Vendredi soir, on a pu assister au lancement du 4 ème Festival Electro Groove CONTRETEMPS à Strasbourg. En guise d'apéritif, le vernissage d'une exposition chez Avila Coiffeur, de peintures et sculptures aux supports originaux et peu coûteux par le collectif "PLASTIQMIX" de Lyon sur... de vieux disques vinyls plantés aux murs par des clous. saturne.gif Les collectionneurs de disques de Jazz se souviendront peut-être que dans les années 30s à 50s, des "picture discs" étaient commercialisés, aujourd'hui rares et chers: une face peinte permettait à un artiste de s'exprimer dans un style à la Mucha, ou un message publicitaire, l'autre restait enregistrée. cependant la qualité sonore et la conserrvation de ces "picture discs" reste à désirer: on a pu entendre réédités en CDs ceux du pianiste français Henri Renaud avec des craquements dignes des 78 tours pour la firme "Saturne". Donc de beaux objets très esthétiques pour l'oeil, mais loin de répondre vraiment à l'oeuvre d'art totale alliant le plaisir tant visuel que sonore . De plus le sujet de la peinture a souvent peu de rapport avec le musicien enregistré au verso. Dans les années 60s, des pictures discs représentant les figures du mouvement Yé Yé sont aujourd'hui des pièces de collections. picture_disc.bmp Dans les musiques actuelles, les DJs sont certainement les plus créatifs des utilisateurs de disques vinyls et ouvrir un festival d'Electro Groove à Strasbourg (Contretemps du 1er au 21 juin) allait donc de soi. L'exposition présente des oeuvres esthétiquement plus ou moins intéressantes selon les artistes, d'inspiration picturale allant de Botticelli (La Vénus sortant des eaux) ou quelque Vierge naïve aux yeux clos arborant l'étiquette du 45 tours: Bob Marley & The Wailers!, à un saxophoniste (Charlie Parker, John Coltrane, Archie Shepp ou Rahsaan Roland Kirk?), à Féla Kuti , aux motifs 70ies pour un oeil digne d'avoir connu l'âge d'or d'Haight Ashbury Streets à San Francisco, portant en bordure la mention manuscrite "liberté et amour", ou mignon, comme ce bebé entouré de phrases enfantines au typex (moi mon papy il a un i'pod tout gros mais il faut le remonter tout le temps et mettre des bandes, et encore même là ça marche pas toujours) décrivant un magnétophone à bandes, au Graf, au message musical, politique ou personnel en 33 t envoyable par la poste ("Je Te Plak", pourquoi pas, une amie de mes amis travaille à Berlin dans une entreprise spécialisée dans les Lettres de ruptures personnalisées et sur commande, évolution "trash" du service à la personne!). On pouvait y regretter parfois que dans ce recyclage, le disque devienne inutilisable. D'un autre côté peindriez-vous votre disque préféré? Quelques exceptions cependant dans les sculptures en relief: "La Boom", oeuvre de Beneditto Bufalino, vous permettra d'écouter le 45 tours du film avec Sophie Marceau tout en voyant la sculpture, une mini boule à facettes, se refléter sur les murs de la pièce! Trip kitschissime garanti, je n'ai pas essayé!

Et si l'oeuvre d'art totale était symboliquement ce "Trakabs" anonyme: sur le 33 t est sculpté un arbre noueux en miniature, organique, aux branches duquel pendent sa généalogie technologique? le centre d'une bande magnétique, une antique cassette audio de couleur rouge vif comme seules les années 70s en osaient (un support dont la disparition inévitable me rend nostalgique et inconsolable), un CD, un mini ampli en guise de bafflette, la molette d'une souris pour le MP3 et un MD qui a remplacé la disquette.

Toutes ses oeuvres "PLASTIQMIX" de l'atelier Mastiq sont la propriété de leurs auteurs, mais peuvent être consultées en tapant "PLASTIQMIX", et vues et même achetées à Avila Coifures, 69 rue des Grandes Arcades à Strasbourg, jusqu'à la fin du mois.