À l’origine des compiles The Sound of Siam chez Soundway, exhumant les trésors de la musique traditionnelle thaïlandaise, Dj Maft Sai et Chris Menist ont formé The Paradise Bangkok Molam International Band et enregistré un premier album (https://soundcloud.com/paradise-bangkok) au Studio Lam, soundsystem d’un bar à Bangkok couplé avec un disquaire.

Mo lam signifie « grand (mo) chanteur (lam) » en thaï, le molam est un style de rock blues thaï des années 60 70 campagnes de l’Isan, mais ce groupe est uniquement instrumental.

Kammao Perdtanon joue d’un luth thaï (qu’on appelle un « phin ») curieux, mais très beau : rouge, la caisse en forme de cœur et le manche ouvragé vers le haut d’un dragon ou autre oiseau magique.

Le khène est un orgue à bouche construit comme une flûte de pan asiatique qui se joue de profil en bouchant ou débouchant de ses doigts les trous des tuyaux joué par Sawai Kaewsombat.

Le reste du groupe est plus urbain et moderne : un batteur rock, Phusana Treeburut et et un bassiste funky, Piyanart Jotikasthira, Chris Menist aux congas et un autre asiatique aux petites percussions d’Asie, cymbalettes ou gong.

Le bassiste parle un peu anglais. Les titres n’en sont pas moins incompréhensibles!

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Dès le premier titre, après le bon solo de luth thaï (un vrai virtuose ce luthiste) et le khène, qui ouvrent toujours la danse pour commencer par le côté trad, la rythmique basse batterie frappe par son groove implacable, urbain et irrésistiblement dansant qui dynamise l’ensemble en seconde partie.

C’est aussi une façon efficace de respecter d’abord le son original originel acoustique des instruments traditionnels thaï qui supportent moins l’amplification électrique, puis de faire ensuite danser dessus jusqu’à la transe.

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Ils continuent avec « Tricky Little Dub » avec une intro de khène, puis la basse très groove qui rappelle même celle de King Love Jacks ou d’un track funky house de Joey Negro et assure sans les effets dub en live où le luthiste fait glisser ses trilles aiguës du haut en bas de son luth phin!

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Ils continuent avec «Waterfall» (Cascade, le molam thaï est souvent proche de la nature dans ses thèmes traditionnels, j’ai d’ailleurs passé « The sparrow and the waterfall » dans mon émission faute de disque de cet orchestre), mais la rythmique y rajoute son groove. Quand le luthiste ne joue pas, ses doigts dansent dans l’air sur la musique.

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Autre Thème champêtre « Roob Loi Pu Thaï » (Chasin’ The Cow, « chassant la vache ») : le khène joue la pluie sur les rizières, puis plus rythmé sur les congas, puis la rythmique rajoute son funk lent comme décalage par rapport au khène, mais cela lui laisse aussi l’espace sonore pour ne pas être noyé par les instruments plus amplifiés. C’est presque comme si on avait un groupe thaï traditionnel (luth phin khène et percus) «backé » par un groupe de funk même si la cohésion et l’écoute demeurent.

J’ai même cru retrouver la basse de « J’aime regarder les filles » de Patrick Coutin dans le titre suivant, mais ils ne doivent pas connaître Coutin en Thaïlande quoiqu’ils aient de belles plages et des filles qui y marchent!

Un super concert de Trad Pop Thaï Funky qui s’en va au second bis !

Jean Daniel BURKHARDT

photos 2, 3 , 4: Natsch