C’était déjà le Final Beat Samedi 18 Juin avec tout d’abord en warm up Big Oh

Big Oh c'est le premier dj qui me fit RESTER à des mixs électros (j’allais déjà aux mixs funks de Sir Jarvis) dans les années 2000s. A l’époque il se produisait à L’Elastic sous le nom de Big Olive avec Jeff Lieb. Aujourd’hui Big Oh se produit au Rafiot aux Soirées Friendship ou House Force comme ce samedi 2 juillet 2016 et Jeff Lieb au Mudd le second samedi du mois dans ses soirées « Sucre Lent»!

Dj depuis la fin des 90′s, Big Oh est également co/fondateur du label Friendship et producteur au sein du collectif du même nom dont le hit « Phreak Mania » sorti sur Sound Pellegrino en juin 2014 affole toute la sphère électronique par son saxophone, son piano balafon obsessionnel et sa voix basse à la Real Fake MC.

Il commence en beats, puis interrompt comme sur son « Piano Bar » sorti sur « Still Diggin’» mais en piano solo (courageux devant les clubbeurs du Final Beat, ça m’a soufflé!), sur lequel il reprend en Salsa, puis piano/ percus /cymbale ride mixés.

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Là j’avoue c'était une super sélection musicalement, super mix, avec le piano funky japonais de CROMAGNON (peut-être mal lu de loin, CROVASON ?), bon clavier lent dégoulinant Funky Soul à la Marvin Gaye House dégoulinant dynamisé d’un contretemps Reggae digital, « Bermuda » d’Harvey Sutherland, mais avec une montée de claviers sur la clavé Cubaine et les percus latines.

Paradoxalement ce qui me fait « partir » ou « planer » comme maintenant c’est toujours les instrus claviers/voix in the mix, plus rarement les beats, mais dans ils ont plus le temps de s’imposer sur la longueur jusqu’à l’ivresse hypnotique dans un mix House que de 45 tours funky style Rocafort Records ou même Gilles Peterson dont la sélection est impeccable mais ce sont les 45 tours tels quels. A partir de Larry Levan, les djs ont rallongé les 45 ou 33 tours en live (comme le faisait le dub jamaïcain dès le début) à partir des années 79 sur la basse funky de la disco.

Il continue avec le remix d’Angola de Césaria Evora et Pepe Braddock par Carl Craig appliquant le même principe aux percussions et aux voix, de la jungle tribale percussive à la jungle dancefloor des villes et des clubs mais sur la basse d’ « Evil Vibrations » pour les « Aaaah Aaah » découvert à Contretemps en 2008 avec Marc Mac de 4 Hero « A Roller Skating Jam Named Saturday » de De La Soul ici remixé plus cool par Morales à 6 du mat en 12 inch pour en proposer une version plus Latin House!



Bref, la House permet plus d’improvisation musicale sur le track que de le passer tel quel un disque après l’autre en dj pousse-disque d’une sélection fût-elle excellente! Entre la sélection et la transformation sonore ou rythmique de l’original, c’est le talent du DJ!

Pour passer le relais, Big Oh nous laisse à « Kinshasa », en afro beat house accéléré à la manière de sa reprise « Too Much Information » de Fèla Kuti, ce qui lui vaut une accolade de Mr RAOUL K, réfugié politique ivoirien venu à 12 ans d’Agboville, ébéniste rasta et dj musicien, Raoul Konan alias Mr Raoul K a construit ses mixes et sa réputation entre les soirées à Hambourg, les clubs à Berlin et son home studio à Lübeck où il réinvente les transes hypnotiques d’une house panafricaine, une « Baobab Music » scellant le mix de la techno contemporaine et des musiques d’Afrique de l’Ouest, des bpms, de la kora et du balafon, à la croisée de l’afrobeat d’Anthony Joseph, des remixes du chicagoan Ron Trent et des playlists des meilleurs dj’s de Cologne.

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Mr Raoul K mélange des percus djembés Afro (à l’origine de la House Music) à sa House et des vocaux « Touch Me », rajoute koras et balafons modifiés façon konono N° 1 pour compléter « Le Cercle Peul » sur des voix House acidulées « i have to get up in the morning » ou féminines « I heard you say », rallonge les percus par les nappes de la house.

Et chez lui aussi les voix Afro pygmées Sénégalaises peuvent naître d’un clavier ou d’un balafon. Le public apprécie et danse devant lui gaiement.

Après la jungle Africaine arrive celle urbaine de la troisième vague de la techno de Detroit. Octave One, duo formé par les Burden Brothers (Lenny et Lawrence parfois associés à leurs trois autres frères), est un rejeton de la Techno Bass, à l’angle des productions de Derrick May, des hits d’Inner City et des manifestes d’Underground Resistance, le mythique collectif co-fondé par Jeff Mills et Mad Mike. Fondateurs du label 430 West, label à Detroit d’Eddie Fowlkes, Terrence Parker et Aux 88, Lenny et Lawrence Burden travaillent la lumière, le rythme et la lancinance sur des thèmes urbains, sombres et fiévreux, mixant avec style, techno et deep house. Leur remix du Butterfly caught de Massive Attack, noir et onirique, est une œuvre d’art.

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Lennie Burden est le plus maigre avec des lunettes à la spike Lee et joue des sampleurs, laptop et autres claviers ( ?) (il y avait un clavier sur scène, mais je n’ai vu ni Big Oh ni Raoul K s’en servir, après pour Octave One j’étais bloqué côté Lawrence par la foule des danseurs(ses)), « crée » les sons, son frère Lawrence, plus balaise et musclé, agit plus sur les boutons pour modifier le son en ingé son, amplifier certains éléments ou en réduire d’autres.

Bon faut dire que leur premier beat énorme a soufflé ma pinte de bière du casier sous l’ampli le répandant sur le sol! Ce fut ma première rencontre avec leur musique.

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Le reste fut une suite d'ascensions sonores, de progressions de plus en plus rythmiques, de plus en plus bruitistes, de la jungle africaine à celle urbaine, technologique de Détroit.

Les claviers synthétiques sautillants augmentés d’une nappe sonore de Lennie sont poussés par Lawrence vers des formes de plus en plus rythmiques jusqu’à leur climax, puis Lennie crée une autre forme, de plus en plus rythmique.

C’est plus proche de la techno Derrick May (innovateur rythmique () il y a trois ans que de la House funky de Marshall Jefferson l’an dernier dont le « Move Your Body » faisait chanter les oiseaux au petit matin en sortant du Living Room.

Ils ne jouent pas d’instruments mais presque abstraitement du « SON » en lui-même que des disques par rapport à Marshall Jefferson qui a la culture Soul Funky et en garde les voix entre les montées rythmiques.

C’est plus froid, plus urbain, mais pour moi manque peut-être cette humanité des voix, cette « âme » et ce groove qu’on a peut-être plus pu entendre chez Sadar Bahar lors de la première soirée, mais je suis rentré trop tôt pour l’entendre, cette victoire de l’humain par contamination sur la machine qui est pour moi le miracle de l’électro quelquefois. . Pure produit de la techno allemande, DANA RUH berlinoise d’adoption est DJ résidente du Club Der Visionare, occupant ses journées à triturer des pistes gorgées de sons texturés en studio. Son style a évolué entre techno minimale et house clinquante qu’elle distille aux quatre coins du monde, remplissant aussi vite les salles que son compte Instagram. Peut-être le clavier était pour elle ? Elle termina la soirée mais j’ai pris le dernier bus de nuit à 4 h 30 du matin!

Le travail d’un DJ couvre cette « discothèque » entre la sélection des titres funkys (Rocafort Records), venus d’ailleurs (Ernesto Chahoud, Gilles Peterson) et la création du son (Octave One) ou sa transformation (Africaine 808).

Encore un bon festival cette année !

Jean Daniel BURKHARDT