Kenny Garrett a commencé à se faire connaître dans les groupes de Miles Davis dans les années 90, il a depuis sorti une quinzaine d’albums sous son nom.

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Toujours avec son bonnet Tibétain sur la tête, et ses lunettes entre Dizzy Gillespie et Herbie Hancock, le saxophoniste Kenny Garrett arrive avec son groupe (piano, batterie, contrebasse, percussions) et commence par une envolée très rapide citant « It Might As Well Be Spring » qu’il avait joué avec Woody Shaw en 1986. Il joue un Jazz moderne, a un jeu Bop Parkerien par sa vitesse mais ouvert au funk et aux musiques modernes.

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Ses musiciens sont aussi fous et virtuoses que lui, notamment le pianiste Vernell Brown jouant de ses touches comme d’un vibraphone prolongé d’échos électriques avec quelque chose de Chucho Valdès (en concert le 10 août à La Petite Pierre), puis le bassiste Corcoran Holt à la Mingus « Haitian Fight Song » dans l’intensité, Kenny Garrett enchaîne avec le souvenir de Mingus s’éloignant en fanfare de Mariachis Mexicains sur Tijuana Moods. Marcus Baylor est à la Batterie et Rudy Bird aux Percussions. Chacun fera son petit show au cours du concert.

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Mais Kenny Garrett, son souffle repris, est aussi un excellent saxophoniste Coltranien (https://www.youtube.com/watch?v=nA4DLhWTrIw) qui a modernisé, funkysé, rockysé, poppisé son répertoire tout en gardant dans son solo l’intensité Free et spirituelle d’ Interstellar Space avec Rashied Ali! Comme Coltrane il joue aussi du saxophone soprano et s’est intéressé aux techniques asiatiques permises par cet instrument, comme à ses possibilités baroques.

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Il continue avec Wayne’s Thang, poussant le batteur jusqu’à l’extase.

Grand improvisateur, il intègre aussi le répertoire au moment où on s’y attendrait le moins dans ses solos comme «Monks’s Dream » dans un ralenti.

Egalement capable de jouer Caribéen, Kenny poursuivra en Gwoka (https://www.youtube.com/watch?v=_u2dhG4o3nc), a joué aussi avec le batteur Guadeloupéen de LIsa Simone Sonny Troupé et apparaît en guest sur son album « Voyages et rêves » et continue en Calypso à la Sonny Rollins (originaire de St Thomas dans Les Îles Vierges () dans « Brown Skin Girls » et termine même avec la version outre Mer de « Rosalie Rosalie » de notre Carlos national ! Le public, séduit se lève à la suite des jeunes bénévoles et se met à danser sur le devant de la scène!

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Enthousiasmé, Kenny Garrett finira avec un version Funk Hip Hop Instrumentale et Scattée de son premier succès «Happy People » sans la chanteuse de l’original sur l’album éponyme Jean Norris!

Mais comme il n’aime pas se répéter, ses reprises même de ses propres compositions ne ressemblent souvent pas aux originaux ! Il finira par rapper, scatter et haranguer le public!

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Kenny Garrett a un côté plus communicatif avec le public et moins mystique, moins concentré ou « dans sa bulle » que Steve Coleman, plus festif.

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Il terminera en Bis par UN BON QUART D’HEURE d’Improvisations mais AU PIANO sur des standards , et assez proche des originaux et sentimental, très "Nuit d'été britannique" dirait Kerouac (à propos de George Shearing dans "Sur La Route") ), très différent de son jeu au saxophone, comme s'il était un pianiste de bar laissé là pour les amoureux tandis que les serveurs nettoient les dernier verres, after hours! Mais j’avais dû prendre mon bus !

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Bref, Kenny Garrett fait penser à beaucoup de musiciens de Jazz disparus, tout en étant tout à fait dans l'air du temps, voire même en avance car regardant déjà vers l'avenir, le sien ou celui de la musique!

JEAN DANIEL BURKHARDT

PHOTOS Patrick Lambin