Tomasz Stanko est né en Pologne à Rzeszow le 11 juillet juillet 1942. Fils de musicien, il prend des cours de violon et de piano, puis étudie la trompette à l’Ecole de musique de Cracovie de 1959 en 1962. Il forme ensuite le quartet Jazz Darlings avec Adam Makowicz qui remporte un concours l’année suivante, tandis que Stanko obtient le prix du meilleur instrumentiste. Tomasz Stanko est alors recruté par le pianiste et compositeur Krysztof Komèda dans son quintette (avec Michal Urbaniak puis Zbigniew NNamyslowski), et se produit en Europe Orientale et en Scandinavie.

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Entre 1965 et 1969, Tomasz Stanko travaille avec le pianiste Andrzej Trzaskowski, puis en 1969, il entre dans l’orchestre de Jazz de la radio Poonaise. En 1970, ce sera son premier disque en leader, puis la participation au Globe Unity Orchestra d’Alexander Von Schilippenbach, et l’année suivante à Donauschingen à l’European Free Jazz Orchestra avec Don Cherry, Albert Mangelsdorff et le saxophoniste Gerd Dudek , puis cherche avec COCX des rythmes Rock différents de Bitches Brew..

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Tomasz Stanko enregistre "Balladyna" son premier disque pour ECM et réédité en 2008 avec Tomasz szukalski avec qui il se produit d’abord en duo au saxophone, Dave Holland à la contrebasse et Edward Vesala à la batterie, avec cette "First Song". Toujours sur ECM, Tomsz Stanko a joué avec Rashied Ali, Lester Bowie, Jack de Johnette, Chico Freeman, Jan Garbarek, eddie Gomez, Howard Johnson et Jean François Jenny Clark et Joachim Kühn.

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Faisons un bond dans le temps jusqu’en 1996 à Oslo avec l’album Leosia de Tomasz Stanko, accompagné de Bobo Stenson au piano, Anders Jormin à la contrebasse, et Tony Oxley à la batterie, quartet international jouant à son meilleur niveau. Dans son jeu de trompette, Tomasz a adapté la sagesse d’Isidore Ducasse, Comte de Lautréamont des Chants de Maldoror aux Poésies: « Je remplace la mélancolie par le courage, le doute par la certitude, le désespoir par l’espoir, la méchanceté par le bien, les plaintes par le devoir, le scepticisme par la foi, les sophismes par la froideur du calme et l’orgueil par la modestie. », comme sur ce "Farewell To Maria".

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En 1997, Tomasz Stanko rend hommage avec Litania, Music of Krysztof Komèda au pianiste qui l’avait engagé à ses débuts en réarrangeant quelques-uns de ses thèmes accompagné de Bernt Rosengren et Joakim Milder aux saxophones ténor, Bobo Stenson au piano, Palle Danielsson à la contrebasse et Jon Christensen à la batterie, avec ce magnifique titre éponyme Litania avec quelquechose de "The Look Of Love" popularisé par Dusty Springfield avant Diana Krall.

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On retrouve Tomasz Stanko en 1998 au festival ECM de Badenweiler dans une commande de Manfred Eicher (boss d’ECM) réunissant autour du trompettiste le saxophoniste baryton et clarinettiste basse britannique John Surman, l’accordéoniste italien Dino Saluzzi, la violoniste Michelle Makarski, le contrebassiste Anders Jormin et le batteur Jon Christensen, enregistré sous le titre «From The Green Hill", sorte de Jazz Euro baroquien et blue-notesque. On y apprécie la sonorité sonorité dense, nerveuse, lyrique, passant facilement du gras aux éraillements, efficlochements dans l’aigu et l’accordéoniste Dino saluzzi ajoute à la palette de Tomasz Stanko le côté tango à la Piazzola à un lyrisme blue note bop à l’européenne dans ce «The Lark In The Dark».

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La virtuosité de Tomasz Stanko s’exprime dans tous les contextes allant des rencontres bop ou free à des expériences électriques, voire électroniques. On reconnaît bien l’influence de Miles Davis dans le phrasé de courts traits de ce «Love Theme From Farewell Maria», avec John Surman au saxophone baryton.

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Quittons « From The Green Hill», avec « Roberto Zucco », hommage de Tomasz Stanko à un auteur de cape et d’épée ou à la pièce de théâtre de Bernard-Marie Koltès (1988), inspirée de faits réels, qui relate l'histoire du tueur en série italien Roberto Succo, élevé à une dimension mythique et croisée à l'histoire de la « gamine jeune fille en perdition», pour un dernier Hard Bop Tango.

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Enfin, la maîtrise de Tomasz Stanko de l’idiome Jazz américain entre la dureté Miles Davis et la tendresse d’un Chet Baker s’est exprimée en 2002 dans sa suite « Soul Of Things », variations sur des thèmes traditionnels polonais de son enfance. Il y est accompagné par la rythmique de Manu Katché avec lequel il a joué dans l’album Neighbourhood : Marcin Wasisiliewski au piano, Slawomir Kurkiewicz à la contrebasse et Michal Mikiewicz à la batterie. Cette deuxième variation montre sa vélocité sur tempo rapide, mais fait aussi référence au « it Never Entered My Mind » de Miles Davis pour Blue Note.

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La 13ème variation de ce Soul Of Things, « Hejnal » qui rappelle, comme un retour à ses souvenirs d’enfance, écrit Marcin Wasiliewski, « une ambiance sombre, introspective, et le cœur même de la Pologne à travers son hymne national, mélodie jouée sur des trompettes depuis des siècles, à chaque heure, du haut de la tour de l’église principale Cracovie, qui lui donna envie de jouer de cet instrument. La rythmique rajoute un côté Chet Baker dans « I Didn’t know what time it was».

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Dans son dernier disque « Dark Eyes », Tomasz Stanko s’est comme Miles Davis entouré des meilleurs musiciens de la scène européenne pour une rythmique rajeunie: le pianiste Alexi Tuomarila et le batteur Olavi Louhivuori, tous deux Finlandeais, le guitariste Jakob Bro, découvert sur "Garden Of Eden" de Paul Motian et le bassiste Dave Anders Christensen pour la pulsation rythmique.

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C’est avec eux qu’il se produira ce soir et demain les mercredi 12 et jeudi 13 octobre au Cheval Blanc de Schiltigheim à 20 h 30.

Jean Daniel BURKHARDT