Le vendredi 12 juin , c’est dans le « Computer World » des DJS electro que conviait le festival Contretemps. En ouverture, on a pu entendre Ben G de la radio web « Right On FM », ancien disquaire Metzin qui a rejoint les soirées Strasbourgeoises avec son univers Disco-Funk.

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Toujours aussi Sapace-Hip Hop, il commence par « I Am The Black Gold Of The Sun » de Nuyorican Soul remixé par 4 Hero aux vocaux magnifiques sur un piano martelant : les esprits des musiques noires comme face noire de l’or du soleil, Sun Râ aurait aimé cette idée, lui qui pensait que les Pharaons Egyptiens noirs descendaient de la Planète Mars .

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En tous cas l’arrangement est magnifique, avec des cordes disco, un fender rhodes spatial puis l’accélération drum’n’bass à la vitesse de la lumière : à la fois dansant et hypnotique.

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Un tempo plus dur est tempéré de voix Soul à l’arrière de Big Bangs scratchant la nuit noire en orbite des vinyles, réveillé d’un « Get Up » du « Sex Machine » de James Brown remixé et bien harmonisé avec « The Beat Goes On » de Sonny & Cher remixé récemment par Bob Sinclair, à moins que ce ne soit le tube Funky Disco « And The Beat Goes On » des Whispers en 1979.

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Puis le piano martelé montant vers l’électro groove et la voix Soul de Crystal Waters (c’est le nom de la chanteuse, encore en activité) dans «Gypsy Woman (She’s Homeless)» en 1991. Suit un Hip Hop plus lourd mais sur un clavier dub/rhodes, un beat broken annonçant Fulgeance, une voix aigue sur un rythme Batucada Brazil et une basse funky où vient se greffer un saxo en apesanteur : construction efficace à partir d’éléments hétéroclites.

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Montée irrésistiblement ascendante au décollage d’un clavier cristallin Japonisant. Le rythme prend forme sur des beats & bass smashant mais liés par des claviers 70ies aquatiques, stellaires et cristallins entre les scratches ralentissant, puis la basse se lève sur une batterie en ras, se fait obsédante sur le clavier sur une vague Japonisante/Africaine Electro_Hip-Pop.

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Pendant ce temps, le VJAy Fat Butcher Visual architecture des formes lumineuses doubles de son "Houndz Of Love" sur une voix New Wave entre The Cure et Morrissey période The Smith ou Electronica entre les alizés de la constance clavier/voix. On entre dans le COMPUTER WORLD.

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Des claviers électro-pop dansent sur la voix au rythme du piano martelé, hanté par une voix d’ordinateur synthétique scintillant sur une basse funky, Nina Simone chante « It’s A New Day » dans « Feeling Good », bootleggée avec James Brown dans un remix découvert par DJ Vax’1 de Mulhouse contamine «Take On Me » d’A-Ha.

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On verra bien ce soir si venus de Strasbourg, Paris, Karlsruhe ou Tokyo, les DJs sont des robots, des clones interchangeables ou ont une signature locale selon leur partie du monde. Sur l’écran, Buster Keaton entre deux Cosaques dans « [The Cossacks» de John Gilbert en 1928 entre deux gardes Cosaques ou Turcs aux belles moustaches.

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Une voix susurre un message incompréhensible et osessionnel sur le beat et les claviers liquides, puis retour au Disco avec « Sunshine » d’Earth, Wind & Fire sur des claviers en ascenseurs jusqu’au soleil.

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Sur l’écran, un immeuble, une table de mixage, Joséphine Baker et ses bananes à laquelle succède un danseur de oula-hop bleu électrique.

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« Checkin’ Out The Dancefloor », une belle Tzigane, Gitane ou Arabe, regard baissé, apeuré sur l’écran, suivie de « Police Don’t Cross » en Ragga-lectro urbain, puis de l’idéalisme d’un « On veut tout changer » teinté d’un accent Brazil/Antilles sur le Beat Broken, virage en douceur vers Sayag Jazz Machine remixé par Fulgeance qui suit…

Fulgeance arrive sur une voix Soul (il se produit aussi sous le pseudonyme de Souleance avecDJ Soulist comme résident parisien aux soirées « What The Funk » , et ils viennent de sortir "le monde", un magifique ep "tropical soul" & funky en écute sur "Myspace"

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Il modèle comme dans « Sour Soca » les sons et les percussions afros sur des rythmes batucada décomposés à l’aide de boutons, jouant des boutons d’effets de sampler comme des touches d’un clavier, puis accélère de plus en plus les platines, ralentit ou fait tomber le son goutte à goutte.

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Peut-être sculpte-t-il, recompose-t-il de nouveaux sons par agencement d’aigues et de graves sur les rythmes puis les module, les enrichit d’échos de samples de percussions et de beats ou juste d’une cymbale.

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Il annonce «Ce morceau s’appelle Rubik’s Cube (qu’on voit déjà sur les écrans du VJ), alors j’espère que vous n’avez pas le cul aussi carré que lui »,. Le son s’étire de plus en plus dans un miroitement, de ralentissements en dérapages, en voix scratchées sur le dubstep.

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Le titre harmonise les sons d’un clavier ralentissant/ accélérant pour en changer la fréquence sonore sur les turbines electro rythmiques comme venues d’une grotte sous-marine.

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Suit un titre plus Hip Hop « Low Club » sur les images d’ « I Love Hair » du VJ, puis la voix se fait Ragga attire une Dancehall queen sur l’ampli et une rousse asiatique aux bras du dieu indien Shiva dans sa danse cosmique, serpentant de tout son corps en breakdance.

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Fulgeance joue des claviers avec les boutons de sa batterie électronique saturée.

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La dancehall queen sur l’ampli est une danseuse illégale, comme l’est le graf sur les murs publics, mais aussi celle qui brave l’interdit des règles de sécurité comme une souris danse en l’absence du chat, fait entrer l’art chorégraphique amateur ou juste sa présence humaine où ils ne devraient pas être, transgresse la scène et cette distance sacrée artiste/public par ce début de happening non suivi et finalement réprimé, avorté, mais dont l’acte furtif est d’une beauté instantanée… C’est cette fugitivité qui la rend belle, précieuse et essentielle.

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Elle est une prêtresse d’une secte souterraine, l’ idole temporaire de tous les danseurs l’espèce d’un instant, dans le danger, ne durera que jusqu’à l’arrivée de la sécurité, mais n’est-ce pas cela qui la rend intéressante, flamme dansante juste jusqu’à ce qu’on la souffle. Mais elle aura eu sa minute, sa seconde de gloire…

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Suit le sample du clavier, , un peu comme du remix instru cool « Smartbanging » de Fulgeance du «Music» de Madonna, coolisé, rendu désuet, futurisé et ringardisé en en faisant une jolie mélodie à partir d'un simple sample, qui le rend plus agréable que l’original , sans son côté rythmiquement branchouille...

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Sur l’écran « GAME OVER PONG » brille en diamants sur une boucle de ceinture. En fait Fulgeance est aussi batteur autant que claviériste sur sa batterie électronique par ses ras digitaux, tout les samplant en live, les soutient d’une base électro, les change avec ses scratchs, les coupe comme le cutter du VJ sur l’écran.

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Deux danseuses, chats aux oreilles de léopards afros dansent sur l’electro-jungle des percussions urbaines de Fulgeance.

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« Est-ce que vous aimez ce genre de dub de basse ? », demande le créateur de musiques par des moyens électroniques, architecte sonore qui commence à me faire mieux comprendre que certains musiciens électroniques sont des hommes-orchestres robots. « Est-ce que vous êtes prêts pour le « Lock Up » ? »

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Lock Up, c’était surtout pour moi le nom du groupe du guitariste Tom Morello de « Rage Against The Machine », apprécié par la critique mais qui n’eut pas le succès public escompté et ne sortit qu’un album en 1989 : « Something Bitchin' This Way Comes », avec tout de même ce petit chef d’œuvre d’émotion et de rage qu’est « Everywhere I Go It Looks Like Rain » que mon ami Thierry Joseph de retour de San Francisco m’avait fait découvrir.

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Dans le Computer World Français, Fulgeance « représente la Normandie, l’Ouest », le Far West,. Mais admet : «C’est pas mal chez vous dans l’Est, mais il vous manque la mer… »

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Il termine son set par un remix de Dorian Concept (), passé le samedi précédent dans le festival, et qui a même joué à la game-boy après son set avec Mag’Si’Funky, une amie Irleillaise (mélance d’Irlandaise et de Marseillaise) ou de Marslandaise selon les saisons, les astres, les saisons et où l’emmènent ses voyages....

Arrive Aroop Roy, DJ et chanteur Japonais de Tokyo , où il a également un groupe Live sur un beat plus lourd, puis liquéfiant peu à peu.

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Changement de VJ, avec VJ Ease de Strasbourg ( ) sur de petits rythmes broken , tandis que des filles se profilent sur l’écran.

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« Many Times, Many Places », part en dub puis évolue en techno, assourdit puis remet le son sur les cris du public, plus rythmé ou plus sur les sons de claviers ou joue tribal sur des enfants humanoïdes lumières. Il ne me semblait pas qu’il ait fait un tel tabac. Peut-être étais-je sorti, en train de parler de réceptionner un album de bootlegs de DJ Zebra auprès de Mademoiselle Adélaïde….

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A son tour il nous entraîne dans « A Journey Into A Sound» que devrait proposer chaque DJ ayant son univers, d’où qu’il soit , tandis que sur l’écran se lit la même arborescence électronique du tribal à la technologie moderne, le beat se fait de plus en plus profond, de plus en plus concentré. Aroop Roy a également remixé « Remember The Time » de Mickael Jackson.

Arrivent Caterva, premier duo français dubstep formé des DJs No Prod et Mandibull depuis 2003 parfois accompagnés d’Anita Bomba au violon et producteurs Strasbourgeois du label «Sens Inverse », avec lesquels VJ Ease travaille habituellement.

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De petits signes entre tryskells et jeux vidéos apparaissent sur les écrans en suivant la construction de leur puzzle sonore sur « Monkey", hymne des singes électroniques mutants, dans une version plus profonde et avec des basses plus compactes, un rythme plus déhanché d’un pas sur l’autre que la version originale. A eux deux, en ping-pong, ils changent la rythmique peu à peu.

Arrive Kristian Beyer, de Karlsruhe, DJ du duo « Âme », qui, après avoir été hébergé par Sonar Kollektiv en 2008, ont monté leur propre label Innervision.

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Sa House aux vocaux pygmées des villes fait danser en une douce transe sensuelle la léoparde blonde, qui a perdu ses oreilles tachetées, la brune lui prêtera les siennes.

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Les basses de Kristian Beyer ont des résonances profondes, aux échos d’orgues sur la basse et les percussions entre le fracas des beats sur des claviers acides, envoûtants si j’en crois la réaction de la léoparde contre l’ampli devant la scène, puis s’assourdit.

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Une voix House Afro Soul chante « Zimba », peut-être « Melon - Je Davu, I Zimba [Platzh... » joué à Radio Noise 313 en 2008 et RBMA|http://redbullmusicacademyradio.com/shows/1088/ ], à quoi s’ajoutent des voix indiennes, des vocaux entêtants et même un solo de piano bubble plutôt apaisant, urbain sur le breakbeat. Soudain je reconnais dans le beat « Smells Like Teen Spirit » (http://www.youtube.com/watch?v=dXO3OMGKPpw ) de Nirvana, l’un des derniers disques que j’ai vraiment pu revendiquer en rock sans honte, comme venu de l’au-delà, regurgité par des machines dont le remix de SkAzi me sembler le plus proche. Un dub lent est hanté de sirènes, rythmé par un clavé electro au ralenti, et fondu enchaîné sur Juliano.

Juliano, créateur du collectif Art Rythm'S termine la soirée (il est tout de même 4/5 heures du matin passé). Je le considère comme l’un des meilleurs DJ Minimal, car il est vraiment intéressant rythmiquement et n’utilise pas QUE des sons electro dans ses mixs, mais parfois même des bouts de fanfares balkaniques.

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Cela commence par des mouches, des termites électroniques attaquant à même le pilon. Là où d’autres composent, Juliano semble décomposer, déstructurer les effets rythmiques et le beat en mélodies osèdantes dans lesquelles il intègre des saxos Jazz et Afrobeat empruntés au DJ Special K Rythm membre comme lui d’Art Rythm'S. Rythmicien, il recrée à partir des beats la finesse d’un balafon pur planant sur le Beat.

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La voix de Billie Holiday en New Wave, non c’est Madeleine Peyroux, sa plus émouvante imitatrice dans « Dance Me To The End Of Love » de Léonard Cohen. Aurait-elle déjà intéressé les remixeurs et DJs ), ou est-je Juliano qui n’écoute pas QUE de l’électro et a voulu l’électriser dans un songe electro psyché ? En tous cas j'ai apprécié avec émotion ce clin d'oeil Jazz à cette petite voix étouffée qui me bouleverse, mais hélas n'enregistre plus que ses compos.

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Suit une batterie Broken sur des Beats lourds, puis des percussions plus naturelles, montrant qu’il s’est intéressé à l’aspect percussif des choses comme un percussionniste live et pas seulement aux musiques électroniques, montent en intensité sur les lasers sidérants des VJ, puis clone/sample ces percussions, construisant autour et à partir d’elles une jungle urbaine et tribale à la fois.

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Issu de la culture New Wave, Juliano termine tous ses sets par le même morceau des Sisters Of Mercy.

Jean Daniel BURKHARDT.