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Animateur de radio bénévole depuis 7 ans sur Radio Judaïca STRASBOURG de deux émissions de jazz et musiques traditionnelles où je présente les concerts en région, après des études de lettres menées jusqu'à un DEA, je n'ai cependant jamais trouvé d'emploi correspondant à ma culture tant littéraire que musicale et à mes capacités rédactionnelles pourtant polyvalentes car souvent considéré comme sur diplômé et sous expérimenté. Par ce blog, je désirerais échanger avec d'autres dans le même cas nos expériences personnelles de sorte à nous enrichir mutuellement d'idées auxquelles nous n'aurions pas pensé nous-mêmes.

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vendredi, juillet 24 2015

LUCKY PETERSON JOUE BLUES, FUNK, SOUL, & ROCK'N'ROLL A WOLFI JAZZ

Comme Mathis Haug, Lucky Peterson était programmé à Wolfi Jazz l’an passé, mais le concert fut annulé pour cause d’intempéries!

Lucky Peterson (né Judge Kenneth Peterson) est un guitariste, organiste et chanteur de blues américain, né à Buffalo, New York, le 13 décembre 1964. Son père, James Peterson, chanteur et guitariste, tenait le Governor's Inn, un club de blues dans lequel il eut rapidement l'occasion de côtoyer nombre de musiciens tels que Buddy Guy, Koko Taylor, Muddy Waters ou encore Junior Wells.

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Avant son arrivée, son guitariste et chanteur Shawn Kellerman blanc, crâne rasé, chante un bon »Boogie ».

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Lucky Peterson arrive « sapé » comme Willie Dixon: cravate, chapeau, veste, légende du Blues qui le découvrit à l’âge de 5 ans et en fit un enfant star, et se met à l’orgue (qui fut,, on le sait peu, son PREMIER instrument, avant que la guitare ne devienne son instrument de prédilection, et auquel il revient avec l’âge sans abandonner la guitare !) et chante d’une voix puissante et émouvante un bon blues Funky, et joue à la Jimmy Smith sur la basse de Timothy Waites, puis passe à une sorte de «super Bad » de James Brown.

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Comme Keith Jarrett au piano dans un tout autre style, Lucky Peterson accompagne les notes de clavier de son corps et de la voix, rappelle le riff de « Tramp ») d’Otis Redding & Carla Thomas pour le label Stax enchaîne sur le rythme de « Let’s Groove » d’Earth Wind & Fire qui clôtureront le Festival, avec son bassiste comme James Brown avec son « Funky Drummer ». Le public rythme des deux mains et il enchaîne avec un succès Soul d’un autre pianiste organiste occasionnel, Ray Charles, « What I’d Say » qui fit entrer le Gospel sacré dans la Soul profane et vice versa et cite « Walking The Dog » de Rufus Thomas.

La dernière fois que je l’avais vu au Palais Des Congrès pour le Strasbourg Jazz Festival il y a quelques années, il ne jouait que de la guitare. La guitare wa wah ressemble à « Remember The Time» de James Brown, et finit par quelques riffs d’orgue répétitifs comme Wild Bill Davis dans son « April In Paris » à rallonge avec le public « Yeah Yeah Yeah Yeah! One More Time ! » Les musiques Traditionnelles, populaires, comme le Blues, comme le Jazz et le Rock’N’Roll et le Funk (et que dire de la techno et du rap avec moins de bonheur) utilisent la répétition des mêmes effets jusqu’à/ pour parvenir à/ mener à la transe originelle (pas seulement, mais souvent)!

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« Blues is allways ‘bout ladies » annonce Lucky Peterson, pas loin de la définition du Blues de Son House, il y a plusieurs, blues, autant que d’émotions humaines, et le blues n’est pas forcément triste. Lonnie Johnson ne l’était pas, BB King disparu récemment pas toujours, toujours content d’avoir retrouvé sa guitare Lucille! Suit une jolie ballade, « Just wonna talk to you » qui me fait penser à ma préférée de Roy Buchanan, « Change My Mind » dont voici une autre version un peu différente à Evanston en 1974. Lui par contre avait des raisons d’avoir le Blues, en a chié des ronds de chapeau et se suicidera dans sa cellule de prison!

L’ambiance est aussi à la Soul style « Hold On I’m Comin’» () de Sam & Dave, autres artistes Stax avec Otis Redding.

Lucky Peterson prend sa guitare et embraie sur un autre Boogie Rock’N’Roll à deux temps sur une bonne basse Blues Funk slappée, puis une reprise du « Sweet Home Chicago » de Robert Johnson, casse le rythme pour repartir et descend dans le public comme il était monté dans les gradins du Palais des Congrès. Ici il s’assit à mi hauteur au niveau de la cabine de l’ingénieur du son et changea rythme et paroles, ce qui est possible dans l’improvisation du Blues jusqu’au bout de la nuit.

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Il enchaîne avec « Boom Boom » John Lee Hooker qui fut repris par ZZ Top pour « La Grange » (mais il ne leur en voulait pas car « ils font du bon Rock’N’Roll»).



De près, on voit bien son talent pour passer de la peine puissance électrique des riffs à l’émotion d’une seule corde pincée dans les solos. On le croirait le Blues preacher et le public sa congrégation émue. Le Blues vient aussi de ce rapport dans le Gospel, encore pratiqué aux Etats-Unis dans les églises noires.

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Puis il enchaîne avec le rythme de « Voodoo Chile » de Jimi Hendrix et de retour sur scène après son bain de foule reprend le « Johnny B Goode » de Chuck Berry, un des rares Rockeurs noirs américains (avec Little Richards mais elle est devenue bonne soeur et rentrée dans les ordres !) et le fait chanter par le public.

Il poursuit avec une sorte de « Mustang Sally » de Wilson Pickett sur des riffs funkys qui ressemblent à « Good Golly Miss Molly » de Jerry Lee Lewis. Il ne faut jamais oublier que le « Rythm’N’Blues » Noir a été, comme le Jazz, volé aux Blancs pour devenir le Rock’N’Roll ! N’empêche, ça slappe encore côté basse.

Mais peut-être quand on ne connaît pas le répertoire, se raccroche-t-on à ce que l’on connaît de plus ressemblant (en tous cas moi !).

Lucky Peterson est ouvert à toutes les musiques noires d’où qu’elles viennent, et reprend même « I Can see Clearly Now » du Jamaïcain Jimmy Cliff.

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Puis solo de batteur, aussi capable jouer groove Raul Valdès.

Suit le tube Funk proprement dit « Sex Machine» à l’origine faux live de James Brown pour payer ses impôts avant d’être le tube que l’on sait (lui aussi organiste méconnu dans le style de Jimmy Smith, qui avait même ses morceaux de bravoure ou reprenait ses succès en instrumentaux).

Lucky Peterson accélèrera le Bis, faisait bouillonner l’orgue au dessus de Beethoven sur « Roll Over Beethoven » de Chuck Berry et parlait encore de Boogie avec T Bone Walker & Woogie All Night Long sur la Route 66, en compagnie non pas de Nat King Cole mais des Rolling Stones! Faut quand même reconnaître au Rock Anglais d’avoir sauvé le Rock et le Blues de l’oubli dans les années 60s alors que l’Amérique était arrivé à emprisonner Chuck Berry, Little Richards, envoyer Elvis au service militaire et discréditer Jerry Lee Lewis pour avoir épouser sa cousine à peine en âge de convoler!

Bref, le Blues de Lucky Peterson comprend le Jazz, la soul et le Funk et même un peu de Reggae!

Jean Daniel BURKHARDT

(PHOTOS Patrick Lambin)

mardi, juillet 21 2015

MATHIS HAUG A WOLFI JAZZ

Originaire de la Forêt Noire, Mathis Haug joue de la guitare et chante seul avec son batteur Stefan Notari comme sur son dernier disque Live dont la batterie est un bricolage invraisemblable de toms, cymbales percussions, bidons de récupération et caisse de fer qui trouvent leur emploi au fur et à mesure du concert.

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Après quelques accords, la guitare s’envole sur sa voix éraillée et rocailleuse de Bluesman sur le rythme d’ « On The Road Again » de Canned Heat.

« True Love » prend des accords indiens. Ce duo batterie voix est étrange mais à la fois sert ce côté ethnique, indien autour des fagots d’un feu de bois.

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La voix play/ pray/ preache son Blues, accentuée par la réverb trop importante sur la voix qui lui donne un côté Dub/ Sound System surnaturel, peut-être pas très adapté au blues! « Shhhhot » cite le « Foxxxy » de la « Lady » de Jimi Hendrix puis « Round & Round & Round » à la « John The Revelator » de Son House, mais avec une attitude de défi Rock envers le batteur et des riffs puissants à la Hey Joe. Ce duo est la rencontre de deux ferveurs se soutenant et remontant jusqu’à ne plus faire qu’un seul orage, la batterie son tonnerre et la guitare ses éclairs sur un riff à la « Jean Genie » de Bowie!

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Mathis Haug reprend plus officiellement en le Bluesisant « Walking On The Moon » de Sting & The Police, plus ancrée dans la terre que lunaire, moins planant, plus gravir une montagne que le reggae atmosphérique de l’original grâce au batteur.

Il reprend sur une composition du batteur Stefan Notari sur le riff du « Back Door Man » repris de Howling Wolf puis hurlée par les Doors sur un rythme ralenti Brechtien!

« Le Blues c’est bon pour garder le moral ! » dit Mathis Haug, rejoignant Big Bill Bronzy, « le blues ne parle pas de la souffrance mais de surmonter la souffrance !», puis chante d’une voix fantômatique sur les accords de « Working Class Hero » de John Lennon sur « Keep Your Eyes On the Road » à la guitare plus cool.

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Mathis Haug chante aussi un standard « comme c’est un festival de Jazz », My Baby Just Cares For Me », hommage à Nina Simone dont la fille Lisa sera au festival deux jours plus tard. Mais sa version est Blues sur une rythmique imitant des Washboards percussifs Bayous! Ça rappelle davantage la « Moondance » de Van Morrison. Il la présente comme une « chanson revenue d’Afrique pendant ces kermesses qui secouent les danseuses pour de vrai »! Je l’ignorais et ai peut-être mal compris. Selon mes informations, avant le succès au Top Ten de Nina Simone en 1958 et celui de la pub Chanel N 5, la chanson fut créée par Gus Kahn pour la comédie musicale Whoopee ! en 1930 puis devint la signature musicale d’Eddie Cantor dans une version encore très « coon minstrel show » (blanc grimé en noir)!

C’est le moment pour Stefan Notari de chanter lui aussi à la guitare avec Mathis Haug une chanson « Honey, I’m So Happy To Be With You », plus country Blues puis Rock’N’Roll à partir du second couplet, avec un peu de « They’re Red Hot » de Robert Johnson.

Arrive un thème déjà joué en duo sur le précédent album « Distance», Carnival Train », une des meilleures chansons de cet album, suivi d’un bon Rock’N’Roll.

Mais « On me fait signe que la roue tourne, faut qu’on s’en aille ». Il aura joué plus Jazz, scattant même et faisant scatter le public avec lui jusqu’à la fin.

Du bon Blues à suivre !

Jean Daniel BURKHARDT

PHOTOS Patrick Lambin