Ozma est une formation locale dédiée à ce qu’ils appellent « le Jazz Funkamétrique », substance « Ozmique » faite de Jazz, de Funk, de Rock et d’incursions dans les musiques traditionnelles, qui serait une merveilleuse bande-son à des poursuites en Taxi jaune New-Yorkais, symbole de leur premier album

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Après un premier album en 2005, ils ont remporté en 2006 le premier prix au Tremplin Jazz de la Défense, puis sont partis en tournée, en Europe, au Burkina Faso en 2008, et reviennent d’Inde, ont sorti un album Live et vont en sortir un troisième, avant de partir au Brésil!

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Le tromboniste Guillaume Nuss a fait ses classes dans le Big Band de Bischeim (le plus proche de la musique de Count Basie), et va bientôt être remplacé, trop occupé, le batteur Stéphane Scharlé anime « Les Mercredis Du Live », où il invite des musiciens à jouer avec lui au Café Des Anges, le saxophoniste David Florsch a fait les belles nuits des Jams de La Grotte, Adrien Dennefeld était déjà venu dans cette salle avec l’Aleph Quartet et Edouard Séro-Guillaume est à la basse électrique. C’est dire s’ils sont actifs localement ET ont une ubiquité internationale.

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Si on n’était pas tombé sur une blague absurde de restaurant Chinois où l’on mange avec des fouchettes, des autocollants du groupe disposés par David Florsch sur chaque chaise proposaient au verso la « Playlist » (sous réserve). J’avoue avoir triché en échangeant pour les besoins de cet article…

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Le concert commence avec « Sisor Narbu », avec un trombone assourdi sans être bouché de Guillaume Nuss en souffle de ballade et un solo de saxophone de David Florsch citant « It Ain’t Necessarily So », qui soudain attaquent sur le groove de l’orchestre par des riffs entêtants. Fausse alerte. Mais le saxophone part en échappée sur la rythmique pour un solo en stop time sur la batterie broken beat. On voit déjà leur maîtrise du groove et de la mesure, des surprises et de l’intensité musicale.

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Dans le même style, Adrien Dennefeld proposa « Vent De Terre », évocation d’un vent de marée mais venant, à l’inverse, de la Terre ferme, avec des souffles de trombone inquiètants, des douceurs puis soudains une tempête balkanique.

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« Jade » est un morceau plus ancien, avec David Florsch au soprano, aux unissons sax/trombone presque tziganes dignes de fanfares Balkaniques sur la frappe plus souple de la batterie, puis un soprano aux accents classiques, à la maîtrise à la Steve Lacy, avant de revenir aux magnifiques fonds sonores avec le trombone, puis de refaire souffler la tempête venue des Balkans.

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Toujours issue de leurs voyages, on aura appris avec leur « Vilnusian Dance » que Vilnus est aussi une jolie ville, pas seulement tristement célèbre pour un procès retentissant.

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Côté Rock, «Voïk» était un titre plutôt calme annoncé au goût des fans de Radiohead.

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On aura pu suivre une journée de «Nana Bozo», lapin des villes inventé par Stéphane Scharlé, des taxiphonies du petit matin par les cuivres à la paix du soir sur le groove, puis subir une empoignade avec « Prise Triviale»…Le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils savent choisir leurs titres, à la fois évocateurs, humoristiques et énigmatiques, gardant leur mystère.

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Le bassiste Edouard Séro-Guillaume, discret mais d’un groove efficace et constant, eut son moment de gloire vocale avec « Blah », extraordinaire baragouin entre mots incompréhensibles, scat inspiré, fredonnement musical jouissif et beatbox rythmique cool, étrange mais passionnant.

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Il faut dire que le public, de leurs amis pour certains, n’avait pas forcément suivi leurs lointaines pérégrinations scéniques, le succès les ayant emmené loin de notre région.

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Mais pas chiens, ils acceptèrent de jouer en bis le titre le plus varié du premier album, « 7 Jewels » (que je me permis de réclamer, étant marqué sur la Playlist), débutant plus rapidement que sur le premier album (le second contient une version Live) par des cuivres taxiphonant comme des taxis jaunes dans les embouteillages New-Yorkais, puis, s’envolant en unissons riffés superbes portés par une basse carrément groove et une guitare funky, avant un break et la surprise terrifiante digne de la BO provoquant « Les Derniers jours de Laura Palmer » de David Lynch d’un énôrme break trash de la guitare, un délice de headbanger si on avait pu danser, où se pose un solo de saxophone surpuissant arrivant SANS EFFETS de pédales à un son digne de Michael Brecker ou Eddie Harris avec l’électricité! Un break en faux silence, puis le solo de trombone et re-funk groove final.

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Autre revendication d’une de leurs amies, ils finirent par « Endinng The Beguine » (détournement de « Begin The Beguine »), ou en effet, il faut attendre celle-ci, d’abord déjouée, décomposée par les mélodies du saxophone et du trombone jusqu’à ce qu’elle prenne forme rythmiquement, mais c’est peut-être plus jouissif encore que de la voir apparaître non comme un présupposé mais naître à nos oreilles à partir de ces improvisations libres.

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Bref, le groupe Ozma a fait une belle preuve de son Groove, son Funk et son Rock, ses Musiques Trads, sa cohésion de jeu et ses qualités de composition. On attend la suite avec le troisième album à paraître.

Jean Daniel BURKHARDT