Chucho_Mayra.bmpChucho Valdès est un des plus grands pianistes de Jazz Afro-Cubains. Né en le 9 octobre 1941, fils de Bebo Valdès, grand pianiste Cubain né le même jour en 1918 et toujours en activité.

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Après ses années de formation au sein du Sabor De Cuba paternel, Chucho Valdès entre dans l’Orchestre Cubain de Musique Moderne créé par Fidel Castro pour exprimer ses idées musicalement, puis fond le plus grand groupe de fusion Jazz-Rock-Funk Fusion Cubain : Irakere, avec Paquito D Rivera au saxophone et Arturo Sandoval à la trompette qui quitteront le groupe lors de sa première tournée en Espagne, et auquel il consacre vingt ans de sa carrière, dont cet « Aguanile Bonko » et « Chekere Son », à l’origine de la passion du World DJ Gilles Peterson pour les musiques Cubaines.

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Depuis les années 90s, Chucho Valdès s’est tourné vers des projets plus acoustiques et proches du Jazz Afro-Cubain avec New Conceptions et Biyumba Palo Congo, et continue avec Chucho’s Steps, son dernier album qui vient de sortir accompagné par une petite formation Latine Hard Bop : les Afro Cuban Messengers au nom hérité des Jazz Messengers d’Art Blakey et des Afro-Cubans de Machito, premier groupe de Latin Jazz.

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Il se détache aussi du Jazz seulement latin en se rapprochant du Jazz au sens plus large par des références à La Nouvelle Orléans de ses origines dans « New Orleans » ( hommage à la famille Marsalis). On y trouve la touche latine que Jelly Roll Morton fut le premier à professer, mais aussi un côté Baby Dodds dans la batterie et une citation de « Softly As A Morning Sunrise » dans la collective. .

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Avec une grande liberté, Chucho Valdès joue aussi avec le répertoire du Jazz et les standards dans ce nouvel album comme dans « Begin To Be Good », où il s’amuse à mélanger deux standards : « Begin The Beguine » de Cole Porter et « Lady Be Good » de Guershwin, et joue de l’histoire des genres Cubains dans « Danzon » , en citant le Cha Cha Cha « Almendra » de l’Orquestra Aragon.

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L’inventeur du Cha Cha Cha était le violoniste Enrique Jorrin (qui avait remarqué que les chaussures des danseurs faisaient ce bruit en glissant), compositeur de « La Engañadora », que son pianiste Ruben Gonzalès engagea pour son dernier disque (qui fut aussi celui de Chappotin) dans ses « Estrellas de Areito » (ainsi nommées en riposte aux « Estrellas De Fania » des exilés Sud-Américains aux Etats-Unis de la Salsa), puis reprit ce titre sur son album « Chanchullo » après le film « Buena Vista Social Club » de Wim Wenders.

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On trouve aussi « Yansa », un Guaguanco dédié à la déesse de la mer Yemaya (qui donnait déjà son nom au titre d'un album d'Irakere) poussé jusqu’au Free Jazz dans la liberté mélodique chanté par les chœurs Afro-Cubains de Dreiser Duruthy Bombalé.

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Le titre éponyme « Chucho’s Steps » est aussi une référence assumée de Chucho Valdès au « Giant Steps » de John Coltrane sans en être servile, car se l'appropriant en citant son propre « Mambo Influenciado » enregistré avec les Tumbao All Stars en 1997.

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Dans « Zawinul’s Mambo », dédié au grand pianiste et claviériste Jazz Rock de Weather Report Joe Zawinul, Chucho Valdès introduit son thème fétiche « Birdland », latinisé, introduit par une petite phrase des cuivres empruntée au final de la version d’ »All The Things You Are » de Dizzy Gillespie et Charlie Parker, altiste Bop en l’hommage duquel avait été créé ce club de son vivant, ce qui va finalement de soi, puis retrouve « Birdland » retrouve la basse de Jaco Pastorius.

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Enfin, dans « Las Dos Caras » (Both Sides » (les deux côtés), Chucho Valdès réunit les rythmes afro latins Cubains et Brésiliens : les deux musiques reines des Caraïbes qui ne se sont que rarement mêlées.

Vous pourrez entendre ces titres de l’album dans mon émission « Jazzology » demain soir 18 novembre à 21 h-22 h sur Radio Judaïca Strasbourg et voir Chucho Valdès & ses Afro-Cuban Messengers demain soir 19 novembre à 20 h 30 à la Salle Des Fêtes de Schiltigheim avec Dreiser Duruthy Bombalé et sa sœur Mayra Caridad Valdès, ancienne chanteuse d’Irakere et doyenne des découvertes du « Havana Cultura » de Gilles Peterson!

Jean Daniel BURKHARDT