Demain dans Jazzology à 21 h je vous présenterai le nouvel album du pianiste Edouard Ferlet « Think Back » à paraître le 1er octobre sur le label Mélisse où il reprend en solo Jean Sébastien Bach en des compositions très originales, très différentes de ce qu'avait pu en faire Jacques Loussier!

Dès « analecta » (morceaux choisis) (d’après le prélude en ré majeur du clavier bien tempéré BW 850), Edouard Ferlet applique au thème une rythmique Jazz contemporaine de piano intérieur rythmique, puis alterne cette rythmique avec une improvisation sur le thème rappelant Glenn Gould, emporte Bach ailleurs et nous le fait entendre différemment.

Partant « à la suite de jean », Edouard Ferlet quitte les suites pour clavier bien tempéré pour la suite pour violoncelle BW 1007. L’interprétation se fige en son milieu, comme à la recherche du thème dans un irisé Debussyste puis le retrouve.

Dans « verso » (d’après le prélude en do mineur du clavier bien tempéré BW 847), edouard Ferlet coiffe par un jeu stride Bach d’un chapeau melon à la Willie Smith The Lion, lui prête une modernité contemporaine à la Schönberg. On pense aussi à un autre pianiste qui mêla Jazz et Bach : Lennie Tristano dans les années 50s. Ecoutons ce Verso, autre côté de Bach.

Edouard Ferlet reste ainsi à la "lisière" du bois du prélude en do mineur pour luth BW 999, Ferlet se rapproche à peine de Bach comme pour ne pas le réveiller, n’en garde qu’une ligne de base sur laquelle il improvise délicatement et tourne autour de lui.

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Aspiré par un « souffle magnétique » (d’après la suite française n° 4 en mi bémol majeur pour clavier BW 815) , Ferlet utilise des effets électro acoustiques des cordes intérieures du piano rappelant un theremin, joue de résonances à la John Cage, approfondit de plus en plus la matière sonore, plonge en Bach, attiré par ce souffle Magnétique et trouve des résonances raclées de guimbarde à la Wang Li où l’obsession mélodique hypnotique d’un Philippe Glass.

L’un des airs les plus connus de Bach, le choral de la cantate Jésus que ma joie demeure BW 147 devient ainsi « Que ma tristesse demeure » et commence en effet tristement à la Bill Evans, puis nous emporte comme Keith Jarrett à Köln ou bach nous eût peut être emporté dans es improvisations, nous ne le saurons jamais!

Le déséquilibre se fait rythmique, d’ailleurs caraîbes, comme ce « lapsus » ( d’après le prélude en ré mineur du clavier bien tempéré BW 851) latinisant Bach en biguine Gasconcubine dirait Bernard Lubat, ou le cubanisant à la Chucho Valdès, emmenant Bach aux colonies sur la caravelle de Christophe Colomb!

Edouard Ferlet prend en "diagonale" la variation goldberg n° 25 BW 988), tourne autour d’elle puis la retrouve...

La dernière « réplique » d’Edouard ferlet de ou à Bach ( à son prélude en ré bémol du clavier bien tempéré BW 848) l’imagine encore après un début en furie rythmique à la Keith Jarrett rencontrant Glenn Gould, puis partant comme un fan de Bach sur les chemins de l’Est et des Balkans qu’il parcourut parfois, et jusqu’en Turquie rencontrer des influences orientalisantes à la Bojan Z.

Bref le jazzman Edouard Ferlet rejoint Jean Sébastien Bach lpar l’improvisation, ouvre son répertoire aux nouvelles techniques pianistiques et le fait voyager en des territoires inouïs. Gageons que JSB qui ne manquait pas d'humourni de folie eût apprécié !

Jean Daniel BURKHARDT