Bobby Previte est un batteur de Jazz américain contemporain aux influences Rock et Groove qui a commencé par jouer du Rock , avec un son guitare et orgue que l’on retrouve dans son disque « Latin For Travellers » avec Marc Ducret et Jamies Saft.

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Après avoir déménagé à New-York en 1977, il joue avec John Zorn, puis fonde son groupe le plus fréquent « Bump The Renaissance » avec Wayne Horwitz et un personnel changeant, puis le trio d’improvisation incluant l' électronique « Groundtruther » avec Charlie Hunter et Greg Osby.

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C’est ce vendredi 17 avril la première de sa nouvelle formation, all-star européen, le « Pan-Atlantic Band » avec Nils Davidsen à la basse, le français Benoît Delbecq au fender rhodes, l’italien Gianluca Petrella au trombone et Wolfgang Puschnig au saxophone.

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On l’avait connu brun et moustachu, donnant ses ordres d’un micro avec oreillettes à ses solistes à Pôle Sud en 2001, il nous revient décoloré et avec une crête punk qui lui donne une nouvelle jeunesse insolente à la Sex Pistols ou à la Clash, un côté cyberpunk des garçons sauvages de William Burroughs.

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Sa frappe, elle n’a pas trop changé, mais évolue constamment pendant le concert, discrète en rythmique, groove ou plus appuyée, même sur des balais en fagots de lamelles de bois ou carrément rock, il use sur ces compositions de son cru de ses coups comme le peintre Jackson Pollock de sa penture en projetant le son ou les solos de ses collègues sur la toile musicale.

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Benoît Delbecq, au fender rhodes, donne un son évoluant entre le « Bitches Brew » de Miles Davis (cité dans un des titres) ou les cascades d’ « In A Silent Way », trouvant parfois la finesse d’un balafon et finit dans le son aigre mais passionnant du Xénofon de Bojan Z, et entre les notes fait preuve d’un jeu presque liquide coulant d’une touche à l’autre avec des échos, ou l’emportement passionné d’une bourrade violente sur les touches. Fan de phonétique et de musiques africaines et électroniques, il ne m’est jamais apparu aussi efficace et peu élitiste dans ses propres projets comme « Phonetics » enregistré à Pôle Sud en 2004, porté par les compositions autant que les servant pour obtenir ce son de groupe collectif.

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Des deux cuivres, qui ont improvisé le plus remarquablement, on a pu entendre quelques très beaux unissons de concert et chases efficaces dans les parties communes écrites sur les partitions.

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Dans leurs improvisations solo respectives, laissées à leur liberté par les partitions, Puschnig au saxophone s’est montré souvent trop free et empêtré dans des montées/descentes chromatiques pour ne pas ennuyer ou lasser, agacer, les oreilles sensibles ou celles qui l’étaient le moins au vocabulaire post-Ornette Colemanien.



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Gianluca Petrella s’est montré plus pertinent, quoique moins extraordinaire qu’avec son propre quartet « Indigo 4 », retrouvant parfois la première destination du trombone tailgate des fanfares de New Orleans, parfois joliment lyrique à la Glenn Ferris, ou plus aventureux, usant des sourdines davantage pour obtenir un son différent que moins fort, tenta même de se passer d’embouchure avec des effets éléphantesques, inventant un rôle du trombone dans un orchestre Jazz-Rock, genre qui s’en est passé dans les années 70ies.

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Le « Professor» (dit avec respect Previte dans un français approximatif et lent dans lequel Delbecq semblait très amusé de le laisser s’engluer) Nils Davidsen fut le plus discret mais son soutien fut impeccable, et même poussé jusqu’au Rock dans le final « The Inexorable March To Brutality » (« L’inexorable marche vers la brutalité ») où Previte frappa ses peaux avec une puissance toute Africaine, tribale et Rock, rejoint par les deux cuivres bondissants autour de sa batterie, venant comme le défier sur son propre terrain.

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Comme c’était une création, peut-être manque-t-on des références d’un disque (peut-être enregistré ce soir-là par un MD placé au milieu de la scène, et les compositions de Previte étaient présentées en première et sans qu’il en dévoile les titres, et peut-être le groupe n’était-il pas encore bien rodé, mais son jeu collectif semblait déjà remarquable.

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On a pu cependant apprécier les compositions et le jeu éclectique de Previte, moins proche de la gesticulation individuelle libre qu’un Jim Black, et son talent à composer pour des musiciens libres ou à laisser une part d’improvisation soliste à chacun dans ses solos, tout en maintenant une forme dans l’improvisation libre par son jeu toujours excitant et dansant.

Jean Daniel BURKHARDT