CongoppunQ : performance au Cheval Blanc
Par Jean Daniel BURKHARDT le samedi, janvier 2 2010, 17:49 - MUSIQUES TRADITIONNELLES - Lien permanent
Après une pause avec Bumcello, le batteur Cyril Atef (Olympic Gramofon, M, Alain Bashung, l’ONB), présentait le 15 décembre CongopunQ au Cheval Blanc, son nouveau projet où il joue de la batterie des percussions, des samplers et claviers et du likembé (piano à pouces africain aussi appelé sanza) trafiqué électroniquement à la manière de Konono N°1 ou le Kasaï All Stars, dont il devient de fait l’un des pionniers en France pour le côté Congo, et qu’il considère comme des punks Africains, en duo avec le danseur et le performeur / décorateur d’intérieur Constantin Leu, alias Dr Kong, alias Oussama Jésus, phénomène barbu de deux mètres de haut né d’une mère Française et d’un père Roumain ayant fui le régime de Ceaucescu ... Ils ont déjà sorti le disqe "Candy Goddess" avec des invités sur Underdog Records, mais c'est sur scène, en duo, qu'il faut les voir.
Dr Kong fait partie de « Musique post-bourgeoise » qui recherche de nouveaux lieux et de nouvelles formes de relations entre public et artistes visant à ce qu’ils ne fassent plus qu’un dans une sorte de happening. Frank Zappa avait fait des essais dans ce sens à ses débuts en jetant de la nourriture de la scène sur le public, l’invitant à faire l’amour sur scène dans la libération sexuelle des années 60s. Jim Morrison avait assisté à certains de ces happenings et rêvait de cette communion, d’une communion totale avec le public dans un acte collectif, mais le show-business et les Doors ne le lui permirent jamais, alors que lui dès l’album « Strange Days » ne voulait plus être cette idole sexuelle pour les femmes et révolutionnaire pour les hommes, mais changer le monde. Cette déception n’est peut-être pas étrangère à sa fin tragique. CongopunQ pose aussi ces questions, de manière plus légère et moins idéologique. Mais le public est-il prêt à sortir de son rôle passif pour entrer dans le spectacle?
La couleur est donnée d’emblée par Cyril Atef, en pyjama afro et bonnet gnawa (comme au dernier concert de Bumcello en octobre, en fait) : « Vous êtes assis ? Notre but est de vous faire danser ! ». Il commence, comme nous sommes dans un lieu du Jazz, par une improvisation.
En plus de ses qualités d’improvisateur Cyril Atef, se révèle aussi dans CongopunQ, comme dans Bumcello, un efficace compositeur de chasons format pop accessibles au plus grand nombre.
Alors que Cyril Atef continue de jouer, Dr Kong nous fait du café sur une petite plaque électrique , annonce « CAFFFFFFE » au micro d’Atef, le verse dans des verres et le distribue aux premiers rangs. La générosité fait partie du spectacle, comme un pied-de-nez à ces temps de crise, une alternative collective à l’égoïsme.
Plus tard, Dr Kong retrouve son métier de décorateur d’intérieur : il amène des tuyaux de PVC et les assemble en un grand cube, qu’il entoure de plastique noir, tend des cordes à linge dans le public, invité à les fier aux poutres de la salle, puis y étend son linge.
Sur l’instrumental « Red Car Go », je suis donc rentré dans la cage avec les autres, certaines y enlevant leur pull, mais pas davantage (nous sommes hélas en 2009), et Dr Kong vint nous y visiter, nous offrant sa seule expression de joie souriante (naturelle) du concert (où il avait un regard d’un vide sidéral incarnant l’absurde et l’incompréhension face au monde environnant), avec une idée pour la suite : «après on balance la cage dans le public! ».
Sorti de la cage, j’ai été moi-même réquisitionné par Dr Kong alors que je croyais pouvoir regagner ma place sans participer davantage. Dr Kong m’assit donc sur un tabouret à ses côtés, gonfla un coussin d’aluminium, puis le jeta à terre, m’intimant du geste l’idée de l’écraser sous mon pied. A sa mine défaite et déconfite, j’ai d’ailleurs cru avoir mal compris... Puis il se coiffa dudit coussin et alla parader sur scène en St Nicolas galactique...
La chanson « Invasion Cow-Boys» (Invasion des Cow Boys graisseux !) avec ses strophes rappelant parodiquement les Sisters Of Mercy, que je croyais comprendre comme une critique des hamburgers made in US, fut adaptée à la population locale en nous offrant les bretzels locales (gâteau salé alsacien créé par un pâtissier forcé sous peine de mort de créer un gâteau où l’empereur pourrait voir « se lever trois fois le soleil »), grâce à l’entrelacement tressé de ses branches). C’est peut-être le cholestérol, ces cow-boys graisseux nous guettant après les fêtes ou une parodie des régimes?.
Le concert se termina en bis par « N’importe Quoi», leur plus grand tube «passé sur les radios et les télés » (radio la mienne, télé pourquoi pas, à coup sur le net !), techno parodique aux vocaux exultant les vertus du corps vibrant au refrain hymne à l’absurdité de CongopunQ repris par le public à corps et à cris puis vendirent leur disque entre 10 et 15 €uros à leurs concerts.... Allez voir CongopunQ : ce ne sera jamais deux fois pareil.
Jean Daniel BURKHARDT