Né en 1967 dans la Haut Sanagra au Cameroun, le bassiste Richard Bona est arrivé après Paris (où il fut bassiste d’Higelin) aux Etats-Unis (où il accompagna Larry Corryell), où son talent de bassiste électrique à la Jaco Pastorius (dont il reprit « The chicken » sur scène à la Salle du Cercle Bischeim) en fit un sideman très recherché, et par retour d’ascenseur, lorsqu’il commença sa carrière en solo en 1999, les plus grandes pointures du Jazz américain enregistrèrent avec lui sur ses deux premiers albums en 1999!

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Il faut dire que sur scène aussi, il sait se faire apprécier du public! A Bischeim il avait fini par dire « Je vais m’installer à « BischEm » ! Chante avec moi BischEm ! » Et il y a trois ans il avait déjà conquis Wolfi Jazz ! Et cette année le public scandait même carrément "RI-CHARD PRE-SI-DENT!"

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Mais cette fois c’est avec un nouveau projet qu’il venait à Wolfi Jazz , le « Mandekan Cubano » avant l’enregistrement du disque sorti depuis (https://www.youtube.com/watch?v=bSZys86fItA) « Heritage » (http://www.deezer.com/artist/13921), accompagné de Ludwig Alfonso batterie, Rey Alejandro trombone, Dennis Hernandez à la trompette, le pianiste Osmany Paredes (https://www.youtube.com/watch?v=_6fNYw4cdkA) et le percussionniste Luisito Quintero (déjà présent sur l’album « Tiki » sur le titre afro cubain «O sen Sen Sen».

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Quant au percussionniste Roberto Quintero, il a fait ses classes dans le Jazz Afrocubain en accompagnant sur le guaguanco de Tin Tin Deo dont la première version vocale de Chano Pozo (percussionniste père du Jazz Afro-cubain fut enregistrée avec James Moody.

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Il a accompagné la version revisitée par le batteur d’époque de Dizzy Gillespie (qui le joua en version instrumentale du bop au funk) qui connut bien Chano, Roy Haynes dans sa propre version avec les Fountain Of Youth sur l’album Roy-Alty.

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Richard Bona arrive le front ceint d’un turban blanc comme souvent pour ce projet ( pour faire Guaguanco ?), il reprend le classique « Bilongo », composé en Son en 1937 par Guillermo Rodriguez Fiffe, popularisée par le papy Cubain Compay Secondo sous le nom « La Negra Tomasa » (son dernier tube) d’après l’improvisation du pianiste Ruben Gonzales du Buena Vista Social Club sur « Mandinga » , et est modernisée ici en Salsa par les cuivres, le piano et un super solo de trombone. C’est logique pour ce projet car Mandinga se réfère à la tribu Africaine des Mandikin qui donne peut-être son nom à ce Mandekan Cubano.

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La plupart des morceaux semblent connus dans leur version Cubaine oui Africaine, ou juste fidèles à cette tradition comme l’ « Agua Pa Mi » () de Celia Cruz et la Sonora Matancera Salsamuffinisée par Sergent Garcia.

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Il faut dire que la Salsa fut une OPA lancée de New York par le label Fania sur la musique Cubaine où Irakere faisait de la Salsa sans le savoir! Il fallut attendre à cause du blocus le concert du vénézuelien Oscar D’Léon à Cuba pour que les Cubains s’en rendent compte, et que Ruben Gonzales ne réplique avec ses « Estrellas de Areito », dernier disque du trompettiste Félix Chappottin avec Enrique Jorrin le créateur du Cha Cha Cha dirigeant la section de violons, aux « Estrellas de Fania »! Mais c’est aussi pour cela que la musique cubaine a influencé toute la Salsa et y trouva malgré le blocus une renommée mondiale!

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Ils reprirent aussi « Sen Sen Sen » dans une nouvelle version sans l'accordéon de Marc Berthoumieux.

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On put aussi découvrir les nouvelles chansons afro-cubaines écrites pour ce projet comme « Jokoh Jokoh ».

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Ce fut à la fois un bon concert de Salsa et de musique Africaine teinté de Jazz Afro-Cubain, mais si la Salsa m’invitait plus à danser (en plus de quelques brésiliennes noires dans l’assistance) qu’à prendre des notes, j’ai eu plus de mal, pour ce qu’il m’était inconnu, à rentrer dans ce nouveau répertoire !

Jean Daniel BURKHARDT

Photos du Concert Patrick Lambin