tempête, le soprano mouette ou goéland et la trombone vent et marée dans une odeur d’embruns, puis les souffleurs partent sonnant fanfare, pour se calmer enfin à la nuit dans les brumes de l’Ankou (squelette, Mort dans l'imaginaire breton)!

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Le concert se termine par « Monsieur Toulouse » dédié à Claude Nougaro, commencé comme son cri de trompette introductif d’ « Armstrong », puis polar félin « A Bout De Souffle » où la « Pluie fait des claquettes », mais groove vite comme à Nopugayork. Le batteur fait sa Lubatterie « Petit Taureau dans un champ de marguerites ».

La fusion du Jazz et des musiques traditionnelles est une voie à explorer pour sauver l’avenir les deux !

Après le concert, rencontre émouvante d'Eric Sèva avec un fan qui connaissait déjà "Graffiti Celtique" dans sa première version (qui le réveillait chaque matin pour ses examens lors de ses études de médecine)!

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Ce fan avait vu Cabu qui l'avait caricaturé avec son frère et a montré à Eric Sèva la photo du dessin sur son i phone, lui même photographié par Patrick Lambin!

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PHOTOS PATRICK LAMBIN (à part le première Cabu Graffiti Celtique trouvée sur internet)

Prochain Concert d'Eric Sèva chez nous:

jeudi 09 juillet 2015

Invité au SaxOpen, Congrès Mondial du saxophone à Strasbourg

2 concerts à 16h00 :

salle d’orchestre, Cité de la musique et de la danse

Wolfi Jazz se poursuit jusqu'à Lundi soir, détails ci dessous!

CE SOIR SAMEDI 27 JUIN

WOLFI JAZZ

15h30 - Z Comme

17h - JPPJP

18h30 - Cotton Belly's

à partir de 19h30...

Agathe Iracema : Agathe Jazz 4tet

Lisa Simone

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DIMANCHE 28 JUIN

WOLFI JAZZ

15h30 - Fabien Mary 5tet

17h - Jean-Marie Marrier

18h30 - The Volunteered Slaves

à partir de 19h30...

Nicolas Folmer "Horny Tonky"

Earth, Wind & Fire Experience feat. Al McKay

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LUNDI 29 JUIN

WOLFI JAZZ

18h30 - JPPJP

à partir de 19h30.. . Gregory Porter

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JDB

Photos du concert Patrick Lambin

lundi, juin 22 2015

WHATEVEREST, ACOUSMATICS & IN TIME JAZZ A LA FÊTE DE LA MUSIQUE

Après quelques standards ballades ou Bop, joués par la Family du saxophoniste Rémi Psaume (sans effets) avec un guitariste puis une chanteuse arrivent sous l’averse Whateverest, groupe Hip Hop dont un EP est déjà disponible.

Sauf qu’il étaient en version instrumentale (claviers/effets, basse, batterie et saxo ténor) sauf qu’ils étaient version instrumentale sans chanteur, annoncés dès laz balance par des effets d’oiseaux sirènes lasers MPC par le clavier qui leurs sont propres ! Bien aimé en instru !

Leur EP commence par The Knife, The Gun, avec un effet plus fantomatique puis un chanteur, mais avec le chanteur ça fait plus Hip Hiop, moins abstract forcément ! Mais quand le chanteur se pose sur le champ tapis volant des claviers en final ça le fait!

Et finalement c’est un groupe instrumental sur les autres titres !

Cosmic Jewels est plus instrumental et plus à la EST avec le saxo improvisant en intro ses voix cosmiques de clavier, puis un beau solo de saxo balkanique s’ébrouYant ! La qualité de ce groupe est de garder à la fois une cohésion d’ensemble tout en permettant l’expression circonstancielle des individualités dans des échappées libres !

Ils ont joué entre autres Dark Drakkar (ou Drakkar au moins) plus groovy avec la batterie partant en drum’n’bass, il a l’air de bien s’amuser le batteur à aller à contre courant des autres à la Jim Black! Après des oiseaux introductifs à la Robert Wyatt, et un bon solo de clavier puis changement de son vers une ambiance plus inquiétante et retour des oiseaux du début (doublés en live).

CGSTA doit être du suèdois ou un sigle, commence en polar puis s’ouvre en 70ies sur la deuxième phrase et voilà les oiseaux lasers attendus qui atterrissent juste avant un bon solo de basse sur des beats de MPC ! Ils savent raconter des histoires sans paroles !

On sort de l’EP se termine par Outro à la basse plus groove menant le clavier sur deux beats vers la sortie !

Ils étaient suivis sous une deuxième avers plus fournie par Acousmatics, autre quartet clavier (le second blanc à boutons effectuant des sons spatiaux intéressants), basse et batterie groovy bien en place, et saxo alto ajoutant souvent décalage rythmique dans ses riffs ! un peu à la steve Coleman mais qui aurait engagé Soft Machine aux claviers et moins ouvertement mystico-numérologique ! A certains moments, l’accord entre clavier et saxo rappelait Weather Report dans Elegant People!

Organisateur de la scène, In Time Jazz (guitare, batterie, basse et rémi Psaume mais cette fois avec des pédales d’effets) joua en avant première le set qu’ils présenteront à Jazz A Vienne lors d’un tremplin Jazz !

Entrée en force dans le Jzz Rock Groove décoiffant, puis « Atoube » avec le saxo modifié d’effets puis la guitare FlamenRock à la Louis Winsberg jusqu’à une rafale riffée du « Machine Gun de Jimi Hendrix et excellente basse groo-wa-wah-vant après la reprise puis batterie! Ce morceau est dédié aux fantômes politiques de l’unité Africaine (Patrice Lumumba, Thomas Sankhara), ils ont été en Afrique avec Moussa Coulibaly !

Méditerranée dédiée aux migrants est une belle troisième mélodie guitare/saxo à la Jorge Pardo et basse à la Carlos Benavent puis effets saxo partant loin du saxo, presque vers Eddie Harris (pionnier du saxo électrique qui le fit passer du hard Bop au Groove) à Michael Brecker sur son EWI player, c’est presque plus du saxo d’un point de vue sonore mais comme un clavier soufflé ! C’est puissant dans la cohésion rythmique mais fin dans les envolées solistes ! Bon solo de guitare sur la basse, et pour ceux qui préfèrent le lyrisme plus calme, le solo de saxo l’est aussi, puis s’ébroue à la Julien Lourau, puis repart sur la batterie! Freespannique ^pour évoquer cette liberté recherchée et conquise par les migrants !

Cette implication d’une conscience politique dans l’histoire et leur époque ajoute un sens supplémentaire à leur musique!

Ils terminent par un autre titre puissant et excellent !

Bonne chance pour Jazz à Vienne !

JDB

mercredi, septembre 3 2014

FRANCK AMSALLEM SINGS VOLUME II est sorti il y a quelques jours!

Franck Amsallem est né en 1961 à Oran dans l’alérie Française mais grandit à Nice où il prend des cours de piano dès son plus jeune âge. mais c'est pourtant au saxophone, instrument qu'il a étudié au conservatoire de Nice, qu'il se produit pour la première fois sur scène. De par sa rencontre avec Jerry Bergonzi (en), Richie Cole et Michael Brecker à la Grande Parade du Jazz de Nice (à Nice le Festival passait dans les rues sur des camions remorques, un peu comme sur les charrettes de La Nouvelle Orléans), il décide très vite d'aller étudier outre-atlantique.

Il part donc aux États-Unis en 1981 où il étudie au Berklee College of Music de Boston2 puis a la Manhattan School of Music. Il y étudie le jazz, l'arrangement et la composition avec Herb Pomeroy (en), Michael Gibbs (en) et Bob Brookmeyer, le piano classique avec Phillip Kawin.

Présent sur la scène new-yorkaise à partir de 1986, il joue dans l'orchestre de Gerry Mulligan, Maria Schneider, Joe Chambers, ou Charles Lloyd. Après une longue carrière de pianiste instrumental qui a joué avec les plus grands, le dernier album de Franck Amsallem Amsallem Sings était le premier où on peut l'entendre en solo chanter en s’accompagnant au piano, sur des standards extraites du Great American Songbook, et on le redécouvre en chanteur, entre Frank Sinatra, Chet Baker ou Harry Connick Junior !

A propos de cet azlbum et de ce choix de chanter sur "Franck Amsallem Sings VOL II"Frank Amsallem nous dit « ces jours-ci, le jazz me parle à travers les chanteurs et leurs chansons. Chanter est la plus pure forme d’expression de soi, et j’aspire à transmettre à travers mon chant des messages musicaux que je manquerais autrement. En effet, contrairement à beaucoup de mes contemporains, j’adore les chanteurs et leurs chansons»!

Moi aussi c'est dans ses chansons que le jazz me Touche le plus, si je sais qu'il est bien d'autres choses depuis (le free jazz, la fusion, jusqu’à l'électro jazz), c'est agréable de retrouver les fondamentaux comme un retour au port et de se dire "c'est ça!" et ça l'est encore ICI AUJOURD'HUI ET MAINTENANT en 2014! Car Chet ou Sinatra sont morts et Stacey Kent ne fait plus vraiment ça, Harry Connick Jr qu'une fois sur deux et encore!

Et c’est vrai que ça fait du bien d'entendre à nouveau du Jazz récent (au sens de sorti aujourd’hui, ce que j'ai décidé de défendre comme Jazz VIVANT par lassitude de la nostalgie et pourque TOUS LES JAZZs VIVENT)!

Et c'est une bonne surprise de découvrir même des standards qui m'étaient inconnus comme Never Will I Marry de Frank Loess sur un rythme de claquettes peut-être par un personnage de célibataire endurci d'une comédie musicale Tin Pan Alley chanté avec ce côté Harry Connick (ses premiers albums m'ont fait croire à un renouveau du jazz sentimental jusqu’à She et Turtle Turtle) ou Chet Baker avec ce voile d'émotion sur la voix! Sans compter la joie enfin de réentendre le pianiste Franck Amsallem épaulé d'une bonne rythmique qui tourne bien (Sylvain Romano à la basse et Karl Jannuska à la batterie, ajoutant la joie de l'improvisation ou de l’interaction collective du Jazz!

J’ignorais aussi qu’If You Could see Me Now était du pianiste Bop Tadd Dameron et Carl Singman, repris très lentement sur un air rappelant «que feras-tu de ta vie» de Michel Legrand par Stacey Kent au début et le pianiste accélérant dans le bon solo pour rejoindre « Four» du saxophoniste Eddie Cleanhead Vinson mais souvent attribué au trompettiste Miles Davis dans la version d' Anita O'Day()!

Le début de Dindi d'Antonio Carlos Jobim et Ray Gilbert m'a bluffé, cette voix presque acidulée, traînante sur les voyelles, puis sans tomber dans la morgue Jobinienne, le piano part vers d'autres rives dont il est trace les vagues, la voix au gouvernail ou à la proue nous fait réentendre le standard su différemment sur la basse mât et la batterie bossa et latine juste ce qu'il faut!

Dans cet album Franck Amsallem se montre un grand chanteur (voire plusieurs) ET aussi le grand pianiste de toute sa carrière instrumentale, concilie les deux ! le premier Amsallem Sings était magnifique mais on en restait à "Ah il chante aussi? Et très bien" mais en s’accompagnant seul au piano! Le chanteur John Hendricks a dit à Jazz Mag que les chanteurs donnent une émotion humaine que peu d'instrumentistes peuvent égaler !

Body & Soul de Green, Heyman, Sour & Eyton est magnifique aussi, juste piano voix, avec ces retards, ralentissements, chase avec lui même dans ce dialogue amoureux avec l'instrument, et on y retrouve là encore la fraîcheur vocale qui émeut même si on l'a déjà entendue par tant d'autres, un peu Monk ou Bill Evans des jours mélancoliques, cet abandon, lâcher prise pour l'envol dans le final!

Il y a chez Amsallem chanteur quelque chose d'un Chet Baker mais mature, plus méconnu que le juvénile androgyne que j'adore de Chet Baker Sings, plus "It Could Happen To You" ou Baker's Holiday!

Justement "It Could Happen To You" est très différente de Chet, moins mélancolique, sur une batterie latine et une bonne basse en réinventant son tempo, avec la voix devant ou derrière, en embuscade, je la préfère même à celle de chet pour sa modernité et même ce presque scat sur meeeee, moins mélancolique, plus vivante, moderne, presque, si je ne craignais de l’insulter à la manière rajeunie de Jamie Cullum dans ses standards et dans le solo de piano j'entends la mélodie pour un « piano de mauvaise vie » où "Mozart joue du Jazz coiffé d'un chapeau melon" de Claude Nougaro sur Bleu Blang Blues (d'après Jeru de Miles Davis un standard, mais moi aussi je ne me souviens que des chanteurs ou des chansons, ou des paroles, rarement des compositeurs instrumentaux!

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Paris remains in my heart non plus je ne connaissais pas forcément c'est une composition originale d’Amsallem et Elizabeth Kontomanou , mais ça fait drôle de l’entendre garder un peu d'accent américain en passant au français puis à l'anglais, comme un dialogue transatlantique piano voix bilingue et entre ses voix!

Mais ça envoie aussi sur « Just One Of These Things » de Cole Porter, moins rapide que d’autres versions d Ella & Louis, où le piano retient la lancée pour la relancer ailleurs et la voix d’Amsallem se fait cri d’enthousiasme sur la basse, invente son propre phrasé, ses voicings (qui portent bien leurs noms) comme un instrumentiste en chantant ou non à tel ou tel moment, comme trouvant ses propres espaces non explorés par d’autres depuis pas loin d’un siècle et raviver la flamme qui court sur le piano avec la rythmique en feu follet surprenant! The Sound of surprise disait Ellington comme l’apanage du jazz, on le retrouve ici sur des standards qu’on croyait connaître par coeur!

The Second Time Around de Cahn et Van Heusen m’était inconnu aussi mais dans son envol a quelque chose de « The Song Is You » ralentie du tempo de Charlie Parker par un chanteur que j’ai oublié pour me souvenir juste de « The Song Is You ! » puis me fait penser dans son immobilité mélancolique qui se cherche entre voix et piano me fait penser à une version positive de « But beautifull » ou mieux à la version de Lush Life chantée et accompagnée par son auteur Billy Strayhorn (je n’ai dû l’entendre qu’une fois dans une émission d’Alain Gerber) !

How Deep Is The Ocean m’étonne aussi par rapport aux versions Ellaiées par son tempo plus lent sur la seule basse avec cet fois l’envol d’un vrai scat Bakerien mené jusqu’au bout ou à ce qu’on croit l’être puisque le piano reprend ensuite où la voix s’arrête ! La Surprise, LES surprises du Jazz sont celles là, de voir que tel interprète va accélérer à tel moment, ralentir à tel autre, rendre le triste gai ou le gai triste on ne sait comment (c’est peut-être la seule qualité d’un brad Mehldau de jouer Billie Holiday de façon guillerette et de faire qu’on y croie) avant un super solo de basse !



Two For The Road d’Henry Mancini (compositeur de La Panthère Rose) et Bricuse non plus je ne connaissais pas! C’est plus un Blues instrumental after hours et longue durée pour terminer mais qui a encore le temps dans ses 7 minutes de nous créer tout un monde qui chante et susurre ces mots inconnus à mi parcours et finit comme Chet dans It Could Happen To You Happened To Meeee!

Alors je me demande pourquoi je n’écoute plus trop de chanteurs de jazz actuels ! Parce que je préfère Chet, Frank, Bille Sarah ou Louie et Ella ? Certes ! Par peur peut-être aussi d’entendre massacrer ces trésors de mon jardin secret, ce qui me déprime au plus haut point! Un exemple de cette déception était « Midnight Sun » d’Elizabeth Kontomanou où je ne retrouvai aucune des mélodies aimées par Billie Holiday même pas dans ce Midnight Sun que je ne connaissais pas par Billie mais adorais par Sarah Vaughan avec un orgue et Count basie et des violons! Toujours est-il que je trouvais qu’elle prenait avec les mélodies des libertés qui me les rendaient méconnaissables!

Je craignais aussi de n’en avoir rien à apprendre de neuf ni de plus que les insurpassables précités d’entendre « une AUTRE version de... », de entendre ENCORE ces standards au point d’en être dégoûtés! Il manque souvent ce sound of Surpise dont parle Ellington!

Jean Daniel BURKHARDT

Je passerai cet album demain jeudi 4 septembre à 21 h dans mon émission Jazzology sur Radio Judaïca

Il sera en Concert au Sunside le 20 septembre!

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