Depuis la fermeture du dernier Jazz-Club Strasbourgeois, le Piano Bar, où jai découvert les transes pianistiques de Grégory Ott entre Jazz-Rock et Funk quand il était claviériste du groupe « Moglaz », Trio Fusion de la bassiste Anne List, les musiciens et leur public dépendent, à Strasbourg pour se produire ou se faire la main hors concerts officiels en Salles de concert et Jam-sessions occasionnelles, de l’Association « Les rdv du Jazz » organisant des concerts une ou plusieurs fois par mois au Troc’Café. Ce vendredi 7 décembre, pour le dernier concert de l’année, le très talentueux pianiste Grégory Ott s’y produisait en trio, avec Matthieu Zirn à la batterie et le bassiste Jazz-funk-Rock , le meilleur émule de Jaco Pastorius de l’Est, Franck Bedez.

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Grégory Ott et Franck Bedez ont ensuite été membres du groupe Jazz-Rock « Panoramic Blue », avec les frères Grandcamp Jim à la guitare électrique et John à la basse, qui furent ensuite la section rythmique très groovy et énergique de la plus alsacienne des chanteuses de Jazz américaines, ou vice-versa, puisque née en Géorgie mais s’étant installée en Alsace, Lisa Doby. Grégory Ott a aussi fait ses preuves en pianiste de salsa avec les deux plus authentiques groupes de Salsa de la région, Candela, mené par le saxophoniste Colombien Hugo Hernandez, également directeur du Big Band de Haguenau, et Sonando, monté par le tromboniste de Jazz Pascal Beck, davantage composé de musiciens de Jazz du Cedim (Centre Européen d’Improvisation Musicale) voulant s’essayer à ce style. Pour ce concert au Troc’Café, il interpréta des thèmes de son disque "Frontières", enregistré il y a quelques années au Festival de La Petite Pierre, nous donnant à voir ses transes quand il s’emballe en Funk, Groove ou Salsa, lentement, puis dans une sorte de fièvre, d’ivresse et de folie communicative, de plus en plus vite comme en un tourbillon, un peu comme le pianiste au début du film «Salsa !» qui se fait renvoyer du Conservatoire, et improvisa même sur le générique des « Chiffres Et Les Lettres » en le latinisant en salsa endiablée.

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Bonne surprise, pour les derniers titres, des musiciens du Cedim se joignirent au trio pour plus de convivialité et de puissance : Pascal Beck, au trombone, auquel ses cheveux grisonnants et ses lunettes donnent de plus en plus un faux air d’Alain Chabat qui ne joue pas de trombone, Matthias Obernecker, violoniste capable en outre de scatter en transmettant les vibrations de son menton à son violon en guise de caisse de résonance et même d’introduire une de ses interventions par un chant diphonique, mais aussi de jouer du violon, du style classique swing de Stéphane Grappelli à celui plus Rock de Jean Luc Ponty ou Didier Lockwood, etle saxophoniste soprano Matthieu Wolf, qui se déchaîna de belle façon. Ils jouèrent ensemble un standard bossa ou latin , puis, Grégory Ott changeant la sonorité de son clavier en celle de Stevie Wonder pour son très « Blaxploitation » et funky « Ain’t Superstitious », il partit, en bis, en une dernière transe funky, donnant à Matthieu Wolf l’occasion d’un solo évoquant un Michael Brecker acoustique, et aux cuivres l’occasion d’improvisations collectives en rifs débridés faisant se terminer ce concert dans l’enthousiasme public, lui-même brodant d’un standard à l’autre lors de son propre solo.

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Bref, Grégory Ott a prouvé une fois de plus, s’il en étant besoin, qu’il était le pianiste le plus afro-cubain et le plus groove de l’Est, justifiant la plaisanterie facile de l’appeler Grégory (H-)ot(t), chaud comme son Jazz de transe et de passion, et la comparaison d’un connaisseur avec le pianiste Caraïbe Michel Camilo.

Jean Daniel BURKHARDT