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A FIP Strasbourg, Nantes et Bordeaux, les diffusions locales sont menacées de réduction de 12 heures30 (7 h-19 h30) à 4 h (16h-20h) au profit d’émissions parisiennes et d’un site internet.

FIP est installée depuis trente ans à Strasbourg, et son information locale est primordiale pour les informations régionales, nationales, mais aussi locales sur les embouteillages dans la Communauté Urbaine matin et soir (le but premier de la station à sa création : faire patienter en douceur les automobilistes immobilisés par le traffic, ce qui nous valut le choix des voix exclusivement féminines des « Fipettes» ô combien douces à nos oreilles telles des sirènes nous faisant éviter les écueils de la circulation urbaine ou les rendant plus supportables) , relaie les offres d’emploi, propose des conseils pratiques et présente les concerts en région.

La programmation musicale en journée est l’une des meilleures de la ville par son éclectisme : Classique (mais pas trop, moins qu’« Accent 4 »), Jazz (en dehors du célèbre « Jazz à FIP » qui est un décrochage Parisien qui fit mes délices vespérales pendant plus de dix ans et par lequel je découvris le Jazz) Rock, Funk, Pop, Chanson Française d’hier et d’aujourd’hui et surtout très ouvert aux Musiques Traditionnelles, pour présenter les concerts en région ou hors-promo. Pour moi ça devrait être une des activités normales des radios de faire la promo des concerts pour informer les gens qui les écoutent (c'est d'ailleurs l'objet de la majorité de mes émissions de Jazz et de Musiques Traditionnelles sur "radio judaïcastrasbourg", même si je prends une heure pour refaire le parcours des précédents albums ou faire découvrir le dernier disque ou des collaborations plus anciennes de ces artistes, quand FIP, qui n'a pas d'émissions, le fait en 5 minutes après avoir passé un titre unique). FIP est utile dans son rôle de multi-culturalité, de découverte, d'ouverture sur le monde.

Sur une heure d’écoute, on est presque sûr d’être piqué dans sa curiosité par un sursaut, un regain d’intérêt et de surprise du syndrome du «WOW! C’EST-QUOI-CE-TRUC?» auquel on pouvait répondre par téléphone, maintenant en consultant le site internet, et qu'on peut retrouver dans les disques de la "Sélection FIP" en Musiques traditionnelles, Jazz ou chanson Française, et même Musiques Electroniques. FIP c’est un peu notre Radio NOVA à nous, en moins branchouille et électro, plus roots et consensuel.

Après évidemment il y a les problèmes de gros sous, de rentabilité, d'audience, mais la culture et l'art ne devraient pas être forcés de répondre aux même critères de rentabilité et de bénéfices, de viabilité qu'une entreprise ou banque quelconque. Le public aussi est responsable, s'il ne ne veut rien apprendre, rien écouter de neuf mais préfère les "tubes", matraqués par un animateur NRJ dont le cerveau se remet à 000 tous les quarts d'heure et braille sans rien nous apprendre le reste du temps ou fait gagner des jeux idiots à des auditrices moyennant une drague irrespectueuse qui ne choque plus ni elles ni le public et, au niveau où est tombée la musique actuelle, ça promet!

Après Radio Tomawhak, la Pop-Rock anglaise d’Europe 2 naviguant entre valiumisés et hurleurs pour qu’on s’aperçoive qu’ils changent de morceau, tous ces groupes ayant tous les même sonset RFM est resté scotché dans les années 80s .

Quant à RBS, malgré des moments Funkys Groovys en diable entre beaucoup d’électro et quelques émissions Reggae/Hip-Hop ou communautaires le dimanche, leur musique commence avec James Brown. «Radio En Construction» (anciennement «Radio Campus »), aux animateurs réduits à deux, ne passe que du dub glauque et pop New Wave dépressive.

« Nostalgie » est utile pour la Chanson Française mais n’est pas portée sur la création contemporaine. Ce rapide tour d’horizon des stations locales montre que FIP comble un vide. Quand on voit que parmi les plus jeunes le Rap de Sky Rock pour sa violence et la Techno pour se "vider la tête" a remplacé la chanson française, le Jazz, les Musiques Traditionnelles, le Funk, et qu'ils n'ont même plus la curiosité d'esprit nécessaire pour chercher un autre disque d'un groupe qu'ils ont aimé ou même en orthographier le nom correctement dans une Médiathèque, que la violence des coups remplace le dialogue et toute parole sensée, c'est grave, où va-t-on? Quel avenir pour la culture, pour LES CULTURES TRADITIONNELLES, pour la création passée ou contemporaine compréhensible, universelle, positive comme celles des années 70s?

Après cette politique d’immigration d’expulsion par charters inhumaine, voilà qu'on nous force à cet appauvrissement culturel, cette grisaille de ne plus vivre que pour "travailler plus pour gagner même pas plus"! Au charter avec tout ce qui est étranger, les musiques du monde de FIP! On parle d'exception culturelle, mais pourquoi en aurions-nous le privilège en France. Il faudrait préserver la moindre exception culturelle AU MONDE, tout ce qui reste de différent, d'ethnique, de traditionnel contre le rouleau compresseur de la mondialisation.

Le jour où il n'y aura PLUS QUE de la Techno Japonaise ou Américaine voire Mondiale juste réduite à des beats et du boum boum, nous serons tous musicalement des robots et nous trouverons normal, naturel les bruits des usines, des turbines, des voitures, que nous continuerons le week-end, si nous en avons encore en dansant sur de la musique-machine et nous abrutir dans un sommeil de trou noir sans rêves. Peut-être certain(e)s vivent-ils déjà ainsi. Dans les bureaux, on les remplacera par de la "MUZAK", comme aux Etats-Unis, des heures d'easy-listening sucrée diffusée d'ascenseurs en supermarchés pour rendre la vie supportable alors qu'elle n'est plus humaine, sans rêves ni échappatoire, ni évasion possible. Dangereux les rêves. ça fait penser. Pas loin de la Révolte. On pourrait se réveiller, dire NON. A la radio comme à la Télé, plus de rêve subventionné par la publicité consumériste, juste un sommeil de bête abruti de fatigue.

Voilà à quoi ils veulent nous réduire en privant notre imaginaire de toute inspiration, de toute nourriture extérieure à leur propagande! Le Meilleur Des Mondes, nous y sommes et Big Brother déjà surveille nos téléchargements, comme le rappelle l'éditorial du dernier Mondomix (journal de musiques traditionnelles gratuit disponible dans tous les disquaires Harmonia Mundi). La musique reste pour moi le dernier vecteur populaire et artistique d'espoir et de conscience, de lumière et d'ailleurs, de rêves et de luttes dont les infos ne parlent pas dans ce monde.

Pour remercier cette radio pour son soutien et son appui, les musiciens locaux ont su répondu présents à l’appel de FIP lors de cette soirée de soutien à La Salamandre, meilleure preuve de son importance dans la scène musicale locale.

On a pu y entendre, malgré la chaleur trouée de quelques ventilateurs Pierre Schott, ex-chanteur de « Y’aka dansé » avec le groupe Raft à la période où «Femme Libérée» de Cookie Dingler berçait mon adolescence pendant les années 80s sur Radio Tonic à Haguenau, où Schott il travaillait.

Suivirent en interlude des DJs du Festival Contretemps dans un set Funky/Groovy.

Après installation du matériel, le guitariste Yorgui Loeffler leur succéda avec son trio, sur des tempos toujours aussi décoiffants passant de Django au standards sur des tempos Be Bop de Charlie Parker mené tambour battante sur une pompe imperturbable ou valses manouches de Loulou ou Django Reinhardt. De jeunes amateurs étaient assis en arc de cercle au pied de la scène, lui donnant la convivialité d’un feu de camp manouche.

Yorgui invita ensuite son parent l’accordéoniste manouche aveugle Marcel Loeffler, avec qui on avait pu l’entendre sur les précédents albums de ce dernier « Source Manouche », que l’on sait capable de tout, du Jazz Manouche au Tango Piazzolien, au Be Bop joué sur les tempos époustouflants de ses créateurs, comme le montra un « Yarbird Suite » à couper le souffle.

Enfin, la chanteuse Jazz/Soul américaine originaire de Caroline Du Sud, mais domiciliée en Alsace Lisa Doby, qui devait beaucoup à FIP pour le succès de son précédent album, et qui a également enregistré : « Joshua Fit The Battle Of Jericho » sur «Source Manouche», pour un « All Of Me » à la fois Jazz et Soul.

Marcel Loeffler finit par un solo époustouflant puis avec Yorgui ce set condensé de haut vol.

L’équipe de FIP arriva ensuite sous les applaudissements publics pour signaler que la pétition en ligne de soutien que vous pouez encore signer sous ce lien faisait son chemin et était remontée au chef de l’Etat.

Le DJ résident de La Salamandre Jayffee fit enfin danser les derniers clients sur un mix Funk, Hip-Hop, Latino, Oriental, R’N’B et Electro réconciliant tout le monde.

Jean Daniel BURKHARDT