SATIE (E)RIK EXCENTRIK et ChiP en Concert à Pôle Sud, et les ateliers CEDIM ce soir à STIMULTANIA!
Par Jean Daniel BURKHARDT le mercredi, janvier 25 2012, 20:05 - JAZZ - Lien permanent
Satie (E)rik Excentrik est un projet qui reprend du Satie en Free Jazz, par l un des pianistes qui avaient fait les reprises Tristano (pas Stefan Oliva mais l'autre, François Raulin). Je suis arrivé un peu en retard alors que le batteur Alfred Spirli faisait résonner un rhombe (l'un des plus vieux instruments du monde, une laniere ou écorce qu'on fait tournoyer dans l'air au dessus de sa tête pour faire de la musique!)sur du Satie. Il y avait Christophe Monniot (que j'appelle souvent Moinieau pour son côté moineau colérique quand il joue free), le bon guitariste Rock Jazz David Chevallier, le super tubiste François Thuillier, un clarinettiste et un comédien (Gilles Arbona) récitant des extraits des essais ou journaux intimes de Satie prétendant ne pas avoir fait de musique mais de la "phonologie" avant de faire marcher et même scratcher hip hop un vieux disque vinyle de Jazz ou d'opérette fraçaise avec une petite voiture éléctrique dans ses sillons, original! Les enfants présents ont beaucioup ri! A la fin le comédien (parfois aussi danseur assis quand il détaillait la journée d' Erik Satie sur une partie d'orchestre assez enlevée et presque Rock) se faisait au maquillage noir la barbe d'un Satie pour les cinq dernières minutes... N'est ce pas un peu du gâchis pour si peu de temps? Le dernier texte était émouvant, Erik Satie y postulant par lettre comme gardien de musée et devant faire preuve de ses bonnes intentions et de son respect des oeuvres classiques, vu j'imagine pour son oeuvre ou ses fréquentations artistiques comme un dangreux révolutionnaire, et protestait vouloir enrichir sa vie du commerce desdites oeuvres. Pour ce qui est de Satie, j'ai eu du mal à reconnaître Gymnopésies et Gnossiennes dans la partition. Mais bon ça fait entendre Satie AUTREMENT!
Chip est un duo Rock Underground minimaliste (que j’ai pris pour un groupe psyché garage très doué à l’écoute de leur myspace), derrière lequel se cachent deux jazzmen : Christophe Imbs (guitare, claviers), qu’on a connu pianiste de Jazz acoustique émule de Lennie Tristano à ses débuts et Francesco Rees, le batteur de son premier album, à la batterie et au synthétiseur, tous deux composant, avec Vincent Posty à la basse, la section rythmique du groupe de Christine Clément Polaroïd 4.
Le concert commence avec « No Boy No Girl », qu n’est pas sur le disque mais qu’ils jouaient déjà il y a deux ans à l’Artichaut, paysage androgyne ou Ni Garçon Ni Fille (ce qui n’exclut ni la vie animale, végétale ou autre, ni finalement les possibilités androïdes, robotiques voire extra terrestres ou mutantes de tout cela zen même temps à notre imaginaire), magnifique dans son mystère mélodique et avec un beau travail de Francesco Rees sur la caisse claire dans le final. Les titres au format pop parlent de garçons et de filles ou d’aucun des deux (No Boy No Girl, I’m a Boy, I’m A Girl) ou posent les questions essentielles qui tourmentent ceux-ci à l’approche de la st Valentin ou des fêtes (Would you still love if i didn’t have a small package ), ou inventent de rageuses vengeances riffées (Guns For Lunch).
« Would You Still Love Me If I Didn’t Have a Small Package ?” ferme le disque éponyme de ChiP à sortir prochainement sur le label OH! Comme une synthèse des influences Rock, New Wave, Expérimentales et aux accélérations intéressantes avant un final repartant à froid, comme de loin. Pour ce titre « M’aimerais-tu encore si je n’avais pas un petit paquet » ? J’ai peut-être une autre interprétation plus musicale que sentimentale, que les membres du groupe n’ont pas trouvée inintéressante, adressée au public : leur packaging, au sens de carte de visite, c’est de faire du Jazz, mais là ils font du Rock., alors n’est-ce pas une façon d’envoyer valdinguer les étiquettes comme Woody Allen dans Stardust Memories et de dire : Nous Aimeriez Encore Sans Paquet Cadeau, sans style ou libre de tous styles, capables de tout jouer de manière complètement décloisonnée, et surtout auriez vous cette ouverture d’esprit ? Cette version Live bénéficie d’une belle progression. Je n’avais pas remarqué que le final de la batterie de Francesco Rees était en fait à mains nues sur les toms, ni le clavier actionné à la pédale par Christophe Imbs pour le dernier larsen.
J’ai beaucoup aimé «Chip Dick » pour le côté Asiatique des claviers puis Pop Cam(bodgienne) psyché de la guitare, où l’on peut voir peut-être la promesse d’autres horizons géographiques à explorer à l’avenir...
« I’m A Girl », déjà jouée à l’Artichaut répond à l’ « I’m A Boy » du disque. Les filles seraient elles plus violentes que les garçons ? fait se demander la guitare, peut-être par un mécanisme défensif bien légitime! De peur de passer pour un dangereux féministes,, je dirais qu’en tous cas, ça bavasse plus les pipelettes côté claviers.
Quelques accords de guitare introcuctifs et Countrysants font dire ironiquement à Francesco Rees «on fait tous les styles », ce qui n’est pas encore vrai (ou pas dans CE projet), mais peut-être un ambitieux objectifs à long terme!
« ChiP 3 » ? est la seule composition de Francesco Rees sur le disque mais gageons qu’il n’en restera pas là ! La mélancolie fait penser à Low de David Bowie puis repart sur les claviers de Christophe Imbs.
« Guns For Lunch » est basé sur des riffs guitare mitraillettes de Christophe Imbs, mais je n’avais pas remarqué derrière les maracas frappés sur les toms de Francesco Rees. D’ailleurs les riffs de guitare sont un peu différents, les tempos plus rapides.... ce n’était finalement que l’intro. J’ai bien vu cette fois ci le sampler continuer tout seul la guitare pendant que Christophe Imbs passe aux claviers, différents eux aussi du disque où ils passent du flipper à la boule facette liquéfiée en glou glou sous la batterie, ici plus proches d’un Edgar Froese dans « Aqua sur une version plus rock de la guitare velvet Underground.
« Kleurloos » signifie « Sans couleur » en norvégien, pas comme leurs chemises Jaune ChiP (comme le disque) pour Francesco, comme celle du saxophoniste Hugues Mayot de son groupe Spoken Word Wunderklub samedi dernier au TAPS SCALA (peut-être est-ce la même et qu’il se les prêtent les uns aux autres) et verte pour Christophe. Ça fait coloré, pop et assez rock sans faire destroy pour autant, un bon compromis Rock Jazz.
Sinon le titre est une ballade à deux claviers, ici plus guitare, plus Low de Bowie sur le disque, à la Velvet Underground Cool avec un clavier similaire flottant de Francesco.
C’est déjà « la dernière », mais elle Rocke bien celle là ! « I’m A Boy » comme dernière manifestation virile Rock dans les riffs de guitare dont Christophe Imbs semble s’étonner lui-même des effets produits et de la sonorité. De son propre aveu, il trouve dans le fait de re jouer de la guitare (sur laquelle il avait commencé dans son premier groupe Rock de lycée 7 h 23) , qui n'est pas son instrument habituel, une furie rythmique naïve et plus sauvage car peut-être moins "apprise", maîtrisée que le piano, où on a dû lui apprendre à faire « joli », quelque chose de l’ordre de l’homme préhistorique découvrant le feu ou de son descendant lointain l’enfant expérimentant naïvement le monde par ses jouets! Suit le meilleur solo de guitare, le plus maîtrisé et guitar heroïque du concer, comme si tout le concert tendait vers cet acte ultime et libérateur, ce grand moment de rock’N’Roll !
Finalement dans la musique ChiP, le plus intéressant est peut-être ce rapport ambigu entre le relâché et la retenue, la liberté Free Rock et la contrainte, y aller à fond et finalement non, comme une manière assumée de se faire des sueurs au bord du précipice sans y tomber, ou une nouvelle façon de provoquer ce « Sound Of Surprise » dont parlait Ellington comme définition du Jazz, mais englobant en ce XXIème siècle les accors du rock ou de l’électro, de l’électricité ?
Les Ateliers du CEDIM (Centre D'Improvisation Musicale Eueropéen où enseignent se produisent ce soir gratuit à Stimultania. Carte blanche aux ateliers du CEDIM @ Stimultania le 25/01 <http://hiero.eu/site/2012/01/18/carte-blanche-aux-ateliers-du-cedim-stimultania-le-2501/>
Carte blanche aux ateliers du CEDIM @ Stimultania le 25/01
- /Carte blanche aux ateliers du CEDIM/*
L'équipe du CEDIM (Centre d'Enseignement et de Développement de l'Improvisation Musicale) est de retour et vous propose pour ce début 2012 cinq mini concerts d'ateliers qui couvrent un large éventail de styles et d'influences. Un programme qui passera des classiques du jazz au sens large (blues/rock/funk) de l'atelier « Standards boeuf » aux musiques improvisées marquées par la pop, les musiques électroniques et le jazz d'aujourd'hui de l'atelier « In & Out ». L'on découvrira aussi l'improvisation vocale comme point de départ à une écriture « en temps réel » de l'atelier « Voix et improvisation », et un beau travelling est-ouest partant de l'atelier « Passage », dont les sonorités très acoustiques sont inspirées des musiques de l'orient méditerranéen pour finir avec « Latin-Combo » qui interprétera des standards afro-cubains et brésiliens des plus festifs.+ d'infos :[ www.cedim.fr <http://www.cedim.fr/|Carte blanche aux ateliers du CEDIM @ Stimultania le 25/01 ]>
Jean Daniel BURKHARDT