Vendredi 10 juin il y avait aussi invités par Winston Smith résident de « Shake Your Groove Thing » au Fat Black Pussycat HARRY CALLAHAN & PHIL ROCK de Rocafort Records, né en 2013 avec un 45 tours de boogaloo. Formé par deux cousins basés entre Lausanne et Barcelone, ce label de musique indépendant est dédié à éditer et rééditer des morceaux passés inaperçus ou qui ne virent tout simplement jamais la lumière du jour. Des morceaux de Funk, Soul, Rhythm & Blues et Boogaloo provenant du Spanish Harlem de New-York aux rues de Bamako pressés sur vinyle pour le bonheur des danseurs et des DJ’s. Harry Callahan vit à Barcelone. Il est résident et programmateur au Marula Café, le club barcelonais de Black musique par excellence. Phil Rock vit à Lausanne. Il est co-fondateur du Holy Groove Festival dédié à la Black Music.

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Ayant déjà Fulgeance trois fois, je suis donc allé au Fat Black me replonger dans le vieux boogaloo !

Le boogaloo c’est le funk latino new yorkais juste avant la salsa dans les années 60s. A l’entendre je me dis que par rapport aux originaux de Son et Boléro cubain des années 40s, les vocaux des chœurs en espagnol sont remplacés et joués par des trompettes suraiguës assistées de saxos hurlants Rythm’N’Blues sur des rythmiques puis Deep Funk avec une touche Latine.

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Ils jouent aussi de la rumba Africaine rééditée sous la compile « Africa Gone Funkee ». En tous cas cette musique vit dérape, hurle, éclabousse de cris et d’instrus sauvages sur un assemblage de voix à l’ancienne, le tout construisant progressivement la mélodie.

J’ai même cru reconnaître la rythmique originale basse batterie de la « Suzette » de Dany Brillant dans un « Hey Hey Hallelujah » (mais plus festif que religieux depuis que Ray Charles avait mêlé gospel sacré et rythm’n’blues profane) ou celle de « Purple Rain » de Prince montré ce soir mardi 14 juin à la Splitmix au Star!

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Une chanson suit l’autre, les mélodies parfois se ressemblent à partir du Blues noir comme « Baby Please Don’t Go » de Muddy Waters à « I Love The Way You Walk (Dimples) » de John Lee Hooker passé dans le Rythm’n’ blues au Rock blanc par La Grange ZZ Top ou le Funk Noir ou la Suzy Q des fermier blancs des Creedence Revival, cette répétition hypnotique la rend d’autant plus addictive.



Dans les vocaux sauvages à la « I Owe Moo Ayo », on retrouve l’Afrique passée à Cuba par la pratique du Guaguanco que les esclaves noirs laissés entre Yorubas et réunis en cabildos (sociétés d’entraide) pouvaient pratiquer, contrairement aux Etats-Unis où toutes culture Africaine était réprimée.

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Winston Smith pose aussi une perle méconnue sur trois comme « Il y a bien trop de filles » de Sacha Distel en mode Samba funky en 1971, un peu à la Nino Ferrer (mais chanté de manière moins parodique et plus Jazz).

Il y eut aussi de la Bomba Portoricaine venue de l’isthme latin à quelques encablures de New York et deux 45 tours de la Reine de la Cuban Soul La Lupe reconnaissable à ses cris « AAAAAAh IIIIIII » dans une salsa et même une samba.

Ils n’oublièrent pas le funk de James Brown hurlant qu’il est « Super Bad » comme un bête sur une basse funky et des cuivres.

Les Soul Ladies furent présentes aussi comme l’original Funky de « Tainted Love » d’Ed Cobb repris après Gloria Jones en 1965 par Ruth Swann en 1974 qui précédèrent la version New Wave de Soft Cell qui les éclipsa en 1981 et nous la font entendre autrement.

Ils passèrent aussi un track Jazz que Gilles Peterson (à CONTRETEMPS le Vendredi 14 juin au Roc en Stock 25 rue du Maréchal Lefèbvre) avait sélectionné pour ses « Incredible Sounds » : « Who’s Afraid Of Virginia Woolf ?»n Part 2 de Jimmy Smith

Winston Smith, qui organise aussi les « Soul’N’Skapéromix » (prochaine le 21 juin) nous emmena aussi vers la version Ska Jamaicaine « Bluebeat » du Rythm’N’Blues avec un Prince Buster.

Et juste avant la fermeture un dernier « My Boy Lollypop » de Millie Small!

Jean Daniel BURKHARDT