Ma Chronique sur le dernier disque de Giovanni Mirabassi Trio (avec Gianluca Renzi à la contrebasse et Léon Parker à la batterie) est à la une de "Percussions.org"

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GIOVANNI MIRABASSI TRIO LIVE @ THE BLUE NOTE, TOKYO

On connaît bien le pianiste Giovanni Mirabassi dans le monde du Jazz, et depuis trois albums on a encore plus de raisons de l’aimer, puisqu’outre le contrebassiste chantant Gianluca Renzi, c’est son trio qu’a choisi le plus grand batteur de Jazz des années 90s, Léon Parker, pour revenir au Jazz après quelques années d’ateliers body percussion. Après « Terra Furiosa » en 2008 et « Out Of Track » en 2009, ils sortent un Live @ The Blue Note, Tokyo en 2010.

Dès le premier titre « NY 1 », c'est toujours un plaisir de réentendre/redécouvrir l'originalité des cymbales de Léon Parker et la folie qui court sur les touches de Giovanni Mirabassi, puis sur "It's us", le tinkty boum qui part en 4/4 de Léon Parker.

Mirabassi a quelque chose de Bill Evans dans la délicatesse du toucher et l'originalité des voicings, du Bill Evans de "Portrait In Jazz" (avec déjà Scott La Faro et Paul Motian comme dans "Sunday At The Village Vanguard"), plus vif et avec une version de "Autumn Leaves" très originale dès l'intro, partant sur les chapeaux de roue comme d'en dehors du thème. bons échanges dans "It's Us" entre le solo en breaks de Parker et le piano.

"World Changes" raconte son histoire sur un tempo lent qui laisse monter l'intensité, me rappelle un peu un morceau de Parker et Terrasson sur un album de Parker.

« Here's The Captain » crépite joliment aussi côté feu de bois rythmique de Parker et volutes de Mirabassi autour de lui. Ce qui est intéressant c’est cette clavé/batucada funky urbaine rythmique tâtonnée puis de plus en plus affirmée tribale et terrienne de Captain Parker faisant passer cette tempête de ras d’un élément à l’autre de la batterie dans son solo. Le Capitaine c’est Parker, ou Dieu qui la fait la pluie et le beau temps, Mirabassi la mer de noires et blanches, Renzi le mât et le chant des sirènes quand il fredonne (pas sur ce disque). Le côté sentimental et délicat des ballades est présent aussi dans « My Broken Heart ».

Mais dès la basse d’ « It Is What It Is », on retrouve les terres vierges, inexplorées qu’aime inventer le trio, le piano à la Monk inventant par touches impressionnistes un langage neuf et improvisé entre la contrebasse groovy comme dans un film noir de Renzi et les cliquetis cliquetis de cymbales imperturbables de Parker, avec une énergie, une écoute inouïes. « C’est ce que c’est », en effet, du Jazz mais pas que, ou au sens très large, la BO patrfaite de nos émotions imaginaires. Avec « Six For Sex », on retrouve le côté terrien des percussions de Parker, de la basse de Renzi, et le piano dans les notes les plus basses, rythmique qui s’envole en turquerie orientale pour un voyage au long cours toujours empreint de lyrisme pianistique et d’hésitations rythmiques, de tâtonnements trouveurs qui font avancer la barque avec ferveur jusqu’à la tempête Parkerienne qui chamboule et retourne tout ce que l’on croyait établi.

« Gold and diamonds » calme le tempo sur une ballade, tisse des bijoux d’or et de diamants mélancoliques qui iraient bien à la femme très classe et belle sur la pochette, qui elle-même va très bien à leur musique l’habillant comme cet or ou ces diamants, le disque en szerait le collier. Tiens, elle n’en porte pas.

Dernier titre et dernier suspense délicat, le disque se termine avec la version courte de « World Changes » entre lyrisme et intensité rythmique. Un très bon disque de Jazz, mais on est toujours content d’avoir des nouvelles de ce trio.

Jean Daniel BURKHARDT