JP Senn présente "Tigres de Papiers" au Centre Cuilturel Alsacien. Exposition du 16 février au 27 mars 2013 du lundi au vendredi de 15h à 18h

Tigre de papier, présente des Fautographies réalisées quotidiennement de 1999 à 2002 pendant mes études en histoire de l’art mais choisies et présentées 10 années après leurs prises de vues.

Le concept de Fautographie est attribué à Man Ray, considération esthétique elle même proche de la photographie pauvre.

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Cette fois, par rapport à MURS, précédente expo de JP Senn a plus travaillé sur le noir et blanc, la lumière, le flou, qui rajoutent une abstraction, un doute sur le sujet. Je conseillerais d’ailleurs de ne consulter la notice explicative QU’APRES avoir regardé la photo pour garder cette incertitude, féconde pour l’imagination, ce rapport entre ce qu’on CROIT VOIR, pourrait imaginer et le REEL, la Réalité du sujet !

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(1) Bande annonce comme un film, comme une porte qui s’ouvre sur la lumière, quelque chose, image ou histoire ?

(12) Très beau mais qu’est-ce ? Un mannequin tournoyant dans l’obturateur ?

«Vue à travers l’orifice d’une planche d’un DJ en train de mixer pendant une rave party au Molodoï » Quand ? Quelle partie du DJ ? Peut-être centre du vinyle ? Quelle partie de lui ? Ses mains ? Le photographe était où ? Mais ces incertitudes son intéressantes !

(11) J’aime bien le Lustre de St Pierre Le Jeune, l’ampoule, la lumière au dessus. Mais même après information avec cet aspect rosace de ce lustre, mon esprit (peut-être mal réveillé d’hier, dormi 6 h) se demande « Qu’est-ce qu’un LUSTRE ? » et CE LUSTRE en particulier, lui prêtant un côté plus mystique et religieux, quelque chose qui LUSTRERAIT de Lumière divine ! Mais aussi devant l’image, le QU’EST-CE QUE C’EST qui se prolongerait après information !

(13) Magnifique ce ciel ennuagé avec soleil et derrière le soleil à Mundolsheim, et ces sapines aux aiguilles qu’on dirait des dendrites de flocons à venir de ce ciel ennuagé !

(6) Petite France la nuit : on ne reconnaît RIEN mais le jeu de lumières, d’ombres et d’eau est beau. Ce pourrait être Venise, Paris ou « Les Lumières De La Ville » de Chaplin, la nuit sur l’eau dans n’importe quelle ville entourée d’eau. Beauté de ce qu’on ne reconnaît pas, qui laisse à l’imaginaire son interprétation. Il y a un impressionnisme à la Turner dernière période impressionniste !

(17) Draps du lit! J’aurais di Désert et Dunes, mais l’empennage comme de flèches est trop régulier pour être fait par une tempête de sable et le vent, presque industriel par la symétrie surréaliste, géométrique!

(3) Les HLM au loin laisseraient penser à un paysage urbain, favela peut-être, la boîte de jus d’orange abandonnée à la bombe échouée lâchée par un grapheur en fuite après son tag ! Mais ce sont les « Débris de mer du nord à Bruges » ! Les plages du Nord s’urbaniseraient t elles par la pollution au point de ressembler aux ghettos des villes, aux cités, voire aux Favelas du Sud ?

Alerte écologique !

(14) Ce visage de déesse de pierre pourrait être une gargouille de notre cathédrale ou un ange, une reine de France, une danseuse d’Ang Kor ou une statue de Nefertiti à oreilles de vache dans le style Nubien au Temple d’Isis Philae près d’Assouan (là pour une fois j’y étais) !

Mais c’est à la Villa D’Este d’Ephèse. Au-delà de la musicalité, cette destination m’a fait rêver, je ne sais plus à partir de quel auteur : Lord Byron, Gabriel Matzneff ? Joli flou grenelé autour.

(9) Une rue de Venise en Italie : Belle perspective du canal. Le petit personnage donne une impression de miniature comme le petit chien des peintures du peintre Vénitien Canaletto. Par parti pris, sur le second mur, je REGARDE et RÊVE d’abord AVANT de lire la notice, pour laisser une chance à l’imagination d’une pensée vierge de tout présupposé !

(2) Gargouille certes, mais de St Pierre Le Jeune, pas de la Cathédrale. Là encore, le mystère vient du flou qui entoure le SUJET REEL (la gargouille), et l’esprit se concentre sur un point, comme un trou, où l’on aimerait mettre le doigt dans le ciel, faire pivoter la gargouille comme une marionnette turque de Karagöz du divin, ou voir par son œil la chambre obscure, l’obturation de l’appareil comme en voyeur !

A partir d’ici je ne regarde plus les notices avant, enfin j’essaie!

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(10) Paysage ? Blanc du ciel, Immeuble détruit ? Scierie ou mur de planches agglomérées.

Une canalisation cette fois attire, CANALISE l’œil, à moins que ce ne soit l’œil télescopique, périscopique d’une caméra de surveillance ? Et cette barre floutée ? Un Vinteuil moderne s’écroulerait devant ce « petit pan de mur » blanc, aggloméré, urbain, détruit comme celui de Proust devant « le petit pan de mur jaune » de La Vue De Delft de Vermeer!

Cela nous invite à regarder même les débris urbains de notre civilisation, à y trouver quelque beauté!

« Trace d’une maison démolie » Place St Pierre Le Jeune. Trace mais de quoi ? que reste-t-il après les démolitions urbaines de ce qui était la vie des gens, où ils vivaient ? Des souvenirs !

(4) « Pieces d’un Bureau » qui est une pièce, le bureau, qui est dans un immeuble de bureaux ? Mise en abyme urbaine comme dans La Vie Mode D’Emploi de Pérec que je n’ai pas lu !

Entre réalité des meubles et immeuble , la réalité floutée devient une micro/macrocosmologie de l’activité humaine.

Le même flou envahissait peut-être l’esprit, la folie de Vincent Van Gogh, je pense à la Chambre qu’il a peint !

(15) Fleurs ? Gargouilles ? Cette photo défie le test à l’aveugle, sorte de Blindseetest équivalent visuel du blindfoldtest musical que je m’impose.

« Flou de mise au point pendant un reportage sur la foule, Pont du Marché à Strasbourg! »

A peine plus éclairant ! Ou ce que je disais ! Mise au point floue d’une foule sur un Pont ! Tout bouge, change tout le temps selon l’Impermanence bouddhiste !

(18) Chabadabada sans son chabadabada , une fille toute seule sur une plage. Son Chabadabada peut-être la prend en photo ?

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Mais c’est pas « Un Homme Et Une Femme » de Lelouch et c’est pas Deauville mais Ostie ! Une plage sur la mer universelle. Avec une fille ça fait tout de suite plus chouette, et au moins elle est propre la plage, ça console de la Mer Du Nord !

(8) Petitesse de l’humain dans l’immensité monumentale des colonnes.

Ephese ? Egypte ? Rhodes ? Ostie ? Grèce ?

Le sol même est flou et semble se dérober.

« St Pierre De Rome » ! où la Place est une église et les colonnades des rues !

HABEMUS PAPAM !

(9) Cette main est-elle féminine, masculine ? Féminine si j’en crois la bague ! Quoique les Gothiques....Les Rois... Les Guitar Heroes.... Jimi Hendrix ! Elle semble avoir les mêmes phalanges excentrées de guitaristes manouches à l’occasion que les Dutronc (Jacques et Thomas). « Amie au Palais U »





(19) Photo éponyme de l’exposition : Beau grain de paysage sous un effet de neige ou pluie argentique, beau paysage, belle perspective « Vue des Vosges depuis le château de la Haut Koenigsbourg »

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(7) Vue d’un port ? d’une rue la nuit ? « Garde corps d’une passerelle, Petite France » Entre les deux si on veut ! Garder le corps du passant prend un autre sens en ces temps Sécuritaires !

(16) Là on dirait du Doisneau : ce passant qui marche Place St Pierre Le Jeune arraché au hasard, marche et ne fait que passer devant une porte, mais Doisneau demandait à des amis de poser, trichait!

(20) Pellicule Fin. Où est la Fin, le début ? éternel recommencement ! « Bande d’amorce d’une pellicule voilée » : tout cela pour des raisons techniques aurait pu ne pas être ou ne pas être, ces instants perdus, miracles quotidiens... Tigres de papier !





Ce qui est intéressant peut-être avec ces photos, c’est que si à la base on a pu dire que Nadar a tué le portait figuratif pictural, il a ici chez JP Senn une volonté ou un hasard aléatoire, une intuition de retrouver un mystère de la forme qui en appelle à l’imagination , à la rêverie, à l’imagin’ERRE qui pose la question du QU’EST-CE QUE C’EST ? devant l’abstraction de la forme, interroge, parfois même APRES INFORMATION du sujet : le rapport entre ce qu’on IMAGINE et ce que C’EST rend la réalité plus belle par ce questionnement, neuve pour l’oeil!

Comme des Tigres « cela fait peur, un peu », mais pas trop car « de papier », change notre vision de ce réel au point que l’information ne semble plus suffire à le décrire face à la rêverie ! Notre Point de Vue a changé et est plus beau après qu’avant!

Jean Daniel BURKHARDT