Jim Black est un batteur de Jazz américain né en 1967 à Dallas en Californie, l’un des plus originaux de la scène New-Yorkaise Downtown.

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Originaire de la côte Ouest, il suit son père dans ses déplacements et découvre la percussion sur une batterie de fortune encore enfant. Sans avoir suivi de cursus particulier, il se retrouve à 14 ans dans un big band adolescent avec des musiciens qui continuent de jouer avec lui : Chris Speed, qui forme avec lui « Human Feel » en 1985 avec Kurt Rosenwinkel, et reste le saxophoniste de son groupe Rock AlasNoAxis et le guitariste Brad Shepik au saz dans son autre groupe Pachora, à l’orchestration balkanique, tzigane et orientale où il découvre les percussions orientales, ce qui est courageux aux Etats-Unis juste après le 11 septembre.

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Arrivé à New-York, après avoir jammé avec Roy Hargrove, il rencontre John Zorn et la scène underground à la Kintting Factory .Il a débuté comme membre du « Tiny Bell » Trio de Dave Douglas, puis est entré dans le trio « Jazz-Ttrash » d’Ellery Eskellin en 1998 et Andréa Parkins auquel il continue de participer.

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Hier soir 10 mars, il était au Cheval Blanc avec son groupe de Rock-Jazz AlasNoAxis (DésoléPasd’Axe) qui a sorti en 2006 « Dogs Of Great Indifference » (Chiens de grande indifférence, au sens de manque d’intérêt qu’ils ont pour les choses ou méritent : peluches absurdes représentées sur la pochette mais qui me rappellent un combat de chiens électriques d’Harold tournant au carnage japant jusqu’à extinction des piles à Stimultania en 2002), un album au son toujours aussi brut et plus proche du groupe de Rock que du quartet Jazz servant ses compositions très mélodiques au format pop empreintes d’une mélancolie dont on ne l’eût pas cru capable en ne le connaissant que comme batteur du trio Eskellin-Parkins-[Black,.|http://www.youtube.com/watch?v=MtgOb7560zc&feature=related]

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L’accoutrement des musiciens semble avoir été tiré au domino pour amuser l’œil, absurde, simple et pittoresque, avec des rappels : Black et Speed sont vêtus de chemises à carreaux de bûcherons d’américains ordinaires, ce dernier coiffé d’une casquette brune à écusson rouge. Portant des lunettes, Hilmar Jensson joue de la guitare debout, vêtu d’une chemise unie claire et Skuli Sverrisson de la basse assis, le plus gros, vêtu d’une chemise noire et d’un costume clair surmonté d’un chapeau mou. Black et Jensson ont encore des cheveux, ce dernier plus longs, Speed et Sverrisson sont chauves ou le crâne rasé.

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Jim Black commence le concert et les titres les plus rythmés comme les terminent parfois les batteurs de rock : quatre coups de baguettes l’une contre l’autre pour le « one two three four » cher aux Ramones, puis continue en tempêtant sur les caisses. Le saxophoniste Chris Speed, debout immobile face au micro pour maintenir la colonne d’air, tient le rôle du « chanteur » lyrique de ces chansons sans paroles à la tristesse douce-amère, un peu à la Radiohead, grâce à un style très dépouillé dans « Oddfelt », parfois à peine enflé d’un tremblement Balkanique à la Lourau dans « Dogs of Great Indifference », ou évoluant, réduit au souffle à vide dans « Spins So Free » ou poussé jusqu’au cri dans « Tars And Vanish » qui se termine par des riffs quasiment Rock d’Hilmar Jensson qui commencent « Desemrascar ».

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A d’autres moments, l’improvisation pure brouille la mélodie, réduite à un tremblement,, à un crissement, au tremblement d’un mirage expérimental, Jim Black utilisant les distorsions sonores des boutons d’une boîte à effets, comme dans « Harmstrong » poussant d’étranges harmoniques jusqu’à leurs limites comme pour voir / entendre où ça les mène. A de tels moments la moindre bribe de mélodie, souvent maintenue par la seule voix du saxophone, apparaît comme un lumineux miracle au cœur de la nuit d’un magma en train de se faire.

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La basse de skuli Sverrisson est discrète, reprenant celle d’ « A Forest » de The Cure ou puissante, au point qu’au plus fort du concert, elle résonnait sur "Star Rubbed" dans le plancher de la salle jusqu’aux derniers rangs.

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Quant à Jim Black, c’est l’un des batteurs les plus variés de la scène américaine improvisée, capable de marquer le tempo très doucement ou à la manière de percussions africaines ou tabla à mains nues dans « You Know Just Because », de déchaîner des explosions rock finales, comme de ne se concentrer que sur la cymbale, frappée, caressée en écho ou crissée, caresse ses toms de hochets, d’un tambourin et de clochettes entre autres jouets facétieux, ou plus violent, fouette les cymbales d’une chaîne de vélo, frappe une plaque de tôle ondulée à la manière d’un gong industriel ou va fourrager dans l’armature des toms, le tout maîtrisé, stoppé, déchaîné ou rallongé selon le moment et l’occasion, créant une palette d’effets extraordinaire et fascinante d’intranquillité.|C]

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Ce n’est certes en aucun cas un batteur de Jazz au sens classique du terme, et il ne joue d’ailleurs pas de standards, mais il apporte à la batterie une énergie, un décloisonnement Rock/Jazz/Pop qui n’appartient qu’à lui et le fait avancer, découvrir de nouveaux horizons.

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Dans ces reprises, ces « Chiens » sont déjà moins absurdes que sur la pochette, leur semblent moins indifférents, comme apprivoisés, les compositions éprouvées depuis deux ans à la scène, les compositions rallongées d’improvisations mais gardant leur caractère mélodique ou mélancolique et violent « Star Rubbed » ou griffant parfois de violences Rock subites.

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Mais ils sont déjà ailleurs, Jim Black présentant à la scène leur cinquième album « House Plant », d’un vert pomme plus tendre que leur premier «AlasNoAxis » dont ils reprirent «Boombye », ressemblant plus de loin à « Splay » avec comme pour les petites filles tristes de celui-ci la collaboration d’illustrateurs Japonais familiers du label cartonné « Winter & Winter » auquel le groupe est fidèle depuis ses débuts.

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Jean Daniel BURKHARDT