L’ONJ YVINEC EN CONCERT A PÔLE SUD, ET OU SORTIR CE WEEK-END
Par Jean Daniel BURKHARDT le vendredi, janvier 28 2011, 16:37 - JAZZ - Lien permanent
L’ONJ (Orchestre National du Jazz) est un grand Orchestre de Jazz Françaissubventionné pour des contrats de deux ou trois ans par le ministère de la culture à la tête duquel se sont succédés depuis les années 80s François Jeanneau, Antoine Hervé, Claude Barthélémy, Denis Badault, Laurent Cugny, Didier Levallet, Paolo Damiani, Claude Barthélémy et Franck Tortiller, et dirigé depuis 2008 par le bassiste Daniel Yvinec (qui n’y joue pas) et vient d’être reconduit pour un contrat renouvelable de trois ans. C’est à mon sens un cru beaucoup plus révolutionnaire que le précédent qui, sur un répertoire de Led Zeppelin ou du Jazz Rock de Miles Davis, le réorchestrait pour grand orchestre avec vibraphone.
En septembre 2010, ce nouvel ONJ a enregistré « Shut Up And Dance » du batteur John Hollenbeck, 9 compositions/mini concertos dédiés aux solistes après avoir entendu ses musiciens, sur ce qui provoque la danse/transe. Ce nouvel Orchestre National est allé chercher de nouveaux talents poly-instrumentistes ouverts aux improvisations collectives expérimentations électro-acoustiques dans les jeunes groupes de Jazz, comme le bassiste Sylvain Daniel qu’on a pu entendre sur le label « Chief Inspector ». De plus ce répertoire et son traitement original permettent des échos de fonds sonores rappelant le style West Coast autour des solistes mis en avant selon les titres qu’on découvrira au fur et à mesure et des expérimentations électroniques, ce qui fait rentrer cet Orchestre National du Jazz dans le XXIème siècle.
Avant l’arrivée des musiciens, l’impression de Big Band de cet octet est démultipliée par la section d’anches multi instrumentiste et les consoles électroniques.
A l’inverse du disque, l’ONJ commence par la pièce la plus longue et ambitieuse, «The Power Of Water », écrite pour le batteur Yoann Serra,, à la mélodie s’écoulant sur la rythmique dramatique de piano martelé, puis de guitare (Pierre Perchaud, qui joue également du banjo et du dobro) avec les anches en fond sonore d’oiseaux hypnotiques dans la tempête rappelant la complicité des « Brothers » de Woody Herman, rejoints par l’élévation spatiale des claviers enchanteurs de Vincent Lafont jusqu’au solo de batterie, dans une esthétique proche de Soft Machine (cet ONJ a dédié un autre opus, "Around Wyatt" à Robert Wyatt).
Dans «Falling Men », le trompettiste Guillaume Poncelet s’éleva avec la classe d’un Miles Davis période Cool au dessus, dans puis hors de la mêlée imaginaire Jazz Rock, la trompette se faisant phare solitaire sur le fond sonore qu’il brasse, déclenche ou stoppe d’un geste du bras sur les arpèges de guitare et claviers à la Rock Bottom de Robert Wyatt, se montrant un trompettiste de Jazz capable d’échos World, décomplexé de l’électro comme Alex Tassel en a donné l’exemple et finissant sur du Rock sans dévier de sa ligne ni de la grâce de son jeu. En effet Yvinec ne dirige pas l’orchestre.
Suit «Racing Heart, Heart Racing », écrit pour le clarinettiste et saxophoniste Rémi Dumoulin qu’on a pu entendre sur Boo Hoo de Rocking Chair , ici au saxophone libre sur un fond de flûtes (le Joce Miennel, également guest de Rocking Chair sur ce titre), exploitant toutes les possibilités de l’instrument sur un fond sonore Africanisant, obsessionnel et hypnotique comme une pièce de Philippe Glass avec quelque chose de West Coast dans le fait de surfer habilement et avec élégance sur des fonds complexes et passionnants en une belle progression jusqu’à la fin.
Arrive « Shaking Peace », la pièce dédiée à la pianiste (aussi à la flûte, et à divers objets) Eve Risser du duo Donkey Monkey, régionale de l’étape, mais qui tourne le dos au public pour les besoins du concert, au piano classique et contemporain entre Schönberg et John Cage, presque liquide à la Edgar Froese secouant sa paix sur la vibration sonore de l’orchestre, puis plongeant dans les effets intérieurs des cordes (sa spécialité). Moi qui ne suis pas fan de piano contemporain, cette plongée abyssale m’a fait rêver.
Suit « Tongs Of Joy » de Vincent Laffont, le claviériste des « Skyriders » de Laurent Robin jouant des claviers avec un côté volatile et très rythmique à la fois, alliant la violence du Jazz Rock et le groove du Jazz Funk dans sa fusion sur le beau fond sonore de Poncelet, du 60s à l’électro dans la vibration sonore spatiale entre son rond et saturé.
« Praya Dance » du flûtiste Joce Menniel suit comme sur le disque avec son solo de flûte à la Hermeto Paschoal avec le côté machinerie/soufflerie de Sclavis sur « Vol " (composé par Hollenbeck en survolant le Brésil, et en écoutant aussi Menniel). Ils sont quatre au piano sur ce titre, à 8 mains, pour un effet de balafon dans cette danse Africaine ou Batucada modifiée par les effets, où la flûte ethnique soufflée/criée, redevient parfois Jazz 60ies à la Rahsan Roland Kirk.
Soliste de « Bob Walk » (dédié au tromboniste à pistons de Gerry Mulligan Bob Brookmeyer, né en 1928 et encore en activité), au saxophones dont un électronique des années 80s, Matthieu Metzger fait partie du Quintet «Lost On The Way » de Louis Sclavis, et assure à jouer droit malgré là aussi un fond sonore très mouvant et original, presque faux comme celui d’Apple Honey de Woody Herman avec des claviers à la Soft Machine, puis répétitif à la Glass.
Le benjamin de l’orchestre est Antonin Tri-Hoang, et brille sur « Melissa Dance », de l’émotion progressive poussée jusqu’au cri aux réitérations kaléidoscopiques à la Soft Machine dans le final sous-marin à la Rock Bottom, à la fois hypnotique et émouvant comme un paysage sonore habité de changements de temps...
En bis, ayant achevé les concertos dédiés par Hollenbeck, ils finirent avec une reprise magnifique de « Sea Song » de Robert Wyatt dans Rock Bottom () tant dans la mélancolie que dans la ferveur.
Cet ONJ rend hommage à Billie Holiday et à son dernier album "Lady In Satin" avec la chanteuse Sandra Nkaké et John Greaves en guest le mardi 25 janvier au Théâtre du Châtelet, capté sur arte live web. Si j'en crois leur album "Shut Up & Dance" et son premier ONJ électroniquement modifié, avec Sandra en Billie Holiday et John Greaves, ça ne va pas être que des reprises en copié collé de Billie Holiday! ça va même dépoter!
Jean Daniel BURKHARDT
A ECOUTER, A DANSER CE WEEK-END, JAZZ OU SALSA
Vous aimez la flûte? Ce soir Vendredi 28 Janvier, venez assister à Pôle Sud à la Création de l'Indigo Trio invitant le flûtiste de Jazz français Michel Edelin, à écouter séparément dans "Jazzology" ce soir 27 janvier à 21 h.
Amateurs de Salsa, l'association Alter Latina vous propose ce samedi 29 Janvier, au Préo D'Oberhausbergen, une Soirée Salsa: -A partir de 18 h 30 : Cours de Salsa Sauce Cubaine
Spécialités Brésiliennes par Acérola Exposition Photos et Tableaux Artisanat Concert deSonando, groupe de Salsa!
ENTREE 12-10 €, RESERVATION RECOMMANDEE AUX NUMEROS CI APRES!
Et un nouveau bar/taverne/club à voûte antique avec scène pour les concerts et DJs funkys dans la loge diamant vert au caveau a ouvert hier soir 7 Rue de l'Arc-En-Ciel, en face du Phonograph: Le Mudd , Club! qui m'a inspiré cet
ACTE DE BAPTÊME POETIQUE DU MUDD CLUB
Bon Vent Musical au Mudd Club,
Pour n’être pas que le Sillon d’un Couloir Phonograph,
Mais un Bar Taverne Club :
Bar à l’Entrée,
Taverne chaleureuse plus éclairée en salle
A côté
Et Après un Escalier dérobé
Sous lequel se cacher,
On accède à la Grotte du Club
Par Un Autre Bar Eclairé d’alcools forts,
Et Tapi dans l’Ombre,
Le Club proprement dit
Avec au Centre des sillons de la Mousse Vinyle des murs
Pour nous protéger des Agressions Extérieures
Et le monde extérieur de nos Agressions Sonores,
Dans le Saphir d’un Diamant Vert attendant les Galettes Funkys,
Le DJ,
Et même une scène pour les concerts,
Face à l’antique Voûte
Digne d’une Cave de Jazz Tabou de St Germain Des Près
Qui n’entendit jamais
Sons si FUNKYs !
LONGUE VIE AU MUDD CLUB !!!!!
Au programme ce samedi 29 janvier:
21H/concert 1980 22H30/DJ SUSPECT (Breakbeat, Funk, Hip Hop)
Jean Daniel BURKHARDT