radiojd

Animateur de radio bénévole depuis 7 ans sur Radio Judaïca STRASBOURG de deux émissions de jazz et musiques traditionnelles où je présente les concerts en région, après des études de lettres menées jusqu'à un DEA, je n'ai cependant jamais trouvé d'emploi correspondant à ma culture tant littéraire que musicale et à mes capacités rédactionnelles pourtant polyvalentes car souvent considéré comme sur diplômé et sous expérimenté. Par ce blog, je désirerais échanger avec d'autres dans le même cas nos expériences personnelles de sorte à nous enrichir mutuellement d'idées auxquelles nous n'aurions pas pensé nous-mêmes.

Aller au contenu Aller au menu Aller à la recherche

mercredi, octobre 9 2013

ELLERY ESKELIN TRIO NEW YORK II , Album et CONCERT le VENDREDI 11 OCTOBRE à PÔLE SUD à 20 h 30 en PREMIERE FRANÇAISE

Dans Jazzology demain à 21 h sur radio Judaïca je vous présenterai le dernier album en trio du nouveau trio du saxophoniste Ellery Eskelin avec Gary Versace à l’orgue Hammond B 3 de sa mère et le batteur Gerald Cleaver. Vous pourrez les entendre tous trois demain soir 11 octobre à Pôle Sud En Première Française ! Et Eskelin n’a jamais été aussi sage et lyrique!

Ellery_Eskelin_Trio_New_York_II.jpeg

Ce Midnioght Sun de Lionel Hampton et Sonny Burke), qui enregistrera une belle version avec Sarah Vaughan et l’orchestre de Count Basie à l'orgue Eskelin le commence comme Naima de Coltrane (plus proche de ce à quoi il nous avait habitués jusque là), puis le retrouve comme par hasard et s’y révèle pour la première un grand chanteur au saxophone. Gary Versace, presque liturgique à l’orgue Hammond B 3 de sa mère, ne nous fait pas regretter l’inquiétante étrangeté d’Andréa Parkins dans son premier trio.

Ce Soleil de minuit de sensualité religieuse et mystique (origine liturgique, Messiaenique de l’orgue, Fats Waller jouant sur celles de Notre Dame) ou comment revenir au thème en partant d’ailleurs.

Ellery_Eskelin_Trio_NY_II.jpeg

Sur ce Just One Of These Things de Cole Porter, Gerald Clever à la batterie ne nous fait pas trop regretter non plus Jim Black dans l’ancien trio d’Eskelin, (peut-être leur cohésion propulsive, la réactivité et la façon qu’il avait d’en ranimer l’énergie de ses uppercuts de boxeurs dans One Great Day qui viendra à n'en pas douter avec le temps). Eskelin semble perdre volontairement son chemin dans une forêt de standards autres que celui annoncé pour en retrouver la clairière sue, connue, comme par surprise. Eskelin est trop puissant pour ne pas être Hawkinsien, trop libre pour ne pas faire plus penser à Coltrane.

Gary Versace taille à ces standards un costard à la super énième mode mais rappelle dans son solo la bonhomie de Jimmy Smith, Rhoda Scott ou Wild Bill Davis. Ce trio retrouve le Jazz des standards DANS ou A PARTIR DE l’esthétique moderne free ! Et finalement dans son dernier chorus, Ellery Eskelin joue AUSSI Lesterien !

Ellery_Eskelin_joue.jpeg

Ils passent aussi par We See, standard bop de Thélonious Monk, Versace trouvant sur l’orgue des équivalences insoupçonnées, nous font voir Monk par les Sphères (son second prénom) et la nébuleuse de l’orgue sur un rythme latin. Eskellin les rejoint semblant revenir d’One Of These Things, puis arrive au thème Bop . c’est peu dire qu’il n’ jamais aussi BIEN joué, plus follement oui, mais jamais de façon lyrique.et les bombes de Cleaver rappellent tout de même celles Jim Black, tout en restant fidèle au tinkty boum swing apprécié de Lester mais ne s’interdisant pas des roulements plus libres..

L’orgue aussi fait son œuvre pour envoyer Monk dans des sphères qu’il n’avait pas explorées, comme Monk envoyait ailleurs Just A Gigolo.

Autumn in New York

Eskelin retrouve à la Lester « My Ideal » de Richard Whitting et Newell Chase) , la fille idéale mais ne la courtise pas des pieds à la tête comme elle-même mais comme un collage surréaliste d à Midnight Sun, à Autumn In New York, à Everything Happens To Me par Chet Baker en rade de son pianiste Dick Tardzwick à Paris!.

Et finalement n’est-ce pas une façon de nous faire entendre ces standards trop connus AUTREMENT comme des pochettes surprises?

Ellery_Eskellinchapeau.jpeg

Gary Versace a ce bouillonnement pneumatique ambulatoire de l’orgue Hammond qui en fait une Cadillac pour voyage immobile, un lit roulant gonflable à la Eddy Louiss où buller même dans les rues, un pré chill out d’exception, un canapé de luxe d’un club à l’autre! C’est là une jolie version, Lesterienne, Dexterienne, Cole Porterienne, Chet Bakerienne (There Will Be Another You) juisqu’à la prochaine!

Ellery_Eskelin_Trio_NY_II_NB.jpeg

After You’ve Gone de Turner Layton, Après ton départ, mais qui est partie ? La mélodie ailleurs, la chanson?

Pourtant le tempo n’est pas si loin par moments d’un swing modernisé, et le saxophone finit toujours, on ne sait comment, par retrouver le thème.

Eskelin entre avec ce disque dans la famille des grands saxophonistes lyriques ou leur paie son écot comme Chris Potter avec Gratitude, entre dans la cour des grands comme Pierrick Pedron avec Out Of A Dream.

Finalement il ne quitte le thème QUE pour mieux y revenir par surprise quand on ne l’y attend plus.

Ellery_Eskelin_Trio_NY_II__fenetres.jpeg

L’album se termine avec Flamingo de Ted Grouya & Edmund Anderson, loin de la version de Coleman Hawkins et Kenny Burrell dans sa comique cascavalcade introductive de l’orgue et du saxophone où les flamands roses jouent à saute mouton avec les Pink Floyd avant de les retrouver finalement quand la batterie leur rappelle l’Afrique en entrant dans la danse.

Ellery_Eskelin_presente_Trio_NY_II.jpeg

Avec ce disque Ellery Eskelin invente une attitude INVERSE de celle de Miles au PLugged Nickel (et de tous les Jazzmen passés du répertoire des standards obligés au free jazz en les décomposant par l’improvisation). Eskelin vient DE l’improvisation et retrouve ENFIN les standards par des moyens détournés!

Jean Daniel BURKHARDT

mercredi, février 6 2013

ENRICO RAVA TRIBE VENDREDI A PÔLE SUD

Bonjour chers auditeurs,Demain dans Jazzology je vous présenterai le dernier album Tribe du trompettiste Italien Enrico Rava sur le label ECM avec Gianlluca Petrella au trombone, Giovanni Guidi au piano, Gabriele Evangelista à la contrebasse et Fabrizio Sferra à la batterie ainsi que Giacomo Ancillotto à guitare en guest. Ils seront demain vendredi 8 février en concert à Pôle Sud !

L’album Tribe commence par la ballade Amnesia aux jolies lignes mélodiques trompettes trombone (Gianluca Petrella) sur une mélodie très simple mais belle. On y entend que Rava a comme Chet, Petrella ou Glenn Ferris le talent de faire durer les notes et leur émotion et les terminer librement par l’aléatoire

Après le solo de piano de Giovanni Guidi dans Garbage Can Blues, on retrouve le groupe dans Choctaw, un bon Blues Be Bop où Enrico Rava a des phrases à la Miles Davis électrique sur la batterie drum N la basse ronde de Gabriele Evangelista, les cinglantes cymbales de Fabrizio Sferra puis un jeu de cache cache avec le trombone en embuscade sur le martèlement pianistique de Giovanni Guidi.

Autre bon Hard Bop plus modal d Enrico Rava rappelant Rava Noir et un peu le Pinocchio de Nefertiti) par ses lignes brisées Cornettology, comme Ornythology de Charlie Parker peut-être, ou hommage tardif et très modernisé à Bix Beiderbecke, cornettiste de Chicago qui trouvait que la trompette avait « un son pee wee ».

Dans les ballades très lentes, comme F. Express (dédiée peut-être à l’immobilité mobile d’un voyage en train) la trompette d’Enrico Rava a le naturel d’un coquillage de Steve Turre échoué sur une plage italienne, d’une trompette oubliée par Chet Baker en Italie sous les vagues Jazz Rock tremblotées de la guitare à la Bill Frisell de Giacomo Ancillotto, quelque chose de très libre que Rava apporte au Jazz transalpin dans cet Art d’être porté joué, agi par la musique plus qu’il ne la commande avec cet abandon de prendre son temps.

Dans Tears For Nèda plus encore, Rava fait pleurer le chant des sirènes en lignes atmosphériques, puis revient sur terre avec le vent pour caresser la « Song Tree », Chanson Arbre dont Rava se fait rameau tandis que Petrella enfle les feuilles et que Sferra fait bruire les branches. « Paris Baguette » est plus mélancolique que « La Petite Laitue » de Roy Eldridge, et me fait penser à un petit matin parisien d’avant à Paris, un peu de ce blanc laiteux encore du début du Central, dernier roman d’Alain Gerber.

Et puis La Mer, L’Arbre, La Baguette, tout cela est sur la Planète Terre, Planet Earth nous dirait Prévert qu’il faut préserver, si belle parfois avec une trompette rappelle Here Comes That Rainy Day  sur les cymbales bruissantes tandis qu’au loin le trombone en prolonge la ligne en coulisse vers on ne sait où sauf que ça bouge comme des tempêtes climatiques apocalyptiques annoncées dans un crescendo dramatique.

Sur la terre, il y a des tribus, des tribus d’Afrique et des tribus urbaines des clubs qui jouent du Bop Africanisé, des cats comme disait Cab Calloway, et ce groupe Tribe est la nouvelle tribu d’Enrico Rava qui portera ses tribulations à Pôle Sud demain soir à 20 h 30. Tribu nomade peut-être et de passage qui finit par s’assourdir, s’endormir sur l’herbe ou dans un lit de hasard

Une Tribu Jazz ça sert à l’Improvisation, à créer et composer ensemble, à se séparer puis retrouver, remplir l’espace du silence, être totalement de soi et complètement au service des autres avec cette liberté qui en fait le plus bel exercice de démocratie musicale possible !

Jean Daniel BURKHARDT

mercredi, janvier 30 2013

PIERICK PEDRON CHEERLEASERS

Demain dans Jazzology à 21 h je vous ferai découvrir demain soir l’album Cheerleaders du saxophoniste alto Pierrick Pèdron sorti en 2011, avec Chis De Pauw à la guitare, Laurent Coq piano et claviers, Vincent artaud à la basse, Franck Agulhon et Fabrice Moreau aux batteries, une fanfare, Elise Caron et des choeurs!

Pierrick_Pedron_Cheerleaders.jpeg

Pierrick Pèdron nous avait été révélé par le succès de « Deep in a Dream », un album Bop pur jus avec une rythmique américaine. Mais il s’est ensuite intéressé au Jazz Rock Psychédélique orientalisant avec « Omry », et ce Cheerleaders.

A l’origine du projet, Ludovic Bource est à l’orgue Farfisa dans Esox-Lucius de Pierrick Pèdron. On y retrouve l’électricité Jazz Rock mais aussi la fanfare par collages, un peu comme Miles mêlant musique Indienne, P Funk et musique sérielle contemporaine de Stochausen dans On The Corner ! Un son Jazz Rock mais implosif plus explosif intégrant DE L’INTERIEUR fanfare, chœurs et Elise Caron déjà remarquée dans le disque de Michael Rissler "Orange" en 2000!

Pierrick_Pedron_Cheerkleaders_Costume_2.jpeg

Fondu enchaîné sur la voix d’Elise Caron, Pèdron s’envole jusqu’à The Cloud (le nuage) sur la guitare Rock Jazz indé improvisée low fi en quelque sorte de Chris De Pauw. Mais on retrouve le lyrisme Bop bouleversant du saxophoniste inchangé, prenant juste en route cette autre Limousine comme tremplin à de nouvelles aventures. Et tout se finit en fanfare reprenant l’air d’Elise Caron. Comme un film, un nuage qui courrait très vite dans le ciel !

Fondu enchaîné sur la guitare, le clavier saturé le saxo pour une reprise d’Henry Mancini peut-être « Miss Falk’s Dog » : un chien électrique muté mutant porté jusqu’à la rage par l’énergie électrique cette fois de Laurent Coq et Chris De Paw comme par vagues. Puis on retrouve la fanfare et les chœurs, comme en écho, peut-être plus proche de la BO d’Henry Mancini que la reprise Pierrick Pèdron dans Omry puis Cheerleaders a déjà fait oublier sur le web. Ecoutons Miss Falk’s dog de Mancini, Pèdron et Coq.

Dans « The Mists Of Time » de Chris De Pauw, sa guitare et le piano de Laurent Coq s’assourdissent pour laisser au saxophoniste Pierrick Pèdron une belle ballade où peut s’exprimer en toute latitude son lyrisme en liberté et tendresse, bouleversante et Parkerienne, jusqu’au cri tragique soliste caressant l’émotion, prolongé un instant par l’écho des flûtes de la fanfare dans le final.

Nonagon’s Walk pousse vers le trip hop la batterie drum’n’bass break beat de Franck Agulhon et Fabrice Moreau sur le piano Laurent Coq, co compositeur du thème Le saxophone se joint à la danse en des interstices complexes, surfe sur des orages électriques soufflés. Le son du saxophone n’a pas changé, son lyrisme rencontre encore « Miss Jones », standard de Richard Rogers dans ce contexte plus moderne, et le marin Pierrick Pèdron suit sa ligne.

Pierrick_Pedron_Cheerleader_Costume.jpeg

La majorette 2010 a des bottes blanches, 2010 White Boots, où se reflètent classique popisé à la Pink Floyd en ballade sur une guitare à la fois lourde et fondante par ses effets s’envolant avec le saxophone sur des chœurs aériens (...), puis la fanfare nous ramène sur le sol juste au con de la rue.

Pierrick_Pedron_Cheerleaders_defilent.jpeg

Dans l’éponyme The Cheerleaders’s NDE (les Cheerleaders ce sont les pom pom girls américaines ou majorettes chez nous) du batteur Vincent Artaud , le saxophoniste passe de l’envol oiselé à la contre plongée par le changement de jeu, presque de texture, de sol de Chris de Paw à la John Mc Laughlin, se fait dauphin sous marin, puis la fanfare nous ramène sur la rive par la suite de son intervention.

Avec Coupe 3, Chris de Paw tranche dans le vif du Rock, le saxo est rejoint par les chœurs. La guitare lui tresse un pont de cordes, crête les vagues d’une tempête où Pèdron s’en va surfer parmi les sirènes et autres cétacés chantants. On pense à Soft Machine, La Machine Molle et à Robert Wyatt.

Enfin, Toshiko de Laurent Coq nous emmène au Japon mais ressemble aussi un peu à la BO de Rocky I (le thème mélancolique) par sa douceur lointaine et intérieure, avec un côté « Here’s That Rainy Day » de Van Heussen dans le saxo quand il revient, c’est tremblotant et léger sur la vitres comme les gouttes de pluie d’automne ou le Prélude N°1 en ut majeur de Bach. Le saxophoniste se retrouve dans le lyrisme aquatique.

Pierrick Pèdron et les Cheerleaders seront en concert au Cheval Blanc de Schiltigheim le mardi 12 février à 20 h 30 mais il n’y plus de place à moins de désistements le soir même.

Pierrick_Pedron_Kubic_s_Monk.jpeg

Pour ceux qui préfèrent le Pierrick Pédron Bop pur jus, il a enchaîné en 2012 avec Kubik’s Monk, du Thélonious Monk joué en trio avec une époustouflante virtuosité et une liberté proche d’Ornette Coleman.

Jean Daniel BURKHARDT

lundi, février 6 2012

HOMMAGE A LOUIS ARMSTRONG et DISCOGRAPHIE SELECTIVE

Né à La Nouvelle Orléans en 1899 ou 1900 (il aurait changé la date pour ne pas être incorporé dans l'armée), Louis Armstrong eut une enfance pauvre, et connut même la maison de redressement pour avoir tiré en l'air avec un revolver le 4 juillet! Il y a le livre d'alain Gerber (biographie romancée, comme d'habitude, LOUIE, qui parle en fait plus de la Nouvelle Orléans de l'enfance de Louis, de Buddy Bolden, le premier à avoir joué du Jazz à New Orléans, interné en 1905 pour avoir tiré sur sa belle mère pris de boisson, Jelly Roll MOrton, les fanfares, tout ce passé mythique).



Armstrong_Louie.bmp

Convaincu par la photo de la pianiste de l'orchestre Lil Harding, il rejoint son maître [King Oliver et son Creole Jazz Band|http://www.youtube.com/watch?v=1-hsQTWJmAI], atteint de pyorrhée des gencives, pour ses premiers enregistrements historiques d'armstrong avec son maître où il joue le second cornet en 1923 et 24 à Chicago, au son très daté, mais ce sont parmi les premiers enregistrements de Jazz New Orleans Noir Authentiques, avec Johnny Dodds à la clarinette, Baby Dodds à la batterie, Kid Ory au trombone.

Armstrong_King_Oliver_Creole_Jazz_Band.bmp

En 1925, il est recruté l'orchestre de Fletcher Henderson, le premier big band noir, où il était invité copmme trompettiste hot. Le premier jour, ayant vu une partition notée pp, il y est allé à fond, comprenant pound plenty (à pleins poumons) alors que c'était pianissimo, mais il y est moins à son avantage qu'en accompagnateur de Sidney Bechet au sarusophone ou Bessie Smith !L ouie Armstrong tournait beaucoup dans les années 20s, on s'est longtemps demandé pourquoi il pouvait se produire un soir à un bout et le lendemain à l'autre des States. Son producteur avait revendu son contrat à un certain Al Capone dont il fuyait les sbires, jusqu'a sa tournée en France en 1929 où il a débarqué à Marseille, s'est plaint à des agents de police, a pris des engagements à paris puis est rentré avec le fric sans les honorer! C'était la première star noire et à ce titre, il a aidé les noirs dans la ségrégation en leur montrant qu'un noir pauvre sorti d'une maison de correction à la nouvelle orléans pouvait faire la une des magazines dès les années 20s.

Armstrong_Hot_Five___Seven.bmp

Ensuite il a fait ses premiers enregistrements Hot Five et Hot Seven (1926_1927), publiés en deux CDs, et c'est du très bon New Orleans classique, il prend de plus en plus la place de soliste sur la collective, invente le scat avec "Heebie Jeebies" : le papier où était écrit le texte lui a échappé des mains et il a dû improviser des paroles en plein enregistrement.

Armstrong_Hines.bmp

En 1928, il a formé un nouvel orchestre, ayant divorcé davec Lil Armstrong sa pianiste, avec Earl Hines au piano créant un style "piano trumpet". Je te conselle Monday Date, Weather Bird en duo, et West End Blues où pour la première un soliste s'envolait.

Armstrong__St_Louis_Blues.jpg

En 1929, quand la mode est venue au swing, il a dissous son petit orchestre et pris un big band. Le batteur Zutty Singleton ne lui a jamais pardonné mais la mode n'était plus au New Orleans. Ma période préférée est ce grand orchestre période st Louis Blues 1929 1930s (Masters Of Jazz) avec "Just A Gigolo" et "Rocking Chair", ça s'est maintenu jusqu'en 1932 environ.

Armstrong_Small_Bands.bmp

Ensuite il faut chercher dans The Small Bands de 1940s 1950s pour avoir du très bon enregistré pour le plaisir avec des amis ety pas trop commercial, avec The Birth Of The Blues".

Il a longtemps joué les oncle tom avec des propos comme "A La nouvelle orléans, chaque noir devait avoir un blanc qui puisse dire: C'est MON nègre pour ne pas être tué juste par jeu dans la rue", et un jour dans les années 60s, il a explosé en interview à propos de l'affaire des lycéens noirs d'Alabama car le gouverneur Faubus, [le même qu insultait la Fable Of Faubus de Charles Mingus|http://www.youtube.com/watch?v=QT2-iobVcdw], interdisait à des lycéens noirs d'aller au lycée blanc! Kennedy a envoyé l'ARMEE pour les protéger et Faubus lui opposa les flics en disant "Il faudra me passer sur le corps". La guerre de Sécession a cessé c'est sûr en 1865 libérant lesesclaves. Les noirs ont obtenu le droit de vote en 1969!!!! Alain Gerber lui fait dire dans "Billie", "Nous avons peut être trop de mémoire!"

Il reste l'un des meilleurs trompettistes de Jazz (jusqu'à cracher du son à force de souffler dès les années 30s) et un des chanteurs les plus émouvants, même dans "La Vie en Rose. Mon pote Martin disait: "le problème c'est qu'aujourd'hui il nous chanterait le Temps des cathédrales", et j'ajouterais qu'on serait encore fichu d'aimer ça!

Jean Daniel BURKHARDT

mercredi, janvier 25 2012

SATIE (E)RIK EXCENTRIK et ChiP en Concert à Pôle Sud, et les ateliers CEDIM ce soir à STIMULTANIA!

Satie (E)rik Excentrik est un projet qui reprend du Satie en Free Jazz, par l un des pianistes qui avaient fait les reprises Tristano (pas Stefan Oliva mais l'autre, François Raulin). Je suis arrivé un peu en retard alors que le batteur Alfred Spirli faisait résonner un rhombe (l'un des plus vieux instruments du monde, une laniere ou écorce qu'on fait tournoyer dans l'air au dessus de sa tête pour faire de la musique!)sur du Satie. Il y avait Christophe Monniot (que j'appelle souvent Moinieau pour son côté moineau colérique quand il joue free), le bon guitariste Rock Jazz David Chevallier, le super tubiste François Thuillier, un clarinettiste et un comédien (Gilles Arbona) récitant des extraits des essais ou journaux intimes de Satie prétendant ne pas avoir fait de musique mais de la "phonologie" avant de faire marcher et même scratcher hip hop un vieux disque vinyle de Jazz ou d'opérette fraçaise avec une petite voiture éléctrique dans ses sillons, original! Les enfants présents ont beaucioup ri! A la fin le comédien (parfois aussi danseur assis quand il détaillait la journée d' Erik Satie sur une partie d'orchestre assez enlevée et presque Rock) se faisait au maquillage noir la barbe d'un Satie pour les cinq dernières minutes... N'est ce pas un peu du gâchis pour si peu de temps? Le dernier texte était émouvant, Erik Satie y postulant par lettre comme gardien de musée et devant faire preuve de ses bonnes intentions et de son respect des oeuvres classiques, vu j'imagine pour son oeuvre ou ses fréquentations artistiques comme un dangreux révolutionnaire, et protestait vouloir enrichir sa vie du commerce desdites oeuvres. Pour ce qui est de Satie, j'ai eu du mal à reconnaître Gymnopésies et Gnossiennes dans la partition. Mais bon ça fait entendre Satie AUTREMENT!

Annonce_ChiP___Satie_Erik_Excenttrix.jpg

Chip est un duo Rock Underground minimaliste (que j’ai pris pour un groupe psyché garage très doué à l’écoute de leur myspace), derrière lequel se cachent deux jazzmen : Christophe Imbs (guitare, claviers), qu’on a connu pianiste de Jazz acoustique émule de Lennie Tristano à ses débuts et Francesco Rees, le batteur de son premier album, à la batterie et au synthétiseur, tous deux composant, avec Vincent Posty à la basse, la section rythmique du groupe de Christine Clément Polaroïd 4.

Le concert commence avec « No Boy No Girl », qu n’est pas sur le disque mais qu’ils jouaient déjà il y a deux ans à l’Artichaut, paysage androgyne ou Ni Garçon Ni Fille (ce qui n’exclut ni la vie animale, végétale ou autre, ni finalement les possibilités androïdes, robotiques voire extra terrestres ou mutantes de tout cela zen même temps à notre imaginaire), magnifique dans son mystère mélodique et avec un beau travail de Francesco Rees sur la caisse claire dans le final. Les titres au format pop parlent de garçons et de filles ou d’aucun des deux (No Boy No Girl, I’m a Boy, I’m A Girl) ou posent les questions essentielles qui tourmentent ceux-ci à l’approche de la st Valentin ou des fêtes (Would you still love if i didn’t have a small package ), ou inventent de rageuses vengeances riffées (Guns For Lunch).

« Would You Still Love Me If I Didn’t Have a Small Package ?” ferme le disque éponyme de ChiP à sortir prochainement sur le label OH! Comme une synthèse des influences Rock, New Wave, Expérimentales et aux accélérations intéressantes avant un final repartant à froid, comme de loin. Pour ce titre « M’aimerais-tu encore si je n’avais pas un petit paquet » ? J’ai peut-être une autre interprétation plus musicale que sentimentale, que les membres du groupe n’ont pas trouvée inintéressante, adressée au public : leur packaging, au sens de carte de visite, c’est de faire du Jazz, mais là ils font du Rock., alors n’est-ce pas une façon d’envoyer valdinguer les étiquettes comme Woody Allen dans Stardust Memories et de dire : Nous Aimeriez Encore Sans Paquet Cadeau, sans style ou libre de tous styles, capables de tout jouer de manière complètement décloisonnée, et surtout auriez vous cette ouverture d’esprit ? Cette version Live bénéficie d’une belle progression. Je n’avais pas remarqué que le final de la batterie de Francesco Rees était en fait à mains nues sur les toms, ni le clavier actionné à la pédale par Christophe Imbs pour le dernier larsen.

J’ai beaucoup aimé «Chip Dick » pour le côté Asiatique des claviers puis Pop Cam(bodgienne) psyché de la guitare, où l’on peut voir peut-être la promesse d’autres horizons géographiques à explorer à l’avenir...

« I’m A Girl », déjà jouée à l’Artichaut répond à l’ « I’m A Boy » du disque. Les filles seraient elles plus violentes que les garçons ? fait se demander la guitare, peut-être par un mécanisme défensif bien légitime! De peur de passer pour un dangereux féministes,, je dirais qu’en tous cas, ça bavasse plus les pipelettes côté claviers.

Quelques accords de guitare introcuctifs et Countrysants font dire ironiquement à Francesco Rees «on fait tous les styles », ce qui n’est pas encore vrai (ou pas dans CE projet), mais peut-être un ambitieux objectifs à long terme!

« ChiP 3 » ? est la seule composition de Francesco Rees sur le disque mais gageons qu’il n’en restera pas là ! La mélancolie fait penser à Low de David Bowie puis repart sur les claviers de Christophe Imbs.

« Guns For Lunch » est basé sur des riffs guitare mitraillettes de Christophe Imbs, mais je n’avais pas remarqué derrière les maracas frappés sur les toms de Francesco Rees. D’ailleurs les riffs de guitare sont un peu différents, les tempos plus rapides.... ce n’était finalement que l’intro. J’ai bien vu cette fois ci le sampler continuer tout seul la guitare pendant que Christophe Imbs passe aux claviers, différents eux aussi du disque où ils passent du flipper à la boule facette liquéfiée en glou glou sous la batterie, ici plus proches d’un Edgar Froese dans « Aqua sur une version plus rock de la guitare velvet Underground.

« Kleurloos » signifie « Sans couleur » en norvégien, pas comme leurs chemises Jaune ChiP (comme le disque) pour Francesco, comme celle du saxophoniste Hugues Mayot de son groupe Spoken Word Wunderklub samedi dernier au TAPS SCALA (peut-être est-ce la même et qu’il se les prêtent les uns aux autres) et verte pour Christophe. Ça fait coloré, pop et assez rock sans faire destroy pour autant, un bon compromis Rock Jazz.

Sinon le titre est une ballade à deux claviers, ici plus guitare, plus Low de Bowie sur le disque, à la Velvet Underground Cool avec un clavier similaire flottant de Francesco.

C’est déjà « la dernière », mais elle Rocke bien celle là ! « I’m A Boy » comme dernière manifestation virile Rock dans les riffs de guitare dont Christophe Imbs semble s’étonner lui-même des effets produits et de la sonorité. De son propre aveu, il trouve dans le fait de re jouer de la guitare (sur laquelle il avait commencé dans son premier groupe Rock de lycée 7 h 23) , qui n'est pas son instrument habituel, une furie rythmique naïve et plus sauvage car peut-être moins "apprise", maîtrisée que le piano, où on a dû lui apprendre à faire « joli », quelque chose de l’ordre de l’homme préhistorique découvrant le feu ou de son descendant lointain l’enfant expérimentant naïvement le monde par ses jouets! Suit le meilleur solo de guitare, le plus maîtrisé et guitar heroïque du concer, comme si tout le concert tendait vers cet acte ultime et libérateur, ce grand moment de rock’N’Roll !

Finalement dans la musique ChiP, le plus intéressant est peut-être ce rapport ambigu entre le relâché et la retenue, la liberté Free Rock et la contrainte, y aller à fond et finalement non, comme une manière assumée de se faire des sueurs au bord du précipice sans y tomber, ou une nouvelle façon de provoquer ce « Sound Of Surprise » dont parlait Ellington comme définition du Jazz, mais englobant en ce XXIème siècle les accors du rock ou de l’électro, de l’électricité ?

Annonce_CEDIM_Stimultania.jpg

Les Ateliers du CEDIM (Centre D'Improvisation Musicale Eueropéen où enseignent se produisent ce soir gratuit à Stimultania. Carte blanche aux ateliers du CEDIM @ Stimultania le 25/01 <http://hiero.eu/site/2012/01/18/carte-blanche-aux-ateliers-du-cedim-stimultania-le-2501/>

Carte blanche aux ateliers du CEDIM @ Stimultania le 25/01

  • /Carte blanche aux ateliers du CEDIM/*

L'équipe du CEDIM (Centre d'Enseignement et de Développement de l'Improvisation Musicale) est de retour et vous propose pour ce début 2012 cinq mini concerts d'ateliers qui couvrent un large éventail de styles et d'influences. Un programme qui passera des classiques du jazz au sens large (blues/rock/funk) de l'atelier « Standards boeuf » aux musiques improvisées marquées par la pop, les musiques électroniques et le jazz d'aujourd'hui de l'atelier « In & Out ». L'on découvrira aussi l'improvisation vocale comme point de départ à une écriture « en temps réel » de l'atelier « Voix et improvisation », et un beau travelling est-ouest partant de l'atelier « Passage », dont les sonorités très acoustiques sont inspirées des musiques de l'orient méditerranéen pour finir avec « Latin-Combo » qui interprétera des standards afro-cubains et brésiliens des plus festifs.+ d'infos :[ www.cedim.fr <http://www.cedim.fr/|Carte blanche aux ateliers du CEDIM @ Stimultania le 25/01 ]>

Jean Daniel BURKHARDT

mardi, novembre 8 2011

BENOÎT DELBECQ & ANDY MILNE DUO, STEVE COLEMAN REFLEX EN CONCERT A JAZZDOR

Dès « Portait Of Girgio Thelos », dédié à Ligheti et Thelonious Monk, lepianiste français Benoît Delbecq a toujours l’hypnotique tournoiement d’un balafon Africain trafiqué d’électronique à la Konono N° 1 ou une sanza dans les cordes de son piano préparé sans qu’on le voie l’actionner. Mais finalement le fonctionnement du piano n’est pas si éloigné de ces instruments : des cordes frappées par des marteaux recouverts de casimir, et le pianiste Canadien Milne semble à certains moments en jouer aussi dans l’espacement des mains sur le clavier ou l’intensité de ses doigts sur les touches. Mystère, mais c’est joli et hypnotique à entendre.

Coleman_Reflex_Delbecq_Milne.bmp

Delbecq et Milne (qui accompagna Steve Coleman pendant plus de dix ans, se sont rencontrés il y a vingt et un ans à un workshop où il enseignait au Banff Center au Canada.

Coleman_Reflex_Milne.bmp

Arrive le saxophoniste alto Steve Coleman et son Trio Reflex, avec Marcus Gimore à la batterie et David Virelles au piano et clavier.

Coleman_Reflex_Coleman.bmp

Steve Coleman n’est revenu au trio Reflex que très récemment au New Morning de Paris, après près de vingt ans de formations plus larges avec les Five Elements.

Coleman_REflex_Fnlayson.bmp

Mais c’est peut-être dans cette formation réduite qu’on retrouve dès l’introduction le grand saxophoniste lyrique insoupçonné et virtuose qu’est Steve Coleman, dans la lignée de Lester Young ou plus encore de Charlie Parker, dont il joue, avais-je lu dans Jazz Magazine les thèmes de tête à une vitesse folle pour essayer un nouveau saxophone en magasin avant de l’acheter, ce que le public ne voit pas habituellement.

Coleman_Reflex_souffle.jpg

Le titre Reflex, déjà utilisé dans « Resistance Is Futile » (titre qui n'était PAS en trio) à son retour d’année sabbatique en 2001, est à l’image du trio où chacun semble bien être, quand piano et batterie se mettent en mouvement, trois éléments organiques ou cosmogoniques d’une même entité jouant sur leurs réflexes, se répondant l’un l’autre plus sur leurs intuitions que sur la pensée réfléchie de la musique, dans l’instant, l’improvisation pure, libre et équitable, équilatérale du trio, chacun étant tour à tour rythmique ou mélodique.

Coleman_Reflex_Mur.jpg

Steve Coleman taxiphone tel un Hamiett Bluiett dans le traffic de la batterie, puis tire sa ligne en mélodique en longueur entre les écarts noirs et blancs du piano, mène la danse avec une liberté d’improvisation mais aussi un goût sûr et une classe folle.

Coleman_Reflex_Semblances.bmp

Il fait disparaître/apparaître, advenir/survenir ou s’enfuir sa présence/absence circulaire et mouvante, cosmogonique, à l’image de ses pochettes de disques et de ses liner notes très spirituelles, compliquées, mais magnifiques d’humanité spirituelle. Il a cependant toujours eu l’humilité de considérer que, comme il l’écrivait sur celles de « Lucidarium » si lui compose avec à l’esprit des implications spirituelles en rapport avec ses recherches, il laisse le public libre dans sa réception de considérer sa musique comme du bon Jazz Néo Bop, voire même une base rythmique Hip Hop offerte aux improvisations des MCs du monde entier, comme elle l’a été pour son propre projet Hip Hop les Metrics avec les rappeurs d’Opus Akoben dont le MC Kokayi emmené à Cuba pour « The Sign & The Seal » et qui poussera même jusqu'au scat dans "Lucidarium".

Coleman_Lucidarium.jpg

C’est peut-être dans ce trio qu’il se montre le plus proche de la tradition du Jazz. En effet, même si l’on ne peut qu’admirer les concepts spirituels ethniques cherchés comme des ferments originels du Jazz dans les cultures d’Afrique, d’Orient (Egypte Ancienne) ou en Asie (dans sa pratique du Bouddhisme) pour en nourrir le Jazz et ne pas le limiter à de seuls thèmes néo-bops d’inspiration afro-américaine, dans les albums de Steve Coleman, on a l’impression de ne l’avoir JAMAIS vu jouer aussi bien, ou peut-être plutôt aussi mis en avant de sa musique, ce que peut-être son humilité de chef d’orchestre au sein des Five Elements ne l’autorisait pas à faire, servant à travers la musique autant les autres que lui-même, et donc forcément plus en retrait. C’est en cela que Steve Coleman montre la voie, et que même le propre fils de Coltrane Ravi l'est de jouer sur ses albums.

Coleman_Light.jpg

Coleman et Gilmore ne font pas la même chose, mais par leur complicité s’établissent en direct des équivalences sur leurs instruments mélodique et rythmique qui fait évoluer peu à peu l'improvisation, l’improvisation tout en restant toujours aux aguets les uns des autres avec le piano.

Coleman_Reflex_Virelles.jpg

Comme Miles Davis à l’Île de Wight, Steve Coleman ne s’arrête pas en fin de thème (qui semblent inexistants) avant une bonne heure et demie, et seules les variations d’intensité entre des parties mélodiques calmes et lyriques comme des ballades et d’autres plus rythmiques et tourmentées, telluriques comme du Be Bop permettent de se repérer ou de s’y perdre successivement.

Coleman__souffle_jaune.jpg



Marcus Gilmore joue le rôle d’élément perturbateur ou de défi assumé en enlevant brusquement le tapis volant sous les pieds du fakir Coleman en lévitation.

Coleman_Reflex_Virelles.jpg

Quant à Virelles, il ajoute des flûtes et staccatos martelés sur le même motif obsessionnel soudain presque Gwoka-ribéen où le saxo de Coleman prend la sinuosité d’un serpent et l’envoûtement d’un sphynx.

Coleman_Reflex_Cercle.bmp

Après ces improvisations libre au thème méconnaissables, on reconnaît un peu du « Make Believe » de Charles Mingus (repris par de jeunes musiciens du Conservatoire jeudi GRATUIT au TJP à 18 h) pour Jaclie Paris repris par Laïka Fatien sur Nebula, en concert ce soir au Théâtre de Haguenau.... Peut-être le fil rouge du standard courant le festival cette année?

Coleman_Egypte.jpg

On rencontrera plus tard une réminiscence peut-être inconsciente de « Blues For Allah » des Greatfull Dead (inspiré par une tournée en Egypte). Né en 1956, ce qu’on oublie à son look Hip Hop très jeune (casquette à l’envers vissée sur la tête, veste Hip Hop, jean large, et T Shirt décoré du Xi, boule du Ying et du Yang noirs sur fond rouge) il avait dix ans dans les années soixante! En ce désert, Marcus Gimore décrit les accents de terrains des dunes, Virelles souffle le vent des sables qui les déplace.

Coleman_Reflex_casquette.jpg

Pour en revenir à Parker, Peut-être Steve Coleman joue-t-il comme Parker AUJOURD’HUI, après la modernité Coltranienne et celle du Free Jazz à venir que Parker ne pouvait soupçonner donc dépasser, qu’exprimerait Julio Cortazar en lui prêtant cette phrase : « Cette note, je l’ai déjà jouée DEMAIN !» en inventant librement un jazz à la fois originel et actuel pour notre XXIème siècle prenant à son compte les musiques du monde de la Batucada Brésilienne aux Gnawas Marocains et y retrouvant l’Afrique et les Caraïbes, dont Parker et ses contemporains étaient les premiers conscients mais encore orphelins par l’esclavage puis la ségrégation, quoiqu’il ait joué (et fut l’un des seuls à le faire, avec Dizzy Gillespie) sur des rythmes Afrocubains avec les Afrocubans de Machito « Manguo Mangue » puis composa « My Little Suede Shoes », que Django Bates reprendra peut-être en trio avec son projet « Beloved Bird » ce soir à Pôle Sud.

Coleman_joue.jpg

Enfin, après un Bis ethnique accompagné d’une cowbell où il chanta et scatta d’une manière qui le rapproche de son compatriote Leon Parker, batteur de Jazz des années 90s qui ensuite fit dans les années 2000s du body percussion et des musiques plus ethniques, puis revint au Jazz avec Jacky Terrasson (avec qui il jouait dans 90ies) puis Giovanni Mirabassi.

Coleman_Weaving_Symbolics.jpg

Il termina enfin par une de ses compositions, « Ritual » (http://www.youtube.com/watch?v=XipnyiFxbxQ ), déjà déclinée en solo, pour les Five Elements et Yen Shyu (Air) et pour Trio (Ritual Trio Earth) et sur son album « Weaving Symbolics », comme quoi, tout est dans tout et change, ou se transforme entre la micro et la macro cosmogonie Colemanienne....

Jean Daniel BURKHARDT

mercredi, octobre 12 2011

LE TROMPETTISTE DE JAZZ TOMASZ STANKO SERA CE SOIR ET DEMAIN EN CONCERT AU CHEVAL BLANC DE SCHILTIGHEIM

Tomasz Stanko est né en Pologne à Rzeszow le 11 juillet juillet 1942. Fils de musicien, il prend des cours de violon et de piano, puis étudie la trompette à l’Ecole de musique de Cracovie de 1959 en 1962. Il forme ensuite le quartet Jazz Darlings avec Adam Makowicz qui remporte un concours l’année suivante, tandis que Stanko obtient le prix du meilleur instrumentiste. Tomasz Stanko est alors recruté par le pianiste et compositeur Krysztof Komèda dans son quintette (avec Michal Urbaniak puis Zbigniew NNamyslowski), et se produit en Europe Orientale et en Scandinavie.

Stanko_1962.jpg

Entre 1965 et 1969, Tomasz Stanko travaille avec le pianiste Andrzej Trzaskowski, puis en 1969, il entre dans l’orchestre de Jazz de la radio Poonaise. En 1970, ce sera son premier disque en leader, puis la participation au Globe Unity Orchestra d’Alexander Von Schilippenbach, et l’année suivante à Donauschingen à l’European Free Jazz Orchestra avec Don Cherry, Albert Mangelsdorff et le saxophoniste Gerd Dudek , puis cherche avec COCX des rythmes Rock différents de Bitches Brew..

Stanko_COCX.bmp

Tomasz Stanko enregistre "Balladyna" son premier disque pour ECM et réédité en 2008 avec Tomasz szukalski avec qui il se produit d’abord en duo au saxophone, Dave Holland à la contrebasse et Edward Vesala à la batterie, avec cette "First Song". Toujours sur ECM, Tomsz Stanko a joué avec Rashied Ali, Lester Bowie, Jack de Johnette, Chico Freeman, Jan Garbarek, eddie Gomez, Howard Johnson et Jean François Jenny Clark et Joachim Kühn.

Stanko_Balladyna.bmp



Faisons un bond dans le temps jusqu’en 1996 à Oslo avec l’album Leosia de Tomasz Stanko, accompagné de Bobo Stenson au piano, Anders Jormin à la contrebasse, et Tony Oxley à la batterie, quartet international jouant à son meilleur niveau. Dans son jeu de trompette, Tomasz a adapté la sagesse d’Isidore Ducasse, Comte de Lautréamont des Chants de Maldoror aux Poésies: « Je remplace la mélancolie par le courage, le doute par la certitude, le désespoir par l’espoir, la méchanceté par le bien, les plaintes par le devoir, le scepticisme par la foi, les sophismes par la froideur du calme et l’orgueil par la modestie. », comme sur ce "Farewell To Maria".

Stanko_Leosia.bmp

En 1997, Tomasz Stanko rend hommage avec Litania, Music of Krysztof Komèda au pianiste qui l’avait engagé à ses débuts en réarrangeant quelques-uns de ses thèmes accompagné de Bernt Rosengren et Joakim Milder aux saxophones ténor, Bobo Stenson au piano, Palle Danielsson à la contrebasse et Jon Christensen à la batterie, avec ce magnifique titre éponyme Litania avec quelquechose de "The Look Of Love" popularisé par Dusty Springfield avant Diana Krall.

Stanko_Litania.bmp

On retrouve Tomasz Stanko en 1998 au festival ECM de Badenweiler dans une commande de Manfred Eicher (boss d’ECM) réunissant autour du trompettiste le saxophoniste baryton et clarinettiste basse britannique John Surman, l’accordéoniste italien Dino Saluzzi, la violoniste Michelle Makarski, le contrebassiste Anders Jormin et le batteur Jon Christensen, enregistré sous le titre «From The Green Hill", sorte de Jazz Euro baroquien et blue-notesque. On y apprécie la sonorité sonorité dense, nerveuse, lyrique, passant facilement du gras aux éraillements, efficlochements dans l’aigu et l’accordéoniste Dino saluzzi ajoute à la palette de Tomasz Stanko le côté tango à la Piazzola à un lyrisme blue note bop à l’européenne dans ce «The Lark In The Dark».

Stanko_Hill.jpg

La virtuosité de Tomasz Stanko s’exprime dans tous les contextes allant des rencontres bop ou free à des expériences électriques, voire électroniques. On reconnaît bien l’influence de Miles Davis dans le phrasé de courts traits de ce «Love Theme From Farewell Maria», avec John Surman au saxophone baryton.

Stanko_joue.bmp

Quittons « From The Green Hill», avec « Roberto Zucco », hommage de Tomasz Stanko à un auteur de cape et d’épée ou à la pièce de théâtre de Bernard-Marie Koltès (1988), inspirée de faits réels, qui relate l'histoire du tueur en série italien Roberto Succo, élevé à une dimension mythique et croisée à l'histoire de la « gamine jeune fille en perdition», pour un dernier Hard Bop Tango.

Stanko_Soul_Of_Things.jpg

Enfin, la maîtrise de Tomasz Stanko de l’idiome Jazz américain entre la dureté Miles Davis et la tendresse d’un Chet Baker s’est exprimée en 2002 dans sa suite « Soul Of Things », variations sur des thèmes traditionnels polonais de son enfance. Il y est accompagné par la rythmique de Manu Katché avec lequel il a joué dans l’album Neighbourhood : Marcin Wasisiliewski au piano, Slawomir Kurkiewicz à la contrebasse et Michal Mikiewicz à la batterie. Cette deuxième variation montre sa vélocité sur tempo rapide, mais fait aussi référence au « it Never Entered My Mind » de Miles Davis pour Blue Note.

Stanko_lunettes.jpg

La 13ème variation de ce Soul Of Things, « Hejnal » qui rappelle, comme un retour à ses souvenirs d’enfance, écrit Marcin Wasiliewski, « une ambiance sombre, introspective, et le cœur même de la Pologne à travers son hymne national, mélodie jouée sur des trompettes depuis des siècles, à chaque heure, du haut de la tour de l’église principale Cracovie, qui lui donna envie de jouer de cet instrument. La rythmique rajoute un côté Chet Baker dans « I Didn’t know what time it was».

Stanko_Dark_Eyes.bmp

Dans son dernier disque « Dark Eyes », Tomasz Stanko s’est comme Miles Davis entouré des meilleurs musiciens de la scène européenne pour une rythmique rajeunie: le pianiste Alexi Tuomarila et le batteur Olavi Louhivuori, tous deux Finlandeais, le guitariste Jakob Bro, découvert sur "Garden Of Eden" de Paul Motian et le bassiste Dave Anders Christensen pour la pulsation rythmique.

Stanko_Dark_Eyes_Band.jpg

C’est avec eux qu’il se produira ce soir et demain les mercredi 12 et jeudi 13 octobre au Cheval Blanc de Schiltigheim à 20 h 30.

Jean Daniel BURKHARDT

vendredi, mai 27 2011

HERB GELLER à l'ILLIADE CE SOIR 27 MAI!

Quand on parle de la grande période du Jazz, on est souvent déçu de se rendre compte que la plupart de ces héros du Bop sont morts depuis 50 ou 60 ans, ou récemment comme Jimmy Giuffre dont je vous parlais il y a quelques semaines, dont j’ai appris la mort en 2008 en préparant mon émission. Quelle ne fut donc pas ma joie et ma surprise en apprenant qu’un des saxophonistes de la Côte Ouest ou de la West Coast était non seulement encore vivant ce qui après tout n’engage que lui, mais encore en activité, et passerait même à l’Illiade d’Illkirch ce soir! Il joue du saxophone alto et soprano et chante, s’appelle Herb Geller, et sa carrière l’a fait croiser les plus grands.

Geller_55.bmp

Herb Geller est né à Los Angeles en Californie le 2 novembre 1928, ce qui lui fait tout de même 82 ans, mais lui a permit de participer activement au style West Coast de cette Côte Ouest des Etats-Unis, derrière des Art Pepper ou Bud Shank sur les disques des Giants de Shorty Rogers. Il a épousé Lorraine Geller, qui a elle aussi un beau palmarès, ayant joué avec Miles Davis et Chet Baker., a joué Clifford Brown de passage sur la WestCoast.

Geller_NB.jpg

Si Benny Carter le poussa à choisir l'alto, Charlie Parker reste sa principale influence, et le Dictionnaire du Jazz précise : « On entend en Geller deux musiciens différents : un compositeur arrangeur typique du style Westcoast, mais aussi un joueur d’alto lyrique, expressif, prolixe, plus crispé que cool, où affleurent des violences légères dont les déchirures, ni différées ni tellement retenues, débordent les canons de l’esthétique West Coast, on reconnaît que passent, en contrebande, les fantômes noirs du bop", tout en excellant aussi dans les standards.

Geller_jeune.bmp

Mais à la mort de Lorraine en 1958, il part en tournée avec Benny Goodman au Brésil avec le Big Band de Benny Goodman, joue avec Bill Evans en 1972 et Ella Fitzgerald et a fini par faire toute sa carrière au NDR Orchestra de Berlin et dans d'autres Big Bands Européens.

Geller_Space.jpg

A la flûte, son "Space a La Mode" a été repris par Mark Murphy et il a aussi un bon arrangeur groovy dans les années 70s avec ce "Titel Wave", également doué pour les tempos latins, ce qui ne l'a pas empêché de jouer avec Louis Bellson (batteur de Duke Ellington) ou de retrouver chet Baker dans les années 80s pour son dernier disque "My Favourite Songs"

Geller_Quartet.bmp

N'ayant jamais arrêté de pratiquer son instrument, il peut enfin récolter ses lauriers depuis sa retraite en enregistrant et continuant à se produire sous son propre nom, et a soutenu Barack Obama par son "Obama Bound"

Geller_joue.jpg

Il sera ce soir en concert à l'Illiade d'Illkirch Grafenstaden! Pour les Amateurs de Jazz Authentique, je vous recommande aussi le Festival de Jazz de Munster de Michel Hausser, vibraphoniste de Jazz né en 1927 qui joua avec Geller chez Quincy Jones à Paris dans les années 50s.

Pablo_Elastic.jpg

Ce soir également, à L'Elastic réouvert récemment, Pablo Valentino mixera du Hip Hop, Beats,Funk, Breaks et Drum'n'Bass

Jean Daniel BURKHARDT

jeudi, avril 21 2011

JIMMY GIUFFRE dans JAZZOLOGY ce soir, et où trouver vos oeufs de Pâques ce week-end...

Ce soir 21 avril à 21 h dans Jazzology sur Radio Judaïca, je reviendrai sur la carrière du multi instrumentiste clarinettiste, flûtiste, saxophoniste alto, ténor et baryton américain Jimmy Giuffre ne le 26 avril 1921 mais mort en 2008 : auteur de « Four Brothers », il aura été WestCoast, Cool, Free, et même Jazz Rock toujours avec classe.

Annonces_Paques_Giuffre.jpg

Jimmy Giuffre est né à Dallas, Texas le 26 avril 1921, et avait commencé sa carrière dans l’armée de l’air, avec déjà des expériences de concert en solo. Il fait ses classes dans les Big Bands de Boyd Raeburn en 1946, Gene Roland ou Jimmy Dorsey en 1947, puis intègre comme arrangeur le « Second Herd » (second troupeau) de Woody Herman et étudie la composition avec le Docteur Wesley De La Violette, gourou de la West Coast (Côte Ouest).

Annonces_Paques_4_Brothers.jpg

C’est chez Gene Roland qu’il compose le titre qui le rendra célèbre chez Woody Herman en 1947 : « Four Brothers » pour Stan Getz, Herbie Steward et Zoot Sims aux ténors et Serge Chalof au baryton, mais il n’y joue pas dans cette première version.

Annonces_Paques_Shorty_Giants.bmp

Mais ce Four Brothers crée un malentendu, Jimmy Giuffre n’a jamais été Cool comme Stan Getz, mais ne cessera d’évoluer en quarante ans de carrière dans cette « petite musique » qui n’appartient qu’aux grands », écrira Alain Tercinet. C’est cependant géographiquement sur la West Coast qu’il enregistrera en 1953 ses compositions au saxophone ténor avec les Giants du trompettiste Shorty Rogers avec Art Pepper à l’alto, Hampton Hawes au piano et Shelly Manne à la batterie, bref le gratin de la Côte Ouest dans ce style West Coast si particulier. Ecoutons Jimmy joue West Coast dans « The Perky Serpent » (le serpent sale).

Annonces_Paques__Giuffre_Train.jpg

Mais lorsqu’il forme son premier trio en 1956, Jimmy Giuffre optera pour une formule plus intimiste sans batterie avec le guitariste Jim Hall rencontré au Sardi’s, un club de Los Angeles en se découvrant une admiration mutuelle et le contrebassiste Ralph Peña, avec un second tube : « The Train & The River », avec déjà une performance de rerecording de Giuffre au baryton, ténor et à la clarinette dans des tonalités différentes pour chaque solo. Ce titre deviendra l’emblème de Jimmy Giuffre avec le film « Jazz On A Summer’s Day » sur le festival de Newport en 1958, puis à la télévision dans The Sound Of Jazz.

Annonces_Paques_Summer.jpg

En 1958, Jimmy Giuffre ajoute le tromboniste Bob Brookmeyer au trombone, puis ici au piano à la guitare de Jim Hall et le trio devint sextette avec trois saxophones ténors joués en rerecording par Giuffre pour le disque « The Four Brothers Sounds » où Jimmy Joue sa composition pour Woody Herman, mais en interprétant les trois parties de saxophones comme les quatre frères à lui tout seul, et plus rapide que l’original..

annonces_Paques_Giuffre_Brothers.jpg

Si Jimmy Giuffre est trop indépendant et aventureux pour être classé stylistiquement dans la West Coast ou le Cool Jazz, peut-être eût-il été plus à l’aise dans le Troisième corant, ce Third Stream créé par le pianiste Lennie Tristano. Il appréciait en tous cas l’un de ses élèves de la West Coast, le saxophoniste alto Lee Konitz, et composa, arrangea et joua pour lui en 1959 à New York au saxophone baryton sur deux séances dont You & Lee rééditées sous le nom de Lee Konitz Meets Jimmy Giuffre, avec également le pianiste Bill Evans, hal Mc Cusick à l’alto (un West Coaster de l’Est), et Warne Marsh, autre élève de Tristano au ténor. Jimmy Giuffre pour ce disque composera « Somp’m’Outa’Nothin’ » «Uncharted ».

Annonces_Paques_Giuffre_Konitz.jpg

Un esprit aussi indépendant qui Jimmy Giuffre ne pouvait laisser passer les années 60s sans s’impliquer dans le Free Jazz, la New Thing, la nouvelle chose du jazz libre, même s’il était blanc, et n’avait donc peut-être pas la même colère qu’un Ornette Coleman. Il trouva sa propre voie du Free, blanche, contemporaine, européenne, en créant, à la clarinette, le premier Trio Free Jazz blanc avec Paul Bley au piano (encore marié à Carla Bley) et le jeune contrebassiste Steve Swallow, nouveau prodige après Scott La Faro, et surtout le premier répertoire librement spontanément improvisé/composé par un trio blanc sans thème préétabli ni référence aux standards par la seule interaction entre ses membres, en cette Fusion qui donne son titre au disque . Ceci attira l’oreille de Manfred Eicher qui produisit le trio sur son label ECM. Ecoutons un de ces « bibelots Mallarméens » (dit Jean-Robert Masson), « aboli bibelot d’inanité sonore » où Jimmy Joue Free (comme dit Philippe Carles.

Annonces_Paques_Giuffre_Fusion.jpg

Le deuxième album du Trio Giuffre Bley Swallow en octobre 1961, « Thesis », toujours sur ECM est peut-être moins limpide que le premier, mais rejoint un certain Jazz de chambre libre dans « Me Too » où les trois instrumentistes essaient de parvenir à des effets équivalents sur des instruments très différents.

Annonces_Paques_Giuffre_3o_Bremen.jpg

Le trio Giuffre Bley Swallow eut aussi l’occasion de se produire en Allemagne à Bremen en 1961.

Annonces_Paques_Free_Fall.bmp

Ensuite ils publièrent encore Free Fall en 1968, chute libre en ordre dispersé et séparé en solos, duos, trios très abstraits pour le label Columbia, ne trouvèrent plus d’engagement que dans un café de New York pour une entrée au prix libre, et se séparèrent quand le plateau ne rapporta plus que 35 cents, pour vingt ans jusqu’en fin 1989 et « The Life Of a Trio » « Saturday », puis « Sunday », puis «Conversation With A Goose » en 1991, où ils se retrouvèrent à nouveau en ordre séparé.

Jimmy Giuffre resta avide de contrepoints (une constante dans son oeuvre inouïs et on le retrouve en 1987 en concert à Paris en duo avec le clarinettiste basse Français André Jaume à se dessiner l’un l’autre la Tour Eiffel dans le disque du même nom, « deux lignes qui se tendent vers le ciel en même temps qu’elles s’unissent et se soudent, se fondent, avec cet alliage de rigueur-douceur, cette souple et très lente inflexion qui reproduisent l’identité Joycienne « les courbes sont de la beauté » dira Philippe Carles.

Annonces_Paques_Eiffel.bmp



Enfin, dernière expérience de Jimmy Giuffre, un groupe avec clavier électronique et synthétiseurs sans être vraiment Jazz Rock qui grava « Quasar » en 1985, puis en quartet ces « Liquid Dancers » en 1989 avec Pete Levin aux claviers, Jimmy giuffre au saxophone ténor, soprano, clarinette et se mettra à la flûte basse avec Bob Nieske à la basse électrique et Randy Kaye à la batterie.

Annonces_Paques_Liquid.jpg

OU DANSER, QU’ECOUTER CE WEEK END ?

Black Octopus (DJ Ficus de Caterva et Pablo Valentino, après leur "Blunted Library" hier soir invitent Suzi Analogue, Beatmakeuse et chanteuse ce soir 21 avril de 21 h 30 à Minuit 30 ET C'EST GRATUIT (majoration 0,50 cents sur les consos).

Annonces_Paques_2011_Analog.jpg

Le chanteur de Folk rock Israélien Asaf Avidan qui rappelle un peu Janis Joplin dans la voix et ses Mojos seront en concert demain Vendredi 22 avril à Molodoï pour 6 € avec Thomas Schoeffler Jr (bon chanteur Country à la Hank williams, guitariste Bluesy à la Robert Johnson et harmoniciste à la Bob Dylan) et Alex Keilling & The Mary Jill Band.

Annonces_Paques_Avidan.jpg

Enfin, Samedi 23 avril, Ben G (Right On FM) et Tal Stef (Soultronic) au Mudd Club pour Un Entre Temps Funk&Lectro en attendant le Festival CONTRETEMPS courant juin!

Jean Daniel BURKHARDT

jeudi, mars 24 2011

BILL FRISELL : ANNIVERSAIRE DANS JAZZOLOGY ET CONCERT DEMAIN A PÖLE SUD !!!!

Bill Frisell|http://www.billfrisell.com/] est l’un des plus grands guitaristes de Jazz américains des années 80s, 90s et 2000s, et le plus américain de ces grands guitaristes, car rassemblant toutes les influences Jazz, Blues et même Country, et incarnant ainsi l’image fantasmée qu’on peut se faire de l’Amérique profonde, et sera en concert demain Vendredi 25 mars à Pôle Sud avec son projet Disfarmer.

Bill_frisell_blanche.jpg

Bill Frisell est né le 18 mars 1951 (il vient donc d’avoir 60 ans il y a quelques jours, double raison de parler de lui) à Baltimore, dans le Colorado, bercé dès l’enfance par la musique Country. Il commence par la clarinette, puis s’intéresse à la guitare par le blues avant de se mettre au Jazz. Au lycée, il côtoie les futurs membres d’Earth Wind & Fire et se met à étudier la musique. En 1971, il intègre la Berklee School Of Music où Pat Metheny est son condisciple et prend des cours avec le guitariste Jim Hall qui l’a profondément influencé.

Bill_Frisell_Hall.jpg

Mais dès ses débuts, il mêle le Jazz à l’influence des autres musiques américaines. En 1978, il fait un séjour en Belgique à l’invitation de Steve Houben, rencontre Manfred Eicher et devient dans les années 80s le guitariste maison du label ECM accompagnant Arild Andersen, Jan Garbarek, Paul Motian, etc....

Bill_Frisell_hippie.bmp



Entre 1979 et 1989, Bill Frisell vit à New York et devient un musicien très en vue malgré sa discrétion grâce à l’aboutissement et à l’originalité de son style et à sa faculté d’adaptation à tous les genres. Il accompagne Naked City de John Zorn, Tim Berne, Julius hemphill, Marianne Faithfull, Elvis Costello, Paul Motian et Marc Johnson, puis signe avec le label Nonesuch et monte un groupe avec Joe Lovano et Hank Roberts, puis avec le batteur Joey Baron et le bassiste Ron Carter.

Bill_Frisell_court.jpg

En 1995, Bill Frisell opère un retour aux sources de la country Américaine assez rare pour un guitariste de Jazz avec l’album Nashville et la belle ballade « Gimme A Holler », enregistré dans ce haut lieu de la country music avec des musiciens du cru : Viktor Krauss, recruté au dernier moment, qui aime autant le Blue Grass qu’ACDC à la basse, avec lequel il a souvent joué depuis, et avec qui on pourra l’entendre vendredi.

Bill_Frisell_Nashvill.bmp

En 1998, Bill Frisell retrouve Peter Krauss à la basse en trio avec Jim Keltner, découvert avec Ry Cooder à la batterie dans l’album « Gone Just Like A Train », plus urbain et électrique avec le reggae funky Egg Radio et ce « Blues For Los Angeles » Hendrixien.

Bill_Frisell_Gone.bmp

A l’orée du millénaire, Bill Frisell a modernisé sa palette en ajoutant à ses guitares quelques effets électroniques, samples et autres boîtes à rythmes dans l’album « Good Dog, Happy Man » (avec son chien sur la pochette) avec Wayne Horvitz aux claviers, Greg Leisz (qui sera à Pôle sud vendredi) au dobro et à la mandoline, guitares jouées assis, Viktor Krauss à la basse et Jim Keltner à la batterie. Mais malgré cette légère modernisation, Bill Frisell sait retrouver l’authenticité de la Country et de la musique faite entre amis pour le plaisir.

Bill_Frisell_Good.bmp

En 2001, Bill Frisell retrouve Greg Leisz aux cordes pour Blues Dream, album de Blues (Country, bien funky avec les cuivres avec Soul Merchant, ou plus traditionnel porté sur les cordes et le bottleneck dans « Outlaws ») où il retrouve les cuivres de Ron Miles à la trompette, Billy Drewes au saxophone, Curtis Fowkles David Piltch à la basse et Kenny Wollesen à la batterie.

Bill_Frisell_Blues_Dream.bmp

Enfin, Bill Frisell a encore enrichi sa palette dernièrement avec son album History Mistery : en plus de Ron Miles et Greg Tardy au saxophone, il a ajouté les cordes de la violoniste Jenny Schienman qui sera présente vendredi à Pôle sud, mais aussi vers les musiques du monde en jouant « Baba Dramé » de Boubacar Traoré ou avec le Brésilien Vinicius Cantuaria pour The Intercontinentals, en gardant toujours sa modernité dans la composition narrative cinématographique, comme dans ce «Probability Cloud ».

Bill_Frisell_History.jpg

Le dernier disque de Bill Frisell Disfarmer qu’il jouera à Pôle Sud demain soir lui fut inspiré par les photos du portraitiste du même nom (« Non Fermier », quoique né fermier) qui photographia de simples habitants de l’Arkansas entre 1929 et 1939.Conférence sur ces photos à Pôle Sud à 19 h.

Bill_Frisell_Disfarmer.jpg

Ecoutez ma sélection ce soir à 21 h dans Jazzology.sur Radio Judaïca.

Bill_Frisell_Disfarmer_band.jpg

QU'ECOUTER ? OU DANSER CE WEEK-END DANS VOS SALLES

Ce soir Jeudi 24 mars:

Bill_Frisell_Leriks.jpg

Le chanteur enSOULéilléLériks se produira pour 4 € à la Giraf.

Bill_Frisell_Why_Not.jpg

Venez écoutez le tout nouveau Quatuor Bossa Nova, Brätzil, DanYDan,DJ Maïshttp://www.facebook.com/l.p... & le MC Hip Hop TH' Mole, AKA DJ 0.000001 au Kitsh’N’Bar GRATOS,

Bill_Frisell_TH_Mole.jpg

Black Octopus (Pablo Valentino de Faces Records et DJ Ficus de Caterva et Sens Inverse) livrent leurs derniers Beats Live au Mudd club GRATOS.

Black Octo logo beats

Demain VENDREDI 25 MARS:

Bill_Frisell_Bensusan.jpg

vous pourrez entendre le chanteur et guitariste et chanteur Pierre Bensusan à l'Espace Django Reinhardt du Neuhof,

Bill_Frisell_17_Hippies.bmp

et les Berlinois de 17 Hippies à l'Illiade au Printemps Des Bretelles.

Bill_Frisell_DJSuspect.jpg

Plus tard Chill puis DJ Suspect (The Funk League) seront Mudd Club jusqu'à 1 h,

et Mr Natacha sera jusqu'à 4 h à l'Entrepôt (5 € l'entrée)

SAMEDI 26 MARS:

Les Klezmatics (All-Star Klezmer -Ska - Rock New Yorkais) seront en concert samedi à l’Espace Django Reinhardt du Neuhof à 20 h 30.

Bill_Frisell_Klezmatics_band.bmp



DJ Oskar (Hip Hop) sera samedi au Mudd Club jusqu'à 1 h

Bill_Frisell_oskar.jpg

Pablo Valentino et Jayffe innoveront samedi en ajoutant le Live à leur soirée My House avec Slikk Tim, multi-instrumentiste ayant collaboré en tant que bassiste et guitariste avec les grands noms de la house soulful comme Little Louie Vega, Arnold Jarvis,, Grant Nelson, Barbara Tucker et bien d'autres. samedi à l’Entrepôt. L’entrée reste GRATUITE.

Bill_Frisell_Sikk_Tim.jpg

Jean Daniel BURKHARDT

vendredi, janvier 28 2011

L’ONJ YVINEC EN CONCERT A PÔLE SUD, ET OU SORTIR CE WEEK-END

L’ONJ (Orchestre National du Jazz) est un grand Orchestre de Jazz Françaissubventionné pour des contrats de deux ou trois ans par le ministère de la culture à la tête duquel se sont succédés depuis les années 80s François Jeanneau, Antoine Hervé, Claude Barthélémy, Denis Badault, Laurent Cugny, Didier Levallet, Paolo Damiani, Claude Barthélémy et Franck Tortiller, et dirigé depuis 2008 par le bassiste Daniel Yvinec (qui n’y joue pas) et vient d’être reconduit pour un contrat renouvelable de trois ans. C’est à mon sens un cru beaucoup plus révolutionnaire que le précédent qui, sur un répertoire de Led Zeppelin ou du Jazz Rock de Miles Davis, le réorchestrait pour grand orchestre avec vibraphone.

ONJ_Yvinec.bmp

En septembre 2010, ce nouvel ONJ a enregistré « Shut Up And Dance » du batteur John Hollenbeck, 9 compositions/mini concertos dédiés aux solistes après avoir entendu ses musiciens, sur ce qui provoque la danse/transe. Ce nouvel Orchestre National est allé chercher de nouveaux talents poly-instrumentistes ouverts aux improvisations collectives expérimentations électro-acoustiques dans les jeunes groupes de Jazz, comme le bassiste Sylvain Daniel qu’on a pu entendre sur le label « Chief Inspector ». De plus ce répertoire et son traitement original permettent des échos de fonds sonores rappelant le style West Coast autour des solistes mis en avant selon les titres qu’on découvrira au fur et à mesure et des expérimentations électroniques, ce qui fait rentrer cet Orchestre National du Jazz dans le XXIème siècle.

ONJ_Yvinec_Shut.bmp

Avant l’arrivée des musiciens, l’impression de Big Band de cet octet est démultipliée par la section d’anches multi instrumentiste et les consoles électroniques.

ONJ_Yvinec_pasteques.bmp

A l’inverse du disque, l’ONJ commence par la pièce la plus longue et ambitieuse, «The Power Of Water », écrite pour le batteur Yoann Serra,, à la mélodie s’écoulant sur la rythmique dramatique de piano martelé, puis de guitare (Pierre Perchaud, qui joue également du banjo et du dobro) avec les anches en fond sonore d’oiseaux hypnotiques dans la tempête rappelant la complicité des « Brothers » de Woody Herman, rejoints par l’élévation spatiale des claviers enchanteurs de Vincent Lafont jusqu’au solo de batterie, dans une esthétique proche de Soft Machine (cet ONJ a dédié un autre opus, "Around Wyatt" à Robert Wyatt).

ONJ_Yvinec_Serra.bmp

Dans «Falling Men », le trompettiste Guillaume Poncelet s’éleva avec la classe d’un Miles Davis période Cool au dessus, dans puis hors de la mêlée imaginaire Jazz Rock, la trompette se faisant phare solitaire sur le fond sonore qu’il brasse, déclenche ou stoppe d’un geste du bras sur les arpèges de guitare et claviers à la Rock Bottom de Robert Wyatt, se montrant un trompettiste de Jazz capable d’échos World, décomplexé de l’électro comme Alex Tassel en a donné l’exemple et finissant sur du Rock sans dévier de sa ligne ni de la grâce de son jeu. En effet Yvinec ne dirige pas l’orchestre.

ONJ_Yvinec_Poncelet.bmp

Suit «Racing Heart, Heart Racing », écrit pour le clarinettiste et saxophoniste Rémi Dumoulin qu’on a pu entendre sur Boo Hoo de Rocking Chair , ici au saxophone libre sur un fond de flûtes (le Joce Miennel, également guest de Rocking Chair sur ce titre), exploitant toutes les possibilités de l’instrument sur un fond sonore Africanisant, obsessionnel et hypnotique comme une pièce de Philippe Glass avec quelque chose de West Coast dans le fait de surfer habilement et avec élégance sur des fonds complexes et passionnants en une belle progression jusqu’à la fin.

ONJ_Yvinec_Dumoulin.bmp

Arrive « Shaking Peace », la pièce dédiée à la pianiste (aussi à la flûte, et à divers objets) Eve Risser du duo Donkey Monkey, régionale de l’étape, mais qui tourne le dos au public pour les besoins du concert, au piano classique et contemporain entre Schönberg et John Cage, presque liquide à la Edgar Froese secouant sa paix sur la vibration sonore de l’orchestre, puis plongeant dans les effets intérieurs des cordes (sa spécialité). Moi qui ne suis pas fan de piano contemporain, cette plongée abyssale m’a fait rêver.

ONJ_Yvinec_Risser.bmp

Suit « Tongs Of Joy » de Vincent Laffont, le claviériste des « Skyriders » de Laurent Robin jouant des claviers avec un côté volatile et très rythmique à la fois, alliant la violence du Jazz Rock et le groove du Jazz Funk dans sa fusion sur le beau fond sonore de Poncelet, du 60s à l’électro dans la vibration sonore spatiale entre son rond et saturé.

ONJ_Yvinec_Laffont.bmp

« Praya Dance » du flûtiste Joce Menniel suit comme sur le disque avec son solo de flûte à la Hermeto Paschoal avec le côté machinerie/soufflerie de Sclavis sur « Vol " (composé par Hollenbeck en survolant le Brésil, et en écoutant aussi Menniel). Ils sont quatre au piano sur ce titre, à 8 mains, pour un effet de balafon dans cette danse Africaine ou Batucada modifiée par les effets, où la flûte ethnique soufflée/criée, redevient parfois Jazz 60ies à la Rahsan Roland Kirk.

ONJ_Yvinec_Mienniel.bmp

Soliste de « Bob Walk » (dédié au tromboniste à pistons de Gerry Mulligan Bob Brookmeyer, né en 1928 et encore en activité), au saxophones dont un électronique des années 80s, Matthieu Metzger fait partie du Quintet «Lost On The Way » de Louis Sclavis, et assure à jouer droit malgré là aussi un fond sonore très mouvant et original, presque faux comme celui d’Apple Honey de Woody Herman avec des claviers à la Soft Machine, puis répétitif à la Glass.

ONJ_Yvinec_Tri-Hoang.bmp

Le benjamin de l’orchestre est Antonin Tri-Hoang, et brille sur « Melissa Dance », de l’émotion progressive poussée jusqu’au cri aux réitérations kaléidoscopiques à la Soft Machine dans le final sous-marin à la Rock Bottom, à la fois hypnotique et émouvant comme un paysage sonore habité de changements de temps...

ONJ_Yvinec_Wyatt.bmp

En bis, ayant achevé les concertos dédiés par Hollenbeck, ils finirent avec une reprise magnifique de « Sea Song » de Robert Wyatt dans Rock Bottom () tant dans la mélancolie que dans la ferveur.

Cet ONJ rend hommage à Billie Holiday et à son dernier album "Lady In Satin" avec la chanteuse Sandra Nkaké et John Greaves en guest le mardi 25 janvier au Théâtre du Châtelet, capté sur arte live web. Si j'en crois leur album "Shut Up & Dance" et son premier ONJ électroniquement modifié, avec Sandra en Billie Holiday et John Greaves, ça ne va pas être que des reprises en copié collé de Billie Holiday! ça va même dépoter!

Jean Daniel BURKHARDT

A ECOUTER, A DANSER CE WEEK-END, JAZZ OU SALSA

Vous aimez la flûte? Ce soir Vendredi 28 Janvier, venez assister à Pôle Sud à la Création de l'Indigo Trio invitant le flûtiste de Jazz français Michel Edelin, à écouter séparément dans "Jazzology" ce soir 27 janvier à 21 h.

Annonce_Jan_Indigo.bmp

Amateurs de Salsa, l'association Alter Latina vous propose ce samedi 29 Janvier, au Préo D'Oberhausbergen, une Soirée Salsa: -A partir de 18 h 30 : Cours de Salsa Sauce Cubaine

                                Spécialités Brésiliennes par Acérola
                                Exposition Photos et Tableaux
                                Artisanat 
                                Concert deSonando, groupe de Salsa!

ENTREE 12-10 €, RESERVATION RECOMMANDEE AUX NUMEROS CI APRES!

AlterLatinaweb.jpg

Et un nouveau bar/taverne/club à voûte antique avec scène pour les concerts et DJs funkys dans la loge diamant vert au caveau a ouvert hier soir 7 Rue de l'Arc-En-Ciel, en face du Phonograph: Le Mudd , Club! qui m'a inspiré cet

ACTE DE BAPTÊME POETIQUE DU MUDD CLUB

Bon Vent Musical au Mudd Club,

Lura_Mudd_Club.jpg

Pour n’être pas que le Sillon d’un Couloir Phonograph,

Mais un Bar Taverne Club :

Annonce_Mudd_bar-haut2.jpg

Bar à l’Entrée,

Annonce_Mudd_bar-haut.jpg

Taverne chaleureuse plus éclairée en salle

Annonce_Mudd_Salle.jpg

A côté

Annonce_Mudd_Salle_2.jpg

Et Après un Escalier dérobé

Annonce_Mudd_Escalier.jpg

Sous lequel se cacher,

Annonce_Mudd_Escalier.jpg

On accède à la Grotte du Club

Par Un Autre Bar Eclairé d’alcools forts,

Annonce_Mudd_bar-bas.jpg

Et Tapi dans l’Ombre,

Le Club proprement dit

Annonce_Mudd_DJ.jpg

Avec au Centre des sillons de la Mousse Vinyle des murs

Annonce_Mudd_canape.bmp

Pour nous protéger des Agressions Extérieures

Annonce_Mudd_Canape_2.jpg

Et le monde extérieur de nos Agressions Sonores,

Annonce_Mudd_DJ.jpg

Dans le Saphir d’un Diamant Vert attendant les Galettes Funkys,

Annonce_Mudd_DJ.jpg

Le DJ,

Annonce_Mudd_DJ.jpg

Et même une scène pour les concerts,

Face à l’antique Voûte

Digne d’une Cave de Jazz Tabou de St Germain Des Près

Qui n’entendit jamais

Sons si FUNKYs !

LONGUE VIE AU MUDD CLUB !!!!!

         Au programme ce samedi 29 janvier:

Mudd_80_Suspect.jpg

21H/concert 1980 22H30/DJ SUSPECT (Breakbeat, Funk, Hip Hop)

Jean Daniel BURKHARDT

vendredi, décembre 17 2010

LAURENT ROBIN & The Sky Riders Project : Ode To The Doodooda

Le batteur Laurent Robin a déjà derrière lui une belle carrière en Jazz (Portal, Lubat, Bojan Z), Chanson Française ou Variétés (Michel Jonasz, Arthur H, M), mais étonne encore avec « Ode To Doodooda » enregistré avec son Sky Riders Project (Benjamin Moussay : orgue Hammond, claviers et synthétiseur ; Vincent Laffont : Fender Rhodes et synthétiseur et la chanteuse Pékinoise Xiao Li sur deux titres). Après vous avoir fait danser tout l’été (il est sorti le 6 avril 2010), il vous tiendra chaud dans les rigueurs de l’hiver....

Doodooda.bmp

« Ode to the Doodooda » démarre très fort par un bon rythme de batterie funky, dansant, amusant par son comique ambulatoire irrésistible, sur lequel les deux claviéristes chevaucheurs font passer dans le ciel les nuages irisés où l’on reconnaît le «Love Supreme» de Coltrane, la pluie en piqué et le beau temps diaphane, les promesses d’orages stellaires qui n’éclateront pas encore. Mais on dénote déjà la richesse des couleurs des claviers, des textures dès ce décollage en beauté.

Doodooda_Xiao_Li.bmp

Sur « Xiao Li’zz », le clavier se fait zen (ils semblent sur les photos être adeptes du Tai Chi urbain en coursives d’aéroport ou de métro), ambient à la Brian Eno, délicieusement reposant comme un massage des écoutilles qui nous fait partir jusqu’en Chine avec la délicieuse chanteuse Xiao Li, petite incursion exotique et phrase reprise par un musicien « Pink Is The Colour Of The Xiao Lizz » (une fleur).

Doodooda_Robin_Tai_Chi.bmp



Ça se corse avec « Tamack Molock », les rythmes plus urbains, rapides, électroniques, ralentis par l’orgue Hammond à la Jimmy Smith de Benjamin Moussay, plongeant ensuite dans des contrées sous-marines à la Eddy Louiss dans « C’est Eddy » de Nougaro, de plus en plus inquiétant, doublé par les claviers maintenant et faisant rebondir les notes sur les touches (spécificité que n'offre pas le piano acoustique, et qui séduisit Herbie Hancock quand Miles lui prposa ce "jouet") . Le rythme change avec le temps, repart sur l’orgue rassurant que fait mousser Moussay, Laurent Robin surfant sur la cymbale comme sur la pochette, va au fond des touches à la Wild Bill Davis. Le clavier se prolonge encore sur les balais véloces de nuances enveloppantes, d’un malstrom sonore indéfini, à la Facelift de Soft Machine dans Third. Surfer en équilibre tenant le Funk d’un côté et le Rock de l’autre, Laurent Robin ouvre le Jazz à un nouveau style positif, évolutif et passionnant.

Doodooda_couleurs.bmp

« The 3 PF n P » continue sur la lignée asiatique des claviers lents en ballade, l’un mélodique, l’autre en contre chant piqué et vice versa avec des échos de voix, comme une parole, une caresse, un chant profond de l’électricité pure en ses éclairs, en ses nuages roses, puis rouges au son de plus en plus aigre, à la « Rock Bottom » (du batteur chanteur de Soft Machine pour "Moon In June", Robert Wyatt, passé aux claviers après son accident de fenêtre sous LSD) et s’arrêtant comme une machine aux piles mortes.

Doodooda_Trio.bmp

Xiao Li montre dans « The Sweetest Smile » qu’elle peut aussi être une émouvante chanteuse de Ballade Jazz sur les ralentis bouleversants de l’orgue Hammond. Beau à pleurer.

Doodooda_robe.bmp

« Monica In London » est à nouveau urbain, Rock, inquiétant avec un clavier en sirène de police, l’autre dessinant en piqué un paysage électronique, l’un traçant la mélodie tandis que l’autre imite le vent ou les pales d’un hélicoptère. Soudain sur la batterie de ras en drum’n’bass, ça part en électro-flipper à la Bedrocks de Uri Caine. Mais un clavier vient bientôt rassurer sur les couleurs peintes en lavis de l’autre, un peu à la « Bitches Brew », puis se lève à la Soft Machine avec les oiseaux des gratte-ciels tombant sur les toms de la batterie, les boutons électroniques de tremblements tombant comme des bombes, des lasers de fin du monde. Xiao Li repasse en nuage Pink. L’orge Hammond reprend sa chute Dantesque disloquant le son, les distorsions, l’électricité, hurlant dans un cratère possédé par une tornade ascendante. Je n’avais jamais entendu de claviers à la fois si vivants et presque déjà mutants vivre librement, entre le big bang, les dinosaures jurassiques originels et la fin du monde apocalyptique.

Doodooda_red.bmp

Heureusement la « Sentinel In The Space Way » veille au grain du groove dans les claviers, avec des réminiscences Arroyo-Truffaziennes et des riffs du tonnerre à la « You Really Got Me » des Kinks passant dans le ciel, les claviers élevant des ponts suspendus chinois en pagodes entre les coups de batterie groove, l’ampleur chaleureuse de l’orgue Hammond jusque dans les dérapages contrôlés. Laurent Robin se la joue même Airto Moreira avec des petits frottements criés de cuica faisant de la jungle urbaine un faubourg de l’Amazone en fond sonore.

Doodooda_Robin_percus.bmp

Cela se termine par un joli « God Save The Queen » au piano acoustique doublé par l’orgue Hammond en final, suivi des cymbales légères et des tambours du leader.

Doodooda_Moussay.bmp

Pour d’autres aventures, claviéristes entre acoustique et électrique, Benjamin Moussay vient de sortir « ON AIR », son troisième album en trio, ménageant le classicisme romantique et lyrique du premier et les originalités électriques/électroniques plus sombres de « Swimming Pool »....

Jean Daniel BURKHARDT

PS : Ne manquez pas le 23 décembre 2010 ma dernière émission « Jazzology » de l’année : J’y passerai des extraits de nouveautés Jazz sorties cette année. Des idées pour vos étrennes.

lundi, novembre 15 2010

CHRISTOPHE MARGUET : RESISTANCE POETIQUE QUINTET A JAZZDOR

Samedi 6 novembre se produisaient à Pôle sud Christoph Lauer (saxophone) et Michel Wollny (piano), dont Lauer,, quoique plus âgé, ne s’est pas montré le moins facétieux, l’autre jouant un peu dans le style de Lennie Tristano seconde période (qui n’est pas la plus facile) par ses phrases ininterrompues ou à l’intérieur des cordes, avec une belle complicité.

Marguet_Wollny.bmp

En seconde partie, on pouvait entendre Christophe Marguet, que je tiens pour le meilleur batteur français depuis les années 90s, avec son Quartet « Résistance Poétique », sa formation la plus complice et chère à mes oreilles et à mon souvenir pour leurs disques, mais avec laquelle je ne l’avais pas encore vu à Strasbourg, décoré dès son premier album éponyme « Résistance Poétique » du Prix de l’Académie Charles Cros en 1996, augmenté en quintet par l’arrivée de Jean-Charles Richard doublant Sébastien Texier (fils d’Henri, dont Marguet a été le batteur) au saxophone baryton et soprano,.qui vient d’enregistrer « Buscando La Luz », formule à deux souffleurs déjà utilisée pour leur second album «» .

Marguet_Buscando.bmp

Le Concert (enregistré par Arte Live Web et gratuitement visible sur le web) commence avec de beaux unissons de Texier et Richard s’élevant en fond sonore, puis soudain un changement rythmique dans les roulement passant sur les cymbales.

Marguet_batterie.bmp

Des grands batteurs historiques du Jazz Afro-américains, c’est peut-être à Max Roach dans le « Freedom Day » de son « WE INSIST ! FREEDOM NOW SUITE » que Marguet me fait le plus penser par ses roulements. Peut-être ont-ils encore gagné en swing et en beauté des arrangements et cohésion d’ensemble depuis les albums que je n’ai pas entendus, dans le sens du Jazz Hard Bop pur jus dans le piano.

Leur musique me semble avoir grandi en Beauté universellement compréhensible et touchante en perdant peut-être le côté Free, contestataire des débuts sans abandonner la ferveur. Et puis finalement ces éléments ont toujours été là depuis « Oona » ou « La Marche Du Poète », dès 1996, et a toujours été présents dans les ballades du quartet, qui parfois deviennent de moins en moins calmes. Et la violence a toujours été présente aussi dans ses volées de bois vert explosant de la batterie en introduction, au milieu ou en fin d’un thème.

Marguet_couleurs.bmp

[La qualité de Christophe Marguet est, après avoir assuré le soutien rythmique des autres, de s’en détacher quand l’ensemble « tourne » bien pour ajouter des effets à contretemps ralentissant ou accélérant le tempo, d’ajouter sa propre partition aussi harmonique mélodique que rythmique. La plupart des batteurs de Jazz sont toujours en avant, usant de la puissance sonore de l’instrument, ou s’ils servent davantage les autres ou la musique par un jeu plus discret (Dré Pallemaerts surtout), on ne les entend plus. Marguet peut avoir les deux rôles de leader et soliste assumé ou d’accompagnateur discret, alternativement, l’un après l’autre en quelque sorte.

Marguet_pres.bmp

Ce qu’il a apporté au Jazz, c’est aussi des technniques d’autres musiques comme la violence du Rock, la cohésion dansante du Funk, des éléments de musiques traditionnelles Africains, orientaux, tribaux, asiatiques dans l’usage de gongs et clochettes, ethniques.

Jean Daniel BURKHARDT

samedi, novembre 6 2010

LOUIS SCLAVIS, AKI TAKASE ET LE DOUBLE TRIO DE CLARINET(S)/TES DONNENT LE COUP D’ENVOI DU 25EME FESTIVAL JAZZDOR

Hier soir, à La Cité De La Musique Et De La Danse, on pouvait entendre une soirée dédiée à la clarinette pour l’ouverture du Festival Jazzdor 2010.

sclavis_Takase_Sclavis_clarinette.bmp

Tout d’abord, le clarinettiste de Jazz Lyonnais Louis Sclavis se produisait en duo (où on l’a rarement entendu jusqu’ici) avec la pianiste Japonaise, mais installée à Berlin Aki Takasé, comme sur leur disque « Yokohama Suite » enregistré à l’occasion des 150 ans de cette ville jumelée avec Lyon. Sclavis a beaucoup de fans dans le monde, entre autres au Japon, dont un coiffeur...

Sclavis_Takase_Yokohama.bmp

[Côté Sclavis, on trouvait à la clarinette basse ou si bémol, la même maîtrise du souffle tant continu que rythmique, contemporain, classique, maîtrisé ou volubile, Jazz ou crié à la Dolphy, émouvant d’un bout à l’autre.

Sclavis_Takase_Sclavis_joue.bmp

La pianiste Japonaise montra quant à elle combien elle pouvait varier l’attaque de ses doigts sur les touches, de la griffure aux effets piqués, du doigt, du coude, martelant parfois du pied, avec la violence d’un Cecil Taylor, la délicatesse liquide d’un Debussy, ou l’inquiétante étrangeté d’un Thélonious Monk.

Sclavis_Takase_scene.bmp

Leur échange fut unique et passionnant, avec un humour un peu cabot quand Sclavis escamotait la partition sous les yeux de Takasé ou la remplaçant brusquement par le panneau « Interdiction de Photographier », le souffle de la clarinette semblant le corps/ les plumes / le chant / le ramage des oiseaux noirs et blancs que les doigts picorent du bec et inversement, jusqu’au jouet tant l’un et l’autre semblaient chercher en direction d’effets musicaux non semblables mais équivalents.|http://liveweb.arte.tv/de/video/Jazzdor__Aki_Takase_und_Louis_Sclavis/]

Sclavis_Takase_Carnet.jpg

Quant au répertoire, on a pu entendre du Sclavis Africain (« Windhoek Suite » dédiée à la capitale de la Namibie), se souvenir de son premier voyage en Afrique avec Aldo Romano, Henri Texier et le photographe Guy Le Querrec pour «Carnet De Routes » avec le bruit des machines de l’avion de « Vol », auquel cette orchestration plus mélodique que rythmique donnait plus de corps, plus d’ampleur. Aki Takasé joua «Kawaraban/Schoëne Edelsteine » (dispute conjugale), et ils finirent par le très joli « Yokohama », prenant forme peu à peu du piano préparé ludique des balles de ping-pong rebondissant sur les cordes intérieures jusqu’à l’envoûtement sériel d’un Philippe Glass, poussé jusqu’au silence.

Sclavis_joue.jpg

Pour ma part, qui ai déjà vu Sclavis quelquefois avec Lubat, son Quartet "Lost On The Way » à Jazzdor il y a deux ans, il ne m’a jamais paru meilleur dans un contexte acoustique et Jazz stricto sensu (ce que n’est pas cette formation un peu Jazz Rock).

Sclavis_Clarinettes.jpg

Mon plus grand et irrémédiable regret concernant Louis Sclavis est que n’ayant découvert son premier disque « Clarinettes » où il les jouait toutes en re-recording sur des compositions passionnantes et poétiques, et « Les Violences de Rameau » pour le début du « Diable et son train » que dans les années 90s jouant menuet puis soudain furieusement Free, Rock, et presque Ska,, je ne l'ai donc jamais vu sur scène dans ces deux œuvres qui peut-être m’émeuvent plus encore que ses plus récentes, mais qu’il ne joue plus en concert ou pas chez nous. Une amie l’a vu dans « Clarinettes » et en parle encore comme de son plus beau souvenir de concert.

Sclavis_Rameau.jpg

La seconde partie de soirée, avec le Double -Trio de Clarinettes : Trio de Clarinettes Français (Armand Angster : clarinette basse et contrebasse, Jean Marc Foltz clarinette basse et Sylvain Kazssp clarinette basse et si bémol) et Clarinet Trio Allemand de Berlin (Gebhard Ullman clarinette basse, Jürgen Kupke et Michael Thieke clarinettes si bémol) a un peu, même si ce n’était pas le but, répondu à mon fantasme par la force des compositions et l’éventail des effets produits sur toute la gamme des clarinettes.

Sclavis_Takase_Ramdam.bmp

Voir jouer de la clarinette contrebasse : grosse clarinette métallique sur trépied dont je crois n’avoir jamais vu jouer qu’Armand Angster, est toujours un évènement rare, même si elle est plutôt vouée aux effets rythmiques, vu son manque de maniabilité et sa puissance sonore. C’est, avec le saxophone contrebasse (dont Anthony Braxton est un des interprètes), un de ces instruments qui semblent exiger de l’instrumentiste de VENIR A EUX, presque D’EN FAIRE L’ESCALADE.

Les six instrumentistes n’ont pas manqué de virtuosité ni d’humour dans les titres (« Charleston But Yesterday » de Kassap pour « Charleville mais hier / Mézière » est digne de Rimbaud au retour d’Angleterre) ni d’énergie pour investir scène et coulisses de leurs déambulations bruitistes et musicales, s’appelant/se cherchant comme des loups, des oiseaux dans la nuit. La grande qualité de ce répertoire était peut-être de juxtaposer toujours la mélodie, le jeu « écrit » à celui, improvisé, des perturbateurs sonores, qui en paraissaient du coup, ainsi mis en relief, plus amusants qu’insupportables. Le bruit gagne à s’exprimer sur la toile de fond d’une musique plus maîtrisée.



Du lyrisme, de l’écoute et de la complicité, un beau jeu collectif à deux, par équipes ou entremêlées, de la ferveur, ce « Sound Of Surprise » par lequel Ellington décrivait le Jazz et un peu d’insolence souriante : une belle définition du Jazz en action.

Le Festival Jazzdor se poursuit jusqu’au 19 novembre, avec cet après-midi à la Médiathèque Centre une rencontre avec Jean Rochard à 14 h pour les 30 ans de son label NATO,

puis un Concert d’une des musiciens qu’il produit, François Corneloup au saxophone baryton solo à 15 h (GRATUIT),

puis à 17 h au Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg la violoniste classique Maya Homburger, le contrebassiste britannique Barry Guy et le percussionniste suisse Lucas Niggli dans un répertoire Jazz et baroque, et ce soir à Pôle Sud le duo très lyrique d’Heinz Sauer au saxophone et Michael Wollny au piano, et, très attendu (en tous cas par moi), Christophe Marguet, l’un des meilleurs batteurs de Jazz mais pas que, ayant renouvelé le jeu par des apports Rock, Funk ou ethniques toujours avec musicalité et la CREATION de son nouveau Quintet avec Sébastien Texier (fils d’Henri) et son quartet « Résistance Poètique » avec qui il a gagné le Prix de l’Académie Charles Cros en 1996 et Jean-Charles Richard au second saxophone,

enfin demain dimanche à 17 h, à Pôle Sud le trio de Minnéapolis « Fat Kid Wadnesday » et, autre heureux évènement très attendu Hélène Labarrière, contrebassiste qu’on peut aimer ou pas en solo, duo free avec Derek Bailey, dans sa formation la plus Jazz Rock Funk Fusion Universelle : son Quartet « Les Temps changent » avec Corneloup aux contre-chants saxophonistes, Hasse Poulsen à la guitare acoustique et électrique, Christophe Marguet aux percussions.... Du bonheur en perspective, vous dis-je !

Jean Daniel BURKHARDT

mercredi, septembre 1 2010

CHARLIE PARKER aurait eu 90 ANS le 29 août : BIO & BEST OF

Charlie Parker naquit le 28 août 1920 à Kansas City, la seule ville à échapper musicalement à la crise de 1929 grâce à son maire gangster TJ Pendergast. Abandonné par son père, il est élevé par sa mère, et se passionne pour Count Basie et son saxophoniste Lester Young, mais inexpérimenté, est renvoyé d’un coup de cymbale sur la scène par Jo Jones lors d’une jam session.

Charlie_Parker_jeune.bmp

Après s’être enfermé dans sa chambre pour s’exercer sur les premiers disques de Lester, il part pour les Ozarks et apprend à jouer aussi bien et même mieux que le saxophoniste de Jay Mc Shann Prof Smith. Dans son « Lady Be Good » en 1942, le style de Lester est encore très présent, calqué sur celui de Lester en 1936. D’ailleurs Kenny Clarke a déclaré qu’au début c’était un alto qui jouait comme Prez. Puis ils ont vu qu’il avait quelque chose à offrir de plus personnel.

Charlie_Parker_Young_Bird_1.bmp

Charlie Parker arrive à New York en 1941 comme arrangeur de saxophones de l’orchestre et trouve du travail comme plongeur dans un restaurant où se produit le grand pianiste Art Tatum. C’est en l’écoutant et à force d’entraînement qu’il arriva à une nouvelle façon de passer les accords sur « Cherokee ».

Charlie_Parker_Young_Bird_2.bmp

En 1943, il est engagé dans le Big Band d’Earl Hines tentant un orchestre moitié swing moitié Bop, mais lâché par son crooner Billy Eckstine qu’il suit ainsi que le trompettiste John Birks « Dizzy » Gillespie pour former le premier big band Bop et devenir ensemble les coqueluches des clubs de la 52 ème rue.

Charlie_Parker_et_Dizzy_fendu.bmp

Si le film Bird de Clint Eastwood est inoubliable, la réalité le surpasse sur un point : on y voit un témoin de la Jam de Kansas City lancer son saxo à l’eau. Il n’a pas existé, par contre, un certain Dean Benedetti l’entendit jouer d’un alto aux clés rafistolées d’élastiques lui offrit le sien et le suivit pour l’enregistrer toute sa carrière.

Charlie_Parker_Dean_Benedetti.bmp

Mais c’est lors de séances en petites formations (à la rythmique pas toujours bop, d’ailleurs) qu’ils peuvent placer leurs compositions et déployer leurs ailes pour s’exprimer librement, d’abord sous le nom de Dizzy, puis celui de Charlie Parker le 24 novembre 1945.

Charlie_Parker_Dizzy_Salt.bmp

A la trompette on y trouve déjà un tout jeune Miles Davis dont c’est le premier enregistrement et Dizzy Gillespie est au piano dans "Billie’s Bounce » et « Now’s The Time », qui sera vocalesé par Eddie Jefferson, d’après un Rythm’N’Blues intitulé « The Huckle Buck ».

Charlie_Parker_Savoy.bmp

Enfin, le Be Bop est la musique qui libéra le Jazz par ses tempos rapides inouïs et ses bombes à la batterie. Cette séance ne fait pas exception avec « Ko-Ko », décrochage de Cherokee où Dizzy reprend la trompette, Sadik Hakim le piano sur la noire la plus rapide du Jazz jouée à la basse. Parker prend deux solos très rapides entrecoupés d’un break de batterie fracassant de Max Roach.

Charlie_Parker_Savoy_photo.bmp

Auréolés de cette nouvelle gloire, Charlie Parker et Dizzy Gillespie partent exporter le Be Bop à la Conquête de l’Ouest pour un engagement à Los Angeles, jouèrent avec Coleman Hawkins et Lester Young pour le JATP de Norman Granz, mais après un concert et une séance d'enregistrement où ils firent venir des filles, le bruit que « le Be Bop pervertit la jeunesse », et Dizzy repartit à New York, donnant son billet d’avion à Charlie Parker qui le revendit et resta à Los Angeles,

Charlie_Paker_Dial.bmp

Il y enregistra pour la firme Dial de Ross Russell ce « Moose The Mooche » (son dealer) avec Lucky Thompson au ténor, Dodo Marmarosa au piano, Arv Garrison à la guitare et Roy Roy Porter (futur compositeur de « Jessica ») à la batterie, et Miles Davis arrivé en orchestre stop avec Benny Carter, puis Yardbird Suite d’après son surnom (le bleu ou le polulet avant Bird, l'oiseau), chez Mc Shann, un jour que le car écras un polulet et qu'il leur fit faire demi-tour pour le manger. Dizzy ne l'adailleurs jamais appelé Bird, mais Yard.

Charlie_Parker_Dial_2.bmp

Mais le racisme, la drogue et la misère firent mal tourner le séjour de Charlie Parker. Après une séance de juillet 1946 à l’image des hésitations bouleversantes de ce Lover Man , il met le feu à son lit, saute par la fenêtre est emprisonné puis interné à Camarillo où il reprend des forces, puis requinqué enregistre euphémique « Relaxing At Camarillo » en mars 1947 avec Dodo Marmarosa, Wardell Gray au ténor et Barney Kessel à la guitare dont c’était la première séance.

Charlie_Parker_Masterworks_47.bmp

Rentré à New York, 1947 fut peut-être l’année la plus heureuse de la courte vie de Charlie Parker, il y enregistre Dewey Square (aussi nommé Prezology en hommage à Lester Prez Young) avec miles, Duke jordan au piano, Tommy Potter à la basse et Max Roach à la batterie. 1947 fut aussi l’année la plus prolifique de Charlie Parker qui le 17 décembre expérimente un Sextet en ajoutant le tromboniste Bop JJ Johnson à ce Quasimado.

charlie___chan_parker.jpg

Mais hélas le racisme ambiant et la drogue pour l’oublier ne tarderont pas à pourrir la vie de Charlie Parker, qui enregistre le 4 septembre 1948 ce « Parker’s Mood » () cri déchirant suivi de sa plus belle ballade avec Miles Davis (qui n’y joue pas) et son pianiste préféré John Lewis, avec qui il se brouillera quand il assurera le piano dans la version vocalese de King Pleasure qui quoique mélodiquement magnifique, le faisait tout de même passer pour un clochard !|http://www.youtube.com/watch?v=pYKB7Wem744].

Charlie_Parker_Bird___Diz.bmp

Autre brouille depuis 1946, avec Dizzy Gillespie qui avait monté le premier big band bop entre temps, Charlie Parker pensant avoir été abandonné à Los Angeles. Ils se retrouvent grâce à Norman Granz (le grand producteur de Verve) pour une séance avec Thélonious Monk, autre oiseau du bizarre et du bop au piano, Curly Russell à la basse et Buddy Rich à la batterie le 6 juin 1950 sur cet excellent « Bloomdido » par lequel je découvris le Jazz il y a 20 ans.

Charlie_Parker_Bird___Diz_photo.bmp

Charlie Parker admirait aussi la musique classique de Stravinsky, Bartok ou Varèse, et fut à ce titre très fier d’enregistrer avec des cordes « with strings » et une rythmique bop, comme dans ce « Just Friends » le 30 novembre 1949.

Charlie_Parker_with_strings.bmp

Autre genre où Charlie Parker fut l’un des seuls à s’illustrer d’emblée, avec Dizzy Gillespie, le Cubop, Jazz Afro-Cubain ou Latin Jazz, style danslequel il composa : My Little Suede Shoes, le 12 mars 1951 avec ses Jazzers roy Haynes à la batterie-l’un des derniers témoins de cette époque et Luis Miranda.

Charlie_Parker_Latin.bmp

Charlie Parker eût même un trompettiste juif : Red Chudnick Rodney, avec qui il enregistra le 8 août 1951 un « Blues For Alice », dédié à sa fille.

Charlie_Parker___Red_Rodney.jpg

Charlie Parker retrouva encore les pionniers du Bop comme Dizzy, se fâchant avec le pianiste Bud Powell, tandis que Charles Mingus quittait la scène en 1953 au Massey Hall de Toronto.

Charlie_Parker_Massey_Hall.bmp

Les dernières années de Charlie Parker furent les plus dures, entre drogue, procès et santé déclinante, mais lors de sa dernière séance du 10 décembre 1954, il improvisait sur hard Bop plus moderne, sorte de mambo lourd annonçant l’Autumn leaves de Cannonball et Miles, avec le guitariste Tristanien Billy Bauer et son dernier pianiste Walter Bishop. Lorsque Charlie Parker mourut en s'étouffant de rire (avec certes un ulcère au foie) le 12 mars 1955 chez la baronne Pannonica de Koenigswarten, il était déjà une légence, et le poète Ted Joans tagga Bird Lives sur les murs de New York. Il repose contre sa volonté et celle de son épouse Chan à Kansas City.

Jean Daniel BURKHARDT

Le saxophoniste Sonny Rollins, qui a raconté sa vie dans "Saxophone Colossus" (livre après avoir été un album avec "St Thomas") a aussi connu Bird, et est encore en activité. Il aura 80 ans le mardi 7 septembre 2010, les célèbrera le 10 au Beacon Theater de New York et mon émission "Jazzology" de demain soir 2 septembre (de 21 à 22 h) sur Radio Judaïca lui sera intégralement consacrée.

mardi, août 24 2010

A propos du "Cygne Noir", texte de Marc Edouard Nabe sur Eric Dolphy

Nouvelle sur Facebook, Olessia (compositrice et clavièriste de Steppah Huntah sous le pseudonyme d'Oless T et qui désormais propose ses productions sous on propre nom de Miss Oless ) m'y a fait partager sa lecture du "Cygne Noir" de Marc Edouard Nabe (fils du saxophoniste de Jazz Marcel Zanini, auteur de "Tu veux ou tu pas?") qui a aussi écrit aussi sur le Jazz. J'ai écrit ce texte au fur et a mesure de la vidéo en trois heures sur Facebook et le livre tel quel.

Dolphy_Nabe.jpg

Déjà j'adôôôre la version du "God Bless The Child" par Dolphy que je connais de par une émission de...Alain Gerber (nos références se rencontrent!), ultra-lente comme s'il craignait d'arriver à la fin de la chanson pour rester en mode sous-marin/ bathyscaphe avec sa clari'basse en périscope. Je crois que c'est une autre version que celle de Stockholm Sessions, en live, peut-être en Illinois car il me semble que c'était une nouveauté et que c'était en 1999.

Dolphy_Illinois.jpg

‎"Si Eric Dolphy n'était pas mort"...présupposé intéressant..."il serait toujours vivant". Être vivant après sa mort pour un musicien, peut-être est-ce dans l'influence qu'il a sur les autres qu'on le juge. Dans ce cas il est bien vivant si j'en crois un spécial Jazz Mag pour son anniversaire avec des hommages de Sclavis considèrant "Out To Lunch" comme une influence du Free Rock à la Soft Machine, Gustafsson appréciant le beat constant...

Dolphy_Out_To_Lunch.jpg

Peut-être eût-t-il disparu de la scène au moment du Jazz Rock des années 70s, été déclaré mort par le dictionnaire du Jazz lui-même comme Henry Grimes et serait-il revenu miraculeusement ressuscité vingt:trente ans après dans un autre millénaire comme Butch Warren, ancien contrebassiste de Monk sous un chapeau autre qu'un stetson Texan.

Dolphy_Butch_Warren.jpg

Pour les flûtes pygmées, peut-être aurait-il doublé Coltrane sur ce coup-là (la flûte étant quand-même UN DE SES instruments). Quant à Ornette, si leur disque ensemble "FREE JAZZ" m'apparaît comme trop bruitiste (si l'on dépasse le titre, la libération, l’impact historique), je préfère « Out To Lunch », le dernier disque Blue Note de Dolphy avant son départ pour l'Europe, plus mélodique et plus amusant, et en effet, Ornette ne serait pas le DERNIER héros du free vers lequel tous les regards se tournent, alors que Coltrane était plus spirituel et mystique, Albert Ayler plus fou mais d’une folie plus émouvante par ses excès...

Dolphy_flute_studio.jpg

"Traverser le feu du free sans se brûler les ailes": belle formule, et peut-être le secret de Dolphy: de se laisser porter, même dans la révolte, par une grâce mélodique, une émotion la sublimant, le guidant vers une autre innocence harmonique, universelle, compréhensible par tous, pour émouvoir chacun tel l’ "ultime chant du monde" rêvé par Kerouac prophétisant le Free après une Jam dans « Sur La Route »....Peut-être n’a-t-il pas la froideur obstinée d’un Ornette à prendre l’éternel contre-pied de la mélodie naturelle jusqu’à la fausseté, jusqu’au bruitisme comme un Peter Brötzmann.

Dolphy_portrait_bue.jpg

La clarinette basse "et son col aberrant": belle évocation de ce mystère formel émouvant de cet instrument avant même le son, rien qu'à le voir!

Dolphy_basse_couleur.bmp

Je dirais plus (sans avoir jamais vraiment trouvé les mots) un flamand mais noir par opposition au rose, un héron d’Afrique mazouté dans les cales par l’esclavage puis laqué d’ébène par la fierté Black Power, mai cygne est magnifique, peut-être plus proche de Dolphy que de l’instrument : cette altière beauté, ces yeux immenses d’enfant rêveur, sa presque sérénité bouddhiste, tellement loin de la révolte free quand on y pense...

Dolphy_basse.jpg

Intéressante l'opposition du cygne blanc orgueilleux et lui noir, comme faisant de cette fierté altière commune conjurant le vilain petit canard en restant cygne mais noir une autre voie du free plus contemporaine. Je ne sais pas encore quel est le deuxième morceau en fond sonore (sans doute du Dolphy), mais pour moi il y a aussi du Bechet (celui des New Orleans Feetwarmers) dans sa puissance sonore.

Dolphy_bass_NB.bmp

Ah Mingus en protecteur du vilain petit canard, belle idée! Ce petit flûtiau joué/crié dans l’aigu (comme aujourd’hui encore certains flûtistes africains traditionnels) me rappelle ce que j’avais lu dans Jazz Mag sur son enfance, et son père lui laissant au fond du jardin sa cabane à outils pour s’exercer, devenant la « cabane aux oiseaux » attirés, imités, venant l’inspirer ou l’initiant puis repris, copiés, devenant lui-même. Certains peut-être qui sait venant d’Afrique lui apporter leurs arcanes tribales.

Doplphy_flute_beau.jpg

Belle image sur les nénuphars. Intéressant aussi le rapport de ses "compositions complexes" et des "complexés"! Parmi les reprises récentes de son répertoire, je me souviens avoir vu Oliver Lake en trio à¨Pôle Sud, mais sans la grâce, la sérénité, plus crié, plus piaffé, comme une parodie de Dolphy, et n’arrivant pas à cette limpidité mélodique qui était parfois la sienne même l’espace d’un instant, même au saxophone alto, n’arrivant pas à « Fire Waltz » de Mal Waldron avec Booker Little en embuscade!

Dolphy_Five_Spot.jpg

"Tirer son épingle du jeu de tous les bordels": ah ça c'est beau, du Céline appliqué au Jazz par cette fulgurance de la beauté convulsive foudroyant d'un éclair les deux horizons du langage: sa châtière et classieuse origine dans l'épingle tirée sauvée in extrémis et pas même salie, plus brillante encore "de tous les bordels". Là j'avoue que Gerber est arrivé rarement à cette concentration provocatrice de différents niveaux de langage qui sied au Jazz ("musique qui sera toujours à la fois trop savante pour être populaire, et trop populaire pour être savante" a-t-il écrit dans "Fiesta in Blue" (je cite de mémoire)), et finalement ça va bien aussi à dolphy, qui aurait pu être aussi un fleuron de la musique contemporaine si on y eût accepté les noirs, et finalement, comme Mingus (cf "Moins qu'Un Chien) a rapporté à son peuple cette spéficité rare dans son jeu voué au Jazz le plus avant-gardiste tout en restant audible et mélodique contrairement souvent à Ornette!

Dolphy_alto_crie.jpg

A propos du "vacarme Coltranien", Coltrane disait dans une interview que s'il jouait de manière si violente, c'était pour "prendre toute la haine que le public avait en lui, et l'en libérer". Belle idée de catharsis Jazzistique, non. Et sur Dolphy et Coltrane, là aussi, quelque extraordinaire que soit son "Olé"'spagnol dans l'énergie, quand dolphy arrive avec sa flûte, c'est à l'Afrique qu'il ramène l'Espagne en nous faisant traverser le détroit de Gibraltar, puis il nous fait pleurer littéralement sur "Aïsha" (comme Trane sur "Naïma", mais pas sur CE disque-là!

Dolphy_Ole.jpg

"hurlant à sa propre mort" belle image. "aller voir en Enfer si on y est plus qu'au Paradis" magnifique. Et si Dolphy était finalement un tendre chez les durs, un doux et tendre au milieu des sauvages de sa génération, un Apollinien chez les Dionysiaques, qui s'y laissa aller aussi, mais sans se compromettre à pousser la révolte jusqu'au seul bruit dénué de sens, sans se départir de son exigence interne, de sa grâce, de sa spécificité, même dans Free Jazz, il a , trace SA voie unique, souffle son vent et son esprit, ne venant et nous portant là où aucun autre de ces voyageurs n'était allé ni ne savait le rejoindre, mais restant dans le gros de la troupe, de l'impro collective pour leur offrir cette grâce en cadeau.

dolphy_alto_soupire.bmp

"Sortir du morceau au moment où il entre dedans": belle formule, très profonde et qui nous mène ailleurs d'emblée. "Out There", Hors de Là" est le titre d'un de ses disques, d'ailleurs. Peut-être que est-ce à cet aspect de Dolphy que je suis le moins sensible, ou inconsciemment, et où il me dérange le plus.

Dolphy_Out_There.bmp

"Dolphy déborde d'abord": belle formule mélodiquement et à aussi profonde: déborder le répertoire pour le faire entendre d'abord d'ailleurs, le brusquer, nous forcer à adopter un autre point de vue, celui de l'inouï, du jamais entendu.

Mais comme dit Nabe, son talent c'est de l'extérieur, de devenir d'emblée le classique, la nouvelle ligne parce qu'elle est la plus universelle peut-être, la plus évidente, reléguant les autres à l'hors de propos, à la périphérie, au bruitisme insensé, inutile. il trace sa voie, et autour de lui ils se perdent dans la jungle, on n'entend que lui! Parce que, à mon sens il est le plus essentiel, le plus universel, le plus simple ou le plus intéressant à entendre, suit sa propre ligne.

Dolphy_bonnet_assis.jpg

Ouah la photo est sublime (à 4:24) avec ce bonnet de marin ayant vogué d'Afrique en Inde (où il n'est jamais allé, je crois, mais dont j’ai lu qu’il avait écouté des enregistrements ethniques traditionnels) ethnique avant la mode, ou du Mississipi, bluesman routard, vagabond du rail et des mers à la Jack London, tranchant par sa dégaine avec son expression quand il joue de la flûte: à la fois altière et concentrée, sereine, complètement à ce qu'il fait, ce monde intérieur, à cette mer soufflée/criée dont la flûte perpendiculaire serait la mer et le niveau, l'équilibre et la balance, le tic tac inversé de l'horloge du soleil ou du clepsydre des ombres, la baguette magique ou le bâton de pluie devenu bâton du souffle par sa magie. Et aussi ce côté, tout de même vindicatif dans la sérénité qui se pose là: "Oui je joue comme personne, et alors?!", et on le suit parce qu'il sait ajouter cette grâce à la révolte qui le rend unique et séduisant à nos oreilles autant qu'à notre vue!

Dolphy_flute_horizontale.jpg

"La flûte comme un long clitoris d'argent" magnifique image, quoique inattendue, très sensuelle, et le musicien "qui veut l'entendre jouir par tous les trous plus ou moins bouchés"! Joli aussi par ces ruptures de langage prenant la voie d'un certain érotisme sensuel, puis s'en démarquant pour revenir au propos musical.

Dolphy_africa.jpg

Finalement il a été en Afrique ou en Inde, je veux dire sa tête y a voyagé sous ce couvre-chef improbable de muslim illuminé avec sa clarinette basse dans cette végétation luxuriante!

Dolphy_bass_NB.bmp

Intéressant ces deux pôles extrêmes d'émotions de la clarinette basse entre "le hennissement d'un mustang" dans sa puissance, cabrant la musique, les sons, le répertoire, emportant tout dans son flux dans son flot, les basses pourrait-on dire et "le pépiement d'un oiseau sous une mère possessive", la fragilité pépiante, couinante, titillant l'oreille de ses cris animaux, hors du contexte, de la musique, presque du Jazz, parce que venant peut-être directement de la leçon des oiseaux dans la cabane?

Dolphy_basse_couleur.bmp

Oh pour Nabe c'est DOLPHY qui inspirait les oiseaux, "leur soufflait de nouveaux airs". je n'y avais pas pensé mais finalement c'est super fort! en fait ils jouaient ENSEMBLE donc les avec les autres et vice versa en impro collective. ça devrait rendre même "Free Jazz" et digeste de l'entendre ainsi!

Dolphy_flute_verticale.jpg

Pas St François d'Assises, certes, mais peut-être qui sait Djalal Od Din Rûmi, flûtiste et fondateur des derviches tourneurs de Konya, un jour rencontra un intégriste qui ne goûtait pas la musique, a qui il répondit: -"mais moi quand j'entends de la musique, j'entends gricer les portes du paradis!" -je n'aime pas le bruit des portes qui grincent! -C'EST QUE TOI TU ENTENDS LE BRUIT DES PORTES QUI SE FERMENT, MOI CELUI DES PORTES QUI S'OUVRENT" (humour Soufi Turc, mais Dolphy aimait un livre de Poésie Orientale "Le livre des oiseaux".

Dolphy_oiseau.bmp

Intéressant l'image de la volaille décapitée qui court en zigzag comme son jeu comme le son, comme sang aussi j'imagine qui doit être propulsé partout, comme la mort de Bennie Moten et Eddie Lang par des médecins qui ratèrent l'amygdale pour en revenir au Jazz mais qui n'ont rien à voir avec Dolphy!

Dolphy_portrait.jpg

"Agonie strangulée de rage" magnifique! "signes avant-coureurs du chant du cygne noir" trop puissant, comme une prévisualisation prophétique de sa mort dans les excès de son jeu, ou l'idée qu'il ait poussé jusque là sa furie, sa passion, son intensité musicale! "Parkerien enragé", joli, je suis d'accord...et pour en rajouter une couche Ornette est un Parkerien faussé, défaussé, qui joue faux pour moi. Même si pour moi je ne ressens pas l'influence de Bird dans l'alto de Dolphy. ça me rappelle une nouvelle dans "Dernières Nouvelles Du Jazz"' de Jacques Aboucaya: un étudiant doit faire sa thèse sur le saxo alto de Johnny Hodges à Ornette Coleman. il achète un mainate sifflant du Jazz dans une animalerie. Il lui fait écouter Hodges, puis Bird, le mainate les sifflote gaiement. Arrive Eric Dolphy...Le mainate est perplexe, tout déprimé, il n'aime pas ça du tout, ne siffle plus, devient neurasthénique. Faut bien que le thèsard avance quand même. il met Ornette Coleman. Au bout d'un jour encore de grève de la faim, le mainate expire dans un dernier cri! Pas sympa pour Dolphy et Ornette, mais à part "Fire waltz" ce n'est pas l'altiste que je préfère chez lui!

Dolphy_Aboucaya.bmp

Dolphy "recrache, expulse" Parker! Intéressant. Ou refuse de ne faire QUE LE RECRACHER, justement (comme une leçon, un cours si bien appris qu'à la fin on le vomit). "Dehors, Dieu!" excellent cet accès de mysticisme populaire révolté contre l'autorité divine d'une unique influence. Comme Lester Young encore inconnu quand j'y pense qui lamine Coleman Hawkins lors d'une Jam Session de 10 heures en 1932 au Cherry Blossom de Kansas City! Cette assumation de sa différence essentielle au Jazz, qui le fait avancer, dont même Parker était conscient jusqu'à la schizophrénie, quand (dans l"'Homme A L'Affût" de Julio Cortazar, il lui fait dire à Miles: "Cette note, je l'ai déjà jouée DEMAIN!"). aller toujours plus vite, multiplier les expériences Jazzistiques pour que jamais notre ombre ne nous rattrape! Finalement c'est ce que fait Sclavis qui a joué seul, avec des vieux héros du free, et se refait une jeunesse avec de jeunes musiciens Rock Jazz dans "Lost On The Way".

Dolphy_alto_crie.jpg

Le "sucre" pour "adoucir dans son corps l'acidité de sa musique" Merveilleux. Là j'avoue que Nabe enfonce Gerber par la profondeur de sa réflexion EN POESIE comme acte, sans presque avoir besoin d'expliquer, d'être didactique pour nous faire rentrer dans la tête, l'âme du musicien, mieux son Ârt. Il paraît aussi qu'il mettait du miel par grandes cueillers dans son thé, d'après Han Bennink et Misha Mengelberg qui ont débuté avec lui lors de sa "Last Date"!

Dolphy_Last_Date.jpg

"Camé au miel" excellent. peut-être s'inspirait-il pour son art du bordonnement incessant des butineuses abeilles pour voler plus loin, plus haut, jouer plus AILLEURS! BZZZZZZZZ! J'ai une amie qui parlait pour les ballades de Lester de son... côté "abeille de ruche", de sucre, de mélodies sucrées... Dolphy ce serait le contraire d'après Nabe. Il met le miel/le sucre dans son corpos mais pas dans sa musique (quoique dans "God Bless The Child", la danse de l'abeille immobile qui fiche plus encore le bourdon que cette torch song de Billie Holiday en la rallongeant toujours et encore par un mouvement perpétuel presque à la Philippe Glass.

Dolphy_Concert_Mingus.jpg

Bon choix de rythme de Mingus entêtant, frappé, au comique ambulatoire et marche rageuse, martiale que cette Epistrophy hypertrophiée Monk'gusienne qui part imperceptiblement sur le piano puis soudain avec Dolphy force la marche comme si le gouverneur Faubus des Fables lui-même était en face, et rythmiquement bien posé avec le rythme du texte, et ta voix avec ce soupçon de mélodie, d’accent russe. c'est le Concert de Paris en 64? En Mai 68 Mingus à Paris avait dit sur une radio que ses frères noirs afro-américains aussi avaient besoin d'armes comme les étudiants français! Magnifique la "dernière cueillere d'or liquide!"

dolphy_alto_soupire.bmp

Et cette version d'Epistrophy que Mingus n'eût pas osé dans sa violence, son côté torrentiel de Dolphy, loin de la solitaire bizarrerie fût-elle géniale de Thelonious Sphère sur sa planète isolée, solitaire. Je crois que c'est Bud Powell au piano sur certains titres? comme ils la retournent et la renforcent, cette lunaire Epistrophy Monkienne sur la basse Mingusienne pré groove, et Dolphy poussant jusqu'au CRî, au SANGLOT LOINTAIN (Far Cry), autre titre de "Out There".

Monk avait dit à Lacy pour savoir jouer sa musique "make the drummer sound good": fais qu'le batteur sonne bien" ou "fais bien sonner l'batteur", ce qui je pense n'est musicalement pas forcémebnt la même chose! Grâce à Dolphy cela devint aussi une histoire de clarinette criée!

Jean Daniel BURKHARDT

mercredi, juillet 28 2010

LE TRADSWING QUINTET AU CAVEAU DE LA HUCHETTE

Toujours à Paris, après avoir été manger un bœuf-mafé en écoutant le groupe Jazz Afro Fanta Clara (moins bons pour mon frère que le guitariste Abdoulaye Traoré vu avec Debademba vu à la Fête De La Musique, en concert le 26 août à l’Olympic Café) nous avons terminé comme l’an passé au Caveau De La Huchette, dernier Club Parisien ouvert presque sans relâche à rappeler l’esthétique du Tabou (et utilisé à ce titre dans « Les Rendez-vous de juillet » et Rouge Baiser, assis comme de pauvres étudiants à l'époque sur les marches de l’escalier en colimaçon qui mène du fond du caveau à l’étage.

Tradswing_Caveau.bmp

Le Tradswing Quintet s’y produisait, Chtis venus du nord entre Jazz des années 30-50s et standards français (comme « La Belle Vie » de Sacha Distel ou américains chantés par une chanteuse qui au fur et à mesure de la soirée improvisa de plus en plus à la Ella Fitzgerald à Berlin dans « Mack The Knife », chanson qu’elle y ramenait à domicile, puisque composée par Berthold Brecht et Kurt Weill pour l’Opéra de Quatre Sous.

tradswing_quintet.bmp



Le groupe improvisa sans la chanteuse sur « Night Train », tube Rythm’N’Blues de Jimmy Forrest (), saxophoniste de Duke Ellington et Count Basie, où Alain Maréchal se montra puissant et fécond en citations, un « Honeysuckle Rose » au piano Wallerien, un Boogie Woogie intégrant «Shake Rattle & Roll » piqué à Big Joe Turner par Elvis Presley se terminant en « Hey Baba Re Bop » de Lionel Hampton repris en chœur par les danseurs de lindy hop du lieu avant la fin de second set.

Tradswing_Marechal_live.bmp

Le dernier set mit le public « In The Mood » de Glenn Miller, autre lointain ancêtre du Rock’N’Roll dont le chef ne connut pas le succès, disparu en mer 1945, puis dans la nostalgie de « Bei Mir Bist Du Schön » de Benny Goodman avant-guerre au Carnegie Hall en 1938, inaugurant ce lieu pour le Jazz, puis un « What a Wonderfull World » par un chanteur noir à la Louis Armstrong, dansé pour ma part avec une certaine Marie chantant « de sa voix naturelle »/scattant en concert privé à mon oreille, que je remercie pour ce moment de grâce, le « Flat Foot Floogie » de Slim « Orooni » Gaillard et Slam Stewart, pris sur un tempo très rapide avec Alain Maréchal à la clarinette et «Sweet Georgia Brown » en bis.

tradswing_marechal_soprano.bmp

Après quoi Nous sommes rentrés par Notre Dame et le Pont Neuf où chanta Charles Trénet à Ménilmontant http://www.youtube.com/watch?v=oZ2POvAHSfM.

Jean Daniel BURKHARDT

THE SYNDICATE AU PARC FLORAL DE PARIS

Comme l’an passé, je suis allé le week-end rendre visite à mon frère Guillaume, écouter entre autres la Fanfare Ciocarlia dans sa reprise du Born To Be Wild de Steppenwolf pour le film Easy Rider (rediffusé la semaine dernière sur Arte) de Dennis Hopper décédé cette année pendant le festival de Cannes...

Syndicate_Jazz_Festival.bmp

Samedi après-midi, nous sommes allés au Parc Floral du Château de Vincennes au Paris Jazz Festival où se produisaient « The Syndicate », dernier groupe du claviériste pionnier Joe Zawinul (7 juillet 1932-11 septembre 2007), alliant la force de la fusion électrisante Jazz Fusion Rock/Funk déjà expérimentée avec Miles Davis puis avec Weather Report, ouverte avec le Joe Zawinul Syndicate (où l’on retrouvait le percussionniste de Weather Report Manolo Badrena) aux rythmes du monde dont, étant un gipsy autrichien à l’origine, il se considérait comme un citoyen inspiré. J’ai dû le voir avec cette dernière formation au Strasbourg Jazz Festival vers 2007.

Sindycate_Zawinul.bmp

Si seul le batteur/leader, Paco Sery a véritablement joué avec Zawinul dans The Syndicate, également à la sanza, les autres musiciens, issus de plusieurs groupes de Jazz français ou brésiliens, montraient une belle diversité culturelle : Thierry Eliez (clavier d’Olivier Temine, responsable de la sortie de cage Jazz Rock de Sophie Alour sur "Uncaged") aux claviers fous produisant comme Zawinul des effets acoustiques forts par des moyens électriques, du lyrisme spatial aux cris mutants, qu’une belle complicité alliait au saxophoniste Emile Parisien (meilleur car plus puissant et moins bruitiste porté par cette fusion qu’avec son propre quartet trop Contempo-Free à mon goût), comme Zawinul à Wayne Shorter l’un prolongeant/soulignant/reprenant l’un l’autre et se mêlant à s’y méprendre, Aziz Sahmaoui l’ancien chanteur de l’Orchestre National de Barbés secouant des shakers à graines et jouant du guembri et les brésiliens Jorge Bezera aux percussions frappées, chant candomblé à Exu et Alegre Correa la guitare , ainsi que l’africain Alioune Wade à la basse digne de Jaco Pastorius comme Richard Bona.

Syndicate_band.jpg

Tout cela fait voyager le public dans des transes (auxquelles fut sensible mon voisin, un natif de l’Orient aux danses/transes immobiles) Africaines/Brésiliennes/Gnawa/urbaines et finalement même Caribéennes avec un final Zouk.

Syndicate_Parc_Floral_basse.bmp

Ils incarnent bien la suite universelle avec l’énergie de leur jeunesse de l’entreprise généreuse du fondateur du groupe, tout en s’en libérant finalement par la composition d’un répertoire propre. Et avec un tel enthousiasme, a dit Paco Sery, « On est là pour trente ans ».

Syndicate_Parc_Floral.bmp

C’est tout le mal que nous leur/nous souhaitons.

Jean Daniel BURKHARDT

vendredi, juillet 16 2010

L’Alberto Quintette invite Cécile Solin au Michto festival

Pour le second soir du Michto Festival, l’Alberto Quintette (le jeune Alberto Weiss, guitare, Sony Reinhardt, accompagnateur de Tchavolo Schmitt, Pierre Vigneron, guitare et Gérald Muller contrebassiste de Dino Mehrstein (fils de Sony) et des Comédies Musicales de la grande époque du Festival Tzigane jusqu’à il y a sept ans, entre autres formations Jazz et assimilées dans la région, invitaient Cécile Solin, chanteuse de Jazz swinguante, solaire, et scatteuse déjantée qui se produit souvent dans la région avec le Big Band de Bischheim, ses propres formations ou invitée par celles des autres depuis qu’elle nous est arrivée de son Sud natal. Après un CD Live dédié à Claude Nougro, les auteurs compositeurs de la région lui ont composé les chansons du deuxième spectacle et CD « Do Ré Mi fa Sol...in ».

Solin_3.jpg

Le quintette commence par un « Them There Eyes » très enlevé, puis une ballade avec Sony en soliste. Cet accompagnateur de Tchavolo Schmitt alterne comme lui tempos vifs et lents, solos émouvants et pompe rageuse, puis composition de Django Reinhardt avec Manoir de mes rêves.

Solin_Sony_Tchavolo.jpg

Arrive Cécile Solin qui commence par la version française de The Gipsy (standard sur une bohémienne diseuse de bonne aventure de Reid Williams jouée par Charlie Parker) adaptée en français par Marc Langean sous le titre Gipsy que je découvris par la version de Sinti Swing chantée par Yanki Loeffler.

Solin_Sony_Dives.jpg

Sony la reprend ensuite en romanes (la langue des manouches, qui d’Inde en Europe de l’Est, en Allemagne, s’est enrichie avec ce peuple de celles rencontrées sur son passage, jusqu’à devenir l’une des plus riche d’influences, sans que les populations indigènes soient aussi généreuses avec le peuple tsigane...) comme sur Digo O Divès où Sony se révéla aussi un émouvant chanteur/crooner à la voix douce dans cette langue. C’est donc la première fois que je l’entends chantée par une femme. Les paroles ont quand même un certain masochisme : la bohémienne dit à l’amoureux que son amie le trompe, alors qu’ « à ce moment même les bras d’un autre te berçaient », mais il promet de revenir! Cécile Solin reprend en scat.

Solin_Turquoise.jpg

Dans « C’est Si Bon », repris par Louis Armstrong () ou Eartha Kitt (http://www.youtube.com/watch?v=lK2Li67ln68), pris sur un tempo lent et sensuel par les guitares, avec ralentis et rallongements, notes tenues dans les aigues, puis par Cécile Solin proche de la version d’Yves Montand () dans les aigues, accélération des guitares et scat amusant de Cécile Solin, qui dans le second couplet adapte les paroles à Sony avec humour « ce que cet homme à pour plaire » et finit en scat sur les « Si Bon » du public.

Solin_studio.jpg

Le Quintette reprend seul avec une valse manouche rapide comme Montagne Ste Geneviève, composée par Django qui ne l’enregistra pas, exhumée par son accompagnateur Pierre « Baro » Ferret puis ses fils Boulou et Elios, puis I Love You repris par Django à la guitare dans « La Pêche A La Mouche » avec des échappées d’Alberto plus proches du hot Club de France, «Danse Norvégienne » issu du même album avec des ralentis rappelant «Sam’s Song» de Sammy Davis Jr et Dean Martin au sein du Rat Pack de Frank Sinatra.

Solin_Sony_soleil.jpg

Cécile Solin revient chanter« « It Had To Be You » aussi émouvante qu’Harry Connick Jr pour « Quand Harry Rencontre Sally » avec des allongements sensuels sur les voyelles de yours, had puis you sur les ralentis de la guitare.

Solin_guitare.jpg

Arrive le clou de la soirée : Cécile Solin («beaucoup plus docile qu’on ne croit», dit-elle) chante en manouche avec de belles sonorités proches de l’indien (les tsiganes sont originaires du Rajasthan) une chanson en tzo tziro qui m’est inconnue, rythmiquement variée, avec une accélération finale.

Solin_Chanante.jpg

Elle reprend ensuite « Indifférence », valse musette de Tony Murena, dans la verion vocalesée vocalchimiquement par André Minvielle, du Sud Ouest (d’Auch précisément) comme elle, mais moins en tour de force de rapidité verbale, plus compréhensive et swinguante que sa version à lui, plus chanté que récité express, le « tic et toc » semblant, accompagné par les guitares manouches, rom d’Europe de l’Est.

Solin_Hopla_Swing.jpg



A les entendre jouer ensuite sans elle « How High Is The Moon » qu’elle si bien chanté le dimanche précédent à Jazz A Cro (concerts gratuits et bon-enfant de Jazz Swing Bop Latin alliant la Fête du Quartier St Florent et de l’école de musique Place St Florent à Cronembourg tous les derniers dimanches de juin avec Michel Viès, Eric Theiller, Eric Soum, Martial Muller, ex Young Swingers du pianiste Swing Jean-Michel « Old Papy » Delune avec lequel elle chantait encore l’année précédant sa disparition), dans une version scattée à la Ella Fitzgerald annonçant « le solo de Charlie Parker » (Ornythology), puis son propre solo, je regrette l’absence de Cécile Solin sur scène.

Solin_Siony_au_vert.jpg

Suit « Honey suckle Rose » joué par Django Reinhardt avec les saxophonistes afro-américains Coleman Hawkins et Benny Carter (arrangeur de la séance) et français André Ekyan et Alix Combelle, premier quatuor de saxophones imaginé par Hugues Panassié pour le disque Swing N°1, premier label de Jazz Français, en 1937!

Solin_Sony_scene.jpg

Le Quintette finit le set avec Blues En Mineur de Django commencé sur un tempo bonhomme, puis accéléré d’une bonne pompe à deux temps sur les arpèges intercalant d’autres swings, puis après une petite cavalcade introductive, son Troublant Bloléro, pièce orchestrale et d'un exotisme suranné en forme de paso doble, avec un solo intercalant d’autres « Had To Be You » dans une compilation de riffs de riffs de Django, et finalement le thème de Django préféré de Sony Reinhardt « Minor Swing », avant un bis de Cécile Solin... Cécile Solin et l’Alberto Quintet ont fait preuve pour cette première de swing et de talent, ce qui n’a pas étonné ceux qui les connaissent, mais n’ont pas l’habitude de les voir jouer ensemble!

Solin_BBB.jpg

Cécile Solin sera en concert Jazz avec ses musiciens le mardi 27 juillet Place Du Château Des Rohans à Strasbourg de 20 h à 21 h 30 et sera le 9 août au Festival de la Petite Pierre invitée par le meilleur (et le plus ancien) groupe Dixie Land/New Orleans Les Célestins (http://les-celestins.blogspot.com/)!

Jean Daniel BURKHARDT

vendredi, juillet 9 2010

CHINA MOSES et DEE DEE BRIDGEWATER chantent DINAH WASHINGTON et BILLIE HOLIDAY au Strasbourg Jazz Festival

Hier soir, China Moses (fille de Dee Dee Bridgewater et du réalisateur Gilbert Moses) et sa mère rendaient hommage à deux grandes chanteuses de Jazz : Dinah Washington pour China (avec Raphaël Lemonnier comme sur son album This Ones’For Dinah) et Billie Holiday pour Dee Dee (qui lui a dédié son dernier disque).

China_Dinah.jpg

Avant l’entrée en scène de China Moses, un mix vocal nous met dans l’ambiance avec une présentation d’Art Blakey et ses Jazz Messengers Live at Birdland, des extraits de Billie Holiday ou de l’Ed Sullivan Show.

China_Lemonnier.jpg

Entre Raphaël Lemonnier, costume et chemise verte, le bassiste et le batteur, puis China Moses, vêtue d’une robe noire sublime, qui présente Dinah Washington avec un talent certain pour les transitions racontant la vie de Dinah Washington d’un point de vue féministe, humoristque et émouvant : ses 7 ou 8 maris et amants qu’elle appelait ses « Fine Fine Daddy », ses visons et son courage d’être une femme noire et de caractère.

China_verso.jpg



Sa version de « Mad About the Boy » est servie comme l’original par un magnifique accompagnement bluesy du trio très lent, entêtant et obsessionnel, insidieusement envoûtant sur lequel elle pose sa voix acidulée un peu comme celle de Dinah.

China_diva_NB.jpg

Comme chez Dinah Washington, des chansons écrites par et pour des hommes comme « Is You Is Or Is You ain’t My Baby », Rythm’N’Blues de Louis Jordan, prennent une toute autre portée par des femmes, modernisée par l’introduction de China où Dinah attend qu’on la rappelle, puis prend son contrebassiste des gens cooool claquant des doigts avec elle pour aller poser la question directement à l’intéressé!

China_micro.jpg

China connaît aussi des anecdotes savoureuses, comme quand Dinah, Queen Of The Blues, déclara en Angleterre : « Il n’y a qu’un terre et qu’un ciel, alors votre reine est une imposteur», ou quand, se trompant de bus, elle entra, au lieu de celui de ses musiciens, dans celui d’un asile psychiatrique et, questionnée sur son identité, elle déclara fièrement « Je suis la Reine ! ».

China_scene.jpg

Elle chanta aussi une des rares chansons Jazz tube des karaokés : « Cry Me a River », convaincue par l’adjonction de cuivres et l’arrangement très Soul de la basse, la batterie presque drum’n’bass et le piano presque immobile, suivi des coulisses puis à la scène par l’excellent saxophoniste Daniel Huck, qui joua très bien son rôle de saxophoniste Rythm’N’Blues Lesterien derrière elle, Parkerien voire scatteur Gillespien à la « Ooo-Bop-Sh Bam ».

China_sax.jpg

China Moses a enfin composé avec l’orchestre « Dinah’s Blues »pour Dinah Washington.

China_white.jpg

Elle finit par la version de Dinah Washington de « What A Difference A Day Made » dont elle aime le côté pop avec un superbe soutien de Daniel Huck très Byasien/Lesterien, sensuel.

China_affiche.jpg

Arrive sa mère Dee Dee Bridgewater, la plus populaire en France des chanteuses afro-américaines. Dee Dee Bridgewater a joué le rôle de Billie Holiday en 1986 jusqu’ à être comme possédée par sa vie tragique, puis après bien d’autres aventures et disques y revient en 2010 après un album Africain, Red Earth (dont elle a gardé le pianiste Edsel Gomez) et s’être (à nouveau) rasé le crâne avec son nouvel album « To Eleanora Fagan With Love From Dee Dee Bridgewater».

Dee_Dee_Billie.jpg



Le miracle est d’avoir su dépasser l’histoire tragique et très lourde de Billie Holiday pour puiser dans sa musique cette joie qui n’apparaît qu’à ceux qui la connaissent vraiment bien, de porter l’engagement de cette femme comme une leçon aux générations actuelles et futures.

Dee_Dee_scene_2.jpg

On peut dire qu’elle a réussi à faire sien le répertoire de billie Holiday, à le posséder après avoir été possédé par lui, contrairement à Elizabeth Kontomanou sur son album « Midnight Sun » dont on ne reconnaissait que le titre éponyme. Cette ligne étroite entre liberté et respect d’une tradition ouvre, quand on arrive à respecter les deux, de nouvelles perspectives au Jazz tout en faisant perdurer sa culture de manière vivante.

Dee_Dee_hippie.jpg

Edsel Gomez est au piano, Lewis Nash, qui l’a déjà accompagnée dans un projet sur Max Roach est à la batterie comme sur l’album, James Carter remplacé par Craig Handy, comme lui capable de jouer dans tous les styles du Jazz du New Orleans au Gospel, à Kansas City, à Lester Young en ballade derrière Dee Dee, au Bop et Hard Bop Funky, au Rythm’N’Blues voire de finir ses phrases en Free criant.

Dee_Dee_afro.jpg

Dès «Lady Sings The Blues », Edsel Gomez et Lewis Nash infusent à la musique de Billie Holiday les rythmes dansants de la terre rouge de l’Afrique et la puissance Rythm’N’Blues tractile, au rugissement de lionne, puis le scat de Dee Dee un point de vue plus positif, mettant en relief, plus que le fait de chanter le blues, le « Lady sings the blues no more » final porteur d’espoir, son dépassement.

dee_Dee_black.jpg

Consciente aussi des difficultés sentimentales, de la tromperie et de l’abandon (des hommes comme des femmes d’ailleurs), Don’t Explain, écrite quand son mari rentra avec du rouge à lèvres sur sa chemise, est le prétexte à une introduction comique.

Dee_Dee_Holiday.jpg

Fine & Mellow, portrait par Billie d’un maquereau ou gangster aux pantalons rayés, Blues sur lequel elle retrouva Lester Young une dernière fois est plus « sale », funky, porté par le groove irrésistible de la contrebasse et les riffs rythm’n’blues du saxophone, plus proche de la révolte et du cri contre cet homme que de l’acceptation passive.

Dee_Dee_scene.jpg

Même le constat désespéré de «You’ve Changed » () sur le dernier album de Billie Holiday où son filet de voix, son souffle restant pour ce chant de cygne ne semblait plus supporter que l’écrin de satin tissé par des cordes de Ray Ellis, quelques cordes et les chorus répétés d’un funèbre trombone soliste, ne semble plus si triste quand Dee Dee Bridgewater le chante.

dee_dee_rasee.jpg

Même la scie «Your Mother’s Son In Law » datant des débuts de Billie Holiday avec Benny Goodman qui a un peu vieilli et était très commerciale devient une déclaration badine en duo avec son contrebassiste pour qu’il devienne « le beau-fils de sa mère » moins futile que l’originale.

Dee_dee_basse.jpg

Enfin, « God Bless The Child », déclaration d’indépendance financière écrite lorsque la mère de Billie lui demandait sans cesse de l’argent pour son restaurant de poulet frit « Chez Mama Holiday », devient avec Dee Dee Bridgewater un gospel funky où Craig Handy rappelle la magnifique version d’Eric Dolphy à la clarinette basse.

Dee_Dee_sax.jpg

Dee Dee finit avec China en bis () sur « Every Day I Got The Blues » , du répertoire de Count Basie, que chantait Joe Williams bien après que Billie eût quitté l’orchestre.

Dee_Dee_China.jpg

Merci à ces deux grandes chanteuses de Jazz pour avoir rendu plus présentes, libres et actuelles ces deux grandes chanteuses de Jazz qu’étaient Dinah Washington et Billie Holiday.

Jean Daniel BURKHARDT

Autre musiciens éduqués, eux, de première main par des héros du Jazz, ce qui se fait rare : le trio de Pierre Christophe, élève du pianiste Jaki Byard () (capable de jouer du ragtime au stride, au swing de Fats Waller et Duke Ellington, Bop avec Charlie Parker ou comme Monk et Bud Powell, accompagnateur Hard Bop de Charles Mingus, Eric Dolphy, Rahsan Roland Kirk ou Sam Rivers, et jusqu’au Free Jazz, mais assassiné ou suicidé tragiquement en 1999 ), Mourad Benhamou, batteur qui interviewa son idole Walter Perkins, et le bassiste non amplifié Raphaël Devert, émule de Joe Tucker, joueront avec le trompettiste et chanteur Ronald Baker et le tromboniste Jerry Edwards en première partie d’Al Jarreau () (chanteur Jazz, Soul, R’N’B et Pop ayant remporté un grammy dans chaque catégorie et décennie depuis les années 70s !) au Strasbourg Jazz Festival, 20 h au Palais Des Congrès!

- page 2 de 6 -