A l'occasion des 50 ans de la réconciliation Franco-Allemande, ratifiée par le Traité de l'Elysée, entre le président français Charles De Gaulle, revenu au pouvoir en 1959, et le chancelier allemand, Konrad Adenauer, « Le Traité» de Lionel Courtot propose archives et dialogues dans la correspondance entre les deux hommes qui aboutit à cette signature historique, entre 1959 et 1963.

Au début de la pièce, une vidéo des comédiens, de l'auteur et du metteur en scène, "en préparation", précise "ce que la pièce n'est pas" (jouer De Gaulle et Adenauer au plus proche) et "ce qu'elle est" (la mise en voix des propos originaux qu'ils échangèrent). D'ailleurs les textes ne sont pas récités mais lus sur des pupitres, afin d'encrer les dialogues dans toute leur justesse historique.

La première image est bouleversante, car replace ce que l'on croit savoir de De Gaulle avant 1959 : une TSF se souvient de la lutte sans merci qu'il mena contre l'occupant nazi ( de l'appel du 18 juin, appelant la France à la résistance, de la BBC Londres à son discours à la Libération de Paris « outragé, martyrisé mais libéré par lui-même »... Le tout derrière la haute silhouette du Général, dans l'ombre, entre les doigts duquel on devine une cigarette... Il est très émouvant que CE MÊME ennemi acharné fut l'ouvrier, non moins acharné, de cette réconciliation avec Adenauer, destitué par le régime Nazi, puis de son poste de Maire par les communistes!

Puis Adenauer arrive à la "Boisserie", propriété de De Gaulle à Colombey Les Deux-Eglises, où il fut le seul chef d'état à être reçu, par craintes de troubles en France, puis par amitié après la signature. On apprend que la cuisinière, Lorraine, refusa de préparer la blanquette pour le chancelier, ce que fit donc la femme de chambre Alsacienne !

On retrouve au fur et à mesure de la pièce la prose, très belle et lyrique, emphatique de De Gaulle (en véritable écrivain) dans sa correspondance ou ses "Mémoires", anti américaine et défenseur de la souveraineté française dans le contexte de la guerre froide, où l'Allemagne d'Adenauer, plus pragmatique, pour des raisons de proximité géographique, avait plus à craindre le bloc Soviétique des Pays de l'Est que la France.

On suit la réflexion des deux hommes, De Gaulle se rendant à l'idée que les Anglais sont, bien plus que les Allemands, nos ennemis historiques...

On voit surtout se lier entre ces deux grands hommes politiques, une grande et belle amitié... Pour une Europe puissante qui se construira autour de ce couple Franco Allemand.

De_Gaulle_Adenauer.jpg (photo Lhaure photographies pour COLLECTIF SO&ZO)

On voit en archives, Adenauer, en visite officielle en France où un J-P Meyer, jouant normalement Adenauer, apparait soudainement avec une casquette gavroche, pour symboliser un syndicaliste bordelais, et somme Adenauer de rentrer chez lui). Puis De Gaulle, en Allemagne, faisant un discours EN ALLEMAND (allocution dans la langue de Goethe commentée et appréciée par le journaliste des Dernières Nouvelles d'Alsace lu par Jean Philippe Meyer (Adenauer) )... Et enfin, le traité signé (amputé d'un préambule par les opposants à Adenauer, on entendra De Gaulle crier, des coulisses, « Ils se conduisent comme des COCHONS ! ») !!

Les deux hommes se retrouveront à La Boisserie, en amis, pour partager un verre de cognac... A la faveur duquel le grand Charles, sortant de sa réserve, confiera à Adenauer qu'il apprécie "Intervilles". C'est dans un échange plus intime que leur amitié sera enfin dévoilée (25 petits-enfants pour Adenauer, moins pour De Gaulle, dont un, le fils de Philippe, veut devenir «Empereur »).

Ces petites touches comiques rajoutent du pittoresque, émaillent de bonnes humeurs les conversations entre les deux hommes, politiques d'abord, fraternelles ensuite....

Les deux comédiens, Alain Moussay ( De Gaulle ) et Jean-philippe Meyer ( Adenauer ), dont le but n'était PAS la ressemblance physique ou l'imitation exacte des deux protagonistes, rappellent un peu : De Gaulle pour sa prestance, sa taille... Parfois un envol lyrique, emphatique, en fin de phrases... Ou peut-être est-ce la chevelure d'un Adenauer qui n'en a plus vraiment...

Soudain A la fin du spectacle, juste après un tonnerre d'applaudissements, face à un public convaincu et émerveillé, Adenauer étonne par une excellente imitation de De Gaulle... iI donnerait presque envie d'inverser les rôles... De revoir la pièce avec De Gaulle en Adenauer et Adenauer en De Gaulle... Preuve que la pièce, en plus d'être un véritable rappel historique, est AUSSI un grand moment de théâtre et d'intelligence...

Le COLLECTIF SO-ZO remercie toute l'équipe ( artistique et technique ) pour ce merveilleux moment de "tournée' passé ensemble dans la joie et dans l'art..

LE TRAITE sera joué SAMEDI 2 FEVRIER 2013 à 20 h 30 au Cinéma L'ODYSSEE avant de partir à Berlin. Le Collectif SO-ZO et Radio Judaïca y tiendront un stand!

Par Jean Daniel Burkhardt et Joachim Trogolo.