Samedi 6 novembre se produisaient à Pôle sud Christoph Lauer (saxophone) et Michel Wollny (piano), dont Lauer,, quoique plus âgé, ne s’est pas montré le moins facétieux, l’autre jouant un peu dans le style de Lennie Tristano seconde période (qui n’est pas la plus facile) par ses phrases ininterrompues ou à l’intérieur des cordes, avec une belle complicité.

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En seconde partie, on pouvait entendre Christophe Marguet, que je tiens pour le meilleur batteur français depuis les années 90s, avec son Quartet « Résistance Poétique », sa formation la plus complice et chère à mes oreilles et à mon souvenir pour leurs disques, mais avec laquelle je ne l’avais pas encore vu à Strasbourg, décoré dès son premier album éponyme « Résistance Poétique » du Prix de l’Académie Charles Cros en 1996, augmenté en quintet par l’arrivée de Jean-Charles Richard doublant Sébastien Texier (fils d’Henri, dont Marguet a été le batteur) au saxophone baryton et soprano,.qui vient d’enregistrer « Buscando La Luz », formule à deux souffleurs déjà utilisée pour leur second album «» .

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Le Concert (enregistré par Arte Live Web et gratuitement visible sur le web) commence avec de beaux unissons de Texier et Richard s’élevant en fond sonore, puis soudain un changement rythmique dans les roulement passant sur les cymbales.

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Des grands batteurs historiques du Jazz Afro-américains, c’est peut-être à Max Roach dans le « Freedom Day » de son « WE INSIST ! FREEDOM NOW SUITE » que Marguet me fait le plus penser par ses roulements. Peut-être ont-ils encore gagné en swing et en beauté des arrangements et cohésion d’ensemble depuis les albums que je n’ai pas entendus, dans le sens du Jazz Hard Bop pur jus dans le piano.

Leur musique me semble avoir grandi en Beauté universellement compréhensible et touchante en perdant peut-être le côté Free, contestataire des débuts sans abandonner la ferveur. Et puis finalement ces éléments ont toujours été là depuis « Oona » ou « La Marche Du Poète », dès 1996, et a toujours été présents dans les ballades du quartet, qui parfois deviennent de moins en moins calmes. Et la violence a toujours été présente aussi dans ses volées de bois vert explosant de la batterie en introduction, au milieu ou en fin d’un thème.

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[La qualité de Christophe Marguet est, après avoir assuré le soutien rythmique des autres, de s’en détacher quand l’ensemble « tourne » bien pour ajouter des effets à contretemps ralentissant ou accélérant le tempo, d’ajouter sa propre partition aussi harmonique mélodique que rythmique. La plupart des batteurs de Jazz sont toujours en avant, usant de la puissance sonore de l’instrument, ou s’ils servent davantage les autres ou la musique par un jeu plus discret (Dré Pallemaerts surtout), on ne les entend plus. Marguet peut avoir les deux rôles de leader et soliste assumé ou d’accompagnateur discret, alternativement, l’un après l’autre en quelque sorte.

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Ce qu’il a apporté au Jazz, c’est aussi des technniques d’autres musiques comme la violence du Rock, la cohésion dansante du Funk, des éléments de musiques traditionnelles Africains, orientaux, tribaux, asiatiques dans l’usage de gongs et clochettes, ethniques.

Jean Daniel BURKHARDT