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Animateur de radio bénévole depuis 7 ans sur Radio Judaïca STRASBOURG de deux émissions de jazz et musiques traditionnelles où je présente les concerts en région, après des études de lettres menées jusqu'à un DEA, je n'ai cependant jamais trouvé d'emploi correspondant à ma culture tant littéraire que musicale et à mes capacités rédactionnelles pourtant polyvalentes car souvent considéré comme sur diplômé et sous expérimenté. Par ce blog, je désirerais échanger avec d'autres dans le même cas nos expériences personnelles de sorte à nous enrichir mutuellement d'idées auxquelles nous n'aurions pas pensé nous-mêmes.

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ELECTRO

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mercredi, juin 27 2007

CONTRETEMPS: BEN G et BONOBO à La Laiterie

La grande soirée du Festival présentait les "Contretemps All Stars" à La Laiterie de 23 h à l'aube le samedi 9 juin: au programme, Ben G de Strasbourg, puis Bonobo (Londres), Château Flight (Techno Detroit, Paris) et Megablast (Sound system deVienne avec le MC Big John) dans la grande salle, Pascal Brockly en live (New Wave, Strasbourg), Erik Rug (un des pionniers de la House française), enfin Jeff Lieb et Miss Tricky (Strasbourg).

ben_g.jpg Le set de Ben G (originaire de Metz et membre de "right on FM") fut pour moi la première bonne surprise de la soirée: mêlant rythmiques cubaine (la clave) et brésilienne (batucada, samba) pour un fond sonore intéressant et faisant évoluer un mélange de Funk, Disco, Voix Soul ou enfantines, ou de sons plus inquiétants à base de synthés électroniques. Mais l'impression générale laissée par la fusion de ces éléments lointains ou hétéroclites qui n'auraient jamais pu se rencontrer ailleurs que dans les samples mixés d'un DJ est quand même pleine d'espoir: cette musique, née de l'alliance et des dosages subtils de ces éléments étrangers les uns aux autres, se rejoignant dans la symphonie cosmopolite d'une transe globale et mondiale où les choeurs d'enfants d'Afrique accompagneraient le funk des anciens esclaves afro- américains sur les rythmes de leurs cousins caraïbes, réconciliant enfin ce qui n'aurait jamais dû être séparé, mais chacun apportant les richesses trouvées au-delà des mers en offrande à cette oeuvre globale en une discothèque mondiale pas si loin finalement d'un esprit Peace & Love respectueux de ces traditions. En effet, on leur laissait leurs tambours à Cuba où au Brésil et on ne séparait pas les ethnies, contrairement aux Etats-Unis, d'où une certaine survie de ces traditions venues d'Afrique dans ces musiques par le Guaguanco à Cuba et le Candomblé au Brésil, chants sacrés des esclaves appris par tradition orale de génération en génération, s'éloigna peu à peu des langues africaines jusqu'à devenir incompréhensibles.

Bonobo, originaire de Londres, producteur du label Ninja Tune, fut l'autre bonne surprise de la soirée. Déjà ses disques (3 sortis à ce jour) ont des qualités mélodiques rares dans la musique électronique actuelle: il y joue de plusieurs instruments (guitare, basse et fender rhodes) avec des invités au saxophone ou à la flûte, enregistrés dans les conditions du direct puis retouchés par ordinateur. On y trouve aussi des chants pygmées ou des chanteuses aux voix à la fois soul et acidulées comme celles qu'on a pu entendre dans les premiers "Massive Attack" (dans le dernier disque Bajka Putlatsch). De plus, les compositions sont vraiment intéressantes et agréables à écouter, pas du tout agressives, avec des influences traditionnelles indiennes (d'Inde) ou asiatiques, des éléments Funk, Soul, Afro Beat ponctués de solos Jazzys qui vont bien ensemble et font de chaque titre un voyage relaxant vers des contrées imaginaires. A propos les "bonobos" sont des singes que l'on ne trouve plus qu'en Afrique et seraient les plus proches de l'homme génétiquement, à 99%. Les pieds dansent sur des rythmes, la tête plane dans les étoiles, l'esprit explore de nouvelles contrées en essayant de les deviner, aux origines parfois mélangées, traçant des lignes imaginaires entre des pays, des culures qui ne se sont jamais rencontrées à cause de leur éloignement géographique... Il y a des instrumentaux aussi, plus "ambient", planants, où l'on se croirait dans la jungle entre Bali et l'Amazonie dans un hamac. Bonobo_001 Evidemment, en Live, il n'utilise que ses platines, mais là encore se mêlent éléments naturels trafiqués de mouettes rieuses et technologie moderne dans les beats. Une voix soul trafiquée peut redevenir ethnique, ou inversement une chanteuse de Jazz comme Anita O' Day dans "Four Brothers" partir dans un ethno scat qui n'existe pas dans l'original. Les instruments se perdent dans un flot atmosphérique aux voix célestes. Sur un thème de Salsa connu, "I Like It Like That", la voix est décomposée, puis replacée par rapport au solo de piano à la fois rythmiquement obsédant et libre comme soliste, qu'il faut attendre très longtemps dans un morceau de salsa pour entendre, souvent noyé dans les cuivres, ici on en profite tout le long, isolé avec la voix.



Il y avait aussi les VJ Selectop et Cycle de "Studiometis Crew" (Paris) en fond visuel. Les VJ sont aux images animées ce que les DJ sont aux sons. J'ai reconnu avec plaisir les images de "Zabriskie Point", film hippie d'Antonioni réalisé après "Blow Up" plus Swinnging London. Puis des images peut-être locales de jardins et d'enfants, peut-être la fête organisée aux Jardin Des Deux Rives pour l'arrivée du TGV? Une jeune fille Place De La République?, des mots aussi, répétitifs, en lettres capitales, comme dans certains films de Jean Luc Godard, entre parodie culturelle et messages subliminaux... Mais la véritable interaction entre musique et images est encore à faire, hélas, ou peut-être à réliser par une seule et même personne, ou issu d'une véritable collaboration entre les artistes.

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Jean Daniel BURKHARDT

mercredi, juin 20 2007

CONTRETEMPS: SWEETIEYEP & CLARA HILL LIVE POUR UNE BERLIN SOUL EXPLOSION

Le Jeudi 7 septembre, dans une soirée "Berlin Soul Explosion" le Festival Electrogroove Contretemps invitait la DJ "Sweetieyep", "note féminine de la Radio Right On FM à Metz et sur www.righton.fm.com", pour une sélection Soul Funk Hip Hop en introduction à la chanteuse nu soul allemande Clara Hill. Cet étrange surnom viendrait, d'après l'intéressée, du fait qu'elle est plutôt gentille et douce (sweetie) mais qu'il ne faut pas l'embêter, et qu'au téléphone, elle préfère répondre "yep!" plutôt qu'"allô". sweetieyep.jpg Suivit la chanteuse nu soul allemande de Berlin Clara Hill et son groupe, qui a sorti en 2006 son second album "All I Can Provide", issu de collaborations musicales avec des producteurs comme King Britt, Vikter Duplaix ou Jazzanova dans des émotions variées allant de ballades Jazzy plus ou moins trafiquées électroniquement (j'ai un faible pour pour "Wake Up", avec Slope avec le seul soutien d'une guitare, où sa voix est le mieux mise en dans avec toute sa profondeur) et chansons engagées aux ambiances plus sombres, voire violentes servies par des beats futuristes ("comme "Hard To Say", avec le même Slope) organisées sous une forme évoquant une sorte de journal intime sentimental de ses émotions entre joie d'être amoureuse, déception sentimentale, dépendance affective de l'autre à sens unique, souffrance de la solitude en cas d'absence ou soudain regain d'espoir: une belle palettes d'émotions féminines. Clara_Album.jpg Mais ici, c'était avec un groupe live qu'elle se produisit, accompagnée par un fender rhodes atmosphérique, une basse funky et une batterie entre finesse et violence. Passée la première sensation de froideur germanique, on a pu apprécier ses efforts pour dinamiser un public respectueux mais un peu tiède au début du concerts en dansant de son long corps longiligne sur la scène et par les diverses émotions de son chant selon ses chansons, ou se tapissant dans l'ombre recroquevillée sur elle-même. On ne peut nier le charme certain de sa présence scènique et d'un certain mystère au charme hypnotique entre pudeur rentrée et soudaine extériorisation de ses sentiments. clara_danse.jpg Musicalement, le plus surprenant pour moi était peut-être pour moi un instrument posé sur le fender rhodes, que j'étais peut-être le seul à ne pas connaître, étant peu au fait des dernières innovation techniques en terme d'innovations électro-accoustiques: cela ressemblait d'en haut un peu à une cymbale ronde ou soucoupe volante dans une sorte de boîte, et Miss Clara Hill ou son clavièriste en tiraient des sons de chocs spatiaux dignes de la "Guerre des Etoiles" et de ses combats entre vaisseaux à coups de rayons lasers, ou plus percussifs au niveau du bouton central. On pouvait en tirer des sonorités variées selon le point de contact et leur durée. J'eus l'impression que même le simple rapprochement d'une main de cet instrument le faisait réagir par des sons évoquant des ondes atmosphériques comme le ferait un thérémin, instrument russe à base d'ondes selon le rapprochement/éloignement des mains ou de tout objet environnant. Cet instrument ayant piqué ma curiosité, je suis ouvert à toute proposition pour en apprendre plus sur lui ou sur son nom sous forme de commentaire... clara_micro.jpg Jean Daniel BURKHARDT

SOUND (vocal) CLASH! BROKEN (scat) BEAT (conga) BOOGIE

Le "Broken Beat" est, dans les musiques électroniques, à la fois celle faisant le plus de place à des insertions funk ou Soul, réactualisées par des beats et syncopes futuristes, mais peut aussi intégrer des muisiciens(nes) en live, comme le prouva cette soirée du Samedi 2 juin à la Grotte, récemment redécorée (en fait "retournée en quinconce", l'espace "café" avec tables et chaises, prenant la place de l'espace scène côté bar et rue où l'on peut assister aux concerts debout, l'espace scène, séparé par un rideau, prenant sa place mais en quinconce, puisque les coulisses et la scène donnent dorénavant côté toilettes et non plus côté mur).

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Tout d'abord, avant la soirée, on aura pu entr'apercevoir entre les plis du rideau, un set de congas. Puis Steven J, à la fois bassiste de Jazz dans le groupe de Jazz Manouche d'Engé Helmstetter et DJ membre du duo "Steppah Huntah", déjà programmé par Gilles Peterson dans une de ses soirées, et dont on a pu découvrir sur le CD du festival le dernier Maxi au rythme disco"Walk That Way", ouvrit le bal avec une sélection funk soul, accompagné en effet d'un percussionniste aux congas, avec un très bel effet de ralentissement percussif à la fin d'un titre.

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Suivit "L'Aroye", n'hésitant pas glisser une perle soul entre deux tracks "broken, dans le set duquel s'immisca la jeune chanteuse funk soul "Moon", entendue l'an dernier avec ses "Funky Satellites" aux "Pelouses Electroniques" du Festival, répondant en écho à la chanteuse du disque. De son vrai nom Luna, elle semble avoir un Janus de deux visages en un: Si Luna, souriante et solaire, souvent ornée d'un chapeau rabattu sur l'oreille et dansant dans les soirées funk soul est une véritable invitation à la vie, sa part obscure (Dark Side, pour reprendre un titre de Pink Floyd) Moon est un personnage plus mystérieux et sombre, l'oeil barré en corsaire d'une mèche de cheveu rebelle et la main souvent ornée d'une mitaine ou d'un bas résille selon la saison et son humeur, le tout avec un sacré caractère. Mais Luna-Moon cohabitent en un ensemble charmant et intriguant à la fois.



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Enfin, pendant le set de Pablo Valentino, bien connu des danseurs(euses) funk du regretté "Café Des Anges" dans les années 2000s pour ses programmations Funk Soul, Latines et Broken, permit une dernière surprise live, la plus importante, parce que l'émotion en était partagée par sa principale intéressée. Une certaine Isabelle, qui avait toujours voulu chanter sans sauter le pas, monta sur scène, et garda le micro, partant direct en scat, nous gratifiant de ses "Green Notes". Cette expression américaine s'appliquerait, d'après le saxophoniste Néo Hard Bop Ricky Ford, à la première note encore "verte" qu'un débutant souffle dans un saxophone, ou à un vieil homme ayant gardé cette verdeur de l'enfance dans son art. Lors de ce concert à Pôle Sud, une spectatrice voulut lui faire un compliment en lui lançant un "like you", qu'il reporta avec un sourire vers son pianiste Kirk Lightsey, âgé de plus de 80s ans...

Jean Daniel BURKHARDT

P.S. La musique du duo Steppah Huntah et de Moon & Her Funky Satellites est consultable sur leurs pages "My Space" respectives. Des photos de cette soirée prises sur le vif (y compris de Moon et Isabelle sur scène) sont disponibles dans la galerie du site "Contretemps 04" par soirées, et Steven J et Pablo Valentino seront à nouveau à la Grotte samedi 23 juin pour une soirée "Plage" à laquelle un collier de fleurs sera offert aux 20 premiers arrivants.

lundi, juin 4 2007

Des Picture Discs Au Plastiqmix, Exposition à Avila Coiffeurs, Strasbourg

Vendredi soir, on a pu assister au lancement du 4 ème Festival Electro Groove CONTRETEMPS à Strasbourg. En guise d'apéritif, le vernissage d'une exposition chez Avila Coiffeur, de peintures et sculptures aux supports originaux et peu coûteux par le collectif "PLASTIQMIX" de Lyon sur... de vieux disques vinyls plantés aux murs par des clous. saturne.gif Les collectionneurs de disques de Jazz se souviendront peut-être que dans les années 30s à 50s, des "picture discs" étaient commercialisés, aujourd'hui rares et chers: une face peinte permettait à un artiste de s'exprimer dans un style à la Mucha, ou un message publicitaire, l'autre restait enregistrée. cependant la qualité sonore et la conserrvation de ces "picture discs" reste à désirer: on a pu entendre réédités en CDs ceux du pianiste français Henri Renaud avec des craquements dignes des 78 tours pour la firme "Saturne". Donc de beaux objets très esthétiques pour l'oeil, mais loin de répondre vraiment à l'oeuvre d'art totale alliant le plaisir tant visuel que sonore . De plus le sujet de la peinture a souvent peu de rapport avec le musicien enregistré au verso. Dans les années 60s, des pictures discs représentant les figures du mouvement Yé Yé sont aujourd'hui des pièces de collections. picture_disc.bmp Dans les musiques actuelles, les DJs sont certainement les plus créatifs des utilisateurs de disques vinyls et ouvrir un festival d'Electro Groove à Strasbourg (Contretemps du 1er au 21 juin) allait donc de soi. L'exposition présente des oeuvres esthétiquement plus ou moins intéressantes selon les artistes, d'inspiration picturale allant de Botticelli (La Vénus sortant des eaux) ou quelque Vierge naïve aux yeux clos arborant l'étiquette du 45 tours: Bob Marley & The Wailers!, à un saxophoniste (Charlie Parker, John Coltrane, Archie Shepp ou Rahsaan Roland Kirk?), à Féla Kuti , aux motifs 70ies pour un oeil digne d'avoir connu l'âge d'or d'Haight Ashbury Streets à San Francisco, portant en bordure la mention manuscrite "liberté et amour", ou mignon, comme ce bebé entouré de phrases enfantines au typex (moi mon papy il a un i'pod tout gros mais il faut le remonter tout le temps et mettre des bandes, et encore même là ça marche pas toujours) décrivant un magnétophone à bandes, au Graf, au message musical, politique ou personnel en 33 t envoyable par la poste ("Je Te Plak", pourquoi pas, une amie de mes amis travaille à Berlin dans une entreprise spécialisée dans les Lettres de ruptures personnalisées et sur commande, évolution "trash" du service à la personne!). On pouvait y regretter parfois que dans ce recyclage, le disque devienne inutilisable. D'un autre côté peindriez-vous votre disque préféré? Quelques exceptions cependant dans les sculptures en relief: "La Boom", oeuvre de Beneditto Bufalino, vous permettra d'écouter le 45 tours du film avec Sophie Marceau tout en voyant la sculpture, une mini boule à facettes, se refléter sur les murs de la pièce! Trip kitschissime garanti, je n'ai pas essayé!

Et si l'oeuvre d'art totale était symboliquement ce "Trakabs" anonyme: sur le 33 t est sculpté un arbre noueux en miniature, organique, aux branches duquel pendent sa généalogie technologique? le centre d'une bande magnétique, une antique cassette audio de couleur rouge vif comme seules les années 70s en osaient (un support dont la disparition inévitable me rend nostalgique et inconsolable), un CD, un mini ampli en guise de bafflette, la molette d'une souris pour le MP3 et un MD qui a remplacé la disquette.

Toutes ses oeuvres "PLASTIQMIX" de l'atelier Mastiq sont la propriété de leurs auteurs, mais peuvent être consultées en tapant "PLASTIQMIX", et vues et même achetées à Avila Coifures, 69 rue des Grandes Arcades à Strasbourg, jusqu'à la fin du mois.

vendredi, mai 25 2007

Musiques électroniques et Musiques vivantes, enfin! La solution pour les musiques vivantes?

Smoove, invité par les Badass Funkstarz vendredi à la Laiterie, est un des DJs fondateurs de l'Acid Jazz sur le label du même nom, qui mixe Acid Jazz aux versions rares, rythmes percussifs et voix diverses avec la sienne propre avec un réel talent d'arrangeur. "Revolution" est son remix de l'excellent chanteur Soul Gil Scott Héron, qui chantait "The Revolution Won't Be Televised" (pour dire aux gens de se bouger au lieu de se laisser prendre par la passivité de la société du spectacle qui n'a commercialement aucun intérêt politique à la révolution), qui chez SMOOVE devient "The Revolution WILL BE Televised, advertised, with You playing Brad Pitt or Brad Pitt playing you, or You playing Brad Pitt playing You, and George W Bush as himself. The Revolution will come to you kept by CDs, DVDs &mails to your mobile phones. The Revolution will be Hard, brothers! The Revolution will be Aaaaddveertiiised".

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Mais le meilleur pour moi, c'était un saxo de Mulhouse, Maxime, qui est le premier que j'ai vu JOUER AVEC des DJs, dont Smoove au pied levé, s'adaptant à toutes les musiques, IMPROVISANT, se coulant dans des tempos reggae, funk, jazz, électro, hip hop ou techno, et qui joue aussi bien dans des groupes de jazz que des fanfares, et fait de l'électro depuis longtemps avec le collectif Kira Néris (sur le net, sur "bajorland", sur myspace.com).

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Et si les musiciens live pouvaient jouer AVEC les DJ ou plutôt les DJ avec les musiciens live, parce que je pense que le problème viendrait plutôt d'eux: chaque fois que j'ai vu "Jamazar" (un flûtiste qui fait des tentatives dans ce sens à La Salamandre), sa petite flûte traversière faiblement amplifiée était noyée par les énôôôrmes amplis des DJ. S'ils doivent jouer ENSEMBLE, alors c'est à égalité de décibels, à la loyale, utilisant les mêmes armes. Pour moi un musicien live a toujours été plus intéressant musicalement qu'un DJ par sa formation, son apprentissage, son son qui est lui-même, mais sa culture musicale n'est pas exhaustive, son jeu toujours conditionné par son instrument quel qu'il soit et ses capacités seulement humaines, et il ne peut copier à l'identique ou ce peut être frustrant pour sa propre créativité dans la formation de son style personnel, qui est pour lui une priorité. D'autre part les grands musiciens ne sont pas immortels. Personne ne pourra plus JAMAIS jouer en live avec James Brown. Alors les DJ pourraient être une sorte de MEMOIRE DISCOGRAPHIQUE VIVANTE du passé, qu'ils remettent au goût du jour des musiques oubliées en les modernisant par leur propre touch(e), vers l'avenir électronique. Alors oui, un saxo peut jouer VIRTUELLEMENT avec James Brown sur les platines d'un DJ, s'il s'habitue à improviser de cette façon, qui n'est je pense pas aussi interactive qu'avec un groupe qui le suit et lui répond, quoique finalement pourquoi pas, en travaillant en aval, mais en tous cas exige une autre forme de mise en place par rapport au morceau qui est ce qu'il est, ou ce que le DJ en FAIT. Alors oui, les DJ sont des percussionnistes, des chefs d'orchestres mutants, potentiellement dépositaires de toutes les musiques du monde pour tant qu'ils s'en donnent la peine. Alors oui, la musique vivante ET la musique électronique doivent s'allier pour continuer à faire vivre ce qu'eux seuls peuvent faire et que rien ne remplacera: la culture et la créativité musicales, contre les musiques amnésiques, incultes, commerciales, contre la mondialisation qui ferait qu'on nait plus que des ballades sirupeuses, des Star'Acs, de la musique de supermarché et de la muzzak à tous les étages (comme décrit par David Toop) partout dans le monde. Bref il y a de l'espoir pour tant qu'on lutte.

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Jean Daniel

Réflexions sur les musiques électroniques (1)

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J'ai évolué sur la question ces derniers temps en partant de loin. Avant de voir DJ Olive et Jeff Lieb un soir à l'Elastic un soir, je n'étais très sincèrement pas loin de penser que la musique électronique était L'ENNEMIE dans ma lutte pour les musiques vivantes, les ayant remplacé dans l'esprit du public en leur volant leurs moyens publicitaires et promotionnels. Pour moi il y a deux aspects très différents du Deejaying à ne pas confondre: d'une part, mettre des morceaux de musique soit à la demande du public soit dans un certain style, soit selon son envie pour faire danser les gens, sans trop les modifier. Ce serait l'aspect culturel, pas très éloigné du travail du Disc Jockey à l'origine dans les radios, et du mien dans mes émissions, avec la danse en moins et les explications culturelles que j'essaie toujours de donner en plus pour moi. Les Badass Funkstarz en sont un bon exemple pour le Funk Soul Break'N'Beat, ce dernier aspect rythmique remettant parfois les morceaux au goût du jour, ou d'autres modifications mineures de tempos, d'échos, ou effets dubs. Ils pourraient aussi faire des rencontres inattendues en mixant entre les deux platines: des chants esquimaux avec de la salsa, pour deux cultures très éloignées et ne s'étant jamais rencontrées.

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Et si les Dj étaient en quelque sorte les mémoires musicales vivantes comme dans un roman d'anticipation de Ray Bradbury adapté par Truffaut "Fahrenheit 451", où, dans une société futuriste où les livres sont brûlés à cette température, les "rebelles" apprennent des livres par cœur pour pouvoir les répéter, les réciter ensuite à d'autres, bref les faire vivre à travers eux.

Les DJ pourraient assumer ce rôle musicalement, dans notre monde où toute la musique tend à être amnésique et inculte, commerciale, sirupeuse et formatée en série selon les modes à durée de vie limitée au kleenex jetable, suivant la mondialisation américaine qui veut faire en sorte qu'il n'y ait plus au monde que du Rock qui a perdu sa justification peace & love depuis 20 ans dans le bruit et le fracas d'une violence gratuite hard je ne sais quoi ou dans la morbidité new wave et l'égoïsme généralisé, le rap devenu une musique de haine et individualiste quand les MC ont pris le pouvoir sur les funky DJs, et la techno abrutissante pour minettes décérébrées des discothèques et macchos en goguette en polos Lacoste, ceci se retrouvant quels que soient les pays ou les cultures, au mépris des identités et des exceptions culturelles qui sont des richesses pour le monde, contre cette mondialisation/universalisation par le même.

D'autre part, il y a les DJ technos qui parlent de "créer de nouveaux sons" à base de scratchs,de boom boom et badaboum lourds, avec un aspect plus ou moins "musique-machine" et déshumanisé, et des éléments plus ou moins "ambients" . Pour moi la musique doit faire danser les pieds rythmiquement et rêver la tête mélodiquement dans les nuages. Mais disons que cet aspect reste pour moi très abstrait, que je m'y raccroche à la moindre voix, au moindre son d'un véritable instrument, aux éléments "humains", car je refuse catégoriquement ce monde industriel et robotisé auquel pour moi la tendance dure de la techno semble vouloir nous habituer en douceur jusqu'à ce que nous ayons oublié le passé et sa saveur, ce que je n'accepterai jamais. Finalement l'aspect rythmique devrait accepter de rester justement une base rythmique, sur laquelle pourraient se greffer des éléments plus mélodiques. Un DJ de la région intéressant rythmiquement serait pour moi Juliano, qui travaille assez ses rythmes comme le fait tout percussionniste.

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Mais ma pensée continue à évoluer au fur et à mesure de mes écoutes et de mes rencontres, de mes expériences. Ce qui m'intéresse, c'est de suivre ces lignes musicales qui vont des origines des cultures musicales traditionnelles à leurs formes contemporaines fussent-elles électroniques, montrer qu'il y a encore le passé dans le présent et déjà l'avenir dans le passé, pour que rien ne se perde.

Jean Daniel BURKHARDT

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