La flûtiste et chanteuse Diana Baroni est née en Argentine, mais vit en Europe depuis 1995, venue en Hollande étudier la flûte baroque, et a enregistré son dernier album « Flor De Verano » en Autriche. C’est dans un grand fleuve d’Amérique ou d’Europe qu’on la voit se baigner dans la boue tatouant sa peau sur les photos de Laura Glusman.

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« Flor De Verano » est un album magnifique, alliant la prestance baroque des instrumentaux à la joie festive des danses indiennes ou noires, où l'agencement des compositions en une journée rajoute au paisir.

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La musique rappelle la musique la musique des Andes par ses flûtes et l’orchestration du trio alliant les cordes (harpe non andine, mais juive de Lincoln Almada, vihuela de Rafael Guel) et les percussions (Lincoln Almada au cajon, caisse de morue, Rafael Guel au xarana, percussion à graines), mais sert un répertoire allant du Baroque Mexicain des découvreurs du Nouveau Monde aux traditions indiennes encore vivaces des autochtones ou africaines des anciens esclaves noirs qui les remplacèrent. Des invités ajoutent d’autres couleurs, d’autres cultures : la kora malienne de Tunde Jegede, le trombone de Paul Zauner, la contrebasse de Wolfram Delschmidt.

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Dès le premier titre « La Mañana », la voix de Diana Barona est émouvante, bouleversante, avec la prestance et la profondeur venue de loin d’une Mercédès Sosa, puis on la découvre plus variée, gaie ou festive comme celle de Susana Baca dans le festejo « Ay Mayoral », chant d’esclave se plaignant du Contremaître qui rappelle le disque de Susana Baca «Del Fuego Y Del Agua » exhumant ces musiques Afro-Péruviennes, auxquelles Diana Baroni a consacré son premier disque « Son De Los Diablos ».

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Mais le fleuve, dont on entend les oiseaux, un coucou, des cigales ou les Lavandières nous emmène aussi grâce à cette sirène hors du Pérou, en Equateur, au Vénézuela ou au Mexique, au rythme des pregones, troubadours itinérants du Moyen Âge entourés de la foule ou vers le baroque Mexicain de 1730 avec une pureté de son de la flûte à la Jean-Pierre Rampal, oe encore dans des valses, danses, tonadas ou zamacuecas, nous font découvrir cette Amérique du Sud secrète, plurielle, moins connue que Cuba ou le Brésil.

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L’album est organisé comme une journée fictive, du matin, avec le travail agricole, à la sieste de l’après-midi écrasée de soleil, s’étendant quand les ombres s’allongent jusqu’à la soirée, invitation à la fête prolongée jusqu’au bout de la nuit et d’un autre petit matin.

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« Tardecita » (soirée) est une magnifique habanera d’Augustin Lara aux percussions légères chantée en duo avec Rafael Guel sur les cordes et la contrebasse.

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A la Nuit de Pâques de Conima sur les percussions des xaranas frappées et rebondissantes, résonnantes de graines soutenant la flûte Andine, succède celle festeja d’Alcatraz, et la Nuit Créole des noirs Mexicains. Au plus fort de la nuit, « Una Larga Noche » (une grande nuit) reprend de façon originale et personnelle une zamacueca de la grande chanteuse Péruvienne de Lima Chabuca Granda (1920-1983), se fait tragique, méditative, insomniaque avec le trombone en écho, puis les rythmes envahissent kora, cordes et voix, et s’apaisent aux lueurs de l’aube.

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Tout s’évanouit avec l’étoile du petit matin en «Nuage D’eau» où vole un papillon dans les bruits du réveil de la forêt vierge qui borde le fleuve…

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Mais rien ne vous empêche de remettre le disque pour une autre heure, une autre journée en Amérique Du Sud…

Jean Daniel BURKHARDT