Chanteur Afro américain, né en 1949 après des études de Lettres à l’Université et avoir un peu enseigné, Gil Scott Heron avait trouvé plus utile ou plus gratifiant de devenir un poète et chanteur de Soul pour servir la cause des ghettos noirs.et décédé l’an dernier le 27 avril.

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Après Cesaria Evora et Etta James,

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Kayo L’Albatros lui rend hommage avec une soirée la semaine dernière (dont son premier set Soul de Gil Scott Heron fut à mon sens le meilleur (mais j’aime la Soul, même pour la danser seul et ébahi, imaginant que cette Âme noire et le sentiment qu’elle m’inspire est une femme universelle).

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On a pu y entendre que Gil Scott Heron était un bon chanteur de Soul Music, quoique non doté d’une voix extraordinaire comme un un Otis Redding ou un Marvin Gaye, il choisit la justesse d’un chant simple et efficace portant ses mots de poète. Je ne connaissais pas notamment «Lady Day & John Coltrane », hommage à deux grands jazzmen annonçait un peu Jamiroquai qui reprit « The Bottle", avant et mieux! Peut-être en ce sens que l’âme de la Soul, le chant porte avec mélodicité et talent le flot des mots en en faisant de la musique.

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L’album de Kayo est fait de samples de Gil Scott Heron. Dès « The Revolution Was Not Televised” (j’avoue ne connaître de Gil Scott Heron que ce « Revolution Will Not Be Televised», proche du slam et scandé d’abord enregistré sur fond de percussions sur son premier album un peu à la manière des Last Poets, puis plus funky par un « Full Band » et encore par le remix de Smoove « The Revolution WILL BE Televised » et « The Bottle » que passe souvent Sir Jarvis). Si c’est Gil Scott Heron et Kayo qui nous accueillent en échos, c’est un album instrumental de beats et de claviers soft (Kayo joue du MPC comme d’un clavier) à peine émaillé de courtes interventions vocales. C’est très agréable, ça coule et fond.

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The Beginning (The First Minutes Of a New Day) est plus basé sur les voix (mais pas celle de Gil Scott Heron, au premier plan de la version originale) ré harmonisées sur le clavier, autour d’une flûte, avec le côté asiatique d’Onra dont il passa « The Anthem » (mélange de beats et de musique Vietnamienne) à la fin de son premier set. Comme dans le dub, Kayo apporte comme beatmaker à la musique de Gil Scott Heron ce qui ne s’y trouvait pas.

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« A Sign Of The Ages » de Gil Scott Heron montrait la mélancolie du chanteur Soul. Kayo ne prend que la première phrase titre et l’échotise le bégaie sur un piano et une basse, des beats et un orgue sur fon de « Wake up Wake Wake up » de Marvin Gaye dans «Sexual Healing ».

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Peace Go With You Brother (Part 1) (), extrait de l’album « Winter In America » révèle la belle voix de basse à la Barry White en intro (reprise par Kayo) qui ensuite prolonge les claviers flottants, planants qui y prennent la première place jusqu’à la phrase la phrase « Peace Go With You Brother ». La seconde partie se concentre sur la voix comme des chœurs à elles toute seule et les claviers s’enflent comme des cordes.

Pour « Song For Bobby Smith », Kayo se détache du vocal dont il ne garde que le début à la Barry White et quelques phrases puis prolonge, exhume le clavier augmenté d’un rythme brazil obsédant sur un bon beat.

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D’« A Toast For The People” (de l’album « From South Africa To South Carolina », Kayo n’a gardé que quelques vocalises en écho, quelques écho de flûtes pour l’ethnique, transposées sur des beats compressé plus drum’n’bass à la Moonstarrr et ajouté les « Everybody Clap Your Hands » du Hip Hop, puis en final reprend les claviers. Mais en enlevant la voix, il prend quelques éléments choisis, rendant un hommage personnel au musicien Gil Scott Heron, au mélodiste plus qu’au poète et les emmène ailleurs, où Gil Scott Heron n’était pas allé.

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A partir de « The Prisoner » (extrait de « Pieces Of A Man »), il ne garde de la voix qu’un clameur, que le piano de base et le trouble, ne garde l’envoie en orbite du thème, en satellite, dans les étoiles sur des rayons lasers ajoutés. Version ou échappatoire interstellaire.

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«Combinationshttp://www.youtube.com/watch?v=5lPs67Q4EBM » (de l’album «Real Eyes ») est porté ailleurs par d’autres voix, d’autres choristes absentes de l’original, un clavier revisité. En écoutant les deux en même temps superposé, la version de Kayo semble trouver d’autres ornements aux joyaux de Gil Scott Heron. D’autres Combinaisons pourrait-on dire!

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«Did You Hear What They Said » )sublime encore l’arrangement, en isole la flûte et la basse sur un nouveau beat surfant sur des claviers cordes, un piano rythmique, un gimmick couplé à des Ya Yaw Hip Hop. Puis soudain tout se ramasse dans une acidité nouvelle pour le final Blaxploitation urbain claquant sa surprise.

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Enfin, Kayo isole d’Essex la clameur free jazz du saxophone à la Karma de Pharoah Sanders, la prolonge, trouve d’autres voix à la Sun Ra ou « Black Gold Of The Sun » de Nuyorican Soul remixé par 4 hero, d’autres échos hip hop et stellaires!

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A écouter les deux en même temps, les originaux semblent presque ringards, trop bavards, les versions de Kayo plus immédiates, plus mélodiques, comme la saveur originelle qu’on n’eût pas remarquée derrière la voix, le texte absent, le cadre mais cette substantifique moelle de Soul moelleuse est relookée pour les modernités actuelles et futures. Kayo a enlevé le prêché prêcha qui datait un peu pour caparaçonner l’esprit de la forme façon puzzle ou collage. En ce sens au moins c’est une réussite! Pour le reste, on peut toujours réécouter Gil Scott Heron d’une autre oreille renouvelée après cela.

Jean Daniel BURKHARDT