Cécric Munsch alias Tribuman est trompettiste de Jazz et chanteur Ragga qui a déjà posé son flow avec Solo Banton, vient d’entrer chez Enneri Blaka et avait précédemment enregistré il y a un an et demie un album éponyme avec son groupe « Jazzomatix », rencontrés en 2008 lors de remplacements pour Skannibal Schmitt ou le Jammin’ Orchestra (Boris Labouèbe aux claviers, Roland Grob, basse et contrebasse, qui les rejoint pour jouer dans la rue et Jean-François Meyer à la batterie) et des guests avant de partir rôder le répertoire sur les scènes d’Europe jusqu’à Bratislava. Ils seront en concert ce soir Jeudi 14 Avril 2011 en concert au Mudd Club (7 Rue de l’Arc-En Ciel) à partir de 21 h et sur Radio Judaïca dans mon émission « Jazzology » à la même heure (mais rediffusé Mercredi 20 avril 2011 à 23 h)!.

Tribuman___Jazzomatix_CD.jpg

Ça commence« « Sur Le Fil » avec un bon Funky Groove Soulful à l’ancienne à la No Stress (qui assurera leur première partie ce soir à partir de 20 h) une bonne basse sur la clavé et deux scratches de platines bien intégrées de DJ Nelson en guest, la voix promettant la fusion des styles et des cuivres aux riffs et soli bien arrangés (Christophe Riger au saxophone et Guillaume Nuss de la Fanfare En Pétard) surfant sur les étoiles du rhodes et une excellente percu latine à la Mongo Santamaria (Simon Pomarat, rencontré aux Jams de la Grotte). Je préfère le ragga sur du live Funk à celui sur des samples de DJs ou le Dancehall des Sound Systems. Les claviers nous emportent jusqu’au space funk, à la galaxie Sun Râ, puis les cuivres après l’autoroute pour l’atterrissage sur la guitare, la basse! Une vraie écoute des musiciens dans la puissance, sans que la musicalité ait à en pâtir.

Tribuman_Fil.jpg

C’est en studio avant d’enregistrer « Ruffneck » (avec le MC New-Yorkais Jamalski qu’ils se décidèrent finalement pour ce nom de Jazzomatix : JAZZO- pour la rythmique et les cuivres Live, -MATIX pour l’électronique quoique pas si présente que cela, la Jungle passant leur musique Live à la Lavomatix recolorante de la modernité. Le piano abstract hip hop et basse électro vrombissante comme les bulles d’un volcan avant décollage du saxophone, la trompette flottante émouvante à la Miles/Truffaz puis un super solo de piano au tempo varié vous mettent en orbite. En effet, c’est groovy mais « pas lourd comme un gros porc » comme dit Tribuman.

Tribuman_Jamalski.jpg

Ils partent même en rag(time) sur le piano avec des cuivres à la Steve Coleman pour « Un Petit Air de Jazz », référence et hommage au Be Bop de Bud Powell, Dizzy Gillespie et Charlie Parker , Hard Bop d’Horace Silver qu’on appelait déjà funky (positivement après l’insulte raciste originelle alliant noirs, musique et fantasmes terrifiants du vaudou de Congo Square). Dans son autobiographie, Quincy Jones confirme que dans les années 50s la modernité populaire de rue et le côté révolutionnaire du Be Bop annonçant les Black Panthers était très proche de l’esprit Hip Hop des années 90s.

Tribuman_Jazzomatix_Colors.jpg

Le Hip Hop n’est plus Funky, "s'est coupé de ses membres Jazzys" dit Tribuman, car les MCs, de simples présentateurs/chauffeurs de soirées y ont pris le pouvoir en virant les DJs qui avaient cette culture, mais Jazzomatix la recrée en Live comme Hocus Pocus avec des cuivres en plus et un bel unisson avant le solo de trombone de Guillaume Nuss sur les autres souffleurs.

Tribuman_Jazzomatix_NB.jpg

« Être au Top » bien funky & Soulful se souvient de Robert Johnson et de son pacte avec le diable pour un jeu de guitare extraordinaire, mais pour Être Au Top c’est travailler sa musique pour être bon « pas pour passer à la la télé ou toucher une grosse enveloppe » sur un super guitare funky (Yannick Eichert alias Yan), mais plus sains que les toxicos des 70ies. Qu’importe, puisque par leur jeu est une référence à eux, sous leur seule influence, en faites revivre la ferveur ici et maintenant, comme leur esprit Peace, Love & Soul! Mélodiquement comme chanteur, Tribuman a quelque chose de Soul pour moi indispensable au Hip Hop et rare, est un vrai chanteur (comme Nyah sur les premiers Truffaz, Kokayi chez Steve Coleman). Après un changement de tempo, ils rendent ce que la Jamaïque a perdu avec le ragga/DJs en appliquant la mélodicité du chant ragga au Funk et au Jazz, et propose aussi des solutions positives comme Abd Al Malick.

Tribuman_basse.bmp

«Crazy World» dénonce le monde fou des traders de la Société Générale et autres qui nous amena la crise, colle un sample d’actualité avec une bonne choriste émouvante. Le MC Lyricson en anglais/Jamaïcain est bon aussi!

Tribuman___Jazzomatix_affiche.jpg

La « Panique » est positivement musicale et scénique, avec encore une belle mélodie et unissons des deux voix et un super solo de trompette. La trompette est l’instrument du Jazz le plus surévalué et sous-joué, à cause de Miles et Truffaz ou Marsalis comme seule influence/référence, oubliant Fats Navarro ou Clifford Brown, Freddie Hubbard qui sont allés plus loin! Bon saxo aussi sur la Drum’N’Bass sur ce titre. Pour leur offrir cette « Panique » à domicile, venez les applaudir au Mudd Club ce soir!

Tribuman___Jazzomatics_Mudd.jpg

« Reste Ruff » (Rough & Tough, disait Marley dont on reconnaît le « Get Up Stand Up » dans les riffs, et ailleurs dans l’album quelques lignes du premier « Kinky Reggae » de « Talking Blues»), après un début en péplum urbain sur les sirènes Schiffriniennes du rhodes, plus violent et urbain, revendicatif, une puissance à la Enneri Blaka. Bon musicalement c’est pas le morceau que je préfère, mais je pense qu’il y a aujourd’hui plus de gens différents de moi que comme moi. Bons riffs de vampires quand même et synthés spacy sirènes!

Tribuman_tous.jpg

«On M’a Dit », après une bonne intro claviers’lectros inquiétants et de cuivres, parle du choix d’être musicien envers et contre tout et tous, bon sujet mais s'élève contre la compétition professionnelle actuelle sur des cuivres skas avec Sarah Eichert dans les choeurs. Pour moi ils ont tout de vrais pros ès Jazz/Soul/Rock/Funk/Ragga et méritent d’en vivre, sont d’un influence plus positive sur les esprits que beaucoup de gens dans le Gangstarap qui se croient plus importants aujourd’hui!

Tribuman_Jazzomatix_Colors.jpg

Les références, ils en ont et le prouvent, à leur sauce, comme Tribuman dans le solo de trompette lyrique : après la montée de « Yuri’s Choice» de Truffaz après le « Come On Yeah My Sisters C’mon » de Nya sur la rythmique Drum’N’Bass de Jeff Meyer, grand fan de Marc Erbetta, et continue à la steve Coleman avec une trompette aux pistons électroniquement libres et propulsant l’énergie pure à la Miles électrique, mais cite tout de même « Naïma » sous effets au sein de beaux échanges de cuivres.

Tribuman_drums.jpg

Dans « Tout Là-Haut » ) Merlot ajoute encore de la bonne Soul au milieu des chœurs, et quelque chose aussi de caraïbe dans le phrasé. Les textes sont bons aussi, critiquant le monde, mais proposant aussi des solutions, des voies d’améliorations spirituelles à chacun, du rêve, et la consolation de beaux unissons de cuivres et voix. Comme ils disent, ils font danser les pieds, ravissent l’âme, élèvent l’esprit jusqu’aux étoiles d’un paradis non artificiel.

Tribuman___Jazzomatix_galette.jpg

« Jazzomatix » (à l’origine un hommage à Erik Truffaz, citant d’ailleurs son Siegfied dans le solo de trompette) a encore une bonne intro claviers sur la basse Blaxploitation à la Shaft qui ferait avec la trompette à la Miles (période Nefertiti, ma préférée), une bonne musique de film urbain sur la batterie Drum’n’Bass, le piano cherchant des dissonances, des résonances DANS les cordes à la Bobo Stenson, puis revient à la Truffaz. Le clavier a compris la leçon de Joe Zawinul : jouer pour obtenir des effets acoustiques d’instruments électriques. Cordes intérieures débouchent sur le dub quand la basse, le clavier change le tempo. C’est de la Drum’N’Bass mais acoustique, laissant la place aux improvisations du jazz, aux effets rallongés d’électricité pure à la Bitches Brew de Miles Davis et silence juste avant l’explosion.

Tribuman__Jammin.jpg

« Cité de Dieu » avec la basse à la Truffaz, Groove Brazil sur le portrait de brésiliens comme dans ce film excellent sur la violence urbaine de Fernando Meirelles et Kátia Lund qui révéla Seu Jorge avec Seu Jorge, mais est-ce mieux chez nous ou n’y allons-nous pas ici ? C’est aussi pour cela que le message de Jazzomatix devrait être entendu d’ici à ailleurs, pour cette intéressante distinction entre « le monde à l’envers » auquel on ne pourrait rien et « l’envers du monde » dont on serait chacun un peu responsables dans ce cas, qui n’est pas impensable, inhumain, mais un pur produit de nos sociétés modernes et de leurs choix, de leurs oublis.

Tribuman_Live.jpg

Enfin, « To The Music » confirme le goût pour l’exotisme Funky Disco Brazil à la Banda Black Rio ou Sergio Mendès du précédent sur un tempo Samba à la bonne flûte Choro au début, excellent et bons chœurs Soulfull, cuivres bien choro samba sur la rythmique brazil et le clavier bien space pour lier le tout, la flûte naturelle 60ies.

Tribuman_Riddim.jpg

Bref ils ont trouvé une bonne formule actuelle, Jazz Funk Soul Drum’N’Bass aux bons vocaux Ragga mélodiques et textes positifs.

Ils ont encore évolué depuis avec ce titre Live : Solide. Venez nombreux voir où ils en sont ce soir au Mudd Club à 21 h !

Jean Daniel BURKHARDT

QU' ECOUTER, OU DANSER CE WEEK-END?

Le Mudd Club se lance dans les concerts live ce week-end:

-Vendredi 15 Avril 2011 20 h: THE FEELING OF LOVE (Krautrock Psychédélique Underground de Metz): 3 €

Avril_15-17_Feeling_Of_Love.jpg

-Samedi 16 Avril 20 h: LES CROCODILES: L'un des meilleurs groupes de New Wave à Strasbourg, influencés par Echo & The Bunnymen. LIVE & DJ: SET 3 €

Avril_15-17_Crocodiles.jpg

LA SEMAINE PROCHAINE :

-MERCREDI 20 AVRIL 20 h: KOKOLO (AfroBeat New Yorkais): 5 €

Avril_15-17_KOKOLO.jpg

-JEUDI 21 AVRIL: BLACK OCTOPUS INVITE SUZI ANALOGUE, chanteuse et Beatmakeuse. Gratuit Majoration Consos de 0,50 €

Avril_15-17_OCTOPUS___ANALOGUE.jpg

ET TOUJOURS LES ARTEFACTS CI-DESSOUS...