Smoove, invité par les Badass Funkstarz vendredi à la Laiterie, est un des DJs fondateurs de l'Acid Jazz sur le label du même nom, qui mixe Acid Jazz aux versions rares, rythmes percussifs et voix diverses avec la sienne propre avec un réel talent d'arrangeur. "Revolution" est son remix de l'excellent chanteur Soul Gil Scott Héron, qui chantait "The Revolution Won't Be Televised" (pour dire aux gens de se bouger au lieu de se laisser prendre par la passivité de la société du spectacle qui n'a commercialement aucun intérêt politique à la révolution), qui chez SMOOVE devient "The Revolution WILL BE Televised, advertised, with You playing Brad Pitt or Brad Pitt playing you, or You playing Brad Pitt playing You, and George W Bush as himself. The Revolution will come to you kept by CDs, DVDs &mails to your mobile phones. The Revolution will be Hard, brothers! The Revolution will be Aaaaddveertiiised".

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Mais le meilleur pour moi, c'était un saxo de Mulhouse, Maxime, qui est le premier que j'ai vu JOUER AVEC des DJs, dont Smoove au pied levé, s'adaptant à toutes les musiques, IMPROVISANT, se coulant dans des tempos reggae, funk, jazz, électro, hip hop ou techno, et qui joue aussi bien dans des groupes de jazz que des fanfares, et fait de l'électro depuis longtemps avec le collectif Kira Néris (sur le net, sur "bajorland", sur myspace.com).

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Et si les musiciens live pouvaient jouer AVEC les DJ ou plutôt les DJ avec les musiciens live, parce que je pense que le problème viendrait plutôt d'eux: chaque fois que j'ai vu "Jamazar" (un flûtiste qui fait des tentatives dans ce sens à La Salamandre), sa petite flûte traversière faiblement amplifiée était noyée par les énôôôrmes amplis des DJ. S'ils doivent jouer ENSEMBLE, alors c'est à égalité de décibels, à la loyale, utilisant les mêmes armes. Pour moi un musicien live a toujours été plus intéressant musicalement qu'un DJ par sa formation, son apprentissage, son son qui est lui-même, mais sa culture musicale n'est pas exhaustive, son jeu toujours conditionné par son instrument quel qu'il soit et ses capacités seulement humaines, et il ne peut copier à l'identique ou ce peut être frustrant pour sa propre créativité dans la formation de son style personnel, qui est pour lui une priorité. D'autre part les grands musiciens ne sont pas immortels. Personne ne pourra plus JAMAIS jouer en live avec James Brown. Alors les DJ pourraient être une sorte de MEMOIRE DISCOGRAPHIQUE VIVANTE du passé, qu'ils remettent au goût du jour des musiques oubliées en les modernisant par leur propre touch(e), vers l'avenir électronique. Alors oui, un saxo peut jouer VIRTUELLEMENT avec James Brown sur les platines d'un DJ, s'il s'habitue à improviser de cette façon, qui n'est je pense pas aussi interactive qu'avec un groupe qui le suit et lui répond, quoique finalement pourquoi pas, en travaillant en aval, mais en tous cas exige une autre forme de mise en place par rapport au morceau qui est ce qu'il est, ou ce que le DJ en FAIT. Alors oui, les DJ sont des percussionnistes, des chefs d'orchestres mutants, potentiellement dépositaires de toutes les musiques du monde pour tant qu'ils s'en donnent la peine. Alors oui, la musique vivante ET la musique électronique doivent s'allier pour continuer à faire vivre ce qu'eux seuls peuvent faire et que rien ne remplacera: la culture et la créativité musicales, contre les musiques amnésiques, incultes, commerciales, contre la mondialisation qui ferait qu'on nait plus que des ballades sirupeuses, des Star'Acs, de la musique de supermarché et de la muzzak à tous les étages (comme décrit par David Toop) partout dans le monde. Bref il y a de l'espoir pour tant qu'on lutte.

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Jean Daniel