Si le Jazz est à l’origine une musique Afro-Américaine, Afro-Cubaine/Brésilienne, ou Européenne d’adoption,, il est aussi « la seule musique assez libre pour accepter toutes les autres en son sein » (Fusion Jazz Rock, funk, Electro), et gagne aujourd’hui à s’ouvrir à de nouveaux horizons et continents, à de nouvelles fusions mondiales.

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Le disque Magnetic Benz!ne du batteur du groupe Print Franck Vaillant, sorti sur le label Mélisse en 2009, ouvre le Jazz à la Musique Coréenne, grâce à la chanteuse Coréenne Soobin Park, accompagné par une formation Jazz/ Jazz-Rock (Guillaume Orti au saxophone, Josef Dumoulin au piano et Fender rhodes et Jean Luc Lehr à la basse électrique et acoustique).

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Le Jazz est présent dans son expression la plus calme ou plus libre. Petites étoiles de Paris trouve le quartet, sans la chanteuse, dans un contexte de ballade purement Jazz classique, acoustique avec batterie, contrebasse et piano à la Keith Jarrett, citations d’A Love Supreme et l’agilité rythmique d’Orti très troisième mouvement Tristanien à la Lee Konitz, et éclaboussements sonores de rires d’enfants en fond sonore. Dans Womp Womp, Orti a la précision et la liberté Monkienne d’un Steve Lacy sur une batterie flottante, ouverte, libre, improvisé, mais respectant une mélodie magnifique suivie d’un solo de piano très original.

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Dès L’Affaire à l’envers, la puissance de la chanteuse coréenne rappelant celle de la musique Samul’Nori ou le Minyô Japonais par sa puissance dramatique, surprend d’abord, inouïe dans ce contexte, puis s’allie à merveille avec le groupe, les tempos casse-cous d’Orti et le clavier Jazz-Rock inquiétant dans les basses de Dumoulin, mieux intégrée et plus active que la discrète Yen Shyu dans Lucidarium de Steve Coleman, dès le début aussi déjantée que les musiciens qui l’accompagne, dans une émulation et écoute mutuelle.

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Million Dollars rappelle un peu les genres Pansori narratif puis des percussions coréennes comme le tambour changgo et le gong kwaenggwari se mêlant à la batterie de Franck Vaillant, puis Orti attaque des dunes mélodiques façon Steve Coleman, et finit presque en afro-cubain sur le tambour changgo (homonyme d’un Dieu de la Santeria Cubaine, comme le monde est petit!) sur les cris de Soobin Park. Ils inventent de nouveaux chemins entre ces musiques.

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Dans le groupe de Franck Vaillant, Jazz et Musique Traditionnelle conversent sans s’étouffer, l’un rendant l’autre plus accessible, tandis qu’elle l’enrichit de ses couleurs inédites, traversant les frontières avec Fil de Feu, dont les premières mesures de la Coréennes seule accompagnée de percussions Japonaises rappellent la Click Song de Myriam Makéba, puis le Minyô narratif Japonais déroule son histoire.

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Plus électrique, Boom Boom Ship décolle avec le fender rhodes vers un Space Rock psychédélique cosmique à la Sun Râ accompagnant la voix hallucinée de la Coréenne poussée jusqu’au cri, passant du langage articulé aux expressions vocales plus libres et informes, hallucinée dans sa chute, presque diphoniques. La chanteuse, là encore, semble plus intégrée moins plaquée artificiellement que le chanteur Japonais Suzuki dans le Rock progressif de Can, car elle n’essaie pas de faire Rock ou Jazz, mais reste elle-même de son étrangeté exotique à ses délires punks. Dancing In Armor rappelle le Rock Jazz de Rocking Chair.

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Dans Bondage Maracas, elle use d’une taepyongso, trompette chinoise, doublée à la flûte, qui rappelle des sonorités indiennes dans une sorte de bourrée d’ailleurs rejointe par le quartet jazz qui finit en brouillage électro expérimental. Dans ce traitement à la fois issu d’un terroir et s’en échappant, le groupe crée sa Musique Folklorique Imaginaire n’appartenant qu’à lui, à la manière du Marvellous Band où Sclavis jouait des tuyaux divers. Après s’être ainsi cherchés, découverts et trouvés, Sadhaan, aboutit à une fusion parfaite, inédite, d’électro-pop-wave un ovni sublime ambient lounge apaisé d’une stupéfiante beauté, métisse, mutante, à un langage propre où chacun a sa place dans une sublime harmonie collective...

                                   Jean Daniel BURKHARDT

PS: Pour entendre la musique de Franck Vaillant et son groupe Magnetic Benz!ne, qui n'a pas de Myspace, écoutez mon émission Jazzology à 21 h ce soir Jeudi 25 mars 2010 sur Radio Judaïca Strasbourg. J'y ferai aussi une courte interview de Franck Vaillant et Soobin Park en direct du Triton des Lilas, où les Parisiens pourront les entendre ce soir pour le lancement de l'album.