Pour le second soir du Michto Festival, l’Alberto Quintette (le jeune Alberto Weiss, guitare, Sony Reinhardt, accompagnateur de Tchavolo Schmitt, Pierre Vigneron, guitare et Gérald Muller contrebassiste de Dino Mehrstein (fils de Sony) et des Comédies Musicales de la grande époque du Festival Tzigane jusqu’à il y a sept ans, entre autres formations Jazz et assimilées dans la région, invitaient Cécile Solin, chanteuse de Jazz swinguante, solaire, et scatteuse déjantée qui se produit souvent dans la région avec le Big Band de Bischheim, ses propres formations ou invitée par celles des autres depuis qu’elle nous est arrivée de son Sud natal. Après un CD Live dédié à Claude Nougro, les auteurs compositeurs de la région lui ont composé les chansons du deuxième spectacle et CD « Do Ré Mi fa Sol...in ».

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Le quintette commence par un « Them There Eyes » très enlevé, puis une ballade avec Sony en soliste. Cet accompagnateur de Tchavolo Schmitt alterne comme lui tempos vifs et lents, solos émouvants et pompe rageuse, puis composition de Django Reinhardt avec Manoir de mes rêves.

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Arrive Cécile Solin qui commence par la version française de The Gipsy (standard sur une bohémienne diseuse de bonne aventure de Reid Williams jouée par Charlie Parker) adaptée en français par Marc Langean sous le titre Gipsy que je découvris par la version de Sinti Swing chantée par Yanki Loeffler.

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Sony la reprend ensuite en romanes (la langue des manouches, qui d’Inde en Europe de l’Est, en Allemagne, s’est enrichie avec ce peuple de celles rencontrées sur son passage, jusqu’à devenir l’une des plus riche d’influences, sans que les populations indigènes soient aussi généreuses avec le peuple tsigane...) comme sur Digo O Divès où Sony se révéla aussi un émouvant chanteur/crooner à la voix douce dans cette langue. C’est donc la première fois que je l’entends chantée par une femme. Les paroles ont quand même un certain masochisme : la bohémienne dit à l’amoureux que son amie le trompe, alors qu’ « à ce moment même les bras d’un autre te berçaient », mais il promet de revenir! Cécile Solin reprend en scat.

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Dans « C’est Si Bon », repris par Louis Armstrong () ou Eartha Kitt (http://www.youtube.com/watch?v=lK2Li67ln68), pris sur un tempo lent et sensuel par les guitares, avec ralentis et rallongements, notes tenues dans les aigues, puis par Cécile Solin proche de la version d’Yves Montand () dans les aigues, accélération des guitares et scat amusant de Cécile Solin, qui dans le second couplet adapte les paroles à Sony avec humour « ce que cet homme à pour plaire » et finit en scat sur les « Si Bon » du public.

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Le Quintette reprend seul avec une valse manouche rapide comme Montagne Ste Geneviève, composée par Django qui ne l’enregistra pas, exhumée par son accompagnateur Pierre « Baro » Ferret puis ses fils Boulou et Elios, puis I Love You repris par Django à la guitare dans « La Pêche A La Mouche » avec des échappées d’Alberto plus proches du hot Club de France, «Danse Norvégienne » issu du même album avec des ralentis rappelant «Sam’s Song» de Sammy Davis Jr et Dean Martin au sein du Rat Pack de Frank Sinatra.

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Cécile Solin revient chanter« « It Had To Be You » aussi émouvante qu’Harry Connick Jr pour « Quand Harry Rencontre Sally » avec des allongements sensuels sur les voyelles de yours, had puis you sur les ralentis de la guitare.

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Arrive le clou de la soirée : Cécile Solin («beaucoup plus docile qu’on ne croit», dit-elle) chante en manouche avec de belles sonorités proches de l’indien (les tsiganes sont originaires du Rajasthan) une chanson en tzo tziro qui m’est inconnue, rythmiquement variée, avec une accélération finale.

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Elle reprend ensuite « Indifférence », valse musette de Tony Murena, dans la verion vocalesée vocalchimiquement par André Minvielle, du Sud Ouest (d’Auch précisément) comme elle, mais moins en tour de force de rapidité verbale, plus compréhensive et swinguante que sa version à lui, plus chanté que récité express, le « tic et toc » semblant, accompagné par les guitares manouches, rom d’Europe de l’Est.

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A les entendre jouer ensuite sans elle « How High Is The Moon » qu’elle si bien chanté le dimanche précédent à Jazz A Cro (concerts gratuits et bon-enfant de Jazz Swing Bop Latin alliant la Fête du Quartier St Florent et de l’école de musique Place St Florent à Cronembourg tous les derniers dimanches de juin avec Michel Viès, Eric Theiller, Eric Soum, Martial Muller, ex Young Swingers du pianiste Swing Jean-Michel « Old Papy » Delune avec lequel elle chantait encore l’année précédant sa disparition), dans une version scattée à la Ella Fitzgerald annonçant « le solo de Charlie Parker » (Ornythology), puis son propre solo, je regrette l’absence de Cécile Solin sur scène.

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Suit « Honey suckle Rose » joué par Django Reinhardt avec les saxophonistes afro-américains Coleman Hawkins et Benny Carter (arrangeur de la séance) et français André Ekyan et Alix Combelle, premier quatuor de saxophones imaginé par Hugues Panassié pour le disque Swing N°1, premier label de Jazz Français, en 1937!

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Le Quintette finit le set avec Blues En Mineur de Django commencé sur un tempo bonhomme, puis accéléré d’une bonne pompe à deux temps sur les arpèges intercalant d’autres swings, puis après une petite cavalcade introductive, son Troublant Bloléro, pièce orchestrale et d'un exotisme suranné en forme de paso doble, avec un solo intercalant d’autres « Had To Be You » dans une compilation de riffs de riffs de Django, et finalement le thème de Django préféré de Sony Reinhardt « Minor Swing », avant un bis de Cécile Solin... Cécile Solin et l’Alberto Quintet ont fait preuve pour cette première de swing et de talent, ce qui n’a pas étonné ceux qui les connaissent, mais n’ont pas l’habitude de les voir jouer ensemble!

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Cécile Solin sera en concert Jazz avec ses musiciens le mardi 27 juillet Place Du Château Des Rohans à Strasbourg de 20 h à 21 h 30 et sera le 9 août au Festival de la Petite Pierre invitée par le meilleur (et le plus ancien) groupe Dixie Land/New Orleans Les Célestins (http://les-celestins.blogspot.com/)!

Jean Daniel BURKHARDT