Ce soir 21 avril à 21 h dans Jazzology sur Radio Judaïca, je reviendrai sur la carrière du multi instrumentiste clarinettiste, flûtiste, saxophoniste alto, ténor et baryton américain Jimmy Giuffre ne le 26 avril 1921 mais mort en 2008 : auteur de « Four Brothers », il aura été WestCoast, Cool, Free, et même Jazz Rock toujours avec classe.

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Jimmy Giuffre est né à Dallas, Texas le 26 avril 1921, et avait commencé sa carrière dans l’armée de l’air, avec déjà des expériences de concert en solo. Il fait ses classes dans les Big Bands de Boyd Raeburn en 1946, Gene Roland ou Jimmy Dorsey en 1947, puis intègre comme arrangeur le « Second Herd » (second troupeau) de Woody Herman et étudie la composition avec le Docteur Wesley De La Violette, gourou de la West Coast (Côte Ouest).

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C’est chez Gene Roland qu’il compose le titre qui le rendra célèbre chez Woody Herman en 1947 : « Four Brothers » pour Stan Getz, Herbie Steward et Zoot Sims aux ténors et Serge Chalof au baryton, mais il n’y joue pas dans cette première version.

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Mais ce Four Brothers crée un malentendu, Jimmy Giuffre n’a jamais été Cool comme Stan Getz, mais ne cessera d’évoluer en quarante ans de carrière dans cette « petite musique » qui n’appartient qu’aux grands », écrira Alain Tercinet. C’est cependant géographiquement sur la West Coast qu’il enregistrera en 1953 ses compositions au saxophone ténor avec les Giants du trompettiste Shorty Rogers avec Art Pepper à l’alto, Hampton Hawes au piano et Shelly Manne à la batterie, bref le gratin de la Côte Ouest dans ce style West Coast si particulier. Ecoutons Jimmy joue West Coast dans « The Perky Serpent » (le serpent sale).

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Mais lorsqu’il forme son premier trio en 1956, Jimmy Giuffre optera pour une formule plus intimiste sans batterie avec le guitariste Jim Hall rencontré au Sardi’s, un club de Los Angeles en se découvrant une admiration mutuelle et le contrebassiste Ralph Peña, avec un second tube : « The Train & The River », avec déjà une performance de rerecording de Giuffre au baryton, ténor et à la clarinette dans des tonalités différentes pour chaque solo. Ce titre deviendra l’emblème de Jimmy Giuffre avec le film « Jazz On A Summer’s Day » sur le festival de Newport en 1958, puis à la télévision dans The Sound Of Jazz.

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En 1958, Jimmy Giuffre ajoute le tromboniste Bob Brookmeyer au trombone, puis ici au piano à la guitare de Jim Hall et le trio devint sextette avec trois saxophones ténors joués en rerecording par Giuffre pour le disque « The Four Brothers Sounds » où Jimmy Joue sa composition pour Woody Herman, mais en interprétant les trois parties de saxophones comme les quatre frères à lui tout seul, et plus rapide que l’original..

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Si Jimmy Giuffre est trop indépendant et aventureux pour être classé stylistiquement dans la West Coast ou le Cool Jazz, peut-être eût-il été plus à l’aise dans le Troisième corant, ce Third Stream créé par le pianiste Lennie Tristano. Il appréciait en tous cas l’un de ses élèves de la West Coast, le saxophoniste alto Lee Konitz, et composa, arrangea et joua pour lui en 1959 à New York au saxophone baryton sur deux séances dont You & Lee rééditées sous le nom de Lee Konitz Meets Jimmy Giuffre, avec également le pianiste Bill Evans, hal Mc Cusick à l’alto (un West Coaster de l’Est), et Warne Marsh, autre élève de Tristano au ténor. Jimmy Giuffre pour ce disque composera « Somp’m’Outa’Nothin’ » «Uncharted ».

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Un esprit aussi indépendant qui Jimmy Giuffre ne pouvait laisser passer les années 60s sans s’impliquer dans le Free Jazz, la New Thing, la nouvelle chose du jazz libre, même s’il était blanc, et n’avait donc peut-être pas la même colère qu’un Ornette Coleman. Il trouva sa propre voie du Free, blanche, contemporaine, européenne, en créant, à la clarinette, le premier Trio Free Jazz blanc avec Paul Bley au piano (encore marié à Carla Bley) et le jeune contrebassiste Steve Swallow, nouveau prodige après Scott La Faro, et surtout le premier répertoire librement spontanément improvisé/composé par un trio blanc sans thème préétabli ni référence aux standards par la seule interaction entre ses membres, en cette Fusion qui donne son titre au disque . Ceci attira l’oreille de Manfred Eicher qui produisit le trio sur son label ECM. Ecoutons un de ces « bibelots Mallarméens » (dit Jean-Robert Masson), « aboli bibelot d’inanité sonore » où Jimmy Joue Free (comme dit Philippe Carles.

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Le deuxième album du Trio Giuffre Bley Swallow en octobre 1961, « Thesis », toujours sur ECM est peut-être moins limpide que le premier, mais rejoint un certain Jazz de chambre libre dans « Me Too » où les trois instrumentistes essaient de parvenir à des effets équivalents sur des instruments très différents.

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Le trio Giuffre Bley Swallow eut aussi l’occasion de se produire en Allemagne à Bremen en 1961.

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Ensuite ils publièrent encore Free Fall en 1968, chute libre en ordre dispersé et séparé en solos, duos, trios très abstraits pour le label Columbia, ne trouvèrent plus d’engagement que dans un café de New York pour une entrée au prix libre, et se séparèrent quand le plateau ne rapporta plus que 35 cents, pour vingt ans jusqu’en fin 1989 et « The Life Of a Trio » « Saturday », puis « Sunday », puis «Conversation With A Goose » en 1991, où ils se retrouvèrent à nouveau en ordre séparé.

Jimmy Giuffre resta avide de contrepoints (une constante dans son oeuvre inouïs et on le retrouve en 1987 en concert à Paris en duo avec le clarinettiste basse Français André Jaume à se dessiner l’un l’autre la Tour Eiffel dans le disque du même nom, « deux lignes qui se tendent vers le ciel en même temps qu’elles s’unissent et se soudent, se fondent, avec cet alliage de rigueur-douceur, cette souple et très lente inflexion qui reproduisent l’identité Joycienne « les courbes sont de la beauté » dira Philippe Carles.

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Enfin, dernière expérience de Jimmy Giuffre, un groupe avec clavier électronique et synthétiseurs sans être vraiment Jazz Rock qui grava « Quasar » en 1985, puis en quartet ces « Liquid Dancers » en 1989 avec Pete Levin aux claviers, Jimmy giuffre au saxophone ténor, soprano, clarinette et se mettra à la flûte basse avec Bob Nieske à la basse électrique et Randy Kaye à la batterie.

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OU DANSER, QU’ECOUTER CE WEEK END ?

Black Octopus (DJ Ficus de Caterva et Pablo Valentino, après leur "Blunted Library" hier soir invitent Suzi Analogue, Beatmakeuse et chanteuse ce soir 21 avril de 21 h 30 à Minuit 30 ET C'EST GRATUIT (majoration 0,50 cents sur les consos).

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Le chanteur de Folk rock Israélien Asaf Avidan qui rappelle un peu Janis Joplin dans la voix et ses Mojos seront en concert demain Vendredi 22 avril à Molodoï pour 6 € avec Thomas Schoeffler Jr (bon chanteur Country à la Hank williams, guitariste Bluesy à la Robert Johnson et harmoniciste à la Bob Dylan) et Alex Keilling & The Mary Jill Band.

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Enfin, Samedi 23 avril, Ben G (Right On FM) et Tal Stef (Soultronic) au Mudd Club pour Un Entre Temps Funk&Lectro en attendant le Festival CONTRETEMPS courant juin!

Jean Daniel BURKHARDT