Le griot Lansiné Kouyaté (http://www.youtube.com/watch?v=k1Fx8sNQmQo) est un joueur de balafon Centre Africain qui a joué avec Salif Keita, David Neerman un vibraphoniste modifié européen par des effets électriques ou saturés. Accompagnés d’Alain Simouni à la basse et David Aknin (Limousine) à la batterie, ils forment un quartet original entre Jazz, World et urbanité Fusion Rock Funk qui a sorti après « Kangala » et son« « Kanga Dub » en 2008 ( son second album « Skyscraopers & Deities ».

Kalo Dié commence sur la basse d’Antoine Simouni et le Beat Broken de David Aknin. Le vibraphone de Neerman a quelque chose d’Ethiopique de Mulattu Aqstaqué, le balafon de Lansiné Kouyaté d’Asiatique ou des gongs Indonésiens du Kapaci Suling. Mais quand il s’électrifie d’effets de distorsions saturées à la Konono N°1, Neerman devient la guitare électrique, le fender rhodes modifié du quartet. Ils ont en effet choisi de ne pas modifier le balafon électriquement mais le vibraphone, ce qui ne veut pas dire que le jeu en soit moins moderne.

La batterie broken beat fut inventée par le batteur de Serge Gainsbourg pour son « Requiem Pour Un Con » dans le Film Le Pacha avec Jean Gabin que Kouyaté et Neerman reprennent très naturellement à leur façon en instrumental. Là encore, c’est Neerman et son vibraphone modifié qui se fait clavier et chanteur oriental à voix aigre et inquiétante, puis s’envole en des rêves vaporeux

Sans effets « Diètou » bénéficie d’une couleur plus Africaine par le concours de la kora de Ballake Sissoko en guest sur un motif mandingue à la Cheick Tiddiane Seick.

On entre par une déflagration électrique « Au Commissariat », où les batteries de Neerman et celles de David Aknin redoublent de coups sur les synthés saturés de Neerman pour un passage à tabac rythmique sur le balafon.

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Dans « Toumbéré », Neerman a des échos lointains de clameurs et de Blues Touareg, suivi par la basse et la batterie sur le balafon jusqu’à son solo véloce grinçant au fond des lames.

Sur la basse synthétiseur d’Antoine Simouni s’envolent les « Phalènes ». Le balafon trouve dans cet environnement modifié de nouvelles couleurs à défaut d’électricité, n’a pas toujours la première place, passe du rythmique au mélodique. Le vibraphone tremble d’électricité dans les nuages, les étoiles, les nuées, lui trace un ciel d’orage. Les deux piano percussions se mêlent parfois à s’y méprendre.

Les mots éponymes de « Skyscrapers & Deities » (Gratte ciels et Divinités) sont dus au poète Trinidadien du Spasm Band Anthony Jackson dans « Haiti » venant poser ses mots sur le fond mandingue du balafon et de la kora. Les gratte-ciels seraient-ils les nouvelles divinités urbaines, nouvelles tours de Babels, nouveaux totems d’industries fossiles de l’humanité/ animalité dans les distorsions de plus en plus saturées d’électricités, les souffles de Neerman, réinventant les mystères naturels pour les nouvelles jungles des mégalopoles urbaines.



Plus apaisé / asiatique, mais au titre tout aussi halluciné, « Un Soleil Noir Sur Son Déclin » laisse d’abord à entendre les deux pianos percussions sans effets, vibraphone sur balafon en une descente déclinante en mode mandingue dans la nuit sur la synthé basse orientale. Alors que certains racistes craignent sa suprématie, que reste-t-il du peuple noir quand il veut fuir l’Afrique et la misère, quand on ne l’ a pas expulsé dans cette dissémination mondiale globalisée ? Mais soudain la batterie d’Aknin, l’électricité de Neerman sur la basse groove réveillent la danse et le funk, l’Afrique éternelle et future des Musiques noires à travers le monde. Et si le Déclin d’un Soleil Noir était passage de l’ombre à la lumière du dancefloor global, dans la boule à facettes universelle?

« Hawagis » reprend le chemin de l’Ethiopie avec le vibraphone saturé de Neerman sur un rythme digne de Mulattu sur lequel Kouyaté pose son balafon.

Enfin, « Djely » termine gaiement sur un mode Mandingueaprès ces quelques titres plus hallucinés électriques, prposant le balafon et les échos du vibraphone conversant enfin seuls

Lansiné Kouyaté, David Neerman, Aknin et Antoine Simouni seront en concert (http://www.youtube.com/watch?v=k8JFtvUKEbM ) à guichets fermés au Cheval Blanc de Schiltigheim le Mardi 16 octobre mais je passerai leur album dans Jazzology jeudi 11 octobre à 21 h !

Demain Vendredi, ne ratez pas la sortie au Moodoï se la Nouvelle Touchdown Mixtape lors d’une Release Party ambiancée Reggae Ragga!

A la semaine prochaine avec à 10 h le Trio Kroke dans Terres Tribales et Jeudi le dernier album de John Mc Laughlin, rien que ça !

Jean Daniel BURKHARDT