The pretty haze, Thomas Schoeffler Junior & Willie & The Bandits au Bar’Atteint pour une soirée Blues Sound’Sitiv

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Dans la lignée des BB Brunes, les Pretty Haze, 16 ans, commencèrent cette soirée Blues Sound’sitiv au Bar ‘Atteint en montrant que le Pop Rock était redevenu une musique de révolte et le véhicule des sentiments adolescents, et c’est heureux. Moi je dis : « You Hou !!!! », comme eux, arrivé trop tard pour en entendre plus !

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Ils furent suivis par le blues Folk en solo guitare/voix/harmonica de Thomas Schoeffler Jr, mais aussi énergique que le Freewheeling Bob Dylan, chantant et jouant même de la guitare mieux que lui d’après mon voisin dans Before I Go Back Home.

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Comme Dylan, il joue bien le rôle du gambler (vagabond) qui a fait la route guitare au dos, même s’il avoue I’ve Been Here All My Life, mais ses doigts ont bourlingué sur le manche de sa guitare pour apprendre les accords authentiques et le bon jeu shuffle en piqué des vieux Bluesmen noirs, l’art de jouer le blues sans rendre triste mais sautillant comme Lonnie Johnson, et puis l’Amérique est avec ses routes poussiéreuses et ses saloons partout où l’on joue de la guitare ainsi et frappe ainsi le tempo du pied sur la scène.

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Comme eux, si Dieu frappait à sa porte en l’appelant par son nom, lui envoyant même un ange, il n’ouvrirait pas, comme il le chante dans God Knows My Name, comme le Bluesman Robert Johnson ou le chanteur de country Hank Williams pour la voix traînante puis rageuse et le slide :bottleneck (tube glissant sur les cordes), sait qu’ici nous sommes à Babylone, où les filles entrent sans frapper et descend de sa montagne, du train de l’harmonica sur un tempo sautillant jusqu’ à l’atterrissage sur un ralenti final.

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Parfois on pense aux chanteurs Country annonçant le Rock’N’Roll par leurs hoquets yodlant / hurlant au loup comme Howling Wolf d’une voix plus étouffée ou montant dans les aigues comme Jerry Lee Lewis ou Clapton avec une intensité montante jusqu’au solo d’harmonica, poursuit pour se calmer par un Country Blues à la Délivrance « Looking at the Window », entré dans la pièce aux fenêtres de laquelle il chantait, comme Bob Dylan à Nashville dans I Threw It all Away et avec ce tremblement dans la voix d’Ain’t Me Babe, et le Bar’Atteint prend un côté Greenwiich Village 60ies. En fait, il utilise plusieurs harmonicas, un par tonalité.

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Voilà d’ailleurs une reprise d’ I Saw The Light, Country Gospel d’Hank Williams qui eut de tous les chanteurs de Country blancs la vie la plus proche des Bluesmen noirs, mourut d’une overdose d’amphétamines dans un camion une veille de Noël. Avec le public tapant des mains, on pense à certains lives en public de celui-ci ou les prisonniers des concerts en prison de Johnny Cash. Mêmes les pêcheurs et les damnés peuvent entrevoir la lumière divine, et apprécient la grâce plus encore que les vertueux qui sont déjà au Paradis sur terre la grâce divine et la rédemption.

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Un autre titre me fait penser par ses accords à When The Ship Comes In dans le style marin irlandais, un autre Country à Ry Whisky de Tex Ritter () hurlant, yodlant et hoquetant.

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La dernière chanson rappelle le Love Me Do des Beatles par l’harmonica et Big Bill Bronzy par l'histoire de ses guitares brisées sur leurs genoux par les fermiers du Sud au lieu de le payer.

Arrivent enfin, venus d’Angleterre, avant de passer au Festival de l’Isle Of Wight et à Glastonburry à quichets fermés, Willie & The Bandits.

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La guitare acoustique est jouée avec un slide par le guitariste et chanteur à voix rauque, dreadlocks et yeux clairs sur ses genoux comme une pedal steel guitar américaine sur une basse bien funky et une batterie breakbeat. Cette efficacité de l’énergie live, quoi qu’acoustique rappelle le groupe de Rod Stewart et Ron Wood après les Small Faces, Beck ou Tony Joe White, mais utilise aussi quelques effets de pédale électrique.

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Un second titre plus sentimental rappelle Hotel California ou le pleurnichard mais émouvant Neil Young, mais la basse accélère le tempo de sa liberté groovy.

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Suit un Reggae plus tribal et funky, roots comme les Wailers à leur période Rocksteady de «Talking Blues» qui piquèrent le public de Sly & The Family Stone.

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Sur certains titres, le batteur prend un djembé avec ce côté africain qui colore en ce moment les groupes de Rock et de Funk d’Europe et ajoute des vocaux pygmées dans l’aigu, ce qui nous change de l’ethnocentrisme européen.

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Mais le guitariste joue aussi de la guitare à la verticale, bégaie comme les Who dans My Generation. Le guitariste puise les racines de son jeu dans le Blues le plus pur : celui de Robert Johnson ou Blind Lemon Jefferson (1993-1929), repris par un autre grand guitariste acoustique américain Ry Cooder sur la BO de Paris Texas de Wim Wenders, l’un des plus ouverts aux musiques d’ailleurs, au point d’avoir quitté les Rolling Stones après Sister Morphine (sur l’album « Sticky Fingers ») pour aller apprendre le sitar avec Ravi Shankar!

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Côté reprise, on put apprécier une excellente reprise de Black Magig Woman de Santana, plus lente, au slide rallongeant les notes, plus ethnique et roots, moins Soul et plus sauvage vocalement, puis partant en solo façon psyché dub.

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Quand il utilise les effets, le guitariste peut aussi se révéler un fameux guitariste électrique en wah wah ou saturé tout en gardant l’authenticité chaleureuse de l’acoustique.

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Plus tard, l'instrumental Angel rappelle Black Mountain Side () Country Folk Moyenâgeux entre deux Hard Rock de Led Zeppelin. Ça fait plaisir aussi de voir dans le public une jeune baba cool en pattes d’éph comme je croyais qu’il n’en existait plus danser la bourrée bretonne collective avec ses amis.

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Willie & The Bandits terminèrent par un tempo presque Hip Hop pour Jack The Lad, buveur, violent et bagarreur, un peu comme la caricature des supporters des bleus regardant la défaite de la France contre le Mexique sur l’écran, qui n’ont, je l’avoue, pas dérangé le concert (et franchement y’avait pas de quoi !), puis finirent en bis par leur version de Money For Nothing de Dire Straits, lui redonnant un côté Blues originel d’avant la Colour TV, la guitare slidée au POUCE sans tube!

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Willie & The Bandits prennent le Blues Rock électrique à rebours pour le ramener vers l’acoustique roots, et jouent vraiment bien. Rien entendu de meilleur depuis Eric Jehlen jouant Hendrix en slidant avec les verres à L’Esclave (devenu Les Catacombes, puis....)

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Pour les amoureux du Blues et du Jazz, le Strasbourg Jazz Festival 2010 vous propose justement, après un hommage à Django Reinhardt pour ses 100 ans par le trio Rosenberg, puis Biréli Lagrène, Richard Galliano et Didier Lockwood le 30 juin, jeudi 1er juillet Poppa Chubby reprenant du Jimi Hendrix (qui joua au Wacken le 21 février 1969) et Magic Slim, suivi le 8 juillet de Dee Dee Bridgewater chantant Billie Holiday et sa fille China Moses chantant Dinah Washington, et pour finir le vendredi 9 juillet Pierre christophe et le grand chanteur Jazz Soul Al Jarreau !

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Ecoutez ma sélection de la Programmation complète dans mon émission Terres Tribales ce jeudi 24 juin à 21 h sur Radio Judaïca Strasbourg.

Jean Daniel BURKHARDT