Ce soir au Strasbourg Jazz Festival au Palais Des Congrès, vous pourrez entendre:

Ibrahim Maalouf , trompettiste est né au Liban en 1980 alors que « les colonnes majestueuses des temples de Baalbeck tentent de résister aux bombardements acharnés d’une guerre civile qui perdure depuis quelques années », et raison de son exil en France avec sa famille. Lors de son premier séjour à Beirut, il découvre un quartier en ruines en écoutant Led Zeppelin sur son walkman et composera ce titre en souvenir de ce moment.

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Il est le neveu du grand écrivain Amin Maalouf et son père est Nassim Maalouf, trompettiste élève de Maurice André, est le premier trompettiste arabe à jouer la musique Occidentale, mais aussi le premier à introduire la trompette dans les modes arabes du makam, grâce à l’invention à la fin des années soisantes, de la trompette à quart de ton par adjonction d’un quatrième piston, instrument dont Ibrahim se sert encore aujourd’hui.

Après des débuts avec son père à la trompette dès 7 ans et des études musicales classiques et baroques, Ibrahim Maalouf fait des rencontres qui l’amèneront à en libérer son art : Vincent Segal, M, Lhasa De Sela, Amadou et Mariam, Vincent Delerm, puis enregistre un premier album « Diaspora » avec Alex Mac Mahon à l’électro et François Lalonde à la batterie et aux percussions. Ecoutons Ibrahim Maalouf dans le titre éponyme de son premier album en 2007, DIASPORAS, avec Elie Maalouf au buzuq.

On trouve aussi dans Hashish avec Elie Achkar au qanun, Joshua Levitt au ney, lui-même à la voix et au solo de bendir, Michel Khairallah et Antoine Khalifé et Anis El-Hawi aux violons et Angela Hounarian au violoncelle, pour un environnement très oriental.

Quand Ibrahim Maalouf reprend un standard, comme Night In Tunisia de Dizzy Gillespie, c’est réarrangé par ses soins en «Missin’Ya », qui ne parut jamais si urbaine, orientale, électro et actuelle. Mais il utilise aussi les sons réels modifiés par l’électronique, comme ceux d’une manifestation Parisienne pour la Liberté et la Paix au Liban dans « Verdict ».



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Après ce premier album, Ibrahim Maalouf eut l’opportunité de se produire sur scène avec son propre groupe, pour jouer ce répertoire, mais aussi composer et expérimenter de son deuxième album déjà en gestation, « Diachronsism » double CD sorti en 2010, plus axé sur la voix, la phonétique et les onomatopées dans un langage de son invention, universel et sans sémantique, rythmant les morceaux comme autant de battements de « chœurs », comme dans « Pouh-HIa » avec Eric Löher (Olympic Gramofon, Julien Lourau « Fire & Forget ») à la guitare, extrait du premier disque « Disoriental ».

La trompette en quart de ton d’Ibrahim Maalouf reste bien entendu toujours présente, dans de courtes plages plus traditionnelles comme avec le saz de Bijan Chemirani, qu’il voit comme des « réveils orientaux ».

Le second CD de « Diachronism » s’intitule PARADOXIDENTAL. On y retrouve sa passion pour les enregistrements pris sur le vif dans les introductions : une vieille radio dans la montagne Libanaise, ou le public du festival du Bout Du Monde à Crozon en Bretagne introduisant « Bizarre », chanté par M(athieu Chedid) sur un texte de Jacques Prévert.

Enfin, il y a aussi des improvisations instrumentales Traditionnelles ou Jazz, comme avec le pianiste Jacky Terrasson, débouchant sur « Souma Hia » une version plus vocale et funky avec Eric Löher à la guitare qui clôt ce second disque.

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Enfin, son dernier album DIagnostic dédié à sa famille, passe de la Salsa Orientale de "Maeva In Wonderland" ou passant au piano Debussyste puis rythmique orientale pour "Soon Will Be A Woman" ou "Never Serious" Reggae Afro Dub Bluesy Balkanique Express!

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ET EN SECONDE PARTIE, LAST BUT NOT LEAST: HERBIE HANCOCK!!!!

Né en 1940, Herbie Hancock fut tout d'abord un musicien précoce qui joue le premier mouvement du Concerto No. 5 en ré majeur de Mozart à onze ans lors d'un concert pour jeunes avec le Chicago Symphony. Durant son adolescence, Hancock n'a pas de professeur de jazz mais découvre cette musique grâce aux enregistrements d'Oscar Peterson et de George Shearing. Il écoute également d'autres pianistes comme McCoy Tyner, Wynton Kelly et Bill Evans et étudie les pièces de Miles Davis, John Coltrane et Lee Morgan. Après avoir étudié la composition musicale pendant trois ans et demi au Grinnell College, il est engagé par Donald Byrd en 1961 (avec lequel, et Pepper Adams au saxophone, j'aime surtout le final pour les prolongations des souffleurs très futuristes de "Im An Old Cowhand" ). Il finira plus tard ses études à Grinnel en Génie électrique et musique en 1971. Le pianiste se fait rapidement une réputation de sideman Hard Bop et joue notamment avec Oliver Nelson et Phil Woods. Il décolle avec son premier album en tant que leader, Takin' Off, pour Blue Note en 1962 avec notamment le saxophoniste ténor Dexter Gordon et le trompettiste Freddie Hubbard. Le morceau Watermelon man offrira un hit à Mongo Santamaria c'est Herbie qui y trouvera de l'intérête lors d'une répétion en club avec Mongo).

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L'album est surtout remarqué par Miles Davis qui monte en 1963 son second quintet modal avec Wayne Shoter (saxophone) Tony Williams (batterie) et Ron Carter (contrebasse) qui enregistrera "E.S.P.", "Miles Smiles" et "Nefertiti" où Miles n'est presque plus qu'un instrumentiste rythmique laissant les variations au Quintet, et Herbie Hancock enregistre parallèlement pour Blue Note "Maiden Voyage" et "Cantaloupe Island", dont le titre éponyme sera revisité par US3 dans les années 90s, improvise "Inventions & Dimensions" avec Paul Chambers, Willie Bobo & Alfredo Martinez dans le genre latin et compose sa première BO pour le Blowhttp://www.youtube.com/watch?v=... Up (tiens il se l'est fait piquer celui là aussi, enfin la basse!) d'Antonioni

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Il suivra Miles DAvis dans son virage électrique "In A Silent Way" (avec Chick Coréa et Jo Zawinul), quoique présenté à un fender rhodes il lui ait dit tout d'abord : "Tu veux que je joue de ce JOUET?", qui le virera pour être resté trop longtemps au Brésil (d'ailleurs sur "Native Dancer" de Wayne Shorter, c'est lui aussi aux claviers!), mais est encore sur le très Funky "A Tribute Jack Johnson" et "On The Corner". passé chez Warner Jazz,la première excursion de Hancock dans l'électronique commence par un sextet composé du batteur Billy Hart, du bassiste Buster Williams et des cuivres Eddie Henderson (trompette), Julian Priester (trombone), et Bennie Maupin auxquels on peut ajouter Dr. Patrick Gleeson qui s'occupait des synthétiseurs. Le sextet sort trois albums expérimentaux sous le nom de Hancock, Mwandishi (1971), Crossings (1972) et Sextant (1973) pour un drôle de délire spatial avec "Rain Dance"que certains préfèrent aux "Headhunters". et qui entre deux Dzoing et les gouttes d'eaux, ça cite quand même Le Night In Tunisia de Dizzy Gillespie! Deux autres, Realization et Inside Out avec à peu près les mêmes musiciens, sortent sous le nom de Henderson. Tous ces albums contiennent des improvisations très libres et sont influencés par le jazz fusion, la musique électronique mais aussi les compositeurs de musique contemporaine.

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Après ses albums expérimentaux, Hancock souhaite revenir à une musique plus accessible et plus funky. Ce choix aurait été motivé par les faibles ventes de ses précédents albums, par le constat que le grand public ne comprenait pas la musique d'avant-garde ainsi que par son amour du funk et notamment de Sly Stone. Il rassemble un nouveau groupe qu'il appelle The Headhunters. Il ne garde que Bennie Maupin parmi les membres de son sextet et recrute le bassiste Paul Jackson, le percussionniste Bill Summers, et le batteur Harvey Mason. Leur premier album Headhunters sorti en 1973 rencontre un succès commercial important bien qu'il soit critiqué par certains fans de jazz. L'album est aujourd'hui loué pour son énergie et sa fraîcheur. Il y treprend "Watermelon Man" en version Pygmée Funk et rampe en "Chameleon" à coupe Afro! Hancock quant à lui se tourne vers du Jazz - Funk à l'état pur auxquels participent certains membre de The Headhunters ainsi que d'autres musiciens et sort notamment les albums Man-Child (1975) et Secrets (1976).

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Pour finir, il a ouvert la voie à l'electro et aux boîtes à rythmes et autres séquenceurs et scratches avec "Rock It" et l'album Grammyté "Future Shock", puis s'est un peu calmé et est revenu à l'acoustique et se repose un peu sur son carnet d'adresse Worldwide sur ses derniers disques, mais n'a plus rien à prouver!

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Il se produira avec Lionel Loueké à la guitare, James Genus à la basse et Trevor Lawrence à la batterie ce soir au Palais des Congrès de Strasbourg!

Jean Daniel BURKHARDT