Le jeudi 10 juin se produisait au Maillon Wacken pour le festival Champs Libres dédié aux Musiques Contemporaines et actuelles avec cette année un focus sur la Corée le groupe de Rock/Pop/Funk féminin Soréa (abréviation de Sound Of Koréa).

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Ces quatre filles jouent des instruments traditionnels Coréens amplifiés : flûte, haegeum (violon à deux cordes frottées sur un archet pris, et c’est là l’originalité, ENTRE les deux cordes) par Eun-sung, Changgo (tambour coréen en forme de sablier) et deux cithares Daegum et Gaegum proche du Kayageum, l’une à cordes jouée avec les doigts et les mains en rythmique, l’autre à fils plus fins à l’aide d’un plectre, la chanteuse Jini et un peu de musique samplée jouée off.

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Les musiciennes arrivent et c’est déjà un festival de couleurs et de costumes : étoffe comme une aile plissée en corolle sur l’épaule verte émeraude pour la violoniste, robe blanche pour la chanteuse, haut blanc et short argent pour la cithariste et percussionniste, robe grise pour la flûtiste, et verte pour la seconde cithariste, comme des libellules fées fraîchement atterries d’un manga de Science-fiction, impression que confirme le micro/casque de la chanteuse, tenant au sol par des chaussures variées et élégantes, sandales étoilées, spartiates montantes ballerines, ou à nœuds offrant un dépaysement garanti.

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Le concert commence comme leur album Monsterious Story par le halètement et la sirène de l’instrumental In Panic et des claviers inquiétants Trip Hop et percussions broken beat off sur lesquels se greffe la grande flûte traversière de bambou avec un effet rappelant un peu la modernisation des musiques traditionnelles de Peter Gabriel pour le label Real World. Ce titre montre les qualités dramatiques et la modernité de leur démarche, qui pourraient être exploitées au Cinéma.

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«It’s time to carry aboard » dit la chanteuse invitant à la danse (“Move your feet/ Make your head flow in the air”). Elles ont prouvé être aussi un bon groupe funk. Elles improvisent vraiment sur la bande off, le solo de cithare sur le scratch, puis le violon haegeum (dont sortent des sons originaux et inouïs en toutes circonstances) puis la flûte. Il leur arrive d’ailleurs de se produire avec des B Boys danseurs de Hip Hop.

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Our Passage continue In Panic sur un beat electro, mais avec une utilisation plus traditionnelle asiatique, japonisante du violon et de la cithare rappelant un peu certaines musiques d’Eric Serra pour Luc Besson et un contre chant constant de la flûte.

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Une partie de leur répertoire chanté est plus sentimentale comme Eternal Love (), duo presque sirupeux sur le disque de Gon & Jini rappelant un peu l’Eurovision, sur une mélodie Japonisante, où le violon se fait chinois, mais prend toute sa valeur en live, où la chanteuse ménage une progression de l’intensité invisible au disque.

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Après Unknown Conflict, plus inquiétant avec des samples voix Hip Hop dans une langue indéfinie, un autre instrumental folk rock Moyenâgeux, une chanson traditionnelle Coréenne, et avant le bis, elles furent applaudies si longtemps qu’elles manquèrent de rater le départ de l’instru off, ce qui est un accident d’une spontanéité touchante...

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Le Festival Champs Libres se poursuit cette semaine avec jeudi 17 juin et vendredi 18 juin l'ensemble TIMF et l'ensemble Contemporain Linea à 20 h 30 et un concert de musiques traditionnelle portrait de Nam Kuk-KIm, et se terminera samedi 19 juin avec l'ensemble de percussions fracassantes qui mettent en transe les villages Coréens Samulnori de Kim Duk Soo et un Seoul Clubbing final des DJ Flamenco et Unjin à l'Ecole d'Architecture.

Jean Daniel BURKHARDT