TERJE ISUNGSET, percussionniste Norvègien à Pôle Sud
Par Jean Daniel BURKHARDT le samedi, février 6 2010, 16:58 - JAZZ - Lien permanent
Hier soir 5 février à Pôle Sud, on pouvait entendre deux jazzmen européens les pieds bien ancrés dans leur terroir Européen ou mondial, mais y alliant le geste libre du Jazz et la tête dans les étoiles : le percussionniste et batteur norvégien venu du froid Terje Isungset et le dernier groupe du guitariste Danois Hasse Poulsen, les Progressive Patriots .
Tout d’abord, le batteur et percussionniste Norvégien Terje Isungset, qui a enregistré son dernier disque « Hibernation » dans un igloo avec des instruments de glace qu’il a construits lui-même : percussions, trompette de glace et même iceofon.(glaçophone). Du Fridge Jazz, en quelque sorte...
Le kit de batterie est réduit à la plus simple expression de ses timbres : une grosse caisse, une caisse claire et une cymbale où frétille une gourmette de billes métalliques. Il y a ajouté des instruments de sa fabrication construits à base d’éléments naturels. La cymbale charley est remplacée par tambourin polytonal plein d’esprits comme un dreamcatcher inuit et on aperçoit une rangée de rondins de bouleaux arctiques attachés, d’autres à terre, une cowbell rouillée, quelques cloches tendues sur une corde et un appareil de pierres et d’ardoises.
Arrivé sur scène, c’est tout un paysage qu’il crée : le souffle du vent sur la banquise dans un tuyau, des sifflements parfois alterné de chants aigus et de grognements chamaniques. Cependant entre deux mystères, il sourit béatement comme un bébé, ce qui rajoute à l’exotique et inquiétante étrangeté de ces sons une dose d’humour.
[C’est lui qui déclenche dans cet art climatique la furie de la foudre et les bourrasques aux forces de cataclysmes, lorsqu’il entrechoque les rangées de branches de bouleaux arctiques contre la grosse caisse. A la guimbarde, on pense aux mongols qui l’utilisent parfois avec leur goût pour les sonorités diphoniques, mais qui dans sa bouche prend la modernité d’une beat box|http://www.youtube.com/watch?v=lBxEXsPi8WA&feature=related].
La fin est naturelle et comique, avec la chute d’un fagot de brindilles qui lui tient lieu de baguettes tapoté par l’autre.
Jean Daniel BURKHARDT