On connaissait déjà Julie Claden, chanteuse émouvante et son album « Behind The Line » sorti en 2008 (voir le compte rendu de concert ci après). Depuis, sa voix a mué, muté en Jewly, plus profonde et puissante, et a déjà à son actif une première partie de Florent Pagny à Troyes. Hier soir, elle sortait en Showcase privé (mais pour tout de même 400 personnes!) son nouvel EP (Extended Play) 6 titres « No Shoes » accompagnée d’un groupe répondant à ses influences Funk (Keziah Jones, Jamiroquai et Joss Stone) : Michel Ott aux claviers, Pilou Würzt à la basse, Yannick Eichert à guitare et Raphaël Schuler à la batterie.

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Dès la première chanson WOW !, la voix de Jewly monte plus haut dans l’aigu, GRROARRR ! Jewly’ON’ne rugit sur les riffs Rock avant et après le chant. Les pieds nus sans chaussures telle un indienne, elle ne fut pas trop suivie par le public dans la mode No Shoes (heureusement, j’avais renversé ma coupe de champagne en la cassant avant le concert!). Dans un tout autre registre, Art Blakey invitait aussi le public à enlever ses chaussures dans les clubs, quoique, ce furent Art Blakey et ses Black Messengers qui mirent à l’honneur le Jazz Funky dans les années 50s, dix ans avant James Brown, reprenant ce terme de l’insulte blanche raciste qu’il était à l’origine.

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Le groupe enchaîne sur « No Shoes », titre éponyme de l’album, un Rock Funky à la Keziah Jones à la rythmique forte rappelant « Big Bang » d’Enneri Blaka dans ses riffs (une amie de ce groupe qui prend les photos a d’ailleurs enlevé ses chaussures), mais quand même plus fin mélodiquement, quoique s’en rapprochant par la puissance vocale hallucinante, troublante qu’on ne lui connaissait pas, avec des vocalises presque indiennes sur les riffs funkys de la guitare à la Rock Progressif Yes/King Crimson. Jewly tombe à genoux dans son jean usé (peut-être lui n’a-t-il pas changé) contre la prétention et pour plus d’Humanité. Ses chansons sont inspirées par ses colères, ses expériences, ses émotions.

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Si la plupart des textes sont un anglais, le suivant, « 24 heures » est un Reggae en français de course folle (« Tu Cours, Tu Cours ») à débit rapide contre le temps (« Si J’avais Le Temps ») sur la basse de Pilou Würzt avec un côté Jamiroquai dans le fait de faire durer la voix sur le temps funky ou Keziah Jones dans « Rythm Is Love » contre le Métro (Tram ici)-Boulot Dodo qui fait de nous des robots. Jewly étend les bras comme les deux aiguilles crucifiées de la fatidique horloge.

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«D’autres n’ont pas/plus le temps », comme John et Suzy, couple qu’elle a rencontré : Suzy ayant pas mal vécu, John toxico qui s’en sort grâce à elle, jusqu’au cancer de Suzy... « Big John Big Suzy » est sur le EP mais en titre surprise, 6 sur 5, pas inscrit sur la pochette.

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« Il faut choisir » « Got To Be John, Got To Be Suzy » chanté d’une manière bouleversante, la chanson commence par des riffs très rythmiques accélérants puis ralentissant le tempo sous la voix rauque à la Janis Joplin, qui sont venus à Jewly sous la douche, puis retravaillés avec son clavier Michel Ott en riffs de cuivres synthétiques avant un solo de guitare Bluesy puis des riffs soutenant la voix, et avec le public pour le final tragique, en français : « tous les deux se sont éteints, elle mourut d’un cancer, lui, après l’a accompagnée jusqu’au bout », mais ensuite s’abîma dans la drogue... Suzy et John me font un peu penser à ce couple de hippies dans « Into The Wild ».

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Plus gaie ou combattive, « Interference », (« Arrête de me Juger ») (sur l’album) s’élève sur de profonds accords de Blues, puis des riffs Blufunk à la Keziah Jones de plus en plus rythmiques jusqu’au solo de guitare 70ies. La basse slappe, la guitare hennit et Jewly saute dans la foule, se tient derrière le poteau telle une sirène de proue qui refuserait d’en être la proie, de n’être que cette image pour voler le rôle de la femme pirate.

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[Le clip, à la hauteur de la chanson, est sorti en 2012: intéressant dans le début les alternances claviers/basse/guitare et des lumières urbaines colorées dans l'intro. Quand on voit Jewly, ça fait un peu révolution arabe, presque femme voilée mais peut-être que je me trompe et ce n'est qu un foulard, ou une perruque, ou vient juste du dehors avant le maquillage dans la loge. Un effet stroboscope alterne entre cheveux détachés dans l'ombre et maquillage dans la lumière.. Au loin, floue, une danseuse bebendum bleue danse contre une barre ;, filmée dansd un club de strip tease Berlinois. Il y a jolis les plans de la "beauty" Jewly sur fond de magma rouge, comme en fusion, même si pour des esprits plus publivores ça fait un peu Flower by Kenzo! avec Jewly tour r à tour Ange ou Démone. Dans les loges elle nous la joue perruque B Blonde avec la perruque au début, blonde bitch qui boit dans la rue, gardant à l'intérieur son vrai elle, brune Jewly'onne qui danse et saute sur le magma du monde et les bons riffs basse guitare, et bon final qui reprend un peu tout, et tout à la fin un son plus intérieur, comme si c'était elle qui chantait dans le bar berlinois à l'écran. C'est joli, et d'une provocation qui va bien avec le propos.|http://www.jewlymusic.com/2012-rock-n-blues-interference/]

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Reprenons le concert et la mer, c’est l’heure le temps pour la sirène pirate de revenir du solo du batteur Raph un peu afro latin grâce aux cowbells, puis elle enchaîne sur une chanson d’espoir en français (« Même si t’as touché le fond »), message déjà présent dans le premier album, soutenue par la rythmique P Funk presque à la Red Hot Chili Pepper, jusqu’à l’espoir de « Désormais t’y crois encore », avec l’intégrité de ne suivre que sa propre voie, qui a mené Julie à la nouvelle voix de Jewly.

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Après présentation des musiciens arrive « Tom » (qui ouvre l’EP), autre personnage, autre histoire bouleversante qui mériterait un film, que lui a inspiré sa parolière Mina Moutski qui l’a connu en Grèce. Irlandais, Tom a vu toute sa famille se faire assassiner : sa femme, son enfant et ses parents. Il est parti faire la guerre en Afrique, mais la mort n’a pas voulu de lui. Alors, ayant enfin trouvé la sérénité, il est parti en Grèce où il vit encore de son art, peintre et sculpteur.Les riffs font un peu « You Better STOP before you break my heart» de Sam Brown, décrivant l’enfer vécu par cet homme jusqu’à sa rédemption mais toujours avec une rythmique Funk/Rock à basse sinueuse et claviers colorés avec super solos claviers et guitare, puis parlé par Jewly et finalement rappé.

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Reprise à la Creedence Clearwater Revival avec Jewly chantant « Love My Soul » sur le riff Hendrixien (je l’ai déjà entendue chanter du Hendrix Wow !) de la guitare, puis la basse à la Miss You des Stones. Tiens ça me fait penser que tout cela fait très « Black & Blue » des Rolling Stones, leur album le plus funky, Reggae et Soul, à l’arrivée de Ron Wood, Funky sans les cuivres, du Blu Funk avant l’heure.

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Bis réclamé patr le public en ballade orientale sur le seul piano, « Behind The Lines », titre éponyme du premier album, mais toujours avec cette émotion supplémentaire de la nouvelle voix plus bouleversante, allant conquérir des aspérités plus rauques à la Patti Smith dans la version la plus féministe de « Gloria » sur Horses.

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Le dernier Bis, funky et oriental à la Jamiroquai et finissant en Reggae s’adresse autant à Jewly qui n’a plus envie de sortir de scène tant elle y est bien dans sa nouvelle identité artistique flamboyante qu’au public hypnotisé et charmé par la nouvelle Jewly! D’ailleurs la queue fut longue pour faire dédicacer son EP, que vous télécharger/acheter à prix libre sur son site.

Jean Daniel BURKHARDT