Serge G Revolution est un nouveau groupe local qui reprend à son actif le répertoire de Serge Gainsbourg et Gainsbarre avec des arrangements très renouvelés et modernisés : Nicolas (chant et clavier) a croisé Gainsbarre à la fnac et il lui a dédicacé une chanson écrite sur lui, sa fille Géraldine est aux chœurs, Dominique à la guitare, Jean Claude qui porte des lunettes à la Gainsbarre à la batterie et Laurent, le dernier arrivé à la basse et bien des répétitions pour roder le répertoire!

Serge_G_Revolution.jpeg

Hier 18 juillet Au Camionneur ils donnaient leur troisième concert après La Fête de La Musique devant un public conquis et enthousiaste occupant tout le café, attablé, assis au bar et debout à l’arrière!

Serge_G_Revolution__Live.jpeg

« Sorry Angel » est plus axée sur la guitare mais avec des accords différents sur la montée des claviers, le chanteur qui les joue a un flot plus rapide que Gainsbarre, du coup c’est plus rock et gai, avec plus de variations mais le solo de guitare est semblable. Déjà c’est différent, autre chose, en gardant certains éléments, pas du copié collé.

Serge_G.jpeg

« One Night » commence avec « la beauté rythmique de l’anglais" (Gainsbourg à sa période Funk) comme le reprit Nick Harvey & Anita Lane « B initials » « la plus belle chanson d’amour » commandée par Gainsbourg par Bardot écrite en une nuit sans les cuivres de la Symphonie N° 9 Du Nouveau Monde de Dvorak, mais avec un côté Rock français (ne devant plus rien au Rock Anglais) que Gainsbourg ne trouva qu’avec « En Mélody » et prend un côté Rock plus actuel.

Serge_G_BD.jpeg

De la même période et avec la même Bardot , « Bonnie & Clyde » , plus sur la guitare et le clavier mais la basse comme souvent est reste le plus petit dénominateur commun avec l’original, plus proche de la version du Casino De Paeis et Géraldine, la fille du chanteur ne chante pas de la manière ensommeillée et valiumisée de Bardot. Malgrè l’absence à la batterie des TAC TAC TAC dramatiques des mitraillettes à la batterie, le final est plus violent par le solo d’orgue au son 60ies solo.

Serge_G__Bonnie___Clyde.jpeg

Justement voilà la «Ballade de Melody Nelson » (https://www.youtube.com/watch?v=PW0-K8ic_sE&list=PL1WIrtyhX47tuXY38Bb4eZRqcUIff1RyY&index=3) mais très différente avec les claviers à la place des violons ((http://www.youtube.com/watch?v=xZDDDFNHApI), puis on retrouve la basse et Géraldine cette fois dans le rôle de Birkin cette fois mais avec une montée finale dramatique des chœurs dont la Mélody NelSON SONne SONnent plus Rock et rend la chanson plus forte dramatiquement que celle d’un seul tenant de serge, comme un accéléré du drame annoncé qui n’advient qu’à la fin de l’album chez Gainsbourg.

Serge_G_Melody_Ballade.jpeg

NON ! ils ont même osé passer le Jazz du « Requiem Pour Un Twisteur » (pour Charlie Parker ? Ou un ami? Quoiqu’il faisait pas de twist mais avec le cynisme Gainsbourien ça pourrait être une vacherie) à la moulinette Blues Rock Wah Wah ne gardant du twist que la basse et empruntant le rythme de la batterie à chez Dutronc (l’un des seuls amis de Gainsbourg qui les comptait « sur la main gauche de Django Reinhardt ») dans les Choubidou Choubidou wah de Crac Boum Hue , ou à « Quand tu t’y mets » de Gainsbourg, même période avec une belle progression rythmique qui sera reprise par un groupe punk!

Serge_Geune__Fume.jpeg

Finalement les arrangements modernisent les chansons façon Funk période « Love On the Beat» ou Rock «L’homme à la Tête De Chou», mais la reprise du titre éponyme est vocalement plus proche de la version posthume d’Alain Bashung mais le vocal plus tranchant dans le vif (Gainsbourg dans sa froideur habitant à peine ses textes, Bashung en faisant une longue et lente plainte sourde, là ce n’est ni froid ni plaintif) du « Moitié Légume/Moitié Mec » zappant les premiers mots mais la guitare est différente et l’orgue liturgique accentue le tragique de la situation dans ses prolongements et le batteur joue des percussions.

Serge_G_Tete_de_chou.jpeg

Du même « Homme à la tête de chou », ils ont même osé reprendre le lent récitatif suggestif érotique de « Variations sur Marylou», dernier chef d’œuvre textuel de Gainsbourg avant Gazinsbarre, qui cette fois surpasse musicalement l’original grâce à la progression des vocalises de Géraldine avec quelque chose de Charlotte Gainsbourg, absente de la version de Gainsbourg, ajoutant un changement rythmique, puis le gimmick passe de la guitare au clavier. Ils trouvent ainsi un autre phrasé rythmé par la vocaliste, et ce chef d’œuvre à la musique originellement plutôt immobile et en retrait musicalement prend ici une force dramatique supplémentaire par les intervalles ménagés pour les solos de guitare incarnant ses idoles Glam Rock ("Bowie, T Rex Elvis les Rolling Stones : elle en est folle"), les espaces absents de Gainsbourg.

Serge_G_70.jpeg

Par ellipse, on arrive immédiatement au dénouement du drame du concept album BD a avec « Meurtre à l’extincteur » plus rock avec le batteur dès le début enchaîné avec « Marylou sous la neige » (http://www.youtube.com/watch?v=iOnrQXCHgG8) idéalisant la victime qui trouve une saveur folk avec à nouveau des vocaux bravant « tous droits de reproduction interdits », heureusement y a prescription!

Serge_G_70.jpeg

Flashback vers la période heureuse (peut-être la seule de la vie de Gainsbourg) avec Birkin avec « 69 Année Érotique » à deux voix, plus Rock et torturée, moins maritime, moins vacances, moins calme plat sur mer d’huile, soleil au zénith exactement, sea, sex, & sun et Club Med mais toujours un élément, la basse, rappelant le gouvernail, le mât, gardant la barre de l’original!

Serge_G_Melody_photos.jpeg

Géraldine m’a quand même verser une larme sur «Dieu Fumeur De Havane » chanté à l'origine avec Catherine Deneuve pour le film «Je Vous Aime » de Claude Berri.

[Serge_G_Deneuve.jpeg

«Qui est In Qui est OUT|http://www.youtube.com/watch?v=sieGXAP2dCg] » est aussi « bien dépoussiérée » mais avec un orgue 60ies et des chœurs et inversion des rôles, c’est ELLE qui chante les strophes critiques des modes et LUI les refrains.

Serge_G_Revolution_Cam.jpg

ENTRACTE

Après un entracte bien mérité avec Sade en fond sonore, le claviériste termine la version d’Abbey Lincoln de « Blue Monk».

SECOND SET

Serge_G_Revolution_Cam_Scene.jpg

On remonte sur scène et encore plus loin dans le temps, ils modernisent « Le Poinçonneur des Lilas », premier succès de Gainsbourg plus Rock par la batterie et citant James Bond autre poinçonneur de balles 007. Ce Poinçonneur là poinçonnerait bien le monde façon puzzle Desperado si on lui filait un flingue! Ou James Bond le tirerait-il du métro à bord d’une de ses voitures gadgets face à un métro en sens inverse et slalomant sur les rails entre les lignes?

Serge_G__poinconneur.jpeg

Grand écart (quoique certains dorment peut-être dans le métro ?) des débuts à la fin avec « Aux enfants de la chance » (http://www.youtube.com/watch?v=OQ4dYceF3fA), "dédié à personne mais que veulent se la prendre se la prennent!" là aussi plus intéressant que l’original dans la guitare, Géraldine en Charlotte au refrain et serge en « Zéro héros », plus sombre et apocalyptique rythmiquement !

Serge_G_Lunettes.jpeg

Gainsbourg inventa même la batterie breakbeat dans « Requiem Pour Un Con » pour le film « Le Pacha » avec Gabin et ce fut d’ailleurs le dernier remix ricanant de Gainsbarre (que j’ai acheté le jour même à Thionville avec l’ami qui me l’avait fait découvrir) sur une bonne basse Funky entre « Aux Armes » d’ Et Cætera (http://www.youtube.com/watch?v=mLq7EcvRaf0 ) et les « Lé lé lé lé lé lé lé lé » pygmées de « Là bas c’est naturel », de la jungle d’Afrique à la jungle des villes! Leur breakbeat cependant plus rapide que l’original dans leur version, la guitare reprenant le Breakbeat et la basse en dub donnant un côté plus ramassé, moins minimaliste que l’original.

Serge_G_Pacha.jpeg

Gainsbourg était aussi un grand fan de Jazz qui traduisit « Rascal You » popularisé par Louis Armstrong (la dédicaçant même à un flic raciste non conciliant qui l’avait retardé à la radio dans les années 20s! Cela donna « Vieille Canaille » avec Eddy Mitchell (le plus grand crooner rocker français). Mais là encore on la retrouve ailleurs par ces vieilles canailles, en plein Bayou sur les cordes avec des voix traînantes plus acadiennes!

Gainsbourg_Mitchell_Vieille_Canaille.jpeg

Et la Jamaïque, le Reggae, me direz-vous ? Voilà « Harley Davidson » écrit pour Bardot qu’il avait fait passer du Rock au Reggae Rubadub style entre Depardieu et Johnny en plus! Comme si Bardot avait suivi Gainsbarre en Jamaïque!

Serge_G_Davidson.jpeg

A propos de racistes, on apprendra que "La Nostalgie Camarade" fut écrite en souvenir du concert de Strasbourg annulé pour cause de paras et d'alerte à la bombe protestant contre le détournement de La Marseillaise en Reggae dont Gainsbourg acquerra le manuscrit, et put prouver que Rouget De L'Isle lui même avait écrit après le premier refrain "Aux Armes Et Caetera..."! Mais certains 25% le prirent comme hymne de ralliement au "F Haine VAINCRA"!

Serge_G_Marseillaise.jpeg

Géraldine assure toute seule et très joliment sur « Les Dessous Chics » différemment de Birkin (la seule pour laquelle Gainsbarre accepta de dévoiler sa part de fragilité féminine alors qu’ils n’étaient même plus ensemble) mais du gimmick du clavier ne reste que comme le scintillement des diamants, un éclat envolé au clavier mais la mélodie est respectée.

Serge_G_dessous_Chics.jpeg

Et Géraldine me fit pleurer tout le long du « Pull Marine » écrit pour Isabelle Adjani.

Serge_G_Adjani.jpeg

«L’Hôtel Particulier » abritant les amours de Mélody Nelson est à nouveau commencé en anglais et plus rock, moins lent dans la guitare, moins calme, annonçant déjà « L’Homme à tête de chou » et son Rock à l’esthétique BD trash moins précieuse ()! La voix donne un côté plus habité aux textes, moins distante et froide et absente que celle de Gainsbourg , peut-être à cause de son cynisme et de sa timidité, séquelle de ses débuts comme pianiste de jazz en bars en butte à l’antisémitisme ordinaire de les années 50s!

SerG_Melody_Nelson.jpeg

La somptueuse « Valse De Mélody » Nelson au « soleil rare et bonheur aussi » est magnifique en intro solo de piano comme Gainsbourg avait recyclé sublimement les instrus pianos la BO de « Tenue De Soirée » en 1985 pour l’album de Charlotte en 1986, par exemple cette « Entrave » est clairement le squelette originel préhistorique épuré pour de « Oh Daddy Oh Daddy Oh »!

Serg_Putain_de_film.jpeg

Enfin, « Black Trombone » () en final ou Bis surprend et bouleverse sans trombone ni cuivres, moins rutilant mais plus émouvant et intimiste mais juste à la guitare en Bossa Nova, duo à deux voix, dans l’esprit Nouvelle Vague, avec un solo de guitare citant sans la connaître « La Rua Madureira » de Nino Ferrer et Daniel Berretta, AVEC TROMBONE, mais que je connaissais par le chanteur local Patrick Genet sur son album « Vieilles Chansons Nouvelles »! On dirait aussi la Bossa Nova de Gainsbourg « Ces Petits Riens » () où dans mon souvenir la guitare était plus à l’avant des percussions et que j’aurais aimé entendre par la voix de Jimmy Sommerville pour « Pour être à vous faut être à moitié fOUOUOUOUOU!» sur un rythme Disco 80ies!

Serge_G_Black_Trombone.jpeg

Ils reprirent d’ailleurs aussi «Comment Te Dire Adieu » écrit pour Françoise et repris en disco New Wave à l’accent anglophone par ledit Jimmy Somerville!

Serge_g_Adyeu.jpeg

« Je suis venu te dire que je m’en vais » sans les sanglots de Birkin enregistrés en direct après une scène de ménage ni guitare folk à l’unisson est plus Rock, en talk over entre Lou Reed et Rodolphe Burger, ex chanteur de Kat Onoma en solo dans « Cheval Mouvement » (parmi les interprètes d’une jolie reprise des « Petits Papiers » pour le collectif « Liberté De Circulation »)

Serge_G_Photos.jpeg

Bref Serge G Evolution ne font pas que REPETER Gainsbourg et Gainsbarre mais le REARRANGENT pour nous le faire entendre autrement, et c’est toujours une bonne surprise! A SUIVRE sur leur premier EP 5 titres et dans vos salles! Et pour aller toujours plus loin, ils cherchent un tourneur!

Jean Daniel BURKHARDT