Ce soir dans Jazzology, je vous présenterai "Evidence", le premier album d’un saxophoniste alto, baryton soprano, Jean Philippe Scali, arrangeur et compositeur, sorti le 23 février et en concert les 14 et 15 mars au Sunside de Paris. Entre classiques New orleans (un "When The Saints Go Marching In" électro jazz prolongeant les recherches électriques d’un Gil Evans et electro d’un laurent De Wilde centrée sur les claviers d’adrien Chicot et les cuivres en fond sonore comme les coquillages de Steve Turre (Julien Alour (frère de Sophie ?), Jerry Edwards (trombone)) qui finalement y vont dans dernier chorus), Ballade Swing (le "Come Sunday de Duke Ellington au baryton, à la Gerry Mulligan et on le découvre lyrique et près du thème avec le seul soutien de la contrebasse de Simon Tailleu qui fait presque trombone à coulisse, mais aussi dans cet exercice d’escalade en apesanteur autour d’une mélodie la liberté d’un Eric Dolphy à la clarinette basse frôlant à peine du souffle le « god bless The Child de Billie Holiday)., Be Bop (le titre éponyme de Thelonious Monk ou conducteur de caravane et stratège, Jean Philippe Scali montre dans son arrangement un talent certain pour brider ou lâcher la bride à l’orchestre autour des sabots de Manu Franchi à la batterie, d’abord saccadé, bégayant ce thème de Monk pour Big Band. Evidence c’est aussi limpidité de l’échappée libre de toute rythmique du saxophoniste leader au soprano orientalisant jusqu’au cri sur le seul martèlement du piano et de la batterie. Ramasser l’orchestre puis le détendre en piano stride semble être un des plaisirs de l’arrangeur, et le nôtre d’entendre ces standards différemment) ou Hard Bop de Charles Mingus réarrangé de façon originale ("Fables Of Faubus" alternant tempo latin avec le vibraphone de Stéphane Carraci à la Bobby Hutchinson dans Out To Lunch de Dolphy, François Théberge au saxophone, Thomas Savy à la clarinette basse et Bastien Ballaz au trombone en guests, usant des effets d’écrasement du Black Saint & The Sinner Lady, puis s’en libérant pour ses propres solos orientalisant au soprano ou lyrique à l’alto, puis ménage des accélérations et le leader finit au baryton, calmant le jeu sur le Love Supreme de Coltrane. On pense presque à Oliver Nelson et son Blues & The Abstract Truth, avant que ça ne s’ébroue à nouveau en latinités finales) et compositions Bop (inspirées ce parcours long, passionnant et initiatique, qui espérons-le sera toujours la formation d’un musicien de Jazz, Jean Philippe Scali a tiré un autoportrait (après ceux d’Ellington ou Mingus, AUTOPORTRAIT c’est plus rare) D’un chat sauvage. Ça swingue un peu west coast dans les ralentis, les fonds sonores autour du trombone de Jerry Edwards, de la contrebasse de simon Tailleu Puis ça mord hard bop, se ramasse d’un coup à la Mingus, ralentit à Giant Steps puis le leader part en échappée au baryton ce mélange d’arrangement et de liberté d’improvisation est le domaine du Jazz. . On y rencontre « When My Lady Sleeps » ou « Goodbye Pork Pie Hat » et « Moanin» de Charles Mingus sur la contrebasse et accélère de plus belle comme un train jusqu’à la ligne d’arrivée et s’évapore finalement valse) ou Hard Bop Funky dans la lignée de Cannonball Adderley avec le côté funky d’ Eddy Harris, comme ce « Five minutes Walk", avec toujours beaucoup d’originalité! A découvrir!

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Jean Daniel BURKHARDT