Originaire de la Forêt Noire, Mathis Haug joue de la guitare et chante seul avec son batteur Stefan Notari comme sur son dernier disque Live dont la batterie est un bricolage invraisemblable de toms, cymbales percussions, bidons de récupération et caisse de fer qui trouvent leur emploi au fur et à mesure du concert.

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Après quelques accords, la guitare s’envole sur sa voix éraillée et rocailleuse de Bluesman sur le rythme d’ « On The Road Again » de Canned Heat.

« True Love » prend des accords indiens. Ce duo batterie voix est étrange mais à la fois sert ce côté ethnique, indien autour des fagots d’un feu de bois.

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La voix play/ pray/ preache son Blues, accentuée par la réverb trop importante sur la voix qui lui donne un côté Dub/ Sound System surnaturel, peut-être pas très adapté au blues! « Shhhhot » cite le « Foxxxy » de la « Lady » de Jimi Hendrix puis « Round & Round & Round » à la « John The Revelator » de Son House, mais avec une attitude de défi Rock envers le batteur et des riffs puissants à la Hey Joe. Ce duo est la rencontre de deux ferveurs se soutenant et remontant jusqu’à ne plus faire qu’un seul orage, la batterie son tonnerre et la guitare ses éclairs sur un riff à la « Jean Genie » de Bowie!

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Mathis Haug reprend plus officiellement en le Bluesisant « Walking On The Moon » de Sting & The Police, plus ancrée dans la terre que lunaire, moins planant, plus gravir une montagne que le reggae atmosphérique de l’original grâce au batteur.

Il reprend sur une composition du batteur Stefan Notari sur le riff du « Back Door Man » repris de Howling Wolf puis hurlée par les Doors sur un rythme ralenti Brechtien!

« Le Blues c’est bon pour garder le moral ! » dit Mathis Haug, rejoignant Big Bill Bronzy, « le blues ne parle pas de la souffrance mais de surmonter la souffrance !», puis chante d’une voix fantômatique sur les accords de « Working Class Hero » de John Lennon sur « Keep Your Eyes On the Road » à la guitare plus cool.

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Mathis Haug chante aussi un standard « comme c’est un festival de Jazz », My Baby Just Cares For Me », hommage à Nina Simone dont la fille Lisa sera au festival deux jours plus tard. Mais sa version est Blues sur une rythmique imitant des Washboards percussifs Bayous! Ça rappelle davantage la « Moondance » de Van Morrison. Il la présente comme une « chanson revenue d’Afrique pendant ces kermesses qui secouent les danseuses pour de vrai »! Je l’ignorais et ai peut-être mal compris. Selon mes informations, avant le succès au Top Ten de Nina Simone en 1958 et celui de la pub Chanel N 5, la chanson fut créée par Gus Kahn pour la comédie musicale Whoopee ! en 1930 puis devint la signature musicale d’Eddie Cantor dans une version encore très « coon minstrel show » (blanc grimé en noir)!

C’est le moment pour Stefan Notari de chanter lui aussi à la guitare avec Mathis Haug une chanson « Honey, I’m So Happy To Be With You », plus country Blues puis Rock’N’Roll à partir du second couplet, avec un peu de « They’re Red Hot » de Robert Johnson.

Arrive un thème déjà joué en duo sur le précédent album « Distance», Carnival Train », une des meilleures chansons de cet album, suivi d’un bon Rock’N’Roll.

Mais « On me fait signe que la roue tourne, faut qu’on s’en aille ». Il aura joué plus Jazz, scattant même et faisant scatter le public avec lui jusqu’à la fin.

Du bon Blues à suivre !

Jean Daniel BURKHARDT

PHOTOS Patrick Lambin