Pour sa seconde soirée, le Contretemps s’associait au festival de théâtre « Premières » pour animer sa dernière soirée au Maillon Wacken.

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Pablo Valentino, qui a ravi et fait monter au plafond et miauler de bonheur le « Chat Perché » tout l’hiver de ses soirées Chat Groove les jeudis et Chat House les vendredis, n’a pas encore sorti son double Hip Hop « Kid Sw!ng » auteur de « Basquiat » et du LP « 6th Grange Street » à venir en juillet sur son label FACES RECORDS, du placard, mais une avalanche de cuivres et de rythmes Brazil pour faire danser et tournoyer cheveux aux vents comme un cyclone, un ouragan son amie la Fourmi Toupie Derviche Funky aux yeux verts, ouvrait le bal.

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Suivit leViennois Dorian Concept, qui a troqué très jeune sa Nintendo contre un clavier synthétiseur pour produire cette étrange musique électronique improvisée, modifiée mais belle. Gilles Peterson le compare déjà au pionnier de ces claviers, Jo Zawinul. Il vient de sortir « When Planets Explode »

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Il est accompagné de Cid Rimon aux baguettes sur batterie électronique. Il est parfois indianisant et planant comme sur les soufflets d’un harmonium portatif, ou par sa vélocité la musique Japonaise de koto, puis trouve sur son MicroKorg la folie des « Toccata & Fugue » de Jean-Sébastien Bach jammant avec la distorsion sonore d’un Van Halen des claviers, mais aussi les bruits de la jungle naturels et d’autres plus aériens, incarnant sous ses doigts la canopée de sa structure et l’oiseau qui s’en envole à tire d’aile.

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Le jeu de Dorian Concept est, me dit-t-on, très visuel, entre clusts, scratchs et bouton de Nintendo de son enfance sur la Drum’n’Bass de son batteur. C’est vrai que par moments on pense à Jo Zawinul dans les aigus, et par ce côté très improvisé, jouant acoustique sur des instruments électriques. Il est entre le naturel et le modifié, joue plus électrique qu’acoustique, venu non du piano mais de la Nintendo.

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Soudain nous illumine un sample de voix Soul à la Gnarls Barkley sur les bonds mouvants de l’electro et la basse broken, les claviers qui semblent scratcher. Au moins s’amuse-t-il comme un petit fou avec une folie rare dans le Jazz actuel.

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Parfois il crée un monde aquatique par des aigus et des ralentis à la Edgar Froese sur les percussions rebondissantes de la batterie électronique.

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Sur une sorte de dub, il déploie de grandes orgues aux échos cotonneux, évanescents, stellaires. Son univers bascule entre mouvements de planètes et d’étoiles dans le calme de l’univers sidéral et de soudaines explosions où elles explosent, s’entrechoquent, se confondent. Les gracieuses comédiennes du Festival Premières agrémentent le set de mouvements harmonieux, robotiques ou ailés selon le rythme.

Arrive Nikki Lucas,, DJ Londonienne mais qu’on pourrait dire à sa musique du monde entier elle est cosmopolite dans le Rechauffement Planétaire positif de ses rythmes. Elle a commencé au sein du Lucky Cloud Posse, qui organisait les venues du légendaire David Mancuso. Aujourd’hui elle a son propre Radio Show « Future Fusion ».



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Elle commence par les percussions entraînantes de la Batucada Brésilienne modernisée par le Samba Reggae à la Olodum, qui évolue en Hip Hop Brazil « reprezenta », d’une voix qui devient rythmique sur les beats des autoroutes mondiales.

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Elle passe ensuite en Afrique avec un Soukouss Africain festif de Kenge Kenge porté par des balafons en hommage à Barack Obama. Un des comédiens, qui viennent de toute l’Europe et d’ailleurs, Africain, fait la danse du bâton. La sélection World de Nikki Lucas ravit toutes ces nationalités qui dansent.

Toujours en Afrique, mais plus funky, après l’Afro Beat (mélange de funk, jazz, rock et de musiques traditionnels Africains créée par le Nigérian Fèla Kuti), elle est aussi au courant du « Future Afrobeat » modernisé d’une clavé cubaine doublée d’une cymbale broken de l’Afrozen Orchestra avec le chanteur Chancellor Dedianga sorti en mars dernier sur la label Strasbourgeois Soultronik de Tal Stef, l’un des organisateurs du festival. C’est dire quand même l’ubiquité de cette globe trotteuse et les possibilités de connexions entre le local et le mondial.

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Sur l’écran , OPTIK HARTMAN, Vjay de Karlsruhe montre des lunes éclatant comme des bulles de savon autour d’un homme monté dans un arbre. Le saxo crie jusqu’à la transe. Une nuit bleue tombe sur la savane, dont les lunes deviennent des sphères étoilées stroboscopiques ou des flocons de neige sur un magma de bulles rouges. Les cuivres Afrobeat passent sur des claviers dub dans des Ombres sur fond vert, puis à un dub Oriental à la « Asian Dub Foundation » (maîtres Pakistano-anglais du genre) en moins violent, plus lent et planant. Envoûté, un derviche en pull rouge acrylique danse la techntonik en pantalon blanc et se contorsionne

Premieres_Nikki_Lucas_Mixe.gif . A la voix de Lee Scratch Perry, le père Jamaïcain du Dub, avec un trombone (Don Drummond des Skatalites? Non, il est mort trop jeune), son style me rappelle un peu les dub de Gainsbourg avec Sly Dunbar & Robbie Shakespeare par ses petites diodes rythmiques sur la batterie ou le « Kingston Kill The Sun » de Bernard Lavilliers. Quand le Reggae n’était pas encore Ragga, et le Dub la seule musique électroniquement improvisée…

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Des cadrans rouges se muent en scratches, en fleurs mauves qui s’ouvrent et se ferment à l’infini en éponges marines sur le rythme Banghra Indien de Bollywood qui se mue en Raï de Khaled à ses débuts accompagné d’un simple synthétiseur, Nikki Lucas par les harmoniums Pakistanais, sur lesquels danse Un danseur est au centre d’une floraison de pétales violonistes.

Après un passage dans l’Afrique du « Magic System », le flot se durcit en Ragga à la Bone T Killa sur des serpents spermatozoïdes en fleurs qui roulent en fleurs puis se rejoignent.

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Autres tropiques, les cuivres de la Salsa s’enchaînent sur le «Diamonds are a girl’s best friends » de Marilyn Monroe en robe rose fuschia » dans « Les Hommes Préfèrent Les Blondes ». Nikki Lucas revient en Afrique avec les Talking Heads, puis avec «Pata Pata » de Myriam Makeba reprise par une voix aigue et enfantine.

Plus tard elle passera du Funk sur un Tango’Rero (dont la partenaire semble la cape avec sa robe volante, et finira par en Disco avec « Everybody Dance » modernisé de diodes, laissant le public subjugué par ce mix Sound System Mondial.

Enfin, la soirées se termina avec un ping pong musical entre Tal Stef et Pablo Valentino, entre Disco, Brazil, Cuba, Reggae rapide/lent, Sol 70ies... On se serait cru revenu dix ans en arrière au Café Des Anges, où ils mixaient tous deux.

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Le premier grand DJ du Café Des Anges, NoStress, fondateur des soirées Acid Jazz des années 90s, y fera son grand retour ce soir mercredi 10 juin, dans la soirée « Back In The Dayz », avec un autre retour aux sources, celui du Funk vers ses racines Rockabilly/ Rythm’N’Blues/ Jump Blues avec l’Ecossais Keb Darge, danseur de disco victorieux en 1979 à 22 ans, puis doyen des DJs Northern Soul qui vient de sortir « Kings Of Funk ».

Jean Daniel BURKHARDT