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Le guitariste Engé Helmstetter est avec son « Ensemble Engé » l’un des fleurons du Jazz manouche local de la région de Barr, et a été l’un des derniers directeurs du « Festival International Tzigane » de la Citadelle, également compositeur des Comédies Musicales qui y étaient présentées comme « Maré Sinté », avec « La Musique Du Cœur », chanté par sa sœur, la très émouvante chanteuse Tchatchi.

Engé vient de sortir « Les Rives Du Fleuve », disque très original et se produira demain mercredi 4 février au Cheval Blanc de Schiltigheim, le 21 février au Grilen decolar et le 6mars à la Saline de Soultz-sous-Forêts.

Il y a un petit côté Jazz manouche moderne mélangé de Bossa Nova à la Dino Mehrstein dans "Los Puertas", avec Simon Pomarat aux sifflets brésiliens à la Nana Vasconcelos dans « Note D’été» et Marcel Loeffler à l'accordéon.

Le Jazz manouche classique est aussi représenté, modernisé malgré par la guitare électrique (que Django Reinhardt pratiqua à la fin de sa vie), mais avec la pompe de Railo comme dans "So Easy Swing" (toujours avec Marcel Loeffler) et "Boléro Indigo" (Django en a composé quelques-uns), et le violon très « Hot-Club de France » de Tchatcho, et Yves Weyh (Zakarya,IvRim) à l'accordéon sur les autres plages.

Le titre éponyme "Les Rives Du Fleuve" est une magnifique chanson pop/bossa à la manière de "Chambre Avec Vue", entre Art Mengo et Henri Salvador dernière manière. Les voix sont belles, et la mélodie aussi, avec un côté plus manouche dans le refrain. ça fait plaisir de réentendre chanter Engé, ainsi que Tchatchi... Gilles Coquard est à la basse électrique six cordes et à la contrebasse .

C’est original aussi de reprendre aussi une composition orientalisante d'Abdullah Ibrahim, "Ibrahim" avec le cymbalum de Sorin Gheraliuet une orchestration Tzigane.

Dans "Paris Budapest", on est content d'entendre Tchatchi chanter en solo sur un air Tzigane.

"Colérique Pulsation" est porté par une bonne énergie tzigane rageuse, qui ensuite se calme en Django et reprend à chaque solo jusqu’aux percussions finales. Le contrebassiste Charles Mingus disait pratiquer la "colère créative". Il y a certes politiquement, socialement, économiquement, humainement, bien des raisons d'être en colère!

Je ne connaissais pas la chanson de Claude Nougaro « Prisonnier Des Nuages ». datant des années 90s Elle prend un côté années 30s (un peu comme dans sa reprise de "Y'a Qu'à s'aimer") avec cet arrangement, sur un thème fumeux exploité par Gainsbourg pour Catherine Deneuve avec son "Dieu Fumeur De Havanes" avec un texte moins poétique mais il n’était plus tout jeune, Gainsbarre!

Le texte est magnifique et la voix de crooner aussi, on se croirait aux débuts de Django en accompagnateur de Jean Sablon, avec le saxophone swing de Franck Wolf en guest (toujours membre du groupe de Birèli Lagrène dans son dernier "Electric Side" et du groupeSalsa "Sonando", en concert ce soir à la Bibliothèque Centrale, Rue Kühn).

Enfin, pour ce qui est des « Csardas » finales (danses d’Europe de l’Est souvent jouées par les Tziganes), l’Ensemble Engé est l'un des rares groupes manouches de la région à revendiquer aussi l'héritage tziganes d'Europe de L'Est, ceci aussi bien dans ses comédies musicales passées que ses disques récents, sans parler des Papyros'n, auxquels ils participent, qui sont dans un"Au Delà des Frontières" aussi ouvert vers le yiddisch et klezmer ou la musique Celtique, où l'on entend pointer la mer d'Irlande au bout de la Bulgarie ou du Caucase… Les Papyros’n seront en concert à la médiathèque André Malraux ce vendredi 6 février à 20 h.

Jean Daniel BURKHARDT