Wang Li est né à Shandong en 1980 de parents Communistes fervents a grandi chez ses grands-parents dans un complexe résidentiel de l’Armée Populaire jusqu’à 7 ans, une enfance qui l’inspire tant par les joies des jeux des autres enfants, que par ses propres terreurs en voyant bouger les feuilles sous le vent et croyant y voir des armées de fantômes, sans aucune éducation musicale.

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Le joueur de guimbardes Chinois Wang Li joue « sans effet aucun » précise le directeur de la salle de concert, précision qui n’est pas inutile tant la musique poussée presque jusqu’aux limites de l’électronique est impensable produite par les seuls moyens acoustiques et rudimentaires de guimbardes comme des poissons d'argent aux écailles aiguisées entre ses doigts de "CHINE Guimbarde", son premier disque et de flûtes.

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Wang Li commence par quelques pièces courtes à la guimbarde à bouche, en forme de fer à cheval, la plus commune en Europe, puis passe à la flûte à calebasse dont il joue sur « Rêves De Sang », son second album, sur quelques pièces, et dans l'émission Jean-François Zygel "La Boîte a Musique".

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Il continue avec « La Plus belle Des Yi », une des minorités Chinoise, rencontrée dans un village où il cherchait de l’eau lors d’un périple. Sa vie en Chine ne devait donc pas être aussi recluse et immobile que le livret de son premier album le laissait entendre, réduite à un complexe communiste et à la compagnie de ses seuls grands-parents. Peut-être a-t-il un peu vagabondé, voyagé sur la fin. La tige de métal de la guimbarde tremble dans sa bouche, cavité dont on ne sait comment il parvient à changer les sons, la résonances de passionnantes modulations, proche de l’idée fantasmée qu’on pourrait se faire de la Chine puis de façon plus personnelle, passant d’un tempo très lent à un galop rapide avec le naturel changeant du vent sur les steppes.

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Il continue avec le monde aquatique et minimaliste de la vie sous-marines illustrée de gravures naturaliste digne d’un entomologiste à l’ancienne du second album. Il utilise comme en plongée, en apnée, une étrange guimbarde à coulisse et sa voix peut-être dans la cavité buccale, modulée avec le souffle du trou d’eau au tourbillon, au cri étouffé.

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Wang Li est un de ces artistes énigmatiques dont les disques, sibyllins, interrogent les arcanes du faire et de la manière, mais à le voir face à soi opérer, le mystère s’éclaircit uniquement sur le plan technique, finalement assez accessoire, au sens propre du terme, de l’INSTRUMENT utilisé, plusieurs types de guimbardes aux formes étranges et insoupçonnées, inconnues sous nos latitudes, mais le JEU en lui-même, qu’on pourrait qualifier d’INTERIEUR à la bouche physiquement, à l’être intérieur au terme ou à cet état de son évolution spirituellement, à l’esprit pour l’originalité de cet univers si personnel qui semble ne rien devoir à aucune tradition du monde, mais tout à ce seul imaginaire inouï, garde son insondable mystère, sa magie. Ce n’en est que plus fort quand l’Art garde ses secrets.

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A la flûte à calebasse, on retrouve peut-être ce jeu tremblé des khènes, ces orgues à bouche du Laos, sur un instrument d’aspect techniquement très différent, comme vermoulu par le temps et un séjour aquatique prolongé, comme une épave retrouvée, une amphore pour la forme, mais avec ce naturel toujours où l’instrumentiste ne semble être que le TRUCHEMENT de forces de la nature qui le dépassent, ou qu’il recrée, dont il serait le jouet autant qu’il les joue lui-même. Un khène oiseleur, qui soudain prendrait son envol avec les sonneurs des cornemuses Bretonnes ou Ecossaises....

Jean Daniel BURKHARDT