On l’attendait depuis des années, et ils n’en lâchaient toujours que la même chanson diphonique et indianisante sur scène lors de leurs trop rares concerts chez nous (qui est aussi chez eux, à la base, mais dont le succès les éloigne souvent), enfin il est sorti fin janvier : le dernier (deuxième après « Big Bang » en 2006) album du groupe ElectroFunk’N’Roll Enneri Blaka

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« Welcome To Pornocracy», à laquelle nous invite sur la pochette une magnifique Nubienne nue à coupe Afro funky, la peau bleutée comme un Na’vi d’Avatar par l’éclairage, brandissant de ses bras multiples de Vishnu de gauche à droite et de haut en bas un godemiché/micro, un revolver, décrochant un téléphone rose, faisant le change de l’or en billets et en prélevant une liasse, les deux dernières mains cherchant la sérénité du Chi, portant en pendentif le symbole du groupe, tandis que derrière elle s’élève au centre d’un mandala une boule de lumière spirituelle, qui l’englobe au verso, ayant trouvé la sérénité dans la position du lotus, détendue jusqu’aux cheveux en dreadlocks. Moi je voterais bien pour elle comme présidente de notre Pornocratie.

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Le personnel a un peu changé depuis le premier album : Si Matthieu Mary est toujours avec ses dreadlocks au chant, et maintenant au sitar (je crois savoir qu’il était en Inde depuis le premier album d’où peut-être Vishnu), Bruno Sporer et son look de métalleux à la guitare, Jeff Imbach au look plus FFF/funk/grunge Red Hot Chili Pepper/Primus (barbe de trois jours et bonnet), Patrick Wetterer aux claviers, Romain Pivard au saxophones, didgeridoo et chant diphonique mongol et Bastian Sluis à la batterie, mais Yeri-Gaspar Hummel aka U (également saxophoniste mais pas ici) est arrivé aux platines et claviers et Cédric Munsch à la trompette et au chant Ragga.

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« Melody’s Over » commence par un sample de vieux swing à la Caravan Palace les introduisant avec des samples de présentateur déjanté annonçant le show des politiquards de la pornocratie, bien enchaîné sur les cuivres funky et le rythme Electro Funk’N’Roll sur la bonne mélodie de la voix soutenue par les bons riffs funkys à la James Brown et solo à la Macéo entrecoupant le débit Hip Hop, calmant la cadence en dub pour repartir en Ethio Jazz pour le final. Wow !!

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Le son de « Blakablok » est plus ramassé, compressé vers la puissance de la guitare, avec des rappels de «Should I Stay Or Should I Go » et un vocal ragga de Cédric Munsch.

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Le côté plus souple, sinueux, sensuel, Cool’n’funky FFF est irrésistible entre guitare, cuivres et samples dans «Funky Stuff », le titre le plus long de l’album, digne de faire scintiller de tous ses facettes du Funk/Groove la boule disco au-dessus de la fille afro. On retrouve aussi avec plaisir le côté fusion Hancockien/Lonnie Listonien de Patrick Wetterer aux claviers passant du son saturé au son plus groovy sur une rythmique plus housy soutenant les vocaux à la Sly & The Family Stone, avec Maeva Heitz en funky soul sister et Jean-Marie Hummel et Liselotte Hamm en funky dans les choeurs (si ! si !) et finissant en fanfare New Orleans avec Guillaume Nuss au trombonne et sousaphone franchissant les Meters jusqu’à la Nouvelle Orléans.

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« Time Bomb » commence plus sombre et paranoïaque, voix dans l’aigu sur le clavier modifié entre cuivres et scratches, mais cette bombe à retardement est notre vie, où l’exploration mène à la méditation, suivi d’un chorusdébité par Mr E (Eli Finberg, Woodstock MC d’Art District) et les cuivres finissent par se ramasser en ska dub dans la dernière ligne sur une bonne imitation de Sarkozy face à un Suisse (Chirac appréciait déjà « Big Bang » comme « de la balle »).

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Dr. Ring Ding ajoute sa grrrrrÔsse voix ragga pour un fiah pur Jamaïcain citant le Random Salute à la Brigadier Jerry à « The Effect Of The Bullet” qui fait mouche entre les cuivres et le clavier électro avec le concours de Mr E.

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Autre complainte, « Monkey March » est très indianisant dans son intro et laissait présager sur scène d’alléchantes influences plus ethniques, un tempo plus détendu, du chant carnatique et un sitar Bollywood sur des claviers Série B à la Sacre Du Tympan sur lequel se pose une trompette Mariachi, et prêche pour la fin des dictateurs sur une batterie latine et des claviers serpentant hors du panier d’un fakir... et l’album sort alors que le vent de la Libération touche successivement Tunisie, Egypte, Lybie ? Yemen ? Iran ? Enneri Blaka serait-il prophète? Peut-être est-ce le pouvoir de leur nom qui vient des esprits de l'Afrique!

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« Quote Unquote » est une reprise de Mr Bungle (le groupe plus ethnique de Mike Patton de Faith No More) qui réjouira les fans de Rock/ Funk/ Fusion Alternatif plus récent et en effet les cuivres rappellent ceux de « King For a Day » dans le placement dans une rythmique puissante.

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«Enneri Blaka Part III » suit, comme « Enneri Blaka I et II » du didgeridoo à l’électro sur « Big Bang » le chemin de leur esprit mascotte de feu et d’eau sur le chemin des musiques traditionnelles originelles d’Inde, incarnées par le bourdon du sitar, le didgeridoo et l’authentique chant carnatique d’Audrey Prem-Kumar à la Lakshmi Shankar, puis la guitare-luth annonce le chant diphonique des steppes de Tuva de Romain Pivard sur une progression de beats ethniques de moins en moins lounge et des cuivres, tout cela conciliant ce qu’il reste des origines tribales intemporelles par-delà le présent jusqu’au futur stellaire.Tenir ainsi les deux côtés de la cordes est peut-être ce qui est le plus difficile aujourd’hui.

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« Mess Around » appelle les démons à foutre le bordel reprend le groove sur de bons vocaux soul, lead et chœurs ralentissant en dub.

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« Enneritual » invente gaiement son propre folklore et sa langue imaginaires sur une bonne basse vitaminant les samples dans une charge vocale, cavalerie passant du yodle au ragga, rituel éternel Ennerien sur les cuivres sur les riffs guitare de « You Really Got Me » des Kinks. Comment font-ils ? Il faudrait être Enneri Blakien pour comprendre mais ça dépote, mais « y’a pas d’truc », explique-t-ils à une mémé qui trouve ça amusant.

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« The Backroom » ouvre la chambre arrière des tractations colorées de la Pornocratie sur de bons cuivres à la Motown/Marvin Gaye avec un bon solo de claviers groovy et de bons chœurs sur une bonne contrebasse jazzy de Marco Schmit.

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L’espoir en ce monde troublé viendra peut-être de la Révolution (symbole d’Evolution dans la Nature Humaine pour Enneri Blaka) 1789, d’un adieu radical à Babylon sur le chemin du chant diphonique et des sorciers chamaniques de Tuva pour libérer tous les frères emprisonnés.

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Entre émotion et rage, ferveur mystique des éléments déchaînés et révolte contre la morale qu’on nous impose, Enneri Blaka a relevé le défi musical du premier album avec de nouvelles collaborations, un nouveau répertoire, et en allant chercher plus loin encore dans les traditions du monde et dans sa modernité leur propre style toujours inimitable. On attend avec impatience de les revoir sur scène le 1er avril, et ils seront mes invités dans « Jazzology » le 31 mars à 21 h sur Radio Judaïca !!!!

Jean Daniel BURKHARDT

LIVE & DJS CETTE SEMAINE DANS VOS SALLES:

Deux apéros concerts à http://soundcloud.com/oskar-hk ce week-end: Aujourd'hui vendredi 25 février à 19 h pour 3 €:

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-Jubil (Kraut Noise)

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& Ntwin (Trash)

Puis pour 2 € jusqu'à une heure au Mudd Club, comme chaque dernier Vendredi du mois, vous pourrez entendre DJ Suspect

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Demain Samedi 26 à 18 h à Stimultania pour 3 €:

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-Concert Folk Gospel Glam de Two Fawning de Portland (Oregon)

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-suivis d'un Ciné Concert du film "Baby Boy Frankie" sur la musique du groupe punk SZ

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Au Mudd Club, pour 3 €, vous pourrez entendre le DJ Oskar jusqu'à une heure du matin,

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Et jusqu'à 4 heures, ENTREE GRATUITE, Tal Stef invite le DJ Allemand Sharokh Dini pour le meilleur de la nu disco, house, minimal & deep electro in town!

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Enfin, DERNIER SCOOOP, mais non des moindres: Vendredi 4 MARS, le grand Mulatu Astatké, vibraphoniste père de l'Ethio Jazz & Groove qu'on a pu entendre dans la Bo de "Broken Flowers" de Jarmush sera en concert à la Salamandre!!!!!! Pour l'occasion, je consacrerai mon émission Terres Tribales de Lundi 28 Février à 11 h à ses enregistrements!

Jean Daniel BURKHARDT